Le prolifique
Christophe Arleston (auteur à l'heure où j'écris ces lignes de pas moins de 35 séries) a décidé de marier le planet opera vancien aux mystères lostiens (mais c'est peut-être un retour aux sources,
J.J. Abrams ayant copieusement pioché dans "
Le Fleuve de l'éternité" de
Philip José Farmer pour sa série "Lost)"
Mais chassez le naturel, il revient au galop… C'est sans surprise qu'on retrouve les ingrédients de la saga "Lanfeust"…
- une blonde courageuse et intrépide
- une brune vénale et narcissique
- un beau-gosse gentil et musclé
- un vieux sage jouant le rôle de mentor
- un guerrier poilu jouant le rôle de garde du corps
Toutefois, le centre l'attention n'est pas cette-fois ci le beau-gosse, mais la blonde intrépide ! ^^
On retrouve l'humour à la
Arleston fait de comique de répétition, de rebondissements incessants et de moult clins d'oeil.
On retrouve également les coquineries à la
Arleston, appelées, y compris par moi-même, la malédiction boobesque ^^ :
- Granite Welgoat a une fâcheuse tendance aux tenues décolletées quand elle ne se trouve pas régulièrement en slip d'un blanc immaculée mettant en valeur son joli peau bronzée… (Elle est d'ailleurs dénudée d'un bout à l'autre du tome 9… lol)
- Callista DeSargamore est systématiquement en bikini et passe son temps à vamper tout le monde (hommes, femmes, aliens…), quand elle n'est pas menacée de sévices divers et variées…
- mesdames et mesdemoiselles, vous n'êtes pas en reste puisque le jeune et beau Narvarth Bodyssey, le bricoleur de l'espace, passe son temps à déclamer de la poésie torse nu… ^^ (poésie qui mine de rien, aura de plus en plus son importance au sein du cycle, passant de private joke à élément de mise en scène, et d'élément de mise en scène à point essentiel de l'intrigue… Baulelaire power !)
- et on retrouve les fameuses poses à la
Arleston, qui ont fait le succès des Filles de Soleil, avec toutes ces cases où les héroïnes se dandinent, se déhanchent et se contorsionnent pour qu'on puisse admirer simultanément leurs seins et leurs fesses…
On retrouve un crash, des naufragés, un lieu inconnu à l'écart des voies de navigation et une société secrète dépositaire d'un grand mystère… Sauf qu'on reprend aussi les lacunes horripilantes de la méthode J.J Abrams : à chaque épisode on ajoute des personnages et des mystères, sans se préoccuper des premiers et sans résoudre les seconds. Donc fatalement on est dans la fuite en avant avec une multiplication des incohérences et des improvisions hasardeuses, et de temps à autre on recourt à des jeux de massacres parmi les anciens protagonistes pour faire de la place aux nouveaux arrivants. Quantité de personnages quittent donc la série par la petite porte quand on ne les oublie pas purement et simplement… VDM
L'intrigue se construit ainsi à trois niveaux : celui les pions, celui des joueurs, celui des maîtres du jeu
- les pions essayent de sauver leur peau tour en cherchant un moyen de quitter la planète
- les joueurs essayent de capturer les pions pour remporter l'ultime récompense
- les maîtres du jeu suivent leur propre plan qui est de… SPOILERS
Tome 1 :
On nous présente rapidement les principaux personnages de l'aventure :
- Granite, officier d'astronavigation rétrogradée barmaid de la « marina lounge »
- Narvarth, le MacGyver de l'Espâce, beau gosse de son état et apprenti poète
- Callista, la vamp sexy et vénale qui attend le pigeon idéal
On passe ensuite directement au film catastrophe avant de nous refaire "
Le Temple du passé" de
Stefan Wul en 4 pages, avant que nos rescapés ne soient confrontés aux autochtones qui semblent maîtriser la magie des éléments.
Le sage feng Tao, qui enquête sur la récurrence d'accidentés venus de la civilisation des étoiles, leur permet d'échapper au judiciarisme des indigènes… (les amateurs d'
Arleston auront un sentiment de déjà vu, puisque qu'on a presque le même dans le tome 5 de "Lanfeust").Vite rejoints par le guerrier banfoo Krurgor, ils partent dans une aventure pulpienne qui emprunte pas mal aux univers science-fantasy de
Jack Vance où le high tech côtoie le low tech dans univers baroques et foisonnants qui oscillent entre le méd-fan et le post-apo (ici par exemple le saute-ravin ressemble à la monoligne de "
La Planète Géante").
Ah ça on va voyager et voir du pays de l'équateur au pôle et vice-versa, pas comme dans les
Space Opera et leurs planètes monopaysage !
À Bridmoth nos héros sont pourchassés par la margrave Ophyde, qui souhaite s'emparer des technologies des étoiles qui se sont échouées dans la ville (suspension d'incrédulité, le morceau d'épave aurait du atomiser la cité plutôt de s'encastrer en plein milieu… ^^). Mais ils sont également pourchassés par le chef mercenaire Dhokas qui s'il est au service de la divine Ophyde semble avoir ses propres projets… En se jouant du guet lors d'un sympathique clin d'oeil à "L'Arme fatale", on parvient à mettre la main le transpondeur qui permettra de localiser « le Brume de Comète » et d'appeler des secours.
Allez hop ! 2 cliffhangers pour le prix d'1 avant de passer au tome suivant !
- Granite est un brasier, un type de magicien qu'on n'a plus vu depuis 100 ans
- Callista aux mains d'Ophyde la divine la tue et prend sa place, mystifiant ainsi ses sbires
Et à l'image du logo du projet Dharma dans Lost, on tease sur le logo de la SilverStars Line que nos héros croiseront à plusieurs reprises, parfois dans les circonstances les plus incongrues… Mais en fait non, le mystère ne sera jamais expliqué car abandonné en cours de route pour un autre mystère lostien censément plus important que celui-ci donc plus cool…
Les dessins d'
Adrien Floch sont dans les standard Soleil, qui a révolutionné la BD mainstream en acceptant pleinement les influences comics et manga, d'où ses nombreux succès et ses bons chiffres de ventes : c'est beau, c'est coloré, c'est dynamique. L'encrage et la colorisation sont plutôt de bon aloi, donc tout ceci est agréable à lire et à voir. Sauf que les dessins vont parfois tellement changer au cours de la série, avec des fluctuations au niveau du charadesign et parfois des divergences artistiques d'un tome à l'autre, qu'on aura parfois du mal à reconnaître nos personnages : où sont passés les dreadlocks de Granite, ou est passé le piercing de Narvarth, ça et le grain de beauté de Callista qui va et vient selon les cases et les planches (ce qui va amener une immense incohérence dont je parlerai dans le tome 2). le pire étant le léonin Tao à la fourrure bleue, qui à l'image du Fauve des X-Men associe initialement la tête et les jambes, qui va être confiné au rôle de sous-Gandalf unijambiste… WTF ?
Malgré un rythme parfois trop rapide et l'insupportable foffotement des Banfoos, un début d'un cycle de Science-Fantasy très agréable qui tient la dragée haute à tous les avatars de la saga "Lanfeust". Affaire à suivre…