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Richard Bodéüs (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080709479
560 pages
Flammarion (11/02/2004)
3.84/5   259 notes
Résumé :
L'Éthique à Nicomaque n'est pas seulement l'une des oeuvres les plus célèbres d'Aristote, l'une de celles qui témoignent le mieux aujourd'hui de sa philosophie. C'est aussi, plus généralement, un des grands textes de l'histoire de la pensée. Quelle est l'activité qui, en dernière instance, donne sens à la vie humaine? Telle est l'interrogation qu'Aristote commence par soulever, sachant que l'être humain est un être rationnel, susceptible d'élaborer de multiples proj... >Voir plus
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Cette éthique est toujours d'actualité, au bout de 23 siècles ! le bien humain a un objectif : le bonheur. Mais pour cela, il faut être vertueux. Aristote présente l'objectif "bonheur" et les moyens d'y arriver en détaillant les points de vue de l'homme vertueux, du "méchant", du juriste, du politique, du plus grand nombre (peuple), du tyran, et même de l'animal. 
.
Une première remarque. L'éthique, qui est quand même le titre, il faut la trouver comme l'aiguille dans une botte de foin. C'est finalement « la vertu » qui englobe les qualités morales, qu'il appelle « éthique » ( page 99 ).
Bon... Pffff... Même Simone de Beauvoir était assommée par Aristote. Mais, sous une présentation laborieuse due au fait que des notes éparses d'Aristote furent rassemblées, la vue d'ensemble est très intéressante, et ce qui en fait un classique, une oeuvre éternelle. Je ne vais pas reprendre toutes mes "épluchures" (mes notes), il y en aurait pour des heures, et cette critique serait plus longue que celle sur "Humain, trop humain". de plus il est difficile, à l'issue de la lecture, de créer un "modèle", c'est à-dire un système-graphique-"patates" qui représenterait la pensée de l'auteur, car il y en a plusieurs. Il est pénible, cet homme là ! Mais je vais soulever des réflexions, des questions et des contradictions que m'ont inspiré cet ouvrage. 

"Le bonheur est indépendant de la fortune". le sens de "fortune" n'est pas indiqué. Cependant, plus loin, il précise qu'un minimum de richesse suffit à l'entretien du corps pour que l'esprit puisse méditer ( penser, se servir de son intelligence et devenir sage ) moyen suprême du bonheur. Ailleurs, il parle aussi de "la bonne fortune" qui serait, selon lui, d'intervention divine. 

"Un mort peut-il être bienheureux si ses enfants souffrent ?" questionne t-il. Je vois qu'Aristote, comme ses maîtres Platon et Socrate, croient en l'au-delà, notamment Socrate qui, le verre de ciguë à la main, était tout joyeux de pouvoir vite retrouver Homère afin de converser. 

"Le bonheur est définitif". J'ai constaté qu'avec mes élèves éduqués, (et pour moi, ils sont en route vers le bonheur, sauf exception ), il n'y avait que très rarement une déviation caractérielle pour ces élèves-là. 

Aristote divise l'être humain en un corps et une âme. Celle-ci à nouveau en une raison / folie ( continence, compréhension, intelligence, sagacité, sagesse ) et des vertus / défauts moraux (générosité, courage tempérance ). Ce pourrait être son modèle de base. 

"La vertu consiste à viser le milieu, comme sur une cible, et c'est difficile". Par exemple, " l'aimable" a pour vice par excès la flatterie, et pour vice par défaut le caractère rustre, bilieux, fâcheux. 

Dans la traduction Flammarion 2004, j'ai quelques soucis. le "bien" est-il une valeur morale ou un objet concret ? Malgré tous les retours sur cette notion, je n'ai pas réussi à trancher. D'ailleurs, je me suis fait un petit lexique pour une dizaine de concepts flous. 

Le "sexe" à outrance n'est que suggéré, Aristote est assez pudibond là dessus. Il s'agit alors d'intempérance.

Le paragraphe sur la "justice légale" m'a fortement interpellé. Il y a en effet des gens qui, pour moi, sont dans le "gris" et s'enrichissent légalement mais pas vertueusement. 

Le cordonnier qui troque cinq paires de chaussures pour une maison avec le maçon m'a bien fait rire. Si ça pouvait être encore comme ça ! 

"Les appétits freinent le chemin vers la sagesse". Oui, Schopenhauer reprend ce schéma en disant que les pulsions sont un barrage pour être vertueux. 

Aristote vante les sacrifices aux dieux. Malheureusement, ils sont encore contemporains mais barbares. Là, évidemment, je ne suis pas d'accord avec Aristote

"Faire la guerre pour avoir la paix". le courage du soldat est loué. Là encore, Dieu merci, c'est en train d'évoluer. 

