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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'auteure, Elise Arfi est commise d'office pour assurer la défense de Farhan, jeune pirate somalien accusé d'avoir participé à l'attaque d'un bateau de plaisance dans lequel un français a été assassiné.
Bien qu'il n'y ait pas d'état civil en Somalie, Farhan est sûr de n'avoir que 16 ans, deux expertises concluent cependant à sa majorité.

« Si la chambre de l'instruction a décidé que Farhan était majeur, c'est donc qu'il l'est. Fi de ses déclarations. Fi de la science. »

C'est donc en adulte que le jeune homme sera incarcéré et jugé.
Une fois les faits exposés, l'auteure s'attarde sur la relation qui se noue entre un détenu et son défenseur.
Dans le cas de ce garçon démuni, peinant à aligner deux mots de français elle décide de s'investir à fond.
Elise Arfi a bien souvent l'impression de se battre contre des moulins à vent, démunie face à la complexité des magistrats, de l'administration pénitentiaire et autres médecins experts, elle en vient parfois à douter de sa vocation.

Voir la descente aux enfers de son jeune client lui est une véritable souffrance.
Même si ce jeune homme a participé à un acte criminel, je me suis surprise à éprouver une forme de compassion pour la vulnérabilité du jeune condamné face au rouleau compresseur de la machine judiciaire.
Elise Arfi nous propose un texte tout en pudeur pour parler de son métier et de ces difficultés.

Une lecture intéressante par les questions qu'elle pose, mais douloureuse et souvent oppressante pour le lecteur.

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La justice a tranché », « décision de justice », « secret de l'instruction », « vice de procédure », la plupart du temps lorsque j'entends parler de justice, je me la représente comme un grande machine implacable, froide, sans visage. Dans Pirate n°7, la justice est au contraire incarnée, vivante, humaine car au delà de l'affaire qui est racontée, se dessine le portrait d'une avocate commis d'office. Cette dernière n'oublie pas son affaire en enlevant sa robe noire. Au contraire, pendant 4 ans, elle va porter à bout de bras la vie d'un jeune homme, ce pirate n°7.

Peut-être a-t-elle outrepassé son rôle, franchi une frontière (je me demande si dans la formation d'avocat, des règles de « juste distance » entre client et avocat sont enseignées comme pour un psy et son patient) mais comment défendre avec force et conviction quelqu'un sans s'impliquer réellement à moins d'être dans un jeu d'acteur quasi schizophrène ?

Cette justice elle porte aussi le visage de Fahram. On aimerait le classer dans les méchants, les mauvais (il a attaqué, avec 6 autres somaliens, un navigateur français et sa femme en pleine mer), celui qu'on désigne par un numéro, un xsd (parce qu'il ne parle pas français ?).
Le priver ainsi de nom et de prénom n'est pas la première violence qu'on lui fait subir ?evenant sur son parcours, Elise Arfi écrit :

Mes parents étaient médecins, et avocat, c'était tout de même nettement moins bien.

Plus j'avançais dans ma lecture, plus j'ai vu un lien évident entre ces deux métiers : la vie humaine est, dans les deux cas, en jeu.

Pirate n°7, à travers un cas particulier, pose des questions essentielles sur la prison, acceptée par la société comme unique solution de réparation.Elise Arfi rappelle la surpopulation carcérale, l'état de délabrement, de manque d'hygiène de certaines prisons, le suicide de détenus (et le sentiment d'impuissance qui en découle). de temps en temps, la presse se fait l'écho de rapport alarmiste sur l'état de prisons françaises mais avez-vous déjà vu une mesure quelconque les concernant dans un programme électoral ?

Pirate n°7 est un cri, un immense cri face à l'injustice et un livre qui donne envie de crier de rage à son tour. Injustice sociale car Fahram est né dans le « mauvais » pays (la Somalie est un pays très pauvre), cela précipitera son destin. Injustice de traitement, Fahram devrait être jugé comme un mineur mais la justice s'entête à penser qu'il est majeur (s'appuyant sur des expertises qui s'écrouleront par la suite).

Non seulement on refuse à cet adolescent un prénom et un nom, mais sans lui demander son avis, au cours de sa détention provisoire, il subit une ablation de poumon. A partir de ce moment là, ses crises d'angoisse redoublent, ses délires cauchemardesques aussi. Fahram s'enfonce, il fait plusieurs tentatives de suicide, mais l'organisation pénitentiaire reste muette, ne répondant pas aux multiples lettres de son avocate. le sentiment d'injustice, il naît aussi de l'indifférence moutonnière et bureaucratique de fonctionnaires.

Je me souviens que lorsque j'étais bibliothécaire, devant l'affolement de certains collègues dans certaines situations, j'avais coutume de dire, qu'il n'y avait pas, dans notre boulot, d'urgence vitale. Ici, si !Elise Arfi n'est pas avocate par hasard, le moins qu'on puisse dire est qu'elle a le sens de la formule. J'avais envie de noter une phrase sur deux et cela m'arrive très rarement (jamais ?) en dehors d'une fiction. Impossible de ranger Pirate n°7 dans ma bibliothèque et de passer à autre chose. J'ai pris une grosse claque en lisant cet essai découvert grâce au Grand Prix des Lectrices Elle.

Que devient Fahram aujourd'hui ? Peut-il vivre sans séquelles après cela ? La fameuse résilience permet-t-elle de s'affranchir du passé et d'apprendre à vivre sans entraves ni privations ?
Lien : http://www.chocoladdict.fr/2..
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Je vous retrouve aujourd'hui pour vous parler d'un petit livre renfermant un grand engagement. Avec Pirate n° 7, Élise Arfi livre un récit sans concession sur le métier d'avocat commis d'office mais aussi sur le monde carcéral. L'image véhiculée d'une justice impartiale et égalitaire est mise à mal. Ainsi, l'écrivaine nous décrit sa propre réalité peu reluisante où l'individu est complètement oublié. Il est également question des conditions dégradées et dégradantes des procédures judiciaires ainsi que du parcours du combattant qu'est devenu le fait de faire valoir ses droits. Élise Arfi avoue ses faiblesses. Ce livre est donc en partie le réceptacle d'une remise en question profonde de sa profession.

Fahran, le mis en cause, tient une grande place dans ce témoignage. Ce jeune somalien a participé à une action de piraterie mortelle contre un couple de français au large de la Somalie. Il n'est pas responsable de la mort de l'un des plaisanciers mais doit tout de même être jugé pour sa participation. Jusque là, rien d'inhabituel. Cependant et très vite, le lecteur doit se rendre à l'évidence. le jeune homme va voir sa vie broyée par notre système judiciaire. Impartialité, décisions inadaptées, surveillants de prison peu amènes, troubles psychiatriques, rien ne lui est épargné. Les limites de la justice française sont flagrantes et révoltantes.

Élise Arfi signe un livre fort et engagé. Il ne peut laisser indifférent. En effet, il ouvre les yeux des profanes que nous sommes (pour la plupart) en matière de système judiciaire et carcéral. le destin de Fahran fait partie intégrante de ce témoignage. Une certaine colère transparait d'ailleurs à travers chaque page de ce court récit d'une humanité hors du commun.
Lien : https://danslemanoirauxlivre..
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En 2011, sept pirates somaliens sabordent un navire de plaisance français. L'homme est assassiné et la femme prise en otage. Fahran est l'un de ces pirates, capturé par la marine espagnole. Il est accusé de piraterie, de meurtre et de prise d'otage. L'avocate Elise Arfi, commise d'office, se charge de sa défense à Paris. Pendant quatre ans elle tente de maintenir à flot ce jeune homme, mineur au moment des faits et dont la justice ne va faire qu'une bouchée. « Je ne suis pas ici pour défendre, mais pour vous parler d'un être humain, dans ses relations à d'autres êtres humains. Il n'y a que moi qui puisse le faire. Je suis son seul témoin, la seule personne qui le connaisse, la seule personne pour qui sa vie soit importante, pour qui son sort fasse une différence. La seule à lui envoyer de l'argent, la seule à lui rendre visite en prison. Je suis son avocat. »

Pirate N°7 est un huis-clos entre une avocate et son client. le crime est horrible, je le conviens, mais j'ai été étonnée d'éprouver de la compassion pour Fahran, ce pirate au destin tragique. Elise Arfi nous ouvre les yeux sur le système judiciaire français. Ce rouleau compresseur qui ne cherche pas le pourquoi du comment, juste capable de provoquer la folie chez l'Homme. Un document engagé qui amène a débattre. Il y a ceux qui ne tenteront pas de comprendre le sujet et accuseront encore et toujours les faits jugés. Et puis, il y a ceux qui vont au-delà, qui analysent en profondeur le processus judiciaire expliqué par l'avocate. À chacun de faire sa conclusion mais sachez que l'Homme, peu importe les faits qui lui sont reprochés, reste un humain avant tout et digne d'être traité avec respect. À bon entendeur.

http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2019/01/11/37005736.html

Lien : http://www.mesecritsdunjour...
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C'est un livre glaçant ! Il décrit une réalité malheureusement trop présente dans les tribunaux. L'autrice arrive à capter son lecteur avec un sujet grave. J'ai aimé en apprendre davantage sur le système judiciaire français.

Ce récit dévoile sans concession les dessous de la justice, ses malheurs et ses fautes.
Bravo à Elise Arfi d'avoir rendu public son expérience .
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