J'avais envie de la haïr et de l'aimer en même temps. J'avais envie de la voir tout le temps comme de l'éviter pour ne pas ressentir ce que j'étais justement en train de ressentir.
La vie nous joue parfois de drôles de tours. Nous faisons tous des choix que parfois nous regrettons. Dans les trois quarts des cas, ils n'ont pas de graves conséquences. Malheureusement, pour le quart qui reste, les choses n'évoluent pas dans le sens désiré.
J'ai endossé le rôle du sale type du récit. Je suis un connard, et quand je fais souffrir la personne qui compte le plus à mes yeux, j'arrive à me convaincre que je m'en fous.
Je me laisse un instant submerger par son souvenir, puis je l’efface lentement et me concentre sur les différents discours, jusqu’à ce que quelqu’un me bouscule violemment d’un coup d’épaule, manquant de me faire perdre l’équilibre. Je ravale le juron qui menace de franchir mes lèvres et lève les yeux. En un instant, un fragment de seconde, mon rêve s’écroule, s’effondre, se désintègre. Mes doigts se resserrent si brutalement sur mon sac à main que mes ongles s’impriment sur le cuir. Mon cœur semble vouloir jaillir hors de ma poitrine, sous les yeux bleu indigo de Yano. Il me dévisage comme s’il ne me reconnaissait pas. Son regard est si froid que j’ai l’impression de fixer une congère. Mais il a ce sourire. Cette espèce de rictus épouvantable qui lui déforme tout le visage quand il souhaite lâcher une connerie, le genre de mots blessants dont il a le secret.
Je la connais par cœur, autant les démons qui la hantent que les rêves qui la bercent et les émotions qui la composent. Mais d’une certaine façon, Rine en sait autant sur moi ; elle pourrait me tenir par les couilles si elle le désirait, mais sa beauté à elle, c’est de ne pas y penser.
Cécilia est une vipère. Elle l’a toujours été, depuis qu’on est tout mômes. Elle s’en prenait constamment à Rine, si bien que Mael était sans arrêt en train d’intervenir. Rine savait très bien se défendre toute seule, mais elle n’osait pas contre Cécilia. Voilà une chose qui n’a pas tant changé finalement. Cette connasse de Cécilia en profite aisément. Accuser Rine de tous les maux est plus commode que de se regarder dans un miroir. Il m’arrive souvent d’agir de la même façon. Rine a le dos si solide qu’il est plus facile de s’attaquer à elle pour oublier ses propres erreurs.
Yano, je sais que ça ne fait pas partie de ton jeu et qu'un jouet n'a certainement rien à penser, encore moins le droit de se plaindre ou d'exiger, mais j'ai besoin de te le dire quand même: je te veux, tout le temps, à chaque heure du jour ou de la nuit. Tu es une drogue pour moi. Il m'est impossible de faire marche arrière et de renoncer à toi, peu importe la manière dont tu as l'intention de.. m'aimer
— C’est amusant que tu y croies encore, ironisa-t-elle.
— La chute sera dure pour toi si tu imagines le contraire.
— Toi non plus, tu n’as plus assez d’importance pour que je m’y attache. Mon meilleur ami a disparu depuis longtemps.
— Ton meilleur ami ou ton petit ami ? fis-je semblant de me moquer.
— Les deux. Le même jour. »
Ses yeux bifurquèrent dans ma direction, mais je réfrénai mon envie de croiser ses prunelles argentées.
« Si tu essaies de jouer sur la corde sensible, tu vas te casser les dents.
— Si je jouais vraiment avec ta corde sensible, Yano, tu serais à genoux en train de pleurer », m’opposa-t-elle avec un aplomb ahurissant.
Extrait de: Angel Arekin. « No Love No Fear 1 - Play with me. » iBooks.