Pour me rendre compte de ce que c'est qu'un méchant, et certains hommes non vertueux parmi ceux qu'il appelle "le plus grand nombre", je me suis remis dans la peau du fana de vitesse que j'étais. ... Mais je ne vais pas m'étendre là dessus (o). 

Voilà. 
Platon est bien plus agréable à lire. Schopenhauer est tout aussi ardu avec ses essais de démonstrations géométriques "style Descartes". Chez Nietzsche non plus, ça ne coule pas de source, malgré ses superbes fulgurances ( j'ai un carnet entier de citations de lui ). 
Mais on peut dire que le livre d'Aristote est remarquable au moins à deux points de vue : 
Un : il est un précurseur. 
Deux : son oeuvre me semble aborder les questions philosophiques d'une façon assez exhaustive. 

Deux petites remarques sur le titre. 
Nicomaque, médecin, était le père d'Aristote
"Ethique", comme dans "L'éthique" de Spinoza, sont des concepts qui ne sont que peu définis. 
Pour moi, il s'agit de l'application pratique de la philosophie, dont la société aurait grand besoin.
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C'est quoi, L'Ethique à Nicomaque ? Une recette de sagesse ? Une argumentation savante à l'usage des aspirants bienheureux ? La voie du bonheur ? Je n'en sais rien. Aristote fait du bonheur le bien suprême pour l'homme et ce bonheur est à la fois vertu et plaisir. Ce bonheur, il est non un état mais un acte. Il dépend de nous. Il consiste (j'aplatis hélas, comme toujours, il le faut) à vivre vertueusement, c'est-à-dire en évitant les excès, en cherchant sans cesse la moyenne entre ce qui est trop (la témérité par exemple) et ce qui n'est pas assez (la lâcheté). Il consiste à développer ce qui est le plus beau (d'où vient ce beau, quel est donc ce concept si souvent lancé et jamais clair ?) en nous, à savoir les vertus intellectuelles.

Quoi qu'est-ce ? le bonheur, à la fin du livre, c'est la méditation (sur quoi ? comment ? pourquoi ?), activité durable, contrairement aux plaisirs, qui sont bons, très bon (Aristote est hédoniste, contrairement à mes idées reçues), mais éphémères. Pourquoi privilégier l'intelligence ? parce que nous sommes peut-être les seuls à la posséder ? Qu'est-ce qu'on en sait (il faudrait que je relise, en guise de contrepoint, L'Apologie de Raymond de Sebonde) ? Cela dit (je saute du coq à l'âne, je suis terriblement a-aristotélicien), il y a du bon (voilà que j'utilise moi-même ce concept si difficile à problématiser) dans la pensée d'Aristote, qui met l'accent sur la responsabilité de l'individu dans ses actes, les actes vertueux étant choisis en pleine conscience : "D'abord, il (l'homme vertueux) doit savoir ce qu'il exécute ; ensuite le décider et, ce faisant, vouloir les actes qu'il accomplit pour eux-mêmes ; enfin, troisièmement, agir dans une disposition ferme et inébranlable".

Et vlan ! Tout ça est terriblement exigeant. Il faut connaître (c'est déjà foutu, le "connais-toi toi-même" part en couille si souvent) ; il faut vouloir, pas dans son intérêt propre mais dans l'intérêt du bien (gratuitement, ou du moins en se rendant compte que la vertu ne peut que rendre heureux en fin de compte, et qu'il faut donc souffrir pour être belle) ; et finalement une fois qu'on veut, il faut s'y tenir.

