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Victor-Henry Debidour (Autre)
EAN : 9782070377893
512 pages
Gallimard (11/02/1987)
4.03/5   80 notes
Résumé :
"Les Muses, en cherchant un temple qui ne disparût jamais, trouvèrent l'âme d'Aristophane." - Platon
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Les oeuvres complètes d'Aristophane ( en deux tomes ,dans cette collection ) sont un bonheur que l'histoire a daigné nous offrir.

Les flèches D'Aristophane , sont aussi efficaces que celles d'Apollon . Elles harcellent en toute impunité , les pauvres grecs d'Athènes , en leur parlant d'invraisemblables vérités douteuses qui les font bien rire ici , alors qu'elles les inquiètent sérieusement d'habitude dans l'Agora . Elles les inquiètent tellement que souvent il vaut d'ailleurs mieux les taire .

Alors , à part le fait qu'il ne valait pas mieux l'avoir comme voisin ? que dire de notre compère ? : Un homme marié qui eut deux fils , qui firent de la comédie comme papa ... Que dire d'autres ?

Pourquoi Socrate fut condamné pour les propos qu'il tenait sur les dieux ? Et pourquoi pas notre comique qui fit bien pire .. ?
Les tragédies et les comédies des grecs étaient du théâtre certes . Et , pour les comédies la liberté de ton allait extrêmement loin . Alors pourquoi ? question de droit de l'homme ?
Non , ce n'est pas une question de liberté seulement . c'est une question de culte principalement ...

Le théâtre grec nait dans le contexte du culte dionysiaque . Pendant les cérémonies le monde est sens dessus dessous et les femmes sortent de chez elles pour s'arracher les cheveux et se livrer en compagnie du dieux aux comportements les plus aberrants . Dans le mythe elles ( les ménades ) déchireront littéralement le corps du dieux et elles le disperseront dans les prés ( Diasparagmos ) . L'orgie et l'ivresse et la parole débridée sont un devoir sacré pendant les Dyonisies .Pendant ce culte la rue est occupée par les femmes .

Les comiques viennent dans ce cadre , les représentations théâtrales , servent les dieux et l'état aussi . Ils le font en donnant leurs textes qui sont lus et joués devant le peuple ( Démos ) , en plein théâtre et même dans l'agora , pendant les grandes Dyonisies , qui sert à l'assemblée du peuple en temps normal .

Il n'est pas interdit aux citoyens de découvrir un sens politique dans ces paroles quasiment sacrée car inspirée finalement . le grec peux en tirer également des considérations civiques destinées à impacter le réel profane .
Les textes d'Aristophane sont donc des choses sérieuses à prendre très sérieusement même s'il faut en rire abondement pour pouvoir en profiter naturellement et en toute bonne conscience .
Notre compère est bien au-delà du registre de l'opinion , il est avant tout dans une sorte de folie aussi profitable que civique et il exerce un art aussi sérieux que la divination par exemple .
Cependant les auteurs ne sont pas à l'abris de poursuites judiciaires de l'état ou de particuliers . Mais pour l'état comme pour les particuliers , il vaut mieux qu'ils soient prudents car gare aux dieux et au démos qui peuvent être en colère contre les auteurs de poursuites .

L'auteur qui nous fait beaucoup rire et très souvent réfléchir aussi , vit dans une vallée de larmes . En effet le destin a voulu qu'il naisse en 445 avant l'ère commune et qu'il traverse les heures les plus noires de l'histoire de la Grèce Propre ( continentale ) et qu'il connaisse également les épreuves terribles des athéniens coincés dans leur cité et coupés de leur korè pendant le siège d'Athènes pendant la guerre du Péloponnèse subissant la « peste « .

Il est d'une famille dont les membres furent Clérouques ( colons) à Egine ( au large d'Athènes ) . Donc une famille de colons militaires , d'une force d'occupation athénienne installée à demeure dans un territoire sous l'emprise d'Athènes . Il vécut l'intégralité de la guerre du Péloponnèse . L'auteur est originaire de la Korè , de la campagne d'Athènes . du fait de la guerre il est passé derrière les murs . Il est donc un réfugié en ville et il est comme des milliers de citoyens ruraux , un de ceux qui subissent de plein fouet les affres de la guerre , et qui sont loin des autels de leurs temples familiers , alors que leurs champs sont en friche et que leurs maisons brulent.

Il a vu le parti démocratique soutenir l'idée du conflit et l'aventurisme militaire le plus éhonté et le plus destructeur . Il a vu la peste emporter aveuglement la population de sa cité dans des proportions ou se sont posées des questions vitales pour la ville -patrie . Il a vu des foules de jeunes gens s'embarquer sur le Styx (fleuve des défunts ) et donc rejoindre les morts pour ne plus revoir jamais leur famille . Il a vu la guerre séparer les pères de leurs enfants , les femmes de leur époux . Il a vu pourrir les récoltes .

