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EAN : 9782868691880
203 pages
Actes Sud (10/08/1993)
3.98/5   21 notes
Résumé :
Roman, en forme de fable, décrivant l'angoisse superstitieuse d'une communauté villageoise arménienne devant l'adultère

Avant de mourir dans sa ville de Dzoghi Boghaz (Arménie soviétique), Maître Mkrtitch a construit une fontaine sur la tombe de sa propre femme, la belle Héghnar qui lui fut infidèle. Et c’est pour rappeler à tous — Arméniens catholiques, Turcs musulmans, Grecs orthodoxes — la justice de Dieu et la honte d’Héghnar, qu’il a gravé sur la... >Voir plus
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Cette histoire nous raconte la vie d'heghnar, dont l'époux est jaloux. On va découvrir qu'elle trahit son mari et prend un amant. Elle se voile pour le rejoindre. Son amant est l'ami de son mari et va expier sa faute. Quand à Héghnar, dont l'adultère est découvert, elle meurt foudroyée.
Cette fable est poétique et envoûtante. Ce roman nous décrit un amour impossible où les croyances ancestrales perdurent et où les femmes existent à peine, rien ne leur est épargné.
J'ai beaucoup aimé ce roman pour sa poésie.
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Dans la ville de Gümri en Arménie, Maître Mkritch artisan de génie spécialisé dans la confection de somptueuses fontaines raconte l'histoire d'un amour interdit qui a perturbé l'équilibre de cette petite ville et des différentes communautés qui y cohabitent (Grecs, Turcs, Arméniens).

Dans cette version arménienne d'amants maudits, la femme était connue pour être une épouse musulmane modèle pour son époque (soumise aux lois patriarcales et cantonnée à la sphère domestique) et sa vie bascule le jour où elle rencontre Varos, un jeune Arménien fougueux qui lui fait découvrir une vie de passions où les sens sont la seule règle.

La traduction est de qualité et j'ai apprécié le voyage temporel dans ce village des années 1930 où un apaisement entre les communautés religieuses est de mise. Pour ce qui est de l'histoire tragique des deux amoureux, je n'ai été emballée plus que ça. Sans doute qu'à force de lire ce type d'histoires elles finissent par se ressembler un peu...
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Voilà un magnifique ouvrage paru en 1935, d'un écrivain né en Arménie Soviétique, doublé d'une légende d'amour impossible......dont notre mémoire gardera longtemps les échos....grâce au murmure et à la fraicheur des fontaines édifiées par Maître Mkrtitch , le fontainier de la petite ville de Gümri, qui s'éteindra à soixante cinq ans, après avoir édifié quarante fontaines .....

On prend grand plaisir à lire cette merveilleuse histoire contée avec tendresse, poésie, sensibilité dans l'Arménie lointaine du début du vingtième siècle où Grecs, Turcs et Arméniens vivaient alors en paix...
Une écriture ciselée, douce et agréable, en tout point semblable à ces contes orientaux où" Les tâches de soleil frémissantes déversent sur la terre une pluie d'or, d'un or singulier, d'un or magique....où l'oiseau s'embrasa d'une flamme éblouissante, insensée.....où le fleuve coule lent et solennel, remontant par l'origine à des millénaires chenus,remontant vers des millénaires nouveaux"......