Bref le bonheur, Aristote le dit lui-même, c'est plus divin qu'humain. Si c'est humain, c'est réservé à "l'homme vertueux", un type dont l'essence serait bonne, un saint ou un fou (bien sûr le philosophe ne dit pas ça, bien au contraire, c'est le non-vertueux, le banal pêcheur, qui est fou), bref un monstre. Aristote, une philosophie hors de portée ? une éthique impossible à mettre en application ? Ce qui est génial, c'est qu'en lisant son argumentation, malgré l'immensité de la tâche et l'incertitude quant à sa propre disposition à la vertu, on se dit que ça vaudrait quand même la peine d'essayer, que faire un bout de route est possible, qu'on peut aller vers le bonheur en flânant en chemin, du côté des vertus (pas toujours exaltantes hélas, parce que médianes, alors que l'on désire l'extrême, et que le jusqu'au-boutisme est plus beau pour un esprit moderne, qui se méfie de la sagesse comme de la peste, parce que méditer, c'est laisser faire Hitler, même si le sage aristotélicien n'aurait pas laissé faire, je l'espère, sinon toutes les belles phrases sur la vertu tombent à l'eau), de la justice, de l'amitié, du plaisir. Bref, la vie selon Aristote, c'est un peu ennuyeux, mais le bonheur, puisque c'est stable, c'est ennuyeux. Ennuyons-nous donc avec plaisir.
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Lecture difficile que ce livre fameux : la texture est serrée mais les répétitions sont nombreuses ; les glissements d'un terme à un quasi-synonyme sont multiples et font s'affronter les spécialistes ; bien des passages sont obscurs ; les objectifs ne sont pas tracés. On lit au livre I, en 1094b12 : « Nous aurons suffisamment rempli notre tâche si nous donnons les éclaircissements que comporte la nature du sujet que nous traitons », et en 1095a14 : « En ce qui regarde l'auditeur ainsi que la manière dont notre enseignement doit être reçu et l'objet que nous nous proposons de traiter, toutes ces choses-là doivent constituer une introduction suffisante ». Cependant on ne lit dans l'intervalle de ces phrases que des généralités. Les thèmes se dévoilent au fil du texte dans un va-et-vient incessant : le bien, le bonheur, les vertus, la justice, le plaisir, l'amitié. La dernière phrase de l'ouvrage est : « Commençons donc notre exposé » (1181b22). Tout cela laisse une grande latitude à l'interprétation.

L'Ethique à Nicomaque serait, disent les savants, un cahier de notes en vue de la préparation d'un traité. Les contenus et les séquences que nous lisons seraient l'oeuvre de disciples, postérieurs au projet inachevé d'Aristote. Cet inachèvement expliquerait les contradictions et les va-et-vient, comme l'absence d'une définition claire et explicite de l'amitié. On a fait de l'Ethique un traité sur la vertu, ou sur la justice, ou sur l'amitié, mais ces trois entrées sont étroitement mêlées. Je l'ai lue pour l'étude de l'amitié, en ingénu, sans formation de philosophe ni d'helléniste.

Comme on l'attend chez l'antique, le texte commence par le Bien suprême. « Sur son nom, en tout cas, la plupart des hommes sont pratiquement d'accord : c'est le bonheur » (1095a15-16). Aristote fait aussitôt une réserve : « en ce qui concerne la nature du bonheur, on ne s'entend plus » (1095a20). Il prédit que le bonheur « c'est la vie contemplative, dont nous entreprendrons l'étude par la suite » (1096b5), et cette étude n'intervient qu'au livre X avec celle du plaisir. On revient à la nature du bien parfait : « le bien parfait semble se suffire à lui-même. Et par ce qui se suffit à lui-même, nous entendons non pas ce qui suffit à un seul homme menant une vie solitaire, mais aussi à ses parents, ses enfants, ses amis et ses concitoyens en général, puisque l'homme est par nature un être politique » (1097b10). Cette extension de l'individu à la Cité suggère que bien et bonheur s'accomplissent dans la politique. Suit une position obscure où Aristote glisse du bien au bonheur : « En ce qui concerne le fait de se suffire à soi-même, voici quelle est notre position : c'est ce qui, pris à part de tout le reste, rend la vie désirable et n'ayant besoin de rien d'autre. Or, tel est, à notre sentiment, le caractère du bonheur » (1097b15), et, plus loin, une définition tautologique du bonheur : « car pratiquement nous avons défini le bonheur une forme de vie heureuse et de succès » (1098b20).

La première allusion au titre de l'ouvrage vient au livre II et c'est un jeu sémantique : « La vertu est de deux sortes, la vertu intellectuelle et la vertu morale. La vertu intellectuelle dépend dans une large mesure de l'enseignement reçu […]. La vertu morale [èthos avec un êta], au contraire, est le produit de l'habitude [ethos avec un epsilon], d'où lui vient aussi son nom, par une légère modification de ethos » (1103a14-15). L'Ethika Nikomacheia va donc traiter de la vertu morale, laquelle s'apprend et s'exerce dans la pratique. Cette vertu est une médiété dans les affections et les actions : « La vertu a rapport à des affections et des actions dans lesquelles l'excès est erreur et le défaut objet de blâme, tandis que le moyen est objet de louange et de réussite, double avantage propre à la vertu. La vertu est donc une sorte de médiété, en ce sens qu'elle vise le moyen » (la mediocritas des latins). Cette approche est curieusement obscurcie par des exemples – la vertu de l'oeil ou celle du cheval – qui sont étrangères à la vertu morale. Aristote poursuit vers une définition qui intègre l'action et la connaissance : « Ainsi donc, la vertu est une disposition à agir d'une façon délibérée, consistant en une médiété relative à nous, laquelle est rationnellement déterminée et comme la déterminerait l'homme prudent » (1107a1). Vient ensuite une liste des vertus particulières, parfois difficiles à démêler pour le contemporain : le courage, la modération, la libéralité, la magnificence, la grandeur d'âme et la justice, doublée des listes de vices correspondants, par excès et par défaut. Viennent enfin les deux livres VIII et IX sur l'amitié.

