Les aventures d'Elizabeth à Rügen

L'auteur nous régale avec ce récit épique, qui relate les vacances qu'elle a passé un été sur l'île allemande de Rügen, sans son mari ni ses enfants.
Le but était de se reposer, loin de sa vie familiale, et pour ce faire, elle avait prévu de faire le tour de l'île, accompagnée de sa fidèle domestique et d'un chauffeur, pour sa voiture tirée par des chevaux.
Mais ses envies de calme, de contemplation et de jouissance simple des plaisirs de la vie vont bien vite être contrariées par la présence sur l'île d'une cousine qu'elle n'a pas revu depuis des années et par une exaspérante femme d'évêque qui va la coller comme une moule sur son rocher.
Elizabeth est un personnage qui vit avec son temps, consciente que l'existence d'une femme est liée à celle de son époux et qu'on attend surtout d'elle qu'elle soit une mère de famille, mais malgré tout, elle parvient à exister par elle-même et à profiter de ce que la vie offre comme plaisir simple, comme un bon lit moelleux après une journée passée dehors à faire de l'exercice, un savoureux repas pris à l'ombre d'un arbre, un bain dans l'eau fraîche...ah, si ces petits plaisirs n'étaient pas tout le temps entrecoupés par la venue de personnages bavards, moralisateurs, admirateurs, ou simplement trop présents....!
Bien que satisfaite de tout ou presque, Elizabeth n'en est pas moins très attachée à son confort et ce paradoxe est très drôle car elle est capable de ne prendre que très peu de vêtements mais ne peut se passer de son énorme oreiller ou de ses cartons à chapeaux !
La présence de sa cousine, une féministe mariée à un professeur âgé et très respecté et celle de la femme de l'évêque, vont être source de bien des péripéties et désagréments pour cette pauvre Elizabeth qui demandait juste du calme et de la solitude. Mais ces deux femmes vont s'évertuer chacune à leur façon à lui apporter leur sagesse...
Un roman au charme ancien, au rythme lent comme les pas d'un cheval et parsemé de touches d'humour tels des coquelicots le long d'un chemin bucolique.

Elisabeth von Arnim mériterait un livre sur sa vie, bien remplie. Née en Australie en 1866, décédée en 1941 aux Etats-Unis, ayant épousé un Von Arnim bien prussien (5 enfants avec lui)(Forster fut un de leurs précepteurs) , puis un Russell, ayant vécu dans moult pays européens, elle a laissé quelques romans et oeuvres plus autobiographiques.
A une époque je la lisais systématiquement, mais finalement ces aventures à Rügen ne sont pas une relecture. Avril enchanté, si. Ma médiathèque a rangé ses oeuvres au magasin (grrr), deux sont disponibles directement, une à A et l'autre à V (on s'amuse).

Elisabeth a laissé mari et enfants (on a du petit personnel, pas d'inquiétude) à la maison pour une balade dans l'île de Rügen, en mer Baltique. Ses amies ayant décliné son offre de l'accompagner, elle y va seule. Mais pas sans bagages et toujours du petit personnel. Gertrud, fidèle femme de chambre, s'occupe de faire et refaire les bagages chaque jour, elle voyage en train, bateau, puis, sur l'île, en victoria à deux chevaux conduite par son cocher Arthur. L'île est assez fréquentée par les touristes à cette époque, parfois elle trouve difficilement un logement, elle a un guide, mais son projet de compléter ce guide va quelque peu tomber à l'eau, suite à des rencontres sur l'île. le monde est petit, Rügen particulièrement.

Elle va donc rencontrer (et essayer d'éviter) une anglaise et son fils, sa cousine Charlotte (et son mari), le tout parfois dans une course poursuite car Charlotte fuit son mari. Elisabeth réussit tout de même à visiter l'île (ah cette proustienne ville de Putbus!), décrire avec vivacité les villes et les paysages, se baigner (cabines de bains! sans qu'elle indique la température de l'eau, car la Baltique, même en été?)

Mais surtout elle s'enthousiasme des beautés de l'île (on peut toujours y aller si on veut) dans un style chatoyant. "Bien au-dessus de nos têtes, les alouettes volaient dans la lumière, avec ce grisollement que je ne peux jamais entendre sans une palpitation de gratitude pour le fait d'être en vie."

Evidemment il faut accepter le côté 'd'excellent milieu social' du personnage, mais si on le prend au second degré, son ironie fait mouche et on lui pardonne tout car elle sait se réjouir des beautés de la nature, sans chichis. Personnellement je me suis bien amusée à suivre ses aventures et compte continuer.
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Elizabeth est venu chercher la solitude en entreprenant un voyage touristique à Rügen, île allemande de la Baltique — solitude toute relative, sa femme de chambre lui étant indispensable pour faire ses bagages et lacer ses bottines.
Mais se mettent sur son chemin une cousine perdue de vue, aux vues féministes qui n'intéressent pas grand monde, le mari de celle-ci, savant fantasque et amoureux éperdu, ainsi que l'épouse d'un évêque anglican et son fils, qui tiennent tous absolument à lui tenir compagnie. La principale occupation d'Elizabeth n'est alors plus de musarder d'un village à l'autre, mais de trouver un moyen de se défaire de ses encombrants compagnons.
Ce qui devait être un agréable carnet de voyage, où nous découvrons le tourisme en ce début de 20ème siècle, se transforme en une relation plaisante des déboires de la narratrice, dont l'ironie est discrète mais toujours présente.

Dans la lignée de "Elizabeth et son jardin allemand" et de "L'été solitaire", Elizabeth von Arnim publie en 1904, "Les aventures d'Elizabeth à Rügen". Elizabeth, la narratrice, décide de quitter mari et enfants pour quelques jours de vacances à Rügen, petite île allemande se trouvant dans la mer Baltique. Accompagnée de sa fidèle et mutique femme de chambre, Gertrud (les conventions l'empêchent à l'époque de voyager seule et à pied), l'objectif est de faire le tour de l'île et d'en faire un guide à destination des touristes. le livre est d'ailleurs divisé en chapitres selon les différentes étapes du séjour. Tout cela est au départ très contemplatif et l'on retrouve, comme dans ses précédents récits semi-autobiographiques, l'appétence d'Elizabeth pour le silence et la communion avec la nature. Malheureusement tout ne se déroule pas comme prévu, d'abord parce qu'elle tombe sur sa cousine, Charlotte, qu'elle n'a pas vue depuis 10 ans. Charlotte, féministe convaincue et mariée à un professeur renommé, vit séparée de son mari et a eu l'audace de publier des écrits. Elle a un regard presque méprisant sur Elizabeth dont l'activité principale ces dernières années, a été de s'occuper de sa famille et de son jardin. Deuxième difficulé dans ce séjour bucolique, la rencontre d'une femme d'évêque et de son charmant fils, qui vont se révéler très envahissants.
C'est avec plaisir que j'ai retrouvé le côté fantasque d'Elizabeth confrontée à ses congénères qui semblent toujours bien conventionnels. C'est toujours aussi tordant et tendrement ironique. Ce séjour voulu au départ comme un moment de contemplation se transforme en aventure épique (avec chasse à l'homme - ou plutôt à la femme ! en prime). Très réjouissant ! 💜
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