Et l'on s'attache à cette musique fredonnée au fil des pages....
C'est l'histoire d'Héghnar, la belle épouse Arménienne de maître Mkrtitch, qui se déguisait en Turque pour rejoindre son jeune amant énamouré Varos,dans des jardins cachés....l'histoire de son sage, digne, inflexible époux qui fit édifier une fontaine à l'emplacement de sa tombe....la fontaine d'Héghnar qui se tarit si tôt ...qu'on l'approche: Justice de Dieu?Prodige? Miracle? Symbole d'éternité?,
L'histoire de la mystérieuse Héghnar aussi belle que fragile qui , d'un souffle, s'éteignit dés que sa Faute fut découverte.......
Un livre d'amour.....amour intemporel,amour interdit, amour impossible,amour et richesse de la langue,amour des mystères incomparables de l'eau, des beautés de la nature,de la splendeur du symbole vivant, clair et transparent de ces quarante fontaines appelées:Elles, à vivre de longues années encore, une vieille, une très vieille histoire....
" L'épouse n'est source que pour son mari, nul autre ne peut s'y abreuver."
Qui a dit que l'amour était un péché?
Qui a inventé cette loi.....?
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Ce roman paru en 1935 est le chef d'oeuvre d'un auteur arménien peu connu qui reprend ici les thèmes favoris de la littérature arménienne : l'amour, les interdits, la vie de village, la rudesse de règles inéluctables. Mais Armen va plus loin que le récit d'un drame amoureux, il dépeint - sans réellement le condamner - un monde cadenassé par les lois sociales. Dans la petite ville de Gumri vivent en paix, mais selon un protocole strict les arméniens, les turcs et les grecs. On s'appelle "mon frère" ou "ma soeur" sans qu'aucune mixité ne soit, toutefois, permise. Ce fragile équilibre régit par des convenances ne laisse que peu de liberté aux femmes qui sont les subordonnées de leur famille. Lesquelles les marient sans jamais leur demander leur avis à l'homme qui le désire ; ce dernier ne s'embarrassant pas, non plus, de savoir s'il est aimé ou désiré en retour. C'est ce qui arrive à la très belle Heghnar dont le maître fontainier s'est amouraché au point rompre un engagement crucial. Elle sera une épouse modèle et soumise jusqu'au jour où elle croise Varos un adolescent. Un amour doublement interdit en raison du statut et de l'âge. Dans cette société féodale où la place de chacun est verrouillée, la mort parait être le pendant de la liberté. Un récit en forme de tragédie antique qui a sans doute un peu vieilli mais qui fait la part belle à la nature, au bruit des sources et de fontaines, à la végétation et au soleil.
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Gümri (Գյումրի alias Gyumri) est une ville d'Arménie, située près de la frontière avec la Turquie et où cohabitent au XIXe siècle, sous le contrôle du tsar russe, Arméniens, Grecs et Turcs. C'est dans ce cadre que nous entrons dans un roman oriental.
le maître fontainier, Mkrtitch, s'est promis au début de sa vie professionnelle de construire quarante fontaines. le roman commence alors que l'artisan vient d'achever sa quarantième ; ayant accompli son voeu et en étant en quelque sorte prisonnier, il meurt.
le conte, car c'est plus un conte qu'un roman, retrace l'histoire d'Héghnar, la superbe belle femme du maître. Cette dernière s'est éprise ardemment du fils d'un ami de son époux ; tous deux sont Arméniens. Pour le rencontrer, elle se déguise en femme turque, et se déplace voilée d'un quartier à l'autre. Un jour, elle veut boire à une fontaine, mais au moment où elle se penche, l'eau cesse soudain de couler car en amont c'est l'heure d'arroser le jardin. Au cri de surprise que pousse Héghnar dans la rue, le propriétaire de la maison dans le mur de laquelle la fontaine est insérée, ouvre sa porte et entraperçoit la femme, splendide et voilée. Il s'en éprend sur le champ, et, pour que la mystérieuse créature puisse s'abreuver plus tard, commande immédiatement au maître de modifier la fontaine afin qu'elle soit alimentée en permanence. Peu de temps après, le commanditaire réalise que la femme qu'il désire est Héghnar, l'épouse du maître dont il est devenu l'ami. Atterré, il se suicide.
Plus tard, la femme adultère est démasquée par la communauté turque et meurt foudroyée sous le coup de l'émotion alors que les Turcs, dont l'honneur avait été sali par l'Arménienne, s'apprêtaient à la lyncher.
le jeune amant, inconsolable, part à pied à Jérusalem pour expier sa faute.
Quand à la fontaine d'Héghnar, je ne vous dis pas ce que le maître a fait d'elle.

Ce texte est envoûtant, plein de poésie, intemporel et marqué par la magie du verbe. Il y est question de la justice des hommes et de celle de Dieu face à l'adultère, mais aussi des relations entre communautés arménienne et turque cohabitant dans une même ville. On s'y interroge surtout sur l'amour, les interdits et la mort.

PS- Lorsque les éditions Actes Sud publièrent ce roman, elles le tenaient à l'égal de "Senso" de Camilio Boito ou de "L'accompagnatrice" de Nina Berberova pour l'une de leurs plus intéressantes découvertes. La relecture que je viens d'en faire, grâce au confinement, confirme.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
I réserva la meilleur place au haut bout de la table, contre le tronc de l'arbre, au maître Mkrtitch absent. Il disposa sept autres petits verres sur la nappe et servit la vodka. A côté des verres de ses amis, il plaça les meilleures brochettes et d'autres mets. Puis, il s'assit à sa place habituelle (...) lorsque les derniers sons se furent fondus dans le feuillage frais, il leva son verre, effleura celui de maître Mkrtitch, et dit :
- Pour la dernière fois, ce toast est pour toi, ami. Quand on est mort, c'est pour très longtemps. Que ton souvenir demeure aussi longtemps parmi les hommes, maître.
Il trinqua une deuxième fois et vida son verre. Puis, tour à tour, il prit celui de Mkrtitch, celui d'Onès, celui de Karo, celui d'Aghassi, de Bagrat, de Sarkis, et jeta leur contenu dans le fleuve. Et tout s'en fut au fil de l'eau.
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Ils vivaient en frères, et pourtant, il leur fallait un lieu de réunion spécial à chacun, ils demeuraient dans des quartiers distincts, ils ne pouvaient se marier entre gens de deux communautés : Turcs et Arméniens (musulmans et chrétiens), ni même Grecs et Arméniens (chrétiens les uns comme les autres). Et ce n'est pas tout : les Arméniens d'obédience grégorienne ne pouvaient épouser les Arméniens d'obédience romaine.
Était-ce de honte ou cherchaient-ils à comprendre pourquoi les Turcs ne mangeaient pas de viande abattue par des Arméniens, pourquoi les Arméniens n'accepteraient jamais une miette de fromage turc, alors que les uns et les autres buvaient le même café, mangeaient le même pain - le lavach. Ou encore, ils se refusaient à boire l'eau les uns des autres, n'auraient pas donné leur verre à un homme d'une autre foi et pour rien au monde ne se seraient servi du sien : ils ne voulaient souiller ni leur bouche, ni leur vaisselle.
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L'époux n'est pas le maître, le seul maître est l'amour.......
Où est la fontaine?Moi, j'en boirai l'eau autant que je voudrai, à en noyer mon inextinguible soif. Ils sont à moi l'un et l'autre, mon amour et l'eau. L'amour nous vient de Dieu. L'amour seul est la Loi.
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- Mais, père, là-bas ce sont de grands professeurs qui enseignent.
- Ah, de grands professeurs !
Le maître serra ses doigts tremblants et se frappa violemment la poitrine.
- Je suis le plus grand professeur ! Choisis qui tu voudras pour maître, sans l'enseignement de ton père, tu ne vaux pas un liard...
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