L'entrée dans le livre VIII est belle : L'amitié « n'est-elle pas une vertu, ou, tout au moins, n'est-elle pas intimement liée avec une vertu ? Rien, d'ailleurs, de plus nécessaire à la vie. Sans amis, qui voudrait de la vie, dût-il être comblé de tous les autres biens ? » (1155a5). La Boétie écrira vingt siècles plus tard dans la Servitude volontaire, avec le même enthousiasme : « L'amitié, c'est un nom sacré, c'est une chose sainte. Elle ne se met jamais qu'entre gens de bien et ne se cimente que par une mutuelle estime ». La suite est faite d'approches successives : l'amitié et la ressemblance ; l'amitié entre égaux ou entre inégaux ; l'amitié utile et l'amitié plaisante opposées à l'amitié parfaite ou amitié des bons ; l'amitié et la justice ; l'analogie entre les variants de l'amitié et les diverses constitutions (amitié royale ou paternelle, amitié aristocratique ou conjugale, amitié fraternelle ou démocratique) ; les devoirs de l'amitié. Tout cela se lit avec faveur. Aristote ignore le caractère singulier et imprévisible de l'amitié (« Parce que c'était lui, parce que c'était moi ») mais c'est un point de vue anachronique : la subjectivité et l'irrationnel ne sont pas dans le programme du grand ancien.

Une difficulté vient de la possibilité même de l'amitié des bons car elle requiert l'égalité dans la vertu, la fortune et l'âge, la communauté d'intérêt, et encore la vie commune (« Il n'y a rien de plus désirable que la vie d'intimité, l'amitié est en effet communion, koinônia) (11714b31-32). Une telle amitié est-elle accessible au contemporain ? Georg Simmel écrit dans sa Sociologie : « Peut-être l'homme moderne a-t-il trop de choses à cacher pour connaître une amitié au sens antique du terme, peut-être aussi les personnes, sauf dans leurs très jeunes années, sont-elles devenues trop singulières, trop individualisées pour qu'il soit possible de comprendre, d'accepter l'autre avec une réciprocité totale, ce qui demande toujours tant d'intuition, d'imagination créatrice à l'égard de l'autre. Sans doute est-ce pour cette raison que la sensibilité moderne tend plutôt à des amitiés différenciées, c'est-à-dire des amitiés dont le domaine ne concerne à chaque fois qu'un aspect de la personnalité, sans s'immiscer dans les autres ».

Le malaise vient de l'affirmation de l'amour de soi comme modèle de l'amitié, ou de l'amitié comme accomplissement de soi : « Passer tout son temps en tête-à-tête avec soi-même, le vertueux le souhaite aussi, car il y trouve du plaisir. de ses actions passées, en effet, douces sont les souvenances, et ses actions futures, il sait qu'elles seront bonnes, perspective qui elle aussi est plaisante. Et d'objets à contempler, il regorge dans sa pensée » (1166a23-26). Plus loin : « Nous pouvons donc conclure : le vertueux doit être égoïste car s'il l'est, il se rendra service à lui-même en faisant des belles actions et il sera utile aux autres » (1169a11). Certes le vertueux peut se sacrifier pour un ami ou pour la Cité, mais c'est pour affirmer sa supériorité morale : « En tout ce qui est digne d'éloges, le vertueux revendique pour soi la part du lion de beauté morale. Comme cela oui, on doit être « égoïste », comme nous venons de le dire, mais comme la masse, non pas ! ». Dans cette vision élitiste, l'égoïste vertueux, ami de soi-même, se juge lui-même méritant et garant de sa conduite, s'exposant aux excès en pensée et en action, dans sa famille et dans la cité. Par ailleurs, l'égoïsme vertueux et l'amitié de soi-même écartent l'altérité de l'amitié, ce qui est non-sens, et fait perdre les apports de la différence et de la complémentarité. Comment progresser seul en vertu, sagesse, justice ou plaisir, à moins d'être omniscient et parfait, c'est à dire un dieu ?

J'ai lu deux versions de l'Ethique. L'édition Vrin contient l'introduction, la traduction intégrale et les notes de Jules Tricot. L'édition du Livre de Poche résume les livres I à VII (près de 100 pages d'introduction et de notes par Jean-François Balaudé) et se limite au texte des livres VIII et IX sur l'amitié, dans la traduction classique de Gauthier et Jolif. Tricot fait un travail de philologue, à l'échelle du mot et de la phrase ; il « éclaire » volontiers les passages difficiles par leur traduction en latin chez Saint Thomas d'Aquin (!). Balaudé travaille en pédagogue, à l'échelle des idées, signalant les ambiguïtés et les lacunes, dénouant les fils. Peut-être une vision personnelle et un travail de vulgarisateur, mais je lui suis reconnaissant de sa clarté.

