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Richard Bodéüs (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080707116
292 pages
Flammarion (04/01/1999)
3.79/5   53 notes
Résumé :
Des générations de commentateurs se sont attachés à percer les mystères du traité De l'âme, texte dense et déroutant. On attend une psychologie et Aristote s'emploie à inscrire l'âme dans le cadre d'une science naturelle ; on s'apprête à lire une réflexion sur l'esprit ou la pensée, et Aristote traite du principe constitutif de tous les vivants, hommes, bien sûr, mais aussi animaux et végétaux. Il fallait offrir un nouvelle traduction, véritablement commentée, de ce... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Livre fondateur de toutes les réflexions sur ce "quelque chose".

On ne sait toujours pas ce que c'est. On peut bien l'appeler âme.

Ôtez tout ce qui est bassement matériel à tout être vivant, il restera quelques chose.

Le concept d'âme est la réponse aux problèmes les plus complexes de la philosophie. Lorsque quelque chose résiste au philosophe dans son entreprise de rendre compte du monde, il aboutit nécessairement à un concept proche de ce qu'on appelle "l'âme".

Ce livre développe ce qu'on peut déduire de ce quelque chose, pour aussi peu qu'on en connaisse.

Aucun relent religieux dans ce cheminement. Les trois monothéismes n'ont pas le monopole de l'âme, plus généralement, les religions non plus.

Les avancées scientifiques permettront peut-être un jour de rendre totalement compte du cerveau, aboutissant à un froid matérialisme, science cadavérique ; je vomis le scalpel. Je ne suis pas certain de vouloir assister à ça. Peut-être nous faudra-t-il alors relire Heidegger pour nous rendre compte que la science ne pense pas.

En attendant, l'âme a de beaux jours devant elle. Même après ces futures découvertes, je prends le pari que quelques petits efforts d'interprétation permettront de réactualiser toute la vigueur du raisonnement d'Aristote. Un indispensable de la philosophie.
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Que dire des fondations de l'immense discussion autour de l'âme humaine dans l'histoire de la philosophie? Aristote est le point de départ d'une immense tradition de pensée avec son de Anima. L'hylémorphisme, l'assimilation comme clé de l'activité animée, et, surtout, la noétique... L'immensité ne se laisse pas facilement résumer.
Ce qui me reste à dire, après tant de lectures, ne se formule qu'en une question, qui en appelle plusieurs: pourquoi, Aristote, n'as-tu pas clairement identifié le statut de l'intellect humain? Pourquoi ta psychologie si complète, si claire, s'embrume-t-elle dès qu'il s'agit de parler de la fragmentation des parties de l'âme humaine? Pourquoi un discours lacunaire au sujet de l'intellect possible, agent, théorétique?
Pour faire parler les curieux... Nombre incalculable de commentaires ont vu le jour médiéval jusqu'à ce que la modernité s'autorise à laisser tomber l'aristoteles dixit. Des oubliés aux plus connus, des consensuels aux plus sulfureux, les commentaires du de anima tentent tous de répondre au silence blessant du Stagirite. Plonger ensuite dans les commentaires de commentaires, dans les attaques, les ripostes, les objections, les justifications, les polémiques... Et n'en ressortir que pour relire le de anima, par qui tout commença. Se poser la même question, encore et toujours.
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Livre difficile traitant d'une notion abstraite, intangible difficilement accessible, menant assez vite à la notion de religion et du divin, « de l'âme » est un ouvrage sans doute plus ardu que l'Ethique ou le Politique, à relire et à méditer longuement pour commencer à comprendre la pensée profonde de l'auteur.

J'avoue sans honte que certains passages m'ont semblé peu clairs et mériteraient une relecture approfondie.

Mais au final une question me tarabuste : comment en effet démontrer l'existence d'une véritable âme ?

J'ai l'impression que Descartes (que je n'ai pas lu) et l'Église catholique ont nié la notion d'âme aux animaux et aux plantes, l'accordant simplement à l'homme.

Mais finalement ne parlaient ils pas tout simplement d'intelligence ?

Aristote lui semble plus large dans sa vision de l'âme.

L'ouvrage m'a peut être paradoxalement plus impressionné par la finesse de ses analyses biologiques du monde végétal et animal avec la conclusion que je tire à savoir que les êtres reçoivent de la Nature le niveau de complexité de leur âme nécessaire à assurer les actes permettant leur survie.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Contrairement au traducteur, qui présente une riche et structurée introduction, je ne peux pas vraiment trouver de l'obscurité dans le texte, même dans les détails. Je peux en revanche affirmer qu'il comporte quelques digressions et que l'argumentation n'est pas toujours très assurée.

Ce traité combine la réflexion philosophique d'Aristote et ses connaissances de naturaliste (qui sont aujourd'hui complètement hors de propros) et il ne faut pas s'attendre – le traducteur le dit très bien – à de la psychologie. C'est de la philosophie naturelle.

