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EAN : 978B0018JTIDW
(30/11/-1)
4.18/5   11 notes
Résumé :
Rédigé à Sisteron, en 1868, Jean-des-Figues est certainement le chef-d'oeuvre de jeunesse de Paul Arène, dédié à Alphonse Daudet, et où la vie de l'auteur se confond avec celle du héros.
Jean-des-Figues, ainsi surnommé parce qu'il se promène sur son âne avec des figues sèches en poche, c'est l'histoire d'un jeune Provençal qui abandonne son pays natal où il s'ennuie pour « monter » à Paris. Il va y essayer, deux ans durant, tous les ingrédients de ce qui cara... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Le petit Jean est né au pied d'un figuier, ce qui lui valut son surnom, près du bourg de Canteperdrix. À l'âge de deux ans, alors qu'il faisait la sieste dans la nature, il est victime d'un début d'insolation.
En grandissant, l'enfant montre peu intérêt et peu de compétences pour les travaux agricoles et préfère rêver et collectionner les vieilles pièces de monnaie. Cela est mis au compte de cet accident d'enfance qui lui aurait brûlé le cerveau.
Adolescent, il découvre la littérature via les livres abandonnés par un lointain cousin dans une malle, et se rêve poète. Il tombe simultanément amoureux de Reine, une jeune bourgeoise, et de sa servante Roset, une jeune bohémienne. Il décide alors de rejoindre Paris pour y faire une carrière littéraire.

Un court roman, une centaine de pages, du milieu du 19ème siècle (1868), dont l'intrigue est plutôt mince, mais qui vaut par la qualité de son écriture qui préfigure la truculence imagée de Pagnol ou Giono. Un petit exemple : "Alors je n'entendais plus que le tapage enragé des cigales, le cri de l'herbe brûlée par le soleil, le chant isolé de l'ortolan, le roulement lointain de la Durance, et, de temps en temps, le grelot de Blanquet tourmenté par les mouches."
L'attention du lecteur est tenue en éveil par les multiples péripéties, toujours inattendues et déroutantes, vécues par le jeune héros et la servante Roset. Des aventures décousues qu'on aurait pu lire sous la plume d'un impressionniste trois quarts de siècle plus tard.
C'est frais, amusant et sans autre prétention que de glorifier la Provence.

Note : ce roman est inclus dans une compilation baptisée Gens de Provence, éditée par France Loisirs en 1998, avec un avant-propos de Jean-Max Tixier.
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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Paul Arène (1843-1896) est un écrivain provençal du 19ème siècle. A cette époque, les écrivains provençaux sont partagés entre le désir de sauvegarder et de promouvoir le provençal (= la langue d'oc), et celui de prendre un peu de distance par rapport à leurs attaches ancestrales. Paul Arène est confronté à ce dilemme, et, comme d'autres, il quittera pour un temps sa Provence natale pour "monter sur Paris" : là, il fréquentera les cafés littéraires, rencontrera Alphonse Daudet et écrira des articles et des chroniques pour Le Figaro littéraire. A Paris, il sera en relation constante avec Joseph Roumanille, un poète et son ancien professeur de collège, mais aussi avec Frédéric Mistral et Théodore Aubanel. Avec eux, Paul Arène aura à coeur de défendre ardemment la langue et la culture provençale : regroupant ses amis occitans de Paris, il organisera en 1879 le Félibrige parisien, dont il sera le président. A ce titre, le buste de Paul Arène est encore visible aujourd'hui au jardin des Félibres à Sceaux.

Paul Arène a écrit une quinzaine d'ouvrages. Sa collaboration active avec Alphonse Daudet à l'écriture des chroniques provençales (rassemblées sous le titre Les Lettres de mon moulin) lui a valu le sobriquet de "nègre de Daudet". Toutes les pièces provençales de Paul Arène sont fondées sur des particularités de moeurs ou de paysages de la contrée de Sisteron. Jean-des-Figues, considéré comme le chef-d'oeuvre de Paul Arène, a été rédigé à Sisteron, en 1868 : l'ouvrage est dédié à Alphonse Daudet. Qualifié par Paul Arène lui-même (page 51) de "mémoires destinées à des lectrices", Jean-des-Figues est l'histoire d'un provençal qui quitte sa Provence natale (le village de Canteperdrix, son rocher, ses remparts, ses rues en escalier et sa rivière) pour "monter à Paris". Dans la capitale, il mène pendant deux ans une vie de bohème, assez misérable. Souhaitant faire une carrière littéraire, il fréquente les cafés littéraires, découvre les moeurs parisiennes, perd un peu de sa jeunesse en compagnie de poètes qui (page 83) "fument du cannabis, font usage de l'opium et du vin d'Espagne", devient (page 91) "secrétaire de la Revue Barbare", rencontre Roset une amourette d'enfance qui s'essaye à "la grande vie" avant de redescendre et de s'installer avec Jean-des-Figues à Canteperdrix.