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« Nul ne songe à faire participer un esclave au bonheur, sauf si on le fait aussi participer à la vie. »

Voilà, après avoir réfléchi avec force détails sur la conception du bonheur terrestre, Aristote a aussi inventé « l'entre-soi ». Tout ça pour arriver à dire que la contemplation est le bien suprême et qu'il faut être gentil, vertueux et avoir des amis.
À chaque chapitre j'avais envie de tout démonter mais il est vrai que nous sommes à plus de vingt-trois siècles de distance temporelle et il fallait bien poser des jalons. Relativisons donc.
Il y a les élus des dieux et les autres. Presque un début de neuroscientifique. J'ai eu grand mal - visiblement, je ne suis pas le seul - à aller au bout de cet ouvrage me demandant constamment pourquoi je m'infligeais de telles lectures ! J'ai pris, au fil de ma lecture une bonne dizaine de pages de notes dactylographiées. Impossible de copier tout ça sur Babelio, donc je vais résumer.

Tout acte tend vers une fin et il faut un certain art pour y parvenir.

La fin ultime semble être le souverain bien et de là dépend de la science souveraine et organisatrice d'un état par exemple. le bien est plus admirable s'il s'applique aux états qu'à un seul individu. Aristote mélange ici morale et politique.
La science politique est une science pratique qui ne peut être dirigée que par l'élite compétente et non par des individus jeunes ou jeunes d'esprit dominés par leurs passions. Seuls les êtres dominés par la raison peuvent y avoir accès.
Quel but assignons-nous à la politique et quel est le souverain bien pour nous ? Pour le vulgaire, c'est la richesse, bien vivre, réussir mais cela dépend beaucoup des individus. Il faut donc partir du connu pour ne pas s'embrouiller par une liste exhaustive des définitions du bien.
Trois genres de vie sont supérieurs : la connaissance empirique de l'autodidacte : celui qui sait tout par lui-même dont la vertu paraît une évidence, la vie politique active et la contemplation.
Aristote recense quelques-uns de tous les caractères du bonheur propres à sa définition, recherche de la vertu, recherche de la vertu et des plaisirs, recherche de la prospérité. Il en accepte la justesse.
Le bonheur est-il un don des dieux ? Oui car la vertu est d'essence divine mais aussi pratiquer la vertu mène au bonheur, on ne peut pas trop compter sur le hasard comme le prouvent les vicissitudes de la vie.
La vertu tant intellectuelle que morale s'acquiert, l'une par l'action, l'exercice (ex : jouer d'un instrument etc.), l'autre par la prise d'habitudes. Car rien ne peut changer dans les habitudes données par la nature.
Il faut rechercher la manière d'accomplir les actions en vue de devenir vertueux. Au début, avoir un raisonnement général et ensuite s'adapter aux conditions particulières comme en navigation ou en médecine et ne pas sombrer dans l'excès tant dans la tempérance que dans l'intempérance. Les bonnes habitudes ou les mauvaises s'acquièrent essentiellement durant l'enfance.
Les vertus sont en rapport avec les actions que nous accomplissons et non un état « d'insensibilité et de calme ». Tous recherchent le plaisir mais on le ressent plus ou moins dans les actions. Il convient de savoir placer les deux sentiments de plaisir et de peine pour devenir un homme de bien.
Pour parvenir à une fin, on délibère sur les moyens qui ne sont toujours bien définis et on choisit les plus aisés. L'objet d'une délibération est semblable au choix et le fruit de cette délibération et sa mise en oeuvre dépend de nous.
Il y a deux sortes de biens : le bien apparent et le bien véritable. L'homme sensé juge le bien véritable y compris dans les cas particuliers.
Le courage se situe entre l'audace et la peur. On peut redouter certains maux avec raison comme l'infamie. Pour Aristote, le courage se manifeste quand l'homme » glorieux » meurt à la guerre et non dans d'autres circonstances comme le naufrage ou la maladie.
Aux chapitres X, XI et XII, de 'l'intempérance et le plaisir' Aristote traite de la tempérance, le plaisir doit être cherché avec raison et sans excès. Les plaisirs de la gourmandise en excès mènent à la gloutonnerie et ceux de la chair à la bestialité. On trouve tout un courant de pensée qui a inspiré le christianisme.
La générosité consiste à donner à bon escient. La prodigalité et l'avarice sont les excès de la générosité dans un sens comme dans l'autre.
Entre ceux qui sont de commerce agréable et ceux qui sont d'humeur chagrine, il est une juste moyenne qui n'a pas de nom. Ainsi s'opposent plus fortement les complaisants et les flatteurs aux esprits chagrins.
Mieux vaut la franchise que la vantardise, toujours méprisable.
Aristote réfute la loi du Talion car la justice doit être proportionnée selon les actes et les personnes qui subissent l'injustice.
L'art est une disposition tournée vers la création et s'accompagnant de raison conforme à la nature « vraie » des choses. le choix délibéré provient de la pensée, de la réflexion et des dispositions morales.
La prudence ne relève ni de la science ni de l'art mais permet d'acquérir des vertus.
Trois défauts sont à éviter : la méchanceté, l'intempérance et la bestialité.
Pour vaincre les deux premières il faut fermeté et maîtrise de soi. Pour la bestialité, c'est rare et concerne les barbares. L'intempérance peut être une état permanent ou momentané (ivresse ou maladies). Elle peut être le fait de la nature et de fait l'homme qui a le savoir est plus à blâmer que celui qui est ignorant. Les animaux ne font pas le mal mais agissent selon leur nature. L'homme peut avoir des perversités par nature ou par des habitudes acquises. Il n'en pas blâmable pour cela. Les plaisirs sans retenue sont réprouvables mais pas ceux mus par la passion et qui ne sortent pas du cercle vertueux et de la raison. de même l'animal ne connaît pas la méchanceté :

