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EAN : 9782251000336
210 pages
Les Belles Lettres (15/03/2003)
3.88/5   8 notes
Résumé :
Sous le nom de Constitutions, les fameuses politeiai, les anciens rassemblaient une collection de quelques 158 traités d'Aristote exposant les institutions politiques d’un grand nombre d’États, grecs ou barbares. De ces traités, seule la Constitution d’Athènes, découverte en 1891 par sir Frederic Kenyon, nous est parvenue presque en entier. La première partie, historique, relate l’évolution du régime politique jusqu’à l’archontat d’Euclide en 403 avant J.-C., puis, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique

Après la présentation remarquable du livre par l'éditeur sur la fiche de Babelio, il est bien difficile d'ajouter une note de lecture pertinente. Commençons toutefois par rappeler que le mot "constitution" employé dans le titre n'est pas à prendre au sens moderne, étroit, de document écrit fixant les règles de la vie politique d'une communauté humaine. "Constitution", ici, sera plutôt synonyme de "institutions", au sens large, ou encore, de "régime", et de pratiques diverses de la citoyenneté. Ce qui frappe en effet, c'est que le citoyen de la démocratie, ou même de l'oligarchie, athéniennes, n'a rien à voir avec nous, sujets passifs qui votons à date fixe pour des représentants à qui nous signons un chèque en blanc, avant de retourner à notre inactivité. Non, le citoyen athénien a d'autant plus de devoirs politiques que le régime est plus démocratique : on apprend donc ici (ou bien, ce livre nous rappelle) que la vie démocratique exige du citoyen un engagement politique de tous les instants, et un sens du devoir envers la communauté que nous n'avons pas. Montesquieu rappelle à juste titre dans L'Esprit des Lois que la démocratie exige des gens la vertu, la responsabilité, le sens du devoir. On est impressionné, en lisant le texte d'Aristote, par la quantité de charges qui pèsent sur le citoyen, et sur lui seul. Loin d'être des privilèges réservés aux autochtones de sexe masculin (d'où les sottes accusations modernes de racisme, de machisme etc), ces contraintes de la vie démocratique sont nombreuses et rendent l'apolitisme impossible, sauf en régime tyrannique.

D'autre part, ce livre est étonnant car il ne se borne pas à décrire le fonctionnement des institutions athéniennes, mais les situe dans une évolution et une longue durée. Aristote fait oeuvre d'historien et n'hésite pas à inclure des documents et textes authentiques, et à expliquer par des rapports sociaux, voire des luttes de classe, les différents régimes qui se sont succédé à Athènes des origines à 322 av. J.-C. A ce titre, son analyse des réformes de Solon, puis de la tyrannie de Pisistrate, est remarquable, entre autres qualités et pour ne parler que des figures politiques les plus connues. On voit à l'oeuvre dans ce texte une méthode d'enquête et de description qui étonnera le profane par sa rigueur.

C'est à l'occasion d'une version grecque tirée de ce livre, que ma curiosité a été éveillée. La langue (quand on choisit une édition bilingue, soit dans la Collection des Universités de France, soit en poche) est d'une grande clarté, et permet aux hellénistes amateurs, très, trop amateurs, dans mon genre, de reconnaître dans le texte grec ce qu'ils ont lu dans la traduction, et de comprendre la construction des phrases. Ce n'est pas un petit plaisir.

