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EAN : 9782213643779
692 pages
Fayard (08/03/2017)
4/5   2 notes
Résumé :
Le combat de Martin Luther (1483-1546) contre les dérives de l’Église de son temps a été à l’origine d’un renouveau de la piété, mais aussi de la fracture de la chrétienté occidentale qui perdure jusqu’à aujourd’hui.
À l’occasion du 500e anniversaire de la Réforme, Matthieu Arnold suit Luther à travers l’ensemble de sa vie et de son œuvre : ses grands traités, sa traduction de la Bible, sa correspondance, ses catéchismes, ses cantiques, ses prédications ou en... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Arnold Mathieu – "Luther" – Fayard, 2017 (ISBN 978-2-213-64377-9) – format 24x16cm, 686p.
Notes pp. 543-649, bibliogr. sélective pp. 651-667, index des noms de personnes pp. 669-676, index des noms de lieu pp. 677-680, table détaillée pp. 681-686, deux planches d'illustrations insérées entre les pages 352-353, carte de l'Europe sur le revers de la couverture.

L'auteur est un spécialiste universitaire reconnu : il a largement participé à l'édition critique des lettres de Luther, et est par ailleurs Professeur à la Faculté de théologie protestante de Strasbourg (rappelons que le protestantisme luthérien n'est, en France, représenté de manière significative parmi la population d'une région qu'en Alsace du Nord). Parfaitement bilingue, il a accédé sans difficulté aux sources et à la documentation allemandes, comme le montre l'abondante bibliographie sélective.

Il suit ici un ordre chronologique stricte, suivant pas à pas le déroulement de la vie de Luther. Pour les années de jeunesse, il précise honnêtement les lacunes éventuelles, ainsi que les opinions parfois divergentes des divers auteurs ayant traité de ce sujet.
Il ne fait pas mystère non plus des divergences parfois profondes qui ont pu opposer Luther à d'autres réformateurs (dont Zwingli), il expose sans fard les "défauts et travers" de cet homme bouillonnant, énergique, recourant à un langage souvent bien vert, il rend compte de la variété des jugements portés sur Luther par ses contemporains (dont Erasme), il ne dissimule pas les écrits antisémites.
En suivant ainsi son personnage dans un récit qui se lit aisément, il retrace le cheminement intellectuel, spirituel, pratique qui amena Luther à préciser peu à peu sa doctrine, puis à définir une organisation et une liturgie propre à ce qui deviendra l'Église Luthérienne.
Plusieurs aspects sympathiques du personnage sont soulignés, comme sa défense constante de la paix et de la non-belligérance, son amour de la musique, son scepticisme face à des tendances plus "révolutionnaires" comme celle prônée par Thomas Müntzer.

Pour moi, qui ne suis guère soupçonnable de féminisme enragé, je trouve cependant que cette biographie souffre d'une importante lacune : l'auteur n'accorde pas assez de place à l'épouse de Luther, Katharina von Bora, et la légende du portrait d'icelle dans le cahier d'illustrations est pour le moins indigente (c'est un doux euphémisme).
Certes, bien avant ses épousailles, Luther avait publié des écrits, fort originaux pour son époque, sur le lien conjugal, voire sur les droits des femmes (cf son pamphlet prenant la défense de Catherine d'Aragon contre Henri VIII). Il fut l'un des premiers penseurs chrétiens à affirmer que les plaisirs charnels ne relèvent pas du péché mais de la volonté divine (lorsqu'ils restent certes à l'intérieur du mariage), puis à ouvrir la porte au divorce en ne faisant pas du mariage l'un des sacrements. Et si, aujourd'hui et depuis presqu'un siècle déjà, les églises luthériennes autorisent l'accès des femmes aux charges de pasteur, ce n'est certainement pas uniquement grâce à Luther, mais aussi par l'incontestable prestige de celle qui fut surnommée "die Lutherin".
Par ailleurs, si – comme l'affirme l'auteur – le couple Luther hébergeait en moyenne une bonne quarantaine de personnes chaque jour, gérer une telle entreprise (comme le faisait Katharina Luther) relève d'un travail d'hostellerie-restauration et non plus d'une "simple" tâche de "bonne ménagère" (mais on ne peut guère tenir rigueur à un professeur d'université de ne pas bien se rendre compte de l'ampleur de ces travaux concrets de gestion quotidienne).

Je regrette également l'absence quasi complète cette fois d'un chapitre portant sur les relations de Luther avec les artistes, plus spécifiquement les peintres contemporains comme Lucas Cranach d. Ä. ou Albrecht Dürer, ou encore avec le monde des éditeurs et imprimeurs qui contribuèrent pourtant directement à répandre son message.

Ceci étant, cette biographie se lit bien, ce qui est déjà un grand mérite, et s'avère fort complète (sauf donc pour ce qui concerne Katharina von Bora) tout en restant dans un volume et un prix acceptable pour un relativement large public.