« En effet un homme méchant peut causer mille fois plus de mal qu'une bête féroce. »
Aristote s'intéresse ensuite au plaisir et à la douleur. le plaisir n'est pas un souverain bien. le tempérant fuit les plaisirs et le prudent cherche l'absence de douleur et non le plaisir. le plaisir peut néanmoins être un bien pour l'un et pas pour l'autre. Seuls les plaisirs du corps que poursuivent les enfants et les bêtes sauvages peuvent être nuisibles car ils s'accompagnent de douleur. Il peut arriver qu'un plaisir soit le souverain bien et conduise au bonheur. Aristote réfute les stoïciens de façon un peu caricaturale, qui allient plaisir et douleur :

« Prétendre que l'homme soumis au supplice de la roue, ou accablé de grandes infortunes, est heureux à condition d'être vertueux, c'est parler en l'air volontairement ou involontairement. »

Aristote pense que l'amitié est indispensable à la vie de tout un chacun, l'homme étant un être éminemment social. On est attiré par son semblable, on joint l'utile à l'agréable. Quand il y a réciprocité des sentiments, c'est de loin l'amitié préférable. S'il y a recherche d'utilité, l'amitié est plus fragile.

Il faut partager les bonheurs avec ses amis mais hésiter à leur faire part de nos insuccès. L'amitié des méchants est source de perversité. Il faut se réunir entre gens vertueux.

Le plaisir naît de l'action. Il est vertueux s'il est issu de l'esprit. La contemplation mène au bonheur suprême car elle rejoint tous les plaisirs : le plaisir de l'esprit et des sens.

« L'homme ne vit plus alors en tant qu'homme, mais en tant qu'il possède quelque caractère divin ; »


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J'aurais mis le temps à lire ce classique de la philosophie. Il y a deux raisons à cela. La première était que je voulais le lire lentement pour pouvoir avoir le temps de méditer dessus. La seconde est que son caractère répétitif et méticuleux est, comment dire, ennuyeux.


Il est certains que Aristote étudie chaque concept avec minutie et sous tous les angles. Et parfois on a plus l'impression que son oeuvre relève de la création d'un dictionnaire, donner les bonnes définitions aux mots qui doivent décrire des concepts, que de philosophie. Il est plus que probable qu'il tente de manière systématique de mettre de l'ordre dans les idées de son temps. Aristote est un naturaliste de la pensée : classer, nommer puis décrire (ou l'inverse).


Ce sont donc des textes très long. Je n'imagine pas le prix du papyrus à l'époque. A force sa pensée devient une sorte de mélodie où on reconnaît des structures qui reviennent assez régulièrement. Je pourrais appeler cela des « méta-idées », des modèles d'analyse et de description des idées. Un exemple d'une méta-idée récurrente : à toutes choses « mesurables » ou « ordonnables » il y a un « moins », un manque, un peu, un défaut, un « hypo », et un « plus », un beaucoup, un excès, un « hyper », et entre les deux un « milieu », un suffisant, un « équilibre ». Toutes les notions sont passées par ce crible.


Appliquer à l'éthique, et ce que j'en retient pour mon bénéfice, est que la vertu (la recherche du « bien ») est un équilibre entre le peu et le trop : la satiété entre la diète et la gloutonnerie. La vertu est désirable et désiré car elle permet d'apporter la satisfaction dans sa vie, des plaisirs (mesurés) et le bonheur.


