AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782343243931
202 pages
L'Harmattan, Collection Ecritures (04/10/2021)
4.3/5   5 notes
Résumé :
Ne vous aventurez pas, en feuilletant votre album de souvenirs, à vous attarder sur une vieille photo de classe. Elle risque de vous révéler la part noire de votre existence. C'est pourtant ce que fait le narrateur dans un moment de solitude intense. Une seule image lui aura suffi pour mettre en marche le processus cérébral qui fait remonter à la surface tant de vérités refoulées, jusqu'aux préjugés sordides qui ont motivé parfois son comportement et son inaptitude ... >Voir plus
Que lire après Au-delà du simple souvenirVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Je viens tout juste de terminer cette lecture émouvante, très émouvante, c'est le cas de le dire et je ne sais comment évoquer ce roman sans en dévoiler la belle histoire, cette enquête menée par Brahim Fatmi (le narrateur né au Maroc et vivant en France) à partir d'un simple souvenir.
« Mais, au fond de moi, je savais que je souffrais d'un racisme hérité, entretenu par de nombreux poncifs. » (p. 93) C'est ce mal qui semble ronger de l'intérieur le narrateur.
Page 122, il y a cette référence au film « Soudain l'été dernier », réalisé en 1959 par Joseph L. Mankiewicz, avec un scénario de Gore Vidal, d'après Tennessee Williams : « Il est question d'hystérie, d'hallucinations et finalement de l'utilisation d'un sérum de vérité pour la faire remonter à la surface et donner cohérence au récit du malade. Un drame édifiant. Il est où mon docteur Cukrowicz à moi, mon psychiatre, un rôle pour l'excellent Montgomery Clift ? »
De façon subtile, le roman de Najib Arfaoui, entend nous faire comprendre, lui-aussi, que la quête de la vérité, tout comme la vérité elle-même, représentent parfois, une torture psychique.
J'ai beaucoup aimé les évocations empreintes de nostalgie des lieux de l'enfance (Tanger, Tétouan), mais si vivantes où tous les sens sont en éveil. C'est un regard lucide posé sur un monde qui a changé avec le temps.
Un roman passionnant que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire. Une belle plume, délicate et puissante à la fois.
Dans le communiqué de presse l'auteur déclare qu'il s'agit d'une « fiction qui contient certaines parts de vérité ». Ceci explique donc, à mon humble avis, l'émotion que dégage ce récit haletant, intelligent et introspectif.
Puisque « La vérité ne doit effrayer personne » (p. 177) soyons tolérants, voici ce que nous apprend ce livre. Qu'il est bon parfois de « rêver de fraternité » ! Quel bel hommage ! Et puis je tiens aussi à relever ce clin d'oeil à la promotion de la lecture de la page 198.
Pour la fin et à la mémoire de tous les déracinés qui ont souffert, je tiens à citer, à mon tour, le passage de la citation de Aimé Césaire (p. 144), tirée de son « Cahier d'un retour au pays natal » :
« Partir. Mon coeur bruissait de générosités emphatiques. Partir… J'arriverais lisse et jeune dans ce pays mien et je dirais à ce pays dont le limon entre dans la composition de ma chair : j'ai longtemps erré et je reviens vers la hideur désertée de vos plaies. »
Commenter  J’apprécie          1322
Une photo a suffi à Brahim pour éveiller les démons qui le dominent inconsciemment depuis des années , avec ce mot accolé à son esprit : " Négro " .
Brusquement deux fenêtres se sont ouvertes dans sa mémoire ; l'une fuligineuse , centrée sur le sourire narquois d'un gamin , marocain comme lui , qui rabâche des paroles pleines de fiel : " negro ! négro ! négro ! " , et puis l'autre lumineuse , où apparaît une vieille dame , à la peau noire , qui lui sourit de sa bouche de miel .

Tout son être se pétrifie à ce retour dans le pays de son enfance , face à un Mokhtar , avilissant , et la douce et énigmatique , Yemma Yahout !
Même ses yeux le lâchent , s'embuent et perçoivent à peine cet objet qui traîne sur un coin du meuble , depuis la nuit des temps . Une soucoupe ! Une minuscule soucoupe qu'il a trimbalée toute une vie de déménagement en déménagement .

Il regarde enfin ce bout de vaisselle qui a sûrement intrigué sa belle , sa femme , morte , partie vers l'au-delà suivant la volonté d' Allah !
Mais lui , maintenant il est seul , retraité , vieux , et , il ressasse et ressasse toute la journée .
Il tombe malade , cauchemarde ; ses rêves s'emplissent d'esclaves , enlevés à leur famille ; Yemma Yahout en est la pièce maîtresse ; la soucoupe y tient une place aussi.
Dans sa tête enfiévrée , Brahim veut exorciser les pensées racistes et funestes qui le hantent depuis sa jeunesse .

A peine guéri , il décide de retourner dans son village questionner sa tante , encore vivante , à propos de cet accessoire étrange et surtout comprendre sa rage et sa haine des basanés , des noirs !

