Quatre nuances de France

Quatre nuances de France appartient à ces livres qui nous poursuivent durant la journée. J'ai été prise en flagrant délit de parler toute seule, poursuivant la conversation avec Karim, Nacer, Rachid et Xavier.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit : Quatre nuances de France est une conversation entre quatre hommes, différents, mais qui ont tous en commun l'Algérie, et la France.
Rachid Arhab est journaliste, ancien présentateur du JT, a accédé à la notoriété. D'origines berbère et kabyle, immigré en Lorraine dans son enfance, il doit beaucoup à un maître du primaire. Athée, il a choisi la seule nationalité française.
Xavier Driencourt est ancien ambassadeur de France en Algérie. Ne connaissant pas ce pays avant d'y arriver, il en a conservé un attachement profond. Xavier est catholique, pratiquant, et attaché à des valeurs humanistes.
Karim Bouhassoun est issu d'une famille immigrée arabe. Il est né en France mais a demandé à avoir également la nationalité algérienne, qui est celle de ses racines. Musulman pratiquant, la foi est très importante pour lui. Enfant de la banlieue parisienne, il a un parcours atypique qui l'a mené à Sciences-Po Paris et à un doctorat de philosophie. Il travaille au conseil régional de Franche-Comté.
Nacer Safer est kabyle. Déçu par ses études d'orthophonie en Algérie et rêvant d'un avenir meilleur en France, il a émigré pour poursuivre ses études. Echouant, et refusant de retourner en Algérie, car il voyait son avenir en France, il a été dans l'obligation de rester 10 sans papier, vivotant clandestinement à Paris dans des établissements qui la plupart du temps l'exploitaient. Il a refusé mariage blanc, mariage gris et commerce illégal pour conserver la tête haute. Aujourd'hui, grâce à une rencontre avec Xavier, il a pu obtenir la nationalité française et paradoxalement retourner en vacances en Algérie. C'est toujours en France qu'il veut vivre sa vie.
Nos 4 hommes écrivent chacun un chapitre, relatant leur parcours, évoquant l'Islam, l'Algérie contemporaine, les banlieues françaises. Tous désireux de trouver des solutions et d'améliorer les rencontres entre des cultures qui ne se connaissent pas, ou mal. Parfois, ils se répondent. Leurs réponses peuvent différer, mais toujours dans le respect les uns des autres.
Rachid Arhab rêve d'un "Arte" franco-algérien, Karim Bouhassoun d'une aide réelle aux banlieues et d'un dialogue inter-religieux. Nacer Safer alerte lui sur le malaise des jeunes de banlieue et la perte de repères.
C'est un livre de lecture aisée, dont on a envie de parler autour de soi. J'aimerais que les auteurs le promeuvent en conférence, car on a réellement envie de leur poser des questions et de poursuivre le dialogue avec eux.
Il aborde, sans être un essai, c'est une conversation, les sujets qui peuvent faire mal, ou être source d'incompréhension entre français et algériens. de ce côté, il remplit parfaitement sa mission et a un véritable intérêt.
Je déposerais un grand bémol quand-même sur l'absence de femmes dans ce dialogue. Ce livre aurait eu tout à gagner à intégrer au moins une femme parmi les interlocuteurs.
D'autant que la seule allusion aux femmes dans le livre provient de Karim, pour évoquer le droit des femmes pieuses à se voiler.
Des femmes franco-algériennes ont le même parcours que ces messieurs, et des femmes françaises connaissant bien l'Algérie doivent également exister. C'est une erreur éditoriale selon moi.
Reste que c'est un livre intéressant, qui incite à poursuivre le dialogue franco-algérien et oblige à se pencher sur certains problèmes. En cela, il réussit sa mission.

C'est avec beaucoup de facilité et de naturel que ces 4 hommes si différents mais si liés arrivent à aborder des sujets si délicats : laïcité, préjugé, racisme, religions, nationalité, idéaux politiques, ethnie, nation, banlieues, jeunesse, chômage,...
C'est sujets certes difficiles se doivent d'être abordés car ils sont pleinement encrés dans notre société, dans notre vie.
Je dis facilité à aborder ces sujets car ces hommes ont beaucoup de maturité, de recule, de décence, de respect et de remise en question.
Il ne s'agit pas dans ce livre de faire le procès, l'éloge ou encore l'apologie de quelque forme que ce soit d'un des sujets abordés ou d'une des vision d'un auteur. Chacun apporte sa pierre à l'édifice, son ressentie, sa vision des choses sans jugement.

J'ai beaucoup aimé ce livre car il n'est pas un débat sourd où chacun veut faire adhérer les autres à sa vision des choses. Mais il est un dialogue, une remise en question, une conversation constructive dans le but d'accroître sa connaissance, sa compréhension de certains phénomènes, de certaines pratiques toujours dans le respect des opinions de l'autre.

Beaucoup de sujets dit sensibles dans ce livre qui pousse à réfléchir, à se remettre en question sans pour autant accuser; qui pousse à se rendre compte que chacun peut agir à son niveau sans discrimination.

Beaucoup de remise au clair, d'explications sont faites sur des sujets souffrant grandement d'amalgames (islam et terrorisme, catholicisme et racisme, ...)

Les auteurs ne cherchent pas à nous mettre d'accord, à nous convaincre, ils cherchent à nous faire remettre en question sans accusation, à nous faire prendre du recule avec un regard critique tout en proposant diverses solutions dans lesquelles chacun peut y retrouver celle qui lui correspond.

4 horizons, 4 hommes, 4 vies, 4 visions, 4 rencontres, 4 très belles nuances de France

Tout d'abord ce livre est un récit d'une rencontre entre un ancien ambassadeur de France à Alger (Xavier Driencourt), un sans-papiers venu d'Algérie (Nacer Safer), un enfant de banlieue devenu conseiller politique (Karim Bouhassoun), un journaliste de télévision et ancien membre du CSA (Rachid Arbab).

Passionnant, le témoignage issu de quatre hommes d'horizons différents mais incarnant la valeur Républicaine au-dessus de tout. Leur réflexion commune sur l'immigration, la nationalité, la religion, le vivre en ensemble, le décalage entre le peuple et les élites.

France-Algérie, Algérie-France, les deux pays sont reliés par l'histoire et surtout par deux peuples qui souhaitent croire à un avenir ensemble.

La liberté même comme nous dit Nacer , «même clandestin je me suis toujours senti libre ».

L'égalité des chances, elle est chère à Karim, ce livre nous montre que les enfants issus de l'immigration peuvent réussir, voire même faire part de l'élite. La clé l'instruction, l'ouverture de grandes écoles à tous.

La fraternité de Xavier surtout le respect de l'autre malgré ses différences politiques, religieuses ou autres.
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