Rajoutons qu'il est bon de lire le traité de l'âme sans les présupposés scolastiques afin de bien reconstituer la pensée aristotélicienne.
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Que dire d'un philosophe tel qu'Aristote ? Que je le découvre, petit à petit, et que je suis frappée par l'extraordinaire cohérence de sa pensée, par sa vision de l'homme non dualiste mais unifiée, par la clarté de son raisonnement.
Un maître à penser, oui vraiment, à déguster par petites touches pour mieux l'assimiler...
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Nous avons donc défini, en termes généraux, ce qu’est l’âme : elle est une substance au sens de forme, c’est-à-dire l’essentiel de ce qui fait qu’un corps est ce qu’il est. Supposons, par exemple, qu’un instrument comme la hache fût un corps naturel : l’essentiel de la hache serait sa substance, et ce serait son âme ; car si la substance était séparée de la hache, il n’y aurait plus de hache, sinon par homonymie. Mais, en réalité, ce n’est qu’une hache. En effet, ce n’est pas d’un corps de cette sorte que l’âme est la détermination essentielle et la forme, mais d’un corps naturel de telle qualité c’est-à-dire ayant un principe de mouvement et de repos en lui-même. Appliquons maintenant ce que nous venons de dire aux parties du corps vivant. Si l’œil, en effet, était un animal, la vue serait son âme : car c’est là la substance formelle de l’œil. Or l’œil est la matière de la vue, et la vue venant à faire défaut, il n’y a plus d’œil, sinon par homonymie, comme un oeil de pierre ou un œil dessiné. Il faut ainsi étendre ce qui est vrai des parties, à l’ensemble du corps vivant. En effet, ce que la partie de l’âme est à la partie du corps, la sensibilité tout entière l’est à l’ensemble du corps sentant, en tant que tel. D’autre part, ce n’est pas le corps séparé de son âme qui est en puissance capable de vivre : c’est celui qui la possède encore. Ce n’est pas davantage la semence et le fruit, lesquels sont, en puissance seulement, un corps de telle qualité. Ainsi, c’est comme le tranchant de la hache et la vision que la veille aussi est réalisation ; tandis que c’est comme la vue et le pouvoir de l’outil que l’âme est réalisation ; le corps, lui, est seulement ce qui est en puissance. Mais de même que l’œil est la pupille jointe à la vue, ainsi, dans le cas qui nous occupe, l’animal est l’âme jointe au corps. L’âme n’est donc pas séparable du corps, tout au moins certaines parties de l’âme, si l’âme est naturellement partageable : cela n’est pas douteux. En effet, pour certaines parties du corps, leur réalisation est celle des parties elles-mêmes. Cependant rien n’empêche que certaines autres parties, du moins, ne soient séparables, en raison de ce qu’elles ne sont les réalisations d’aucun corps. De plus, on ne voit pas bien si l’âme est la réalisation du corps, comme le pilote, du navire. Ce que nous venons de dire doit suffire pour un exposé en résumé et une esquisse d’une définition générale de l’âme.
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incipit :
Le savoir, à notre avis, est au rang des belles choses qu'on honore. Mais telle de ses formes peut prendre le pas sur telle autre, soit sous le rapport de la précision,soit du fait qu'elle porte sur des objets supérieurs et plus admirables. Et pour ce double motif, nous aurions une bonne raison de placer aux premiers rangs l'enquête qui s'intéresse à l'âme.
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Est-ce que, cependant, chacun de ces principes constitue une âme ou bien une parcelle d'âme? et, dans ce dernier cas, est-ce que cela implique une séparation uniquement de raison ou bien aussi de lieu? Pour certains d'entre eux, ce n'est pas difficile à voir, mais il y a quelques cas embarrassants. 413b15

Le cas de l'intelligence et de la faculté spéculative, cependant, n'est pas encore clair, mais il n'y a apparence (eoike) que ce soit un genre d'âme différent. Et il se peut que lui seul soit séparé, comme l'éternel du périssable.
413b25

Et cette intelligence est séparée, sans mélange et impassible, puisqu'elle est substantiellement activité. Toujours, en effet, ce qui produit surpasse en dignité ce qui subit et le principe surpasse la matière. (...) Or il est exclu que l'intelligence tantôt opère, tantôt non. Une fois séparée d'ailleurs, elle se réduit à son essence, et il n'y a que cela d'immortel et d'éternel.
430a20
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Il faut donc nécessairement que l'âme soit substance comme forme d'un corps naturel qui a potentiellement la vie. Or cette substance est réalisation. Donc elle est la réalisation d'un tel corps.
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Toutes les choses naturelles, en effet, sont en vue d'une fin, ou bien sont des rencontres fortuites de ce qui est en vue d'une fin.

III,12
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Vidéo de  Aristote
Que serait devenue l'humanité sans tous ceux qui, depuis des milliers d'années, ont accumulé, protégé et partagé des connaissances ? Que serions-nous si la Bible, les oeuvres de Platon et d'Aristote, les mathématiques d'al Jibra, la poésie de Villon, la musique de Mozart, avaient disparu ? Qu'en sera-t-il à l'avenir ? Depuis l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui, de la Mésopotamie à la Chine, de Jérusalem à Venise, de Paris à Londres, de New York à Shanghai, les façons de transmettre les savoirs ont joué un rôle déterminant dans l'évolution des cultures, des rapports de pouvoir, des idéologies et des religions ; les puissants cherchant le plus souvent à priver les peuples, et d'abord les filles, des savoirs menaçant leurs privilèges. Aujourd'hui, la situation s'aggrave : très peu de personnes ont réellement accès à une formation de qualité. Demain, si on n'y prend garde, l'humanité sombrera dans une nouvelle barbarie faite d'ignorance et de technologies mal maîtrisées. Pourtant, nous avons les moyens de former tous les humains et de mettre l'éducation au service d'un monde bienveillant en harmonie avec la nature.
Plus qu'une histoire mondiale de l'éducation et de son avenir, ce livre propose des choix radicaux pour lutter contre la barbarie, des choix sans lesquels l'humanité ne pourra survivre.
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