Un livre passionnant, que j'ai commencé un soir et achevé à la fin de la nuit, car l'intrigue est fort bien menée et l'histoire racontée avec un bel art du suspense prend vite une allure de tragédie grecque.
Pour qui connait les Pyrénées, ou qui voudrait les connaitre, ce roman est un bijou rare car on y découvre toute la saveur et le pittoresque de la vie dans l'une des plus belles vallées, le Val d'Azun, au dessus d'Argeès gazost et de Lourdes.
On y voit la splendeur de la montagne à différents moments de l'année, mais aussi ses dangers avec le brouillard ou les avalanches dévastatrices, on y découvre toutes les activités paysannes de l'une des plus belles vallées des Pyrénées ls activités agricoles partagées, la transhumance des troupeaux de montons qui partent avec les bergers tout l'été vers les alpages, les attaques des troupeaux par les ours, la chasse à la palombe à l'automne.
Et par dessus tout,, on vit la vie des familles de la vallée, leurs liens de solidarité intercommunale mais aussi la force des sentiments qu'il s'agisse d'amour au sein de couples ou des clans familiaux mais aussi de solides détestations, et dans un roman dont la trame se déroule à la toute fin du XIXème siècle, on peut mesurer la toute puissance des traditions séculaires qui règlent la vie de chacun au sein des familles. Et malheur à celui qui veut en enfreindre les lois !
Un seul défaut à mon sens à ce livre, mais il est hélas pénalisant, le titre car ces "corneilles blanches" intriguent certes, mais elles ne reflètent en rien l'histoire d'amour et de mort plutot haletante qui est racontée par le narrateur.
Pour qui connaissait
Robert Arnaut par les ondes de France Inter ou personnellement, le plaisir de cette lecture est décuplé car il écrit là un vrai roman d'amour pour cette belle vallée, et pour le caractère farouche et bien trempé de ses habitants, dont on devine qu'il en partage le côté entier et la rigueur, bien qu'il ne porte jamais de jugement personnel .
Toulousain, brillant sujet du Conservatoire de théâtre de la ville rose,
Robert Arnaut avait découvert cette région quand malade, dans les années 1950, il avait recouvré la santé au sanatorium d'Arrens (aujourd'hui fermé pour les soins) au point que ses parents y avaient acquis une maison dans le village. Ce qu'il lui permettait d'y aller à chaque moment de loisir.
Quand il ne sillonnait pas l'Afrique un micro à la main pour former des professionnels radio ou ses reportages pour RFI (les Pygmées Aka en centrafrique ou les sources du Congo sur les traces de Stanley et de Brazza)),
Robert Arnaut passait à Arrens tous les temps libres laissés par ses activités de grand reporter et de producteur d'émissions à France Inter, (après RFI), dont certaines restent gravées dans les mémoires comme l'Oreille en coin, Paroles d'hommes, les Chroniques sauvages ou Histoires possibles ou impossibles -
En tant que journaliste et productrice radio, ayant travaillé pendant plus de vingt ans pour France Inter et France Culture, je fais partie de ceux qui considèrent
Robert ARNAUT comme mon "père radiophonique" car en quinze ans de collaborations, entre réalisation de livre ou reportages multiples, il m'a appris l'exigence de la qualité du son (élément premier de la radio) ainsi que la plus rigueur dans la transmission de l'information, soit les deux composantes essentielles du respect de l'auditeur, code premier de toute personne intervenant sur une antenne de
Radio France;