Quant à l'actualité de ce genre de lecture, je crois qu'elle va de soi. Les médias bruissent de vains débats sur l'état de "notre démocratie".Aristote nous fournit l'occasion d'y réfléchir un peu plus à loisir.
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On a de quoi se demander ce qui a pu pousser une cité à passer de la monarchie à la démocratie (sans précédent il me semble), et pour devenir en même temps la plus puissante de la Grèce et enfanter en quelques années des génies comme Socrate, Eschyle, Sophocle, et j'en passe… Ce texte attribué à Aristote n'a été retrouvé qu'à la fin du dix-neuvième siècle et il manque le début. Il commence vraiment avec le mécontentement du peuple vis-à-vis des grands propriétaires terriens à la fin du septième siècle av. JC. Entre les trop riches et les trop pauvres, Solon, qui fait partie de la classe moyenne, un riche modéré, est nommé pour faire un arbitrage, il annule les dettes et met surtout fin à l'esclavage des citoyens pour cause de dettes, sans pour autant redistribuer les terres comme l'espéraient les pauvres. Un premier pas… qui n'a satisfait personne et a mené à la tyrannie de Pisistrate, le chef des pauvres en quelque sorte, bon tyran, sorte de monarque éclairé d'après Aristote ; ce sont ses fils qui ont abusés. Une fois les Pisistratides renversés, Clisthène est amené à revoir la copie de Solon, et on peut dire que d'un point de vue étymologique c'est lui l'inventeur de la démocratie. Il crée les dèmes qui ne sont rien d'autre qu'une nouvelle division de circonscription pour casser les anciens partis et il met en place l'ostracisme pour éviter que de nouveaux Pisistrate puissent prendre le pouvoir. En – 508 commence alors le grand siècle athénien. Même si Aristote fait très peu de commentaires et reste dans le factuel, c'est visiblement l'époque qu'il considère comme la plus aboutie de la démocratie, celle qui est dominée par l'Aréopage. Elle commence à se dégrader avec les démagogues dans les années 450, pour finir dans l'oligarchie. Avant que la démocratie ne soit rétablie. Toute cette histoire tumultueuse jusqu'en – 400 est racontée dans la première partie.
Dans la seconde partie Aristote ne fait plus d'histoire mais décrit les institutions athéniennes de son temps et leur fonctionnement. C'est très détaillé mais pas franchement passionnant pour le lecteur lambda. J'en retiens que les citoyens avaient beaucoup d'obligations, ils ont acheté chèrement leurs droits avec beaucoup de devoirs. Une grande portion des citoyens devaient participer activement à la vie politique. Outre un service militaire de deux ans (l'éphébie), ils pouvaient être appelés à occuper toute sorte de fonctions au sein de la cité, et s'ils manquaient à leurs devoirs ils pouvaient être sanctionnés. Au fond, ce qui différenciaient les démagogues des démocrates (selon la vision d'Aristote), c'est qu'ils usaient davantage de la carotte que du bâton pour impliquer les citoyens. L'autre chose qui étonne, c'est la confiance qu'accordaient les Grecs au tirage au sort, et la grande place qu'il occupait aux côtés des élections. Ce sens du tragique…
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Une perle pour tous historiens et amateurs d'histoire ; pour un public plus large et, de surcroît, profane en ce qui concerne la politique grecque de cette époque si reculée, c'est un peu complexe à lire, surtout qu'il y a peu d'annotations concernant des mots spécifiques au régime athénien et à son organisation. Mais cet ouvrage montre le génie d'un Aristote aussi bon philosophe qu'historien.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Dans la quarante-neuvième année qui suivit la bataille de Salamine, sous l'archontat de Pythodoros, s'engagea la guerre du Péloponnèse, pendant laquelle le peuple, enfermé dans la ville et habitué à recevoir une solde dans les expéditions, se décida en partie de son plein gré, en partie contraint, à administrer par lui-même les affaires de l'Etat.
XXVII-2.

μετὰ δὲ τὴν ἐν Σαλαμῖνι ναυμαχίαν ἑνὸς δεῖ πεντηκοστῷ ἔτει, ἐπὶ Πυθοδώρου ἄρχοντος, ὁ πρὸς Πελοποννησίους ἐνέστη πόλεμος, ἐν ᾧ κατακλεισθεὶς ὁ δῆμος ἐν τῷ ἄστει, καὶ συνεθισθεὶς ἐν ταῖς στρατείαις μισθοφορεῖν, τὰ μὲν ἑκὼν τὰ δὲ ἄκων προῃρεῖτο τὴν πολιτείαν διοικεῖν αὐτός.
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VIII-3. Voyant que l'Etat était souvent divisé et que par indifférence certains citoyens s'en remettaient au hasard des événements, Solon porta contre eux une loi particulière : "Celui qui dans une guerre civile ne prendra pas les armes avec un des partis sera frappé d'atimie* et n'aura aucun droit politique".

*atimie : déshonneur public par privation de tous les droits du citoyen.

ὁρῶν δὲ τὴν μὲν πόλιν πολλάκις στασιάζουσαν, τῶν δὲ πολιτῶν ἐνίους διὰ τὴν ῥᾳθυμίαν ἀγαπῶντας τὸ αὐτόματον, νόμον ἔθηκεν πρὸς αὐτοὺς ἴδιον, ὃς ἂν στασιαζούσης τῆς πόλεως μὴ θῆται τὰ ὅπλα μηδὲ μεθ´ ἑτέρων, ἄτιμον εἶναι καὶ τῆς πόλεως μὴ μετέχειν.
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Vidéo de  Aristote
Que serait devenue l'humanité sans tous ceux qui, depuis des milliers d'années, ont accumulé, protégé et partagé des connaissances ? Que serions-nous si la Bible, les oeuvres de Platon et d'Aristote, les mathématiques d'al Jibra, la poésie de Villon, la musique de Mozart, avaient disparu ? Qu'en sera-t-il à l'avenir ? Depuis l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui, de la Mésopotamie à la Chine, de Jérusalem à Venise, de Paris à Londres, de New York à Shanghai, les façons de transmettre les savoirs ont joué un rôle déterminant dans l'évolution des cultures, des rapports de pouvoir, des idéologies et des religions ; les puissants cherchant le plus souvent à priver les peuples, et d'abord les filles, des savoirs menaçant leurs privilèges. Aujourd'hui, la situation s'aggrave : très peu de personnes ont réellement accès à une formation de qualité. Demain, si on n'y prend garde, l'humanité sombrera dans une nouvelle barbarie faite d'ignorance et de technologies mal maîtrisées. Pourtant, nous avons les moyens de former tous les humains et de mettre l'éducation au service d'un monde bienveillant en harmonie avec la nature.
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