Ouvrage de petite taille (161 pages), Jean-des-Figues est un roman assez banal qui nous conte à sa façon une partie de la vie d'Alphonse Daudet sans présenter toutefois l'intérêt des "Lettres de mon Moulin". Jean-des-Figues est en effet caractérisé par une écriture moins réaliste, moins riche, moins empreinte de témoignages sur les milieux ouvriers, parisiens et provençaux de l'époque. Et l'ouvrage pêche par son côté mièvre, son excès de naïveté, ses répétitions, ses longueurs, la faiblesse de son scénario, la quasi-absence de suspense (on feint de ne pas savoir si Jean-des-Figues va finir par épouser Roset ou Reine), ses références désuètes aux auteurs classiques grecs et son auto-dérision permanente. de temps en temps, Paul Arène nous assène des pseudo-vérités d'une affligeante banalité : (page 78) "ce siècle est maudit où les âmes sont captives, où rien de grand ne peut être fait". Et certaines lignes frisent le ridicule : (page 40) Reine lui jeta des regards "à vous brûler les paupières". Enfin, pour couronner le tout (page 68), vous découvrez Jean-des-Figues, personnage principal, en pourpoint rouge et culotte jaune, déambulant dans Paris, sous les yeux ébahis des passants qui se retournent sur son passage : quel ridicule !

Jean-des-Figues, doit son surnom au fait qu'il se promène sur son âne avec des figues sèches en poche, la belle affaire ! Comme le jeune Frédéric, que connut Mistral (de son vrai nom Joseph Étienne Mistral mais qui avait pris le prénom de Frédéric par référence à ce garçon mort d'insolation), Jean-des-Figues attrapera une insolation et manquera en mourir, belle originalité ! Roset est présentée comme une bohémienne sans grand luxe de détails; il en est de même de Reine, jeune fille paisible dont Jean-des-Figues aimerait s'amouracher. Les autres personnages ne retiennent pas beaucoup l'attention.

Alors, faut-il jeter l'ouvrage aux orties ou le laisser à quelques lectrices désoeuvrées? Évidemment, non. Jean-des-Figues pourra intéresser les passionnés d'histoire provençale : ils y découvriront (page 10) qu'en 1850 "être notaire ou conservateur des hypothèques constituait les deux grandes dignités de la Provence", que les enfants (page 13) "aimaient regarder les lézards courir sur les murs de pierre et voler les sauterelles couleur de coquelicot", que "les remparts (page20) et les tours républicaines ne défendaient plus les villages que de la tramontane et de l'air marin alors que les villages avaient pendant mille ans vécu libres et fiers", que dans les salles de classes (page 22) il régnait un "froid mortel", qu'on faisait de la musique (piano et violon) dans le salon de certaines célébrités locales ... Les passionnés d'histoire parisienne resteront sur leur faim. Au final, une histoire faible et beaucoup d'ennui pour une Provence qui méritait mieux !
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Je m'en vais l'âme ravie, d'avoir rêvé ma vie .
Telle est l'épitaphe de Paul Arène sur sa tombe, à Sisteron.
Il a mieux valu pour lui vivre sa vie en songe, tant les désillusions furent nombreuses pour ce romantique sensible.
J'ai de nombreuses fois parcouru la piste qui mène à son petit Bastidon, celui où il écrivit son Jean-des-figues, son chef d'oeuvre, celui dot il était le plus fier et celui dans lequel il s'est raconté.
Évidemment on lira cette oeuvre pour les pages de haute Provence et pas pour l'ambiance des cercles littéraires parisiens. D'aucun s'en étonne... Que peuvent bien voir les yeux d'un enfant de la campagne sisteronnaise dans un Paris gris et pluvieux ? Que peut-il raconter de mieux que ce qu'il vécut dans son pays, dans sa ville, même s'il la quitte pour chercher à vivre de sa plume ?
Arène n'est pas un écrivaillon de salon, c'est une plume libre, romantique, rêveuse, en dehors de son temps et profondément attaché à ses racines. Conscient de cela, il sait ne pas faire de la grande littérature. Ses mots sont simples mais beau, il raconte son temps, ses ambitions, sa vie, ses déboires et ses joies, puisées dans le territoire qu'il a tant aimé et qu'il décrit si bien.
On a beau jeu de se moquer de cette simplicité, peut être vaudrait il mieux alors se laver les yeux à la fraîche eau de la Durance ou du Jabron avant de relire ce que décrit Arène, sans prétention, de sa pauvre Provence.
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A retenir pour le délicieux accent du midi et la douceur de vivre dans une bourgade provençale à la fin du dix-neuvième siècle. L'épisode parisien m'a semblé du "déjà lu".
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C'est un chef-d'oeuvre, " son chef-d'oeuvre " , dans lequel il s'est raconté.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
page 53
[...] Depuis deux jours, le vent des fleurs soufflait, la tiède brise qui fait éclore les fleurs et les marie, et dans la plaine, sur les coteaux, à part la verdure joyeuse des jeunes blés, toute la campagne était blanche. L'air sentait bon, les arbres pliaient sous des flocons de neige embaumée, les pétales effeuillés tourbillonnaient partout dans les parfums et la lumière, ainsi que des vols de papillons blancs ; et pour cadre à cette joie, à ces blancheurs, les grandes Alpes, déjà revêtues des chaudes vapeurs de la belle saison, mais encore couronnées de neige, se dressaient dans le lointain, blanches et bleues comme les vagues de la Méditerranée quand elles secouent leur écume au soleil un lendemain de tempête. [...]
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Je vins au monde au pied d’un figuier, il y a
vingt-cinq ans, un jour que les cigales chantaient
et que les figues-fleurs, distillant leur goutte de
miel, s’ouvraient au soleil et faisaient la perle.
Voilà, certes, une jolie façon de naître, mais je
n’y eus aucun mérite.
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