Il est grossier et en colère , mais il n'est pas misanthrope , car il aime le plus souvent ceux qu'il tourne en dérision . Il anime d'ailleurs ses personnages d'une salutaire naïveté qui les rend aussi attachants que ridicules .

Il prit donc des risques pour convaincre ses concitoyens de faire La Paix , de cesser la guerre . C'est pour cette pour cette raison que les femmes , dans l'assemblée des femmes , menacent de se retrancher sur l'acropole et de se lancer dans la grève du sexe pour que les hommes consentent à faire la paix .
Tout ce bruit pour remettre les hommes à leur place , c'est-à-dire : dans leur foyer et dans leur lit .

Aristophane avait dans l'idée que la patrie hellénique et la Grèce dans toute son étendue ( des colonnes d'Hercule à la Crimée ) était en danger du fait même de la guerre .
Si vous en doutez lisez La guerre du Péloponnèse et tirez en les conséquences , Aristophane savait intimement tout cela car cela faisait sens dans sa vie personnelle d'enfant de clérouques et comme habitant de la Korè d'Athènes .
Refugié entre les longs murs (ceux qui reliaient la Polis au port du Piré) , il le savait aussi et devait s'en souvenir chaque jour .
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Le théatre d'Aristophane demeure un pur régal et reste d'actualité,dois-je dire hélas ? Que ce soit "les grenouilles",
"les guêpes"ou "les oiseaux". j'avoue un faible pour "Lysistrata" ("Avec ces pestes,rien;rien non plus sans ces pestes" ).Et dire que d'aucuns (d'aucunes ? )veulent supprimer l'enseignement du grec !
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Pascal Thiercy, le traducteur de ce volume de la Pléiade, a réalisé un travail remarquable qui permet à la fois de lire des comédies vieilles de plus de deux millénaires tout en ayant l'impression qu'elles nous sont proches par ses thématiques (corruption des élites, inégalités de genre, liberté de conscience) et lointaines dans ses moeurs et ses coutumes. On ne peut plus rire aujourd'hui comme un Athénien du Ve siècle des situations scabreuses et vulgaires du théâtre d'Aristophane, mais on y apprécie sa verve satirique et son inventivité dramatique.
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Composé de deux volumes, ce premier tome contient cinq pièces d'Aristophane : Les Acharniens, Les Cavaliers, Les Nuées, Les Guêpes et La paix. Toujours précédées d'une introduction et d'une analyse qui permettent une meilleure compréhension, il est bon d'ajouter que cette traduction-ci ne se veut pas d'être au plus près des versions originales. En effet, la liberté a été prise de "moderniser" l'humour, références et jeux de mots pour rendre la lecture plus agréable et abordable. La traduction plus littérale est parfois référencée en notes de bas de page, mais j'aurais personnellement préféré une version plus littérale, quitte à être plus lourde à lire.
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Aristophane a rendu accessible, ou plutôt compréhensible ses Antiques comédies à un public plus jeune de plus de 2 000 ans.
Écrites dans un style élégant mais loin de la complexité des auteurs Antique de son époque pour qui la lecture est plus laborieuse.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
LE CHOEUR. Holà, toi ! Je t'appelle, je t'appelle !
LA HUPPE. Pourquoi m'appelles-tu ?
LE CHOEUR. Emmène ces gens faire un bon dîner avec toi ; mais le rossignol aux doux chants, dont la voix égale celle des Muses, laisse-le ici près de nous, en nous quittant, afin que nous en soyons charmés.
PISTHÉTÈRE. Oh ! de par Zeus ! cède à leurs désirs. Fais sortir l'aimable oiseau des joncs à ombelles.
EUELPIDE. Fais-le sortir, au nom des dieux, afin que nous voyions l'oiseau chanteur.
LA HUPPE. Puisqu'il vous plaît ainsi, je dois le faire. Sors, Procnè, et montre-toi à nos hôtes. (Procnè paraît.)
PISTHÉTÈRE. O Zeus vénéré, quelle jolie petite personne ailée ! Quelle délicatesse, quel éclat !
EUELPIDE. Sais-tu que je la cajolerais avec plaisir ?
PISTHÉTÈRE. Quelle riche parure d'or ! On dirait d'une vierge.
EUELPIDE. Je serais tout à fait en humeur de lui donner des baisers.
PISTHÉTÈRE. Mais, mon pauvre garçon, elle a un bec long de deux broches.
EUELPIDE. Eh bien, de par Zeus ! il n'y a qu'à enlever l'écaille qui lui couvre la tête, et à lui donner ensuite de bons baisers

Les oiseaux.
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CHRÉMYLE.
Ô Phébus Apollon ! Dieux et Génies ! Ô Jupiter ? Quoi ! tu serais Plutus ?
PLUTUS.
Oui.
CHRÉMYLE.
Lui-même ?
PLUTUS.
Lui, en personne.
CHRÉMYLE.
Hé ! d’où sors-tu donc si mal vêtu ?
PLUTUS.
Je viens de chez Patrocle, qui ne s’est jamais baigné depuis qu’il est au monde.
CHRÉMYLE.
Mais, je te prie, comment es-tu devenu aveugle ?
PLUTUS.
C’est un présent que m’a fait Jupiter par jalousie pour les hommes. Car, lorsque j’étais fort jeune, je le menaçai de n’aller que chez les gens de bien, et il me rendit aveugle afin que je ne pusse plus les reconnaître, tant il porte d’envie à tous ceux qui ont de la vertu !
CHRÉMYLE.
Ce n’est pourtant que par les gens vertueux et honnêtes qu’il est honoré.

(Plutus)
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Pourquoi diante le vieux ne se montre-t-il pas au-devant de sa porte et ne répond-il pas ? Aurait-il par hasard égaré ses souliers ? A-t-il dans la nuit noire cogné je ne sais où son cor au pied ? ou bien est-ce un accès de goutte, le pauvre vieux ? ou bien une hernie peut-être ? De nous tous, c'était pourtant lui le plus coriace, et de loin ! intraitable comme pas un pour ceux qui venaient l'implorer. Oui, le regard cloué au sol - comme ça ! - il leur répétait : Tu auras plus tôt fait d'attendrir un caillou !
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LE RAISONNEMENT JUSTE : Mais quoi ? Si, pour t'avoir écouté, il se fait enfoncer une rave dans le derrière, et épiler à la cendre chaude, aura-t-il quelque argument pour démontrer qu'il n'est pas un cul-béant ?
LE RAISONNEMENT INJUSTE : Et s'il est cul-béant, en quoi celui lui nuirait-il ?
LE RAISONNEMENT JUSTE : Dis plutôt : que pourrait-il lui arriver de plus fâcheux ?
LE RAISONNEMENT INJUSTE : Que diras-tu, si je te bas sur ce point-là ?
LE RAISONNEMENT JUSTE: Je me tairais. Que faire d'autre ?
LE RAISONNMENT INJUSTE : Eh bien, dis-moi, les avocats, où les recrute-t-on ?
LE RAISONNEMENT JUSTE: Parmi les culs-béants.
LE RAISONNEMENT INJUSTE : D'accord. Et les acteurs tragiques, où ?
LE RAISONNEMENT JUSTE: Parmi les culs-béants.
LE RAISONNEMENT INJUSTE : Bien parlé. Et nos démagogues ?
LE RAISONNEMENT JUSTE: Parmi les culs-béants.
LE RAISONNEMENT INJUSTE : Te rends-tu comptes que tu ne dis rien qui vaille ? Et parmi les spectateurs, lesquels sont les plus nombreux ? Regarde.
LE RAISONNEMENT JUSTE: ça y est, je regarde.
LE RAISONNEMENT INJUSTE : Que vois-tu donc ?
LE RAISONNEMENT JUSTE : Les plus nombreux, par les dieux, ce sont les culs-béants. EN voilà un, je le sais, et en voilà un autre là-bas, et cet autre à la belle chevelure.
LE RAISONNEMENT INJUSTE : Qu'as-tu à répliquer ?
LE RAISONNEMENT JUSTE : Nous sommes battus, ô débauché. Au nom des dieux recevez mon manteau, pour que je passe dans vos rangs.
(Les Nuées)
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LA HUPPE
Allons, toi, ma partenaire, interromps ton sommeil,
lâche les strophes de tes hymnes sacrés,
thrène que tu lances par ta bouche divine
sur Itys, source de tant de larmes pour toi et moi,
et fais vibrer de fluides mélodies
ton brun gosier.
Pur, il arrive, à travers le liseron coiffé de feuilles,
l'écho, jusqu'au séjour de Zeus,
où le dieu aux cheveux d'or, Phoibos, en
[ l'entendant,
à tes élégies répond en touchant
sa cithare aux clefs d'ivoire,
et dresse des chœurs de dieux...
par les bouches immortelles
arrive, en résonance avec toi,
la plainte divine des bienheureux.
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Vidéo de  Aristophane
ARISTOPHANE – Peut-on rire de tout ? (France Culture, Nouveaux Chemins, 2013) Émission de radio « Nouveaux Chemins » diffusée le 19 mars 2013, sur France Culture dans le cadre d’une semaine intitulée « Éloge de la parodie ». Adèle an Reeth recevait Ghislaine Jay-Robert, maître de conférence en langue et littérature grecques à l’Université de Perpignan.
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature hellénique. Littérature grecque>Littérature grecque : drames (40)
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