A travers cet homme solitaire qui va retrouver ses racines , la réponse à ses pourquoi et ses comment , l'auteur nous ouvre son coeur et son esprit à l'autre , le différent .
Il exècre le racisme et pleure l'esclavagisme qui , pourtant n'est pas l'apanage d'un seul pays comme le Maroc . Aujourd'hui encore , rien ne change ; ces deux sinistres mots sont toujours à l'avant-plan de la scène internationale !

" Cette histoire d'esclavage rend compte de ce que nous étions et de ce que nous sommes certainement encore .
Quand je pense à ces immigrés africains qui arrivent à Tanger dans l'espoir de vivre sous des cieux plus cléments , à la façon dont ils sont reçus et traités , je ne suis pas loin de croire que ces actes d'exclusion rappellent d'un peu loin la cruauté et la barbarie dont ont fait preuve nos ancêtres et qui continuent à agir en nous . "

Les idées défendues par l'auteur sont nobles , sages , vertueuses et vraies ; elles dirigent son roman dans un style clair , coloré et poétique .
Comme tout amoureux de l'océan , ses mots se perdent parfois dans le bleu de ses eaux avec une nostalgie ineffable .

Cependant , ce récit pourrait s'apparenter à un conte où un génie chevaucherait Pégase car quand " Tout le monde , il est beau , tout le monde , il est gentil " , cela devient légèrement trop parfait .
Tout va trop vite dans l'évolution des sentiments de chaque protagoniste , dans la découverte de ses pourquoi et comment , dans sa chance qui devient de plus en plus grande , même au point de vue héritage .

Je n'ai pas eu le temps de laisser mes pieds s'enfoncer dans le sable mouillé en regardant l'océan qui venait m'éclabousser .

Un senior peut-il vraiment changer sa personnalité qu'il s'est créée durant toute une vie ou celle-ci va , plutôt , se confirmer de plus en plus sans s'accorder quelque modification ?

Je remercie sincèrement Cécile et le Service de Presse de ce roman , joli cadeau rempli des saveurs du Maroc et de candeur de l'auteur .
Commenter  J’apprécie          4315
Brahim Fatmi jeune retraité, se remet difficilement de la mort de son épouse. Il est en souffrance nul doute. A fleur de peau, en lui tout est à vif. Des signes dépressifs paralysent sa nouvelle vie.

Cet homme vit à Paris, il a quitté son Maroc natal jeune adulte. Il a fait sa vie ici, comme on dit, mais à l'âge où le temps n'est plus le même, que le rythme change ... reviennent les souvenirs, les blessures... Les raisons profondes d'un départ ... de l'exil ! Car oui quelque chose en lui semble ne pas être digéré d'où probablement ce mal être permanent.

Alors qu'il lui semble que le Maroc vive de nouvelles heures plus heureuses, avec sa monarchie constitutionnelle plus éclairée, quand il pense revenir sur sa terre natale, plus apaisé, c'est là qu'il tombe sur une vieille photo. Une photo de classe.

Sur cette dernière, un garçon, bien jeune, chef de bande en son temps, menait la terreur. Sous son joug, Brahim subissait ses premières humiliations, marquant à vie son avenir.

Et puis il y a ce petit objet jamais loin de lui et au quel il ne fait même plus attention... Pourtant celui-ci détient une part de vérité sur son passé qu'il a inconsciemment mis de côté.

Petit à petit il va donc reconstruire cette vie passée grâce entre autre à une rencontre, celle qui détient la clef du mystère, du secret bien gardé !

Ainsi pourra t-il en vain trouver une paix intérieure qui lui a tant fait défaut toutes ces années ?

Najib Arfaoui nous offre un roman puissant de l'intime, une véritable quête vers les racines qui déterminent toute une vie. Une réflexion profonde sur les préjugés dont nous sommes tous victimes et responsables. Ces préjugés trop souvent condamnent tout à chacun à passer à côté de l'essentiel : l'amour universel !

C'est ce que j'ai lu à travers ces pages et bien plus encore seulement je ne veux pas révéler davantage sur l'histoire et donc laisse à chacun la découverte.

Pour ma part sur un plan tout à fait personnel, cette histoire m'a touchée et a fait résonance avec certains ressentis de Brahim, je me suis sentie bien proche de lui dans certaines circonstances et comme lui et certainement son auteur mais là je m'avance beaucoup ! chaque jour, j'aspire à un monde meilleur dans lequel chacun pourrait vivre en toute égalité au-delà de la simple couleur de peaux ! Suis-je une illuminée ? Ais-je le droit d'espérer ? Je n'en sais rien mais encore aujourd'hui nous souffrons trop de ces discriminations qui condamnent trop de femmes d'hommes et d'enfants sur cette terre !
Commenter  J’apprécie          324
Je te propose, lecteur, un voyage dans le temps et l'espace, à l'ombre des ruelles paisibles de Tanger, et de celles, bourdonnantes, de Montmartre, un reste d'Andalousie entre deux pas… je te propose, lecteur, d'aller au-delà des clichés éculés de notre monde moderne, de remarquer, enfin, cette 3e voie à l'immigration magrébine en France et dont personne ne semble se soucier, une voix qui n'est ni celle de la violence mythifiée, ni celle de l'exotisme nostalgique, doublé d'un regard sur l'histoire de l'esclavage, dégagé de la traite atlantique.

