Sarkozy-Kadhafi, des billets et des hommes, voilà un album courageux et essentiel dont chacun devrait prendre connaissance car tout ce qui est relaté est basé sur des documents et des preuves qui sont entre les mains des juges. Pour s'en convaincre, voici ce qu'écrivent les auteurs en préambule : « Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé serait non fortuite. Et pour cause, tout ce que vous lirez ici est réel.
L'affaire franco-libyenne entremêle argent, pouvoir et morts suspectes. »
Sous forme de bande dessinée, nous revivons une période très trouble durant laquelle désinformation et mise en scène ont abusé les Français. Si les deux principaux protagonistes sont cités dans le titre, nous croisons bien d'autres personnages dont beaucoup sont encore actifs aujourd'hui.
Tout est raconté depuis l'accueil en grande pompe de Kadhafi à Paris - « Bienvenue, Monsieur le Guide. » - jusqu'à la fin de cet homme qui voulait entraîner toute l'Afrique avec lui et qui avait financé la campagne électorale de Sarkozy, dès 2006. Quand le leader libyen a commencé à faire trop de chantage, il fallait l'éliminer, favoriser la révolte et noyer le pays sous les bombes.
Règlements de compte, neutralisation de témoins devenant gênants, les horreurs n'ont pas manqué mais le plus grave, c'est ce pays en ruine que révèlent les dernières pages avant que le lecteur plonge dans les documents et photos venant appuyer les affirmations des auteurs-enquêteurs. L'ampleur du désastre libyen est encore d'actualité.
Ce petit bonhomme rouge servant de narrateur est précieux tout au long du récit. Son humour et ses précisions font de ses interventions un soutien très utile complétant bien un ensemble bien dessiné et percutant, tellement important pour tous les citoyens désirant être correctement et complètement informés.
Sarkozy-Kadhafi, des billets et des hommes est un roman graphique particulier. Cinq journalistes d'investigation, enquêteurs pour des médias comme Radio France ou Mediapart, journalistes indépendants, retracent les liens entre l'ancien président de la République française, Nicolas Sarkozy et l'ancien dictateur libyen, Mouammar Kadhafi, grâce au talent de l'auteur de bande dessinée, Thierry Chavant.
La couverture est déjà particulièrement réussie et alléchante : sur un fond rouge, les deux hommes en costume noir, de profil, se font face.
Ce livre dévoile l'affaire du financement présumé, par la Libye, de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, en 2007, campagne qui l'a conduit à l'Élysée. Il met en cause également Claude Guéant et Éric Woerth.
Ce livre est la première synthèse sur cette affaire hors du commun par ses proportions démesurées et ses ramifications. Il met en scène la corruption au plus haut niveau de la République.
Ses auteurs ont enquêté pendant plusieurs années, ont recoupé les témoignages, recueilli des documents pour nous livrer, après un travail minutieux, une part très sombre de la Ve République.
Un personnage à grosse tête orange sert de narrateur et de médiateur entre le lecteur et le fond de l'enquête. Il est très utile au vu de la complexité de l'affaire, de même que les documents reproduits en fin d'ouvrage, documents qui font figure de pièces à conviction.
C'est un véritable thriller politique avec des scènes dignes des meilleurs films policiers, sauf qu'ici, tout est vrai, « toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé seraient non fortuites. Et pour cause, tout ce que vous lirez ici est réel. », comme le soulignent les auteurs.
Reste maintenant à attendre le verdict de la justice. Malgré les preuves, Nicolas Sarkozy continue à opposer, en 2019, son déni comme seule ligne de défense.
Ce bouquin se lit donc comme un thriller, il en a tous les ingrédients : les valises de billets, les morts suspectes, etc… mais tout est bien réel et c'est bien cela qui fait froid dans le dos.
À lire absolument par ceux qui s'intéressent à la vie de leur pays et qui seront peut-être stupéfaits et outrés comme je l'ai été par le machiavélisme de certains de nos dirigeants.
Un grand remerciement à ces journalistes enquêteurs, bien servis par le dessinateur, qui, par leur excellent travail, permettent au plus grand nombre de connaître sérieusement cette fameuse affaire. Merci enfin à Lecteurs.com qui m'a donné l'occasion d'une lecture fort instructive.
Triste bilan... Il me revient en tête la chanson de François Béranger :"Maguouille Blues"... Un grand bravo à tout les auteurs de cette bande dessinée et de cette enquète très détaillée.
D'accès facile, ce livre mets en avant les ficelles du pouvoir et de l'argent.
Un livre à recommander , à lire, à méditer !!!
