Un terrible voyage

Un terrible voyage, c'est l'histoire d'un jeune homme, géologue de formation, probablement chilien, qui vogue de catastrophe en catastrophe sur le Blue Star. Mais, si les signes annonciateurs d'un malheur se multiplient, il n'y prend pas garde avec son scepticisme moderne. À bord du navire, ce jeune narrateur fait connaissance avec les nombreux passagers, quelques amourettes s'installent entre certaines, une animosité entre d'autres. le feu prend dans la cabine du pasteur Rosenberg, les bageges de Miss Herder sont jetés à l'eau, une terrible tempête s'annoncent, etc. Pendant qu'on espère pour le mieux, qu'on prie ou que le fils d'un émir lise le Coran, la tension monte, la terreur s'installe. Tellement qu'un marin s'enlève la vie. Mais le pire reste à venir.

Avec cette nouvelle, à peine 80 pages, Roberto Arlt signe un petit bijou. Dès la première première phrase, l'auteur a réussi à mettre en place une atmosphère certaine. « Certain astrologue me dit un jour que le signe zodiaque sous lequel j'étais né présageait, entre autres accidents, d'effroyables périls courus en mer. » Avec un début pareil, et les lignes qui l'ont suivi, l'auteur nous a permis de cerner le personnage et de nous faire attendre le pire. Toute le long du roman, j'attendais cette terrible catastrophe qui devait accabler le narrateur. Chaque petit incident, aussi insignifiant soit-il, devait déboucher sur une tragédie. On m'a tenu en haleine. Et les relations entre les personnages, presque claustrophobiques, valent également le détour. Quel huis-clos !