La vertu peu s'apprendre, par l'exercice quotidien, par l'experience, l'introspection raisonnée, l'apprentissage du vrai (la science au sens savoir le vrai, la réalité). Avec ce savoir qui s'accumule, et sa discipline, nous saurons reconnaître le bien et bénéficier de ce bien.


Il fait aussi une théorie de l'amitié (qu'il serait bien d'être enseigné dès le plus jeune âge, afin d'être plus lucide). En résumé, Aristote distingue l'amitié par intérêt, l'amitié par sympathie et l'amitié association (la vrai amitié) [la traduction de Saint-Hilaire que j'ai lu n'utilise pas tout à fait ces termes : j'ai choisi des termes un peu plus moderne]. Si Aristote avait été l'Asimov de l'antiquité : il aurait pu écrire une saga du style « les robots » avec ses propres « trois lois de l'amitié » et toutes ses conséquences surprenantes et paradoxales.


Dans son étude de l'amitié, il aborde un cas de figure qui a beaucoup résonné en moi : l'amitié de soi-même, s'aimer soi-même. Il dit que l'être vertueux ne peu qu'être ami avec lui-même : heureux et fière de contribuer au bien commun et à son bien. Il ne dit pas qu'il faut s'aimer soi ou contribuer à son bien propre au dépens des autres (ce qui est la vrai définition de l'orgueil), mais que son action pour le bien des autres ne peu qu'apporter le sentiment heureux du « bien accompli ».


Je me suis remémoré un événement de ma vie enfant. A l'époque, les cours de catéchisme étaient obligatoires (oui, on ne vie pas dans un monde parfait, pas même dans le passé - ce n'était pas mieux avant). le prêtre m'avait demandé devant mes camarades si je faisais de bonnes actions. Je n'étais certes pas un saint, mais j'avais le sens du partage et de la compassion avec mes camarades et mon entourage. J'ai donc exprimé avec fierté que je le pensais. Il m'a alors rétorqué que c'était un grand péché que celui de l'orgueil. Car dans le sens religieux (chrétien) croire pouvoir faire le bien aussi bien que Dieu, son égal, indépendamment de lui, est une mauvaise pensée, pire un péché mortel.


Je n'étais pas foncièrement croyant à l'époque, mais le contexte et l'entourage constituaient une forte pression (j'ai même été servant de messe, plus pour faire sonner les cloches de l'église que pour adorer une statue en bois sur une croix). Mais la remarque du prêtre m'a laissé dans un abimes de perplexité : comment faire le bien et ne pas tirer une satisfaction personnelle. Je ne demandais pas un intérêt, un paiement en bonbons, pour chacune de mes bonnes actions. Je voulais seulement éprouver de la satisfaction à apporter plaisir ou réconfort à un semblable. Si je devais éprouver de la culpabilité pour mes mauvaise actions, mes disputes, mes moqueries ou mes coups de poings, pourquoi devrais-je rien éprouver quand je faisais le bien, voire culpabiliser et me détester si j'éprouvais cette satisfaction. Certes du haut de mes 10 ans, je ne rationalisais pas encore autant, mais je sentais qu'il y avait une tromperie.


Avec les années, j'ai pu que ne confirmer cette conviction profonde que la religion, vendant le bien et le bonheur, n'enseignait que la peur et la détestation de soi. Elle ne veut pas des gens libre (de penser) qui peuvent construire avec raison les conditions de leur bonheur. Elle veut de la soumission.


Je crois fermement qu'Aristote n'aurait jamais accepté d'être chrétien, ou de se soumettre à la volonté d'une quelconque religion (d'ailleurs ne dû t'il pas faire Athènes sous la menace d'une accusation d'impiété). Il voulait des gens libre de penser et d'agir, muni d'une éthique pour vivre dans une communauté.

Bel leçon Aristote, mais tu aurais pu être plus synthétique…
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Les biens extérieurs ( 1 ) sans vertu.
Les gens qui possèdent ce genre de biens sans vertu deviennent orgueilleux et méprisants, car sans vertu, il n'est pas facile de porter avec équilibre les fardeaux de la bonne fortune. Or, incapables de le faire, et s'imaginant supérieurs aux autres, ils les méprisent, alors qu'eux mêmes agissent n'importe comment.

NDL : ( 1 ) Les honneurs.
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Or, pour l’être vivant, une fois qu’on lui a ôté l’action et à plus forte raison la production que lui laisse-t-on d’autre que la contemplation ? Par conséquent, l’activité de Dieu, qui en félicité surpasse toutes les autres, ne saurait être que théorétique. Et par suite, de toutes les activités humaines celle qui est la plus apparentée à l’activité divine sera aussi la plus grande source de bonheur.

Un signe encore, c’est que les animaux autres que l’homme n’ont pas de participation au bonheur, du fait qu’ils sont totalement démunis d’une activité de cette sorte. Tandis qu’en effet chez les dieux la vie est tout entière bienheureuse, comme elle l’est aussi chez les hommes dans la mesure où une certaine ressemblance avec l’activité divine est présente en eux, dans le cas des animaux, au contraire, il n’y a pas trace de bonheur, parce que, en aucune manière, l’animal n’a part à la contemplation. Le bonheur est donc coextensif à la contemplation, et plus on possède la faculté de contempler, plus aussi on est heureux, heureux non pas par accident, mais en vertu de la contemplation même car cette dernière est par elle-même d’un grand prix. Il en résulte que le bonheur ne saurait être qu’une forme de contemplation.
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L'activité de l'esprit, en revanche semble l'emporter sur les précédentes, en raison de son caractère contemplatif. Bien plus, elle ne poursuit aucun but extérieur à elle-même ; elle comporte un plaisir qui lui est propre et qui est parfait, puisqu'il accroît encore son activité. Bien plus, la possibilité de suffire à soi-même, le loisir, l'absence de fatigue, dans la mesure où elle est réalisable pour l'homme, bref tous les biens qui sont dévolus à l'homme au comble du bonheur semblent résulter de l'exercice de cette activité. Elle constitura le bonheur parfait, si elle se prolonge pendant toute une vie. Car rien ne saurait être imparfait dans les conditions du bonheur. Une telle existence, toutefois, pourrait être au dessus de la condition humaine. L'homme ne vit plus alors en tant qu'homme, mais en tant qu'il possède quelque caractère divin ; et, autant ce caractère divin l'emporte sur ce qui est composé, autant cette activité excellera par rapport à celle qui résulte de toutes les vertus. Si donc l'esprit, par rapport à l'homme, est un attribut divin, une existence conforme à l'esprit, sera, par rapport à la vie humaine véritablement divine. Il ne faut donc pas écouter les gens qui nous conseillent, sous prétexte que nous sommes des hommes, de ne songer qu'aux choses humaines, et, sous prétexte que nous sommes mortels, de renoncer aux choses immortelles. Mais, dans la mesure du possible, nous devons nous rendre immortels et tout faire pour vivre conformément à la partie la plus excellente de nous-mêmes, car le principe divin, si faible qu'il soit par ses dimensions, l'emporte, et de beaucoup sur toute autre chose par sa puissance et sa valeur. Bien plus, l'essentiel de nous-mêmes paraît bien s'identifier avec ce principe, puisque ce qui commande à un caractère d'excellence.
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La bienveillance semble dès lors un commencement d'amitié, tout comme le plaisir causé par la vue de l'être aimé est le commencement de l'amour : nul, en effet, n'est amoureux sans avoir été auparavant charmé par l'extérieur de la personne aimée, mais celui qui éprouve du plaisir à l'aspect d'un autre n'en est pas pour autant amoureux, mais c'est seulement quand on regrette son absence et qu'on désire passionnément sa présence.
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La vertu resplendit lorsqu'un sage supporte d'un front serein bien des infortunes graves, non pas par insensibilité, mais par générosité et par grandeur d'âme.
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Vidéo de  Aristote
Que serait devenue l'humanité sans tous ceux qui, depuis des milliers d'années, ont accumulé, protégé et partagé des connaissances ? Que serions-nous si la Bible, les oeuvres de Platon et d'Aristote, les mathématiques d'al Jibra, la poésie de Villon, la musique de Mozart, avaient disparu ? Qu'en sera-t-il à l'avenir ? Depuis l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui, de la Mésopotamie à la Chine, de Jérusalem à Venise, de Paris à Londres, de New York à Shanghai, les façons de transmettre les savoirs ont joué un rôle déterminant dans l'évolution des cultures, des rapports de pouvoir, des idéologies et des religions ; les puissants cherchant le plus souvent à priver les peuples, et d'abord les filles, des savoirs menaçant leurs privilèges. Aujourd'hui, la situation s'aggrave : très peu de personnes ont réellement accès à une formation de qualité. Demain, si on n'y prend garde, l'humanité sombrera dans une nouvelle barbarie faite d'ignorance et de technologies mal maîtrisées. Pourtant, nous avons les moyens de former tous les humains et de mettre l'éducation au service d'un monde bienveillant en harmonie avec la nature.
Plus qu'une histoire mondiale de l'éducation et de son avenir, ce livre propose des choix radicaux pour lutter contre la barbarie, des choix sans lesquels l'humanité ne pourra survivre.
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