Je me souviens (et ceci à l'attention des amateurs de théosophie et de métaphysique) que depuis ma tendre enfance les contrefaits ont retenu mon attention. Je les haïssais et, en même temps, ils m'attiraient, comme je déteste autant que je suis aimanté par la profondeur ouverte sous le balcon d'un neuvième étage, à laquelle je me suis approché plus d'une fois, le cœur tremblant de précaution et de délicieux effroi. Et ainsi, comme face au vide je ne puis échapper à la terreur de m'imaginer tombant dans les airs avec l'estomac noué dans l'asphyxie de la déchéance, en présence d'un difforme je ne puis échapper à la nauséabonde pensée de m'imaginer bossu, grotesque, effrayant, abandonné de tous, hébergé dans un chenil, poursuivi par les railleries de garçons féroces qui me planteraient des aiguilles dans la bosse.
Tordre le cou du petit bossu a été de ma part une action plus ruineuse et imprudente pour mes intérêts qu'attenter à l'existence d'un bienfaiteur de l'humanité.