La version bande dessinée de l'enquête menée durant plusieurs années par cinq journalistes d'horizon divers et qui avait fait l'objet d'un Cash Investigation, l'émission de France animée par Élise Lucet. Sur la forme, je trouve l'ouvrage Sarkozy-Kadhafi. Des billets et des bombes plutôt réussi, facile à lire ...sur le fond, je respecte trop la présomption d'innocence pour exprimer un avis tranché...
Courageux est le premier mot qui me vient à l'esprit avec ces journalistes qui se sont unis pour nous révéler l'histoire Sarkozy-Kadhafi, preuves à l'appui en fin de volume. Ces politiques menteurs qui, pour l'argent, se foutent de la vie des autres, encaissant des sommes faramineuses tandis que le peuple crève de faim sous leurs yeux. Si mon collègue ne me l'avait pas mis entre les mains, je ne l'aurais pas lu. le milieu politique corrompu me révolte, me désole, me donne envie de gerber face à notre impuissance à ne seulement que subir. Après cette lecture, on se demande la part de vérité transmise par les médias ? Je suis admirative du gros travail donné pour cette B.D. et m'en retourne vers la fiction pour me calmer.
Texto du 9 septembre 2013 de Rachida Dati à Brice Hortefeux :
Salut le facho, je t’ai entendu dire à ton OS [officier de sécurité - NDLR] que tu allais me faire "sauter" la pseudo-facilité de passage (que je n’ai pas) que j’aurais à l’aéroport ! Je vais te donner un dernier avertissement par ce SMS dont la copie est envoyée à N. Sarkozy. Soit tu me lâches soit je vais déposer l'assignation qui date de deux ans dans laquelle tu figures avec d'autres pour atteinte à ma vie privée et écoutes illicites (...) Sarkozy l'avait reçue et m'avait demandé de ne pas la déposer au tribunal ! - en ta qualité de ministre (naze) de l'intérieur ! De plus, je vais dénoncer l’argent liquide que tu as perçu pour organiser des rdv auprès de Sarko lorsqu’il était président, des relations tout aussi liquides que tu as eues avec Takieddine, l’emploi fictif de ton ex à la Caisse d'Epargne grâce à Gaubert [Thierry Gaubert, un proche de Sarkozy, mis en examen dans l'affaire Karachi - NDLR], et l'emploi illégal de ta compagne actuelle au Parlement européen, et je peux continuer avec les avantages que tu as eus et as encore à l'UMP à l'insu de ceux qui paient. Alors maintenant, je te préviens très fermement : tu me fous la paix ! Je ne te lâcherai pas espèce de voyou !
(page 230)
Ce passage a lieu au moment où Boris Boillon est arrêté à la gare du Nord le 31 juillet 2013 avec 300 000 euros en liquide.
Un an plus tard, en 2014, ils* vont interroger un ancien dignitaire du régime de Kadhafi qui a bien connu Boris Boillon. L'homme est d'accord pour parler, à condition que son identité reste secrète.
Voici ce qu'il dit :
Dans l'argent donné par Kadhafi à des étrangers, il y avait de l'argent politique et l'argent personnel. Pour l'argent politique, il y aurait eu 50 millions pour la campagne de Sarkozy. Mais il y avait aussi de l'argent de poche. Chaque fois qu'un visiteur important comme Claude Guéant, et surtout comme Boris Boillon venait voir le Guide, celui-ci lui aurait fait un petit cadeau. Une enveloppe de Billets.
Contenants ?
40 000 à 70 000 euros. Le Guide a aussi donné à Boillon des bijoux en or blanc pour sa femme.
Le 7 juillet 2017, Boris Boillon est condamné par la justice, en première instance, à un an de prison avec sursis.
*Les enquêteurs
7 millions d'euros ont effectivement été virés en plusieurs fois par la Libyan Foreign Bank sur instruction de la Banque centrale de Libye pour faire réussir la campagne électorale de Nicolas Sorkozy. (Déclaration d'Abdallah Senoussi devant la Cour pénale internationale, le 27 janvier 2017).
Leur mise en examen signifie que des juges d'instruction ont estimé avoir réuni suffisamment d'"indices graves et concordants" pour les mettre en cause judiciairement. Mais cela signifie aussi que tant qu'ils n'ont pas été jugés par un tribunal, ils demeurent présumés innocents.
- C'est moi (Kadhafi) qui l'ai fait arriver au pouvoir en France !
- (Delphine Minoui, "Le Figaro") Comment ça ?
- Nous lui avons donné le financement nécessaire pour qu'il puisse gagner les élections chez lui.
Il était venu ici, sous cette tente, il nous a demandé un montant. On lui a donné cette somme et il a gagné les élections.
Que signifie l'expression "jeter un froid" ?