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Critique de christianebrody


Spetses, sa mer bleue, son ciel dégagé, sa misère, son peuple dur à la tâche, économe dans ses attitudes, connaîtra en 1952, une tragédie, celle que l'on appelle la malédiction des Louganis… Ils sont nombreux, sur l'île, à utiliser cette expression. Et voici ce qu'ils ajoutent toujours: les hommes cachent, le destin dévoile. Ces dévoilements sont nos petites apocalypses. La clarté a ses risques. La lumière ou le feu… le destin dévoile et ensuite on souffre.

Cette année là, les frères Louganis meurent la tête arrachée par un pain de dynamite lors d'une partie de pêche. Meurtre, suicide ou accident stupide?

Fuyant la pauvreté, Spiros et Nikos Louganis arrivent au monastère de Spetses 20 ans plus tôt. Ils y trouvent un travail, prennent femmes, bâtissent une maison qui accueillera les deux familles, se lancent ensemble dans la pêche au filet. La tranquillité de ces deux familles s'en trouvera bouleversée lors d'un repas d'anniversaire durant lequel Spiros, l'aîné, remarque l'attention appuyée que Nikos porte à sa nièce Pavlina, une marque d'intérêt qui éveille sa suspicion. La mort brutale des hommes laissent deux familles dans l'indigence. Magda et Fotini trouvent différents emplois pour subvenir aux besoins de leurs enfants, Pavlina (12 ans) et son beau cousin pour lequel elle nourrit des sentiments intenses, Aris (17 ans).

Menuisier l'hiver, Aris décide de transformer le caïque de leurs pères en caboteur l'été, Spetses étant devenu au fil des années un lieu de destination touristique prisée. Secondée par Pavlina, ouvrière l'hiver, les gains rapportés mettent les deux familles à l'abri du besoin. L'obsession maladive que nourrit Pavlina envers son cousin les conduira à un tragique dénouement. Aris, sensible, fragile, tourmenté par une passion inavouable se réfugiera dans la mort laissant une Pavlina inconsolable, enceinte, victime tragique ignorant tout de la fatalité implacable qui la poursuivra toute son existence. On suit son parcours pendant trois chapitres, chacun représentant une ville qui la marquera. Spetses, ville de la faute originelle; Athènes, ville où l'abandon de son enfant la mènera au bord de la folie; Genève, ville de l'errance, de l'oubli, de l'espérance. Innocente victime expiatoire, esclave de sa nature compulsive, elle attendra la mort de sa mère et les confessions du pope Kosmas pour se libérer de la malédiction familiale. Lors de son combat pour retrouver l'enfant du déshonneur abandonné 17 ans plus tôt, elle croisera les soeurs Papazoglou, deux vieilles filles un peu revêches qui l'abriteront durant toute sa grossesse. Il y a aussi Madame Chrissoula, épicière, et Myrto sa soeur qui sauront l'entourer, l'aimer, la protéger.

Les sentiments que j'ai ressentis pendant la lecture sont contradictoires. Les talents de conteur de Metin Arditi sont réels mais pourquoi avoir choisi un ton si morne? Certes l'apathie du récit permet d'échapper à ce qui aurait pu être une chick lit de mauvaise qualité, tous les ingrédients réunis ici concourent à cela: la faute+le secret+la culpabilité+le déshonneur, douleur belle et stupide inventée par les hommes, comme si les autres ne suffisaient pas mais la distance que l'auteur met entre le lecteur et l'histoire est telle, que l'on ne se sent pas en empathie avec la malheureuse héroïne. L'avalanche des catastrophes ne suscitent ni pitié ni terreur, au mieux on est en présence d'un conte moralisateur. Si la portée de ce livre est didactique alors c'est une réussite car il y aborde de façon retenue les problèmes de la promiscuité, de l'impossibilité de communiquer, la sexualité, l'arrachement à la terre et aux êtres, le mal-être sans jamais juger. Sujet de réflexion sur le destin, en sommes-nous les victimes? les acteurs?, LA FILLE DES LOUGANIS, sans forcément me déplaire ne m'a pas du tout bouleversé. Je me suis sentie étrangère au sort de Pavlina.
Lien : http://www.immobiletrips.com..
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