Mais ce roman, c'est avant tout une quête initiatique, celle d'un vieux monsieur qui s'en va déterrer des secrets de famille qui le déciment inconsciemment, un peu d'épigénétique ne fait de mal à personne si elle est utilisée avec parcimonie et la psycho-généalogie peut expliquer tant de maux !

J'ai passé un bon moment aux côtés de Brahim qui se débat, un peu sur le tard, avec l'héritage mystérieux que sa famille marocaine lui laisse. La plume très poétique de l'auteur ne se laisse pas appréhender si facilement, mais elle sait se faire délicieuse. Dommage que d'autres clichés remplacent ceux qu'il veut balayer, et dommage aussi qu'un manichéisme un peu empâté envahisse peu à peu ses lignes. M'enfin, un héros comme le sien a bien droit, lui, aussi, à sa part de bonheur absolu, non ?

Je remercie infiniment Cécile qui a su me proposer un titre adapté à ma sensibilité, ainsi que les éditions L'Harmattan qui a sélectionné un ouvrage sortant des sentiers battus sur des sujets ô combien d'actualité.
***************************
Pour d'autres découvertes, rendez-vous aussi sur Instagram :

Lien : http://www.instagram.com/les..
Commenter  J’apprécie          61
Brahim Fatmi, le narrateur de ce roman, est à un croisement de sa vie. Veuf et à la retraite depuis peu en France où il vit désormais. Il décide de rendre visite à sa famille à Tanger pour découvrir l'origine de son mal-être.

Il recherche dans son passé entre Tanger et Tétouan, et questionne sa famille et ses amis, pour découvrir l'histoire de son père et de son grand-père.

Les couleurs, la lumière, les musiques et le thé à la menthe rythment le roman de Najib Arfaoui.

Cette recherche de la vérité entre psychothérapie et généalogie nous livre une histoire sur l'ouverture aux autres et aux différences.

Je me suis questionnée également comme Brahim sur ce racisme que nous avons tous en nous, et que nous devons combattre par tous les moyens.

Une très belle découverte.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Issue des profondeurs de ma mémoire, révélée par ma mère, prenant corps dans une histoire inventée à travers les vapeurs d'une grippe carabinée, Yemma Yakout a hanté mon esprit fragile. J'ai suivi ses traces de Tanger à Tétouan. Et maintenant, à Paris. Alors qu'une possible révélation me permettrait de la faire revivre, je suis là hésitant et stupéfait à la fois par le hasard qui a placé sur mon chemin Hmidou, puis Aïcha, puis Alia. Mon état d'esprit est celui d'un homme qui aurait vécu dans l'espoir de retrouver un jour une personne perdue dans un lointain passé, ou alors de celui se trouvant à la veille de rencontrer la personne dont il a toujours rêvé. Je suis peut être simplement un homme effrayé par la vérité et dont le courage est mis à rude épreuve.
Commenter  J’apprécie          220
Depuis que je roule ma bosse, de ville en ville, de pays en pays, des objets que je chérissais ont disparu, un recueil de Lamartine annoté de mes mains d’adolescent amoureux, un livre qui entretenait ma révolte naissante L’Unique et sa propriété de Max Stirner, des photos, des diplômes, tant d’objets de grande valeur sentimentale que j’ai traînés avec moi sans savoir pourquoi et pour lesquels je n’ai jamais ressenti de remord ou de douleur à leur perte.
(p. 31)
Commenter  J’apprécie          280
Que de fois ai-je espéré avoir du temps pour ne rien faire, seulement être là à regarder les vagues venir mourir à mes pieds !
(p. 103)
Commenter  J’apprécie          486
Le soleil est presque couché , l'appel assourdissant du muezzin s'élève et fait fuir dans le ciel des milliers d'oiseaux qui s'apprêtent à rejoindre leurs nids . Quel doute profond , me dis-je , s'est-il installé dans le coeur des hommes pour que l'on crie si fort sa foi au mépris du droit des autres au calme et à la tranquillité .
Dans ma jeunesse , la voix humaine du muezzin , sans décibels ajoutés , véhiculait un charme champêtre , inspirait la paix et un désir de fraternité . Le hurlement agressif et guerrier d'aujourd'hui provoque la peur , devient une injonction à obéir et non une invitation , une offrande .
Commenter  J’apprécie          92
Ma mère était croyante , mais son Dieu était généreux , lisait dans le coeur des humains , savait qu'il allait trouver du bon et moins bon car ce n'est pas facile de vivre pleinement sachant qu'on peut tout quitter à n'importe quel moment . Son Dieu était tolérant , il aimait ses créatures , il les comprenait , il ne les menaçait pas . Ma mère était ainsi , elle avait la vraie foi , celle qui permet de vivre dans l'espoir et la joie .
Commenter  J’apprécie          130

autres livres classés : immigrationVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (6) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1420 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *}