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EAN : 9782755506259
144 pages
1001 Nuits (21/03/2012)
3.8/5   10 notes
Résumé :
Zeus pourrait-il perdre sa prééminence parmi les dieux de l’Olympe ? La toute-puissance ne serait-elle pas plutôt du côté de Ploutos, le « dieu du fric » ? Le seul que les hommes veulent adorer et auquel ils sacrifient ?

Dans la dernière de onze comédies de lui qui nous sont parvenues, Aristophane met en scène le grand bouleversement que connaît la société qui se soumet à l’Argent. Voici une pièce méconnue, merveille de fantaisie et de satire vigoureu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Chrémyle un citoyen athénien et son esclave Carion se baladaient tranquillement quand ils rencontrent un étrange aveugle errant. L'inconnu révèle son nom qui éclaire vite qu'il n'est pas ordinaire : Ploutos, le dieu de la richesse et de l'abondance. Il a été fait aveugle par Zeus craignant qu'il puisse distribuer tous ses faveurs à toute l'humanité, créant un gros déséquilibre dans le cosmos. Que cela ne tienne, Chrémyle et Carion altruistes et compatissant sur son sort mais aussi avide d'argent le convainquent d'aller au sanctuaire d'Eleusis pour se soigner. Miracle, Ploutos retrouve la vue ! L'univers est bouleversé puisque tout le monde est riche et qu'il n'y a plus de pauvreté. Mais les ennuis arrivent avec de tas de zizanies et les dieux se fâchent...
Ploutos est un dieu peu connu de la mythologie grecque. Fils de Déméter et d'Iasion un mortel frère de Dardanos ancêtre de la lignée troyenne (donc de Priam, d'Hécube, Hector et compagnie) qui eut l'offense de s'unir à la déité suru ne jachère trois fois labourée et qui fut puni en étant foudroyé par Zeus, ce petit dieu aveugle symbolise la fortune aussi bien au sens matériel que symbolique (la Fortune désignant aussi le destin et les coups du sort) tombant aussi bien chez les bons que chez les méchants. Il est ici le centre de cette pièce du satirique Aristophane considérée comme la dernière qu'il composa et représenta avant sa mort, une comédie grecque dont le ton et l'irrévérence est bien plus caustique que toutes les précédentes. Car Aristophane fustige un mal qui est loin de se cantonner à l'époque : le gout de l'argent tout simplement. Et ce qui rend cette pièce beaucoup plus incisive, mordante et piquante dans notre monde actuel.
Si tôt que notre dieu est guéri et peur ainsi distribuer ses dons à tout le monde, c'est un gigantesque "bordel" (excusez-moi du mot outrancier) qui se met en place, reflétant le lien de la société accrue avec l'économie . Les produits de luxe ne sont plus fabriqués, il n'y a plus de travailleurs, les gigolos n'ont plus besoin d'aller voir de riches dames pour leurs sous et les prêtres jadis cossus sont ruinés et envisagent de se reconvertir... Même les dieux dépendant de ces richesses finissent par être affamés tant leurs fidèles ne pensent plus à la spiritualité et aux sacrifices et se consacrent uniquement à leurs biens. Il y a là aussi une subtile critique politique lié au contexte historique avec le sycophante ruiné : Aristophane vitupère les sycophantes, ceux qui dénonçaient les citoyens riches pour s'emparer de leurs biens puisque les délateurs professionnels étaient toujours récompensés quand bien même la victime était innocente mais aussi la pensée de Socrate sur la réduction de religiosité dans la sphère publique pour les biens matériels. Tout le monde veut être riche mais tout le monde l'était, il n'y a plus de raison de l'être et le désordre s'accomplit tant les ordres et barrières sociales et morales ne sont plus respectées : un procédé qu'on retrouvera par la suite, quoique différemment, dans le film Bruce Tout-Puissant avec le talentueux Jim Carrey où son personnage ayant acquis les pouvoirs de Dieu réalise le voeu universel de l'humanité qu'est de gagner au loto mais la violence est alors de mise.
Cependant, ce qui fait le sel de la pièce, ce n'est pas seulement comme toujours le style croquant d'un Aristophane qui vieillit cependant : c'est tout le propos toujours actuel de la pièce, sur notre amour envers l'argent qui peut souvent prendre place dans notre coeur. La morale de la fin le dit surtout : ce n'est pas par la richesse qu'on devient un homme bon et honnête mais par l'humilité. On peut être quelqu'un de bon sans même dépendre de l'argent. L'argent compte certes comme du bonheur mais il ne doit pas devenir le seul contributeur de ce bonheur. L'argent ne fait pas le bonheur et la pièce le démontre. C'est aussi une invective aux puissants se pensant libres et sans devoir de répondre aux intérêts de leurs citoyens parce qu'ils sont riches. Dans notre époque capitaliste avec patrons véreux, bourgeois imbus d'eux-même et les honnêtes gens comme pauvres délaissés par une logique financière cruelle, relire cette pièce conviendrait mieux pour nous rappeler de ne pas considérer l'argent comme notre unique maître mais comme un simple serviteur parmi les autres sur nos désirs et envies.
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Ploutos, le dieu de la richesse et de la prospérité, a été envoyé sur terre pour distribuer aux hommes ses bienfaits de façon totalement aléatoire car Zeus l'a rendu aveugle. Résultat : les voyous et les coquins jouissent insolemment de tous les biens de ce monde alors que les gens honnêtes peinent à gagner leur vie quand ils ne mènent pas de misérables existences. Deux bons citoyens, Blepsidémos et Khrémilos recueillent Ploutos et l'amènent au temple d'Asklépios pour qu'il soit guéri de sa cécité et puisse récompenser les hommes plus justement. Et cela réussit mais entraine toutes sortes de conséquences imprévues...
Cette pièce d'Aristophane, petit chef d'oeuvre de philosophie et de comédie est remplie d'humour et de malice. On y trouve des dialogues percutants, des situations cocasses comme cette vieille femme frustrée qui entretenait un gigolo et qui, se retrouvant ruinée, vient se plaindre d'être abandonnée et de jolis aphorismes comme « la patrie, pour chacun, est là où on est bien ». Malgré l'ancienneté bimillénaire de ce texte, le lecteur a encore plaisir à le lire en se disant que décidément rien n'a changé sous le soleil !
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
CARION
à part.
Par Jupiter et par tous les dieux, c’est un fâcheux métier que de servir un fou ! Si on lui donne de bons conseils, et qu’il n’ait pas dans la tête de les suivre, il faut que l’esclave en souffre. Car, quoique je sois né maître de ce corps, le sort en laisse la disposition, non pas à moi, mais à celui qui m’achète. Eh bien, soit. Mais, que j’ai sujet de me plaindre d’Apollon, avec son beau trépied d’or ! Mon maître ayant été consulter ce dieu, qui est, à ce qu’on dit, fort bon devin et grand médecin, en est revenu beaucoup plus fou qu’il n’était. De sorte que le voilà qui se laisse conduire par un aveugle et fait justement tout le contraire de ce qu’il devrait faire, car il me semble que c’est à nous, qui voyons clair, de conduire les aveugles, et mon maître le suit et me force d’en faire autant, sans me répondre le moindre mot. Mais enfin, mon maître, il n’y a plus moyen que je me taise, si tu ne me dis pourquoi il faut que nous suivions cet homme, et je m’en vais te tourmenter, car je crois que tu ne voudrais pas me battre, au moins pendant que j’aurai cette couronne sur la tête
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Ploutos
Oui c'est moi et bien moi !
Chrémyle
Mais d'où sors-tu pour être aussi calamiteux ?
Ploutos
Mais de chez Patroclès, il se baigne si peu !
Chrémyle
Et ton aveuglement, dis, quelle en est la cause ?
Ploutos
C'est à Zeus que je dois cette terrible chose.
Lorsque j'étais enfant, je l'avais menacé
De n'aller au-devant que des gens policés.
Alors il m'aveugla afin que mes bienfaits
Ne se distribuent pas auprès des indigents,
Tant il est vrai que Zeus vomit les pauvres gens
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Blépsidème
Qu'est-ce donc que ceci ? D'où et comment Chrémyle aurait-il pu devenir riche tout d'un coup ? (...) Mais je suis étonné que, dans son bonheur, il se souvienne de ses amis et les envoient chercher. En vérité,il ne suit pas en cela les maximes de son pays.
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Chrémyle
D'où vient donc que les gens te fuient ?
La Pauvreté
Parce que je les rends meilleurs ; on peut s'en convaincre par l'exemple des enfants : ils évitent leurs pères qui leur veulent du bien.
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Chrémyle
Es-tu donc marchand ?
Sycophante
Je fais semblant de l'être quand mes affaires le demandent.
(* pour échapper à l'impôt).
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Vidéo de  Aristophane
ARISTOPHANE – Peut-on rire de tout ? (France Culture, Nouveaux Chemins, 2013) Émission de radio « Nouveaux Chemins » diffusée le 19 mars 2013, sur France Culture dans le cadre d’une semaine intitulée « Éloge de la parodie ». Adèle an Reeth recevait Ghislaine Jay-Robert, maître de conférence en langue et littérature grecques à l’Université de Perpignan.
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