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EAN : 9782729120238
127 pages
Editions de La Différence (28/02/2013)
3.5/5   4 notes
Résumé :
Le champ d’inspiration d’Arghezi peut faire songer à des tapisseries de haute lice éclatantes de fleurs, mais où se dérouleraient de singulières pastorales. La parole y est donnée à tout et à tous. La nature un peu folle, complice des rêves et des fables, tisse l’étoffe des jours anciens pour habiller les incertitudes de l’heure, couvrir les défunts, qui appellent de si loin dans la confusion des temps, des éléments, et le silence des livres saints dans lesquels « P... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je ne sais pas si l'on trouve ici(dans ce livre) cette belle poésie dont je veux parler , mais je trouve utile de partager avec les autres lecteurs cette critique sur une des plus belles poésies de la littérature roumaine, un véritable art poétique de Tudor Arghezi.
'Fleurs de moisi' est le titre d'une très belle poésie écrite(en quelque mesure) sur les murs de la prison (Vacaresti), où il était captif, par le poète roumain sans pareil et qui est resté tout le temps fidèle au Dieu, Tudor Arghezi. 'Fleurs de moisi' est un très bel oxymore. On peut dire que les fleurs représentent les âmes humaines (l'âme, la lumière, ce qui est beau dans l'homme, mais aussi la fragilité de l'être), en temps que 'le moisi' représente la prison et les conditions de vie dans la prison, donc les 'fleurs de moisi' sont les âmes captives, emprisonnées dans leur propre cave/ prison.
'Fleurs de moisi' est un art poétique sublime qui nous touche. le poète, à l'aide du 'je' lyrique, explique à la première personne du singulier comment il s'efforçait de peindre sur les murs de la prison ces vers magnifiques en utilisant les ongles de la main droite(=l'inspiration divine) jusqu'à ce que ceux ont émoussé. Donc abandonné, blessé et trahi, il s'efforçait d'écrire seulement avec les ongles de la main gauche, car la main droite était devenue comme une griffe qui ne pouvait plus agripper 'quand son ongle angélique a émoussé': 'Je les écrits l'ongle en plâtre/ Sur un mur blanc et fissuré/ Dans les ténèbres et dans la solitude/ Avec les pouvoirs faibles et sans être aidé [...]'. C'est un art poétique parce que le moi lyrique parle dans cette poésie de l'effort créateur du poète et de l'artiste, en général, dans son atelier, dans sa 'cave', dans sa 'prison'.
Merci pour votre compréhension! Bonne lecture!
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Pour Esprit roumain, il s'agit d'une édition bilingue à cinq euros de 117 pages, dont je peux donc donner les titres des poèmes sans trop déborder. du recueil "Les mots jumeaux" (1927): Testament, Berceuse pour Mitzura, Tourments, Morgenstimmung, Abondance, Ex libris, Psaume, Langueur, Cache-cache; de "Fleurs de moisissure" (1931): Fleurs de moisissure, le souper, Galères, Tinca, le saint, Rada, Nostalgies; du "Petit livre du soir" (1935): Miel et cire, Grâce, Air de flûte, Accordailles, L'époux, Agenouillement, La plaine du Baragan; de "Chansons à bouche close" (1940): S'en viennent toutes seules; de "Syllabes" (1965): Psaume. Esprit roumain serait sans doute bien mieux à même que moi de juger de la pertinence de la sélection ; toujours est-il que sur tout Arghezi après 1935, notamment la période communiste, il n'y a pas grand-chose. La traduction me semble bonne dans l'ensemble; je relève néanmoins dans "La plaine du Baragan" : "je reconnais les anciens de ma race", en roumain "cunosc neamurile și strămoșii". Dans le texte original, il n'y a pas de mention de la race, ce qui avait son importance en 1935: politiquement Arghezi, au fond, était royaliste, ou partisan de la dictature royale de Carol II, par conséquent ni communiste ni légionnaire. D'une certaine façon, certains poèmes de "Fleurs de moisissure" rappellent ceux des débuts de Gottfried Benn, par la lumière crue qu'ils jettent sur certains aspects de l'existence, comme le dépouillement de la vie en prison, l'amour vénal. Arghezi diffère néanmoins de l'exilé intérieur allemand sur au moins un point: les nombreux poèmes consacrés à des sujets religieux, même lorsqu'ils font preuve de scepticisme, lorsque le poète se sent abandonné, sans que cependant lui ne l'abandonne. Noter aussi la proximité de la nature, la variété des noms de végétaux voire de termes agricoles. Quant à la versification, les poésies sont en rimes, les vers souvent irréguliers, Arghezi a souvent été considéré comme un moderniste. Pour conclure, avec les réserves habituelles vis à vis de ce type d'anthologie, satisfaction que la poésie d'Arghezi puisse être découverte, ce qui n'est guère possible par ailleurs.
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Et bien, il était temps que je découvre ce recueil et le talent de Tudor Arghezi. Je ne connais pas grand chose à la poésie mais je me laisse vite entraîner par la douceur des mots, par les couleurs des rimes, par la profondeur du sens. La musique des vers a un effet hypnotique sur moi, me berce et m'entraîne dans de douces rêveries.

Les poèmes rassemblés ici sont de valeurs inégales à mes yeux.
Certains thèmes sont profondément bouleversants d'autres me laissent au bord du chemin.
Monde rural, terre, patrie, amour, attirance, religion, rites et force des traditions... Les thèmes chers à Tudor Arghezi révèlent l'authenticité, la pureté, la rudesse, la force de la vie.
Une très belle découverte !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Air de flûte

Mon cœur est le chemin avec ses pluies,
C’est le chemin poudreux qu’un troupeau d’ovins suit,
Entre les arbres, c’est le chemin mort,
La vigne aux paisseaux qui se tord,
C’est le village et ses chiens, c’est la cour,
La cendre au sillon, le labour,
C’est le troupeau qui paît la terre,
C’est la volée de corbeaux dans les airs,
C’est le buffle levé de sa couche de boue,
Qui, la tête lourde, debout,
Contemple sans fin l’immense vide qui bâille.

En tout mon cœur bat et tressaille,
Dans le poupard que l’anémie travaille,
Aux membres étiolés,
Dans l’essaim de mouches qui grouillent
Et lui mordent la bouille.
Je n’ai pas d’étang net
Où abreuver mes bêtes.
Mes troupeaux aux paissons
Ruminent herbes-de-charbon et oraisons.
Cherchant la source aux neuves ondes,
J’absorbe un vieux brouet de boue immonde,
Mêlé de fange et charogne.

Mon cœur est encore dans la cigogne
Et sa flèche violette qui au ciel se perd,
Il bat avec la scie de fer
Des ronciers sur un désert de pierres tombales,
Dans les souris des champs élémentales,
Dans la guêpe et le taon.
Le chant est dissonant
Et le mot se soupire,
Le bras s’affaisse et tire,
L’aile amollie s’abat.

Le temps me bat, le jour me bat, l’heure en moi bat.
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Elle portait un rayon de soleil,
De la hanche à la taille, au fond d'une corbeille
Chargée de gerbes d'yeux jaunes aux cils laiteux
Et de bouquets d'oeillets nuiteux.
Les beaux messieurs du festin
Criblaient la mûre de son sein
D'oeillades appuyées,
- "Demandez, demandez mes fleurs-de-mariées !"

Tinca, ma fill' ! Tes chaussons de lampasse,
Tes boucles, tes colliers, c'est pas Nastasse
Qui te les a filés, ces dix anneaux de choix,
C'est pas lui qui te les a mis aux doigts !

Ta chair d'ébène, qui donc a su la pétrir,
Et qui a bu ton fallacieux soupir ?
A qui t'es-tu livrées, ma fill', pour qu'il connaisse
Ton être et ton corps d'emperesse ?

Qui a dénoué ta chevelure au parfum de tabac ?
Qui t'a ôté le corsage et les bas ?
Qui a voulu enfouir,
En plein délire,
Ta tête dans ses bras noueux, laineux,
Et t'a transie jusqu'aux os de son feu ?
Tu n'as pas voulu nous livrer
Le lieu où tu nuitais,
Putain sucrée,
Au milieu des muguets de mai !

Tu vois, Nastasse, le bagnard
N'a pénétré qu'une fois ta chair;
Mais alors tout entière,
Avec son long poignard.

(Tinca - p .73)
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Ton être te vient de la terre pleinement.
Tu donnes à chacun, contre serment,
Un arpent de terrain et un tombeau.
Tu leur donnes le pain et l'eau,
Avant de reprendre ton dû
Pour nourrir ta malherbe aiguë, tes melons nus,
En les mêlant
À la boue pleine d'ans, à l'âme aux vifs ferments.

(extrait de "La plaine du Bărăgan", page 109)
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Fais-lui place au soleil, Seigneur,
Et sa hutte en la terre vieille,
Fais-la si haute qu'une fleur
Et plus étroite qu'une oreille.

Place un oeil d'eau sur le perron,
Un canot plus fin qu'allumette,
Que ton ciel, l'infini sans fond
Tiennent dans cette simple miette.

Mets-y le papillon câlin,
Et la grenouille d'émeraude.
Et, dans un bois d'absinthes plein,
Fais que sa hutte reste chaude.

Donne-lui, Seigneur, des couleurs
Et le précieux papier de Chine,
Pour que, sous ses doigts barbouilleurs,
Ta gloire en taches se dessine.

Et quand tu auras fait tout ça,
Place près d'elle son papa.

(Berceuse pour Mitzura - p. 31)
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