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J'aime les anniversaires qui sont l'occasion d'éditions nouvelles, de belles biographies, de faire sortir de l'ombre des personnages célèbres mais parfois mal connus ou oubliés. C'est aussi l'occasion de concerts ou d'expositions.
Le 31 octobre 2017 sonneront les cinq cents ans d'un événement qui secoua l'Europe et ébranla le monde chrétien.
Ce jour là Martin Luther placarda sur les portes de l'église et du château de Wittemberg ses 95 thèses sur les indulgences.
2017 célèbre les débuts de la Réforme protestante et c'est la bonne occasion de comprendre le destin de ce « génie religieux » qui a « repensé tout le christianisme ».
Il y avait le choix entre plusieurs biographies j'ai choisi Matthieu Arnold qui est un fin connaisseur de Luther et qui a participé à l'édition des écrits et lettres de ce fougueux moine en pléiade.
Ressortez vos livres d'histoire, rassemblez vous souvenirs.

On est au temps du Saint Empire romain germanique, le moment où l'empereur est élu par les princes grands électeurs, où 350 micro-états se partagent le territoire.

On est au temps où la ferveur religieuse est grande et où le purgatoire (heureuse invention !) faisait tellement peur que les fidèles étaient prêts à y échapper moyennant une partie de leur fortune.
Un temps où le clergé et les moines donnaient parfois une image peu reluisante de la foi bien loin de la simplicité d'un Saint François d'Assise.
La Bible commence a être traduite et les humanistes tentent un retour au source vers le grec et l'hébreu à l'instar d'Erasme.
Issue d'un milieu paysan à l'origine, la famille de Luther s'est embourgeoisée avec le travail du cuivre et l'exploitation de mines et forges. Luther est entré jeune au couvent après des études universitaires à Erfurt, il avait alors une bonne connaissance des auteurs latins, il sait le grec et étudiera l'hébreu.
Au couvent sa vocation éclate et elle est portée par une crainte irrépressible de la mort et du diable, Assez vite il enseigne.
« Il a juré ma mort, je le sens bien, et il n'a de cesse de m'avoir dévoré. Eh bien, s'il me dévore »
Il fait un voyage à Rome vers 1511, la ville est en chantier, la Basilique Saint Pierre est en construction, « la piété mercantile qui s'étalait sur les places et dans les églises ne pouvait lui échapper. »
Il devient enseignant et prédicateur à l'université de Wittenberg. Il donne des cours très suivis sur les Psaumes et les Epitres de Paul.
« Il se fait l'interprète de cette Ecriture sainte dans laquelle il croyait reconnaître l'expression directe de la parole même de Dieu. »
En octobre 1517 il invita à débattre de vive voix ou par écrit et « par amour de la vérité » les thèses et la critique des indulgences.
Le marché des indulgences, car c'était bien un marché, je donne de l'argent et je m'évite quelques années de purgatoire, enrichissait l'Eglise au-delà de ce que l'on peut imaginer, que ce soit à Rome ou dans les différents diocèses. le pape Léon X finançait la basilique Saint-Pierre avec cette manne.
Quand Luther affirmera que « c'est la foi et uniquement la foi qui sauve » et non les indulgences, imaginez le manque à gagner !

La sanction tombe rapidement : excommunié par Rome, banni par Charles Quint, Luther dût à quelques amis et soutiens de rester en vie et de continuer à publier. Plusieurs princes allemands dont Frédéric de Saxe, le soutinrent et lui permirent de propager ses idées.
Pour Luther l'autorité ne reposait pas dans les mains du Pape ou des cardinaux mais bien dans les écritures, dans la Bible dont la connaissance et la lecture étaient les bases même de la foi.
L'imprimerie va lui permettre de propager ses idées, ses écrits, la réforme qu'il prône qui se fonde sur la lecture des Ecritures va se répandre comme une trainée de poudre et ébranler Rome et toute la chrétienté.

L'homme a une face sombre qui apparait lorsqu'il n'hésite pas à prôner la violence pour réprimer les Anabaptistes qu'il jugeait séditieux, ou à approuver la guerre contre les paysans révoltés ou lorsque un antisémitisme violent et effrayant se fait jour dans ses écrits alors que quelques années auparavant il avait appeler « à traiter amicalement les juifs ».

Heureusement le réformateur a aussi une face nettement plus solaire, lorsqu'il prône l'instruction des filles, il est laïc avant l'heure lorsqu'il contribue à ce que le pouvoir politique s'émancipe de la tutelle de l'Eglise.
Matthieu Arnold dit qu'il est l'inventeur de la langue allemande, avec sa traduction pour rendre accessible la Bible à tous
Cette biographie s'étend aussi sur les différentes crises traversées par Luther, sur son mariage et sa vie familiale.

Ce n'est pas une biographie légère, il est parfois difficile de