J'interromps un temps mes lectures personnelles (et ce fut dur de lâcher le grand Victor) sous l'injonction du programme du concours de l'agrégation 2015 que je dois préparer pour septembre, avec donc entre autres,
Lysistrata.
Je connaissais
Aristophane depuis le lycée, m'étant bien marré et ayant pas mal halluciné sur un passage des Nuées lors d'un cours de grec... C'est un peu l'ancêtre de
Rabelais, bon vivant, pétomane, scabreux, lubrique, et seul dramaturge comique de l'antiquité grecque. Dévorateur de toute littérature lascive (notamment dans le polar,
Ellroy powa... Oui, j'achèterai tout
Sade un jour), je m'empare avec joie de
Lysistrata, qui traite de la grève du sexe des femmes à Athènes pour obtenir
la paix des hommes.
L'écriture est assez aride, de par l'épreuve périlleuse de la traduction héllénistique, celle de mon édition datant en outre de plusieurs décennies. Si les tragédies de
Sophocle demeurent encore aujourd'hui un régal, ici, dans ce registre, c'est plus délicat. Les innombrables références trop précises à l'histoire des grecs et à leur culture dans les dialogues peuvent aussi gêner.
Le personnage de
Lysistrata, figure de proue du mouvement, de la pièce, est certes sublimé de façon assez louable et étonnante pour l'époque, faisant sans doute d'elle le premier personnage féminin central et fort, Mirandoline, Corinne avant l'heure sous certains aspects. Toutefois, elle conserve une certaine ambiguité, et au début de la pièce, on est porté à croire que sa grève du sexe pour faire cesser la guerre est surtout motivée par sa propre libido, non par une réelle volonté pacifique. Elle se retrouve ensuite quelque peu désexualisée par rapport à ses camarades toujours en manque, de façon assez intéressante.
Bref, si cette pièce m'a fait rire par le sujet et l'audace pour son temps, la conclusion est quand même assez abrupte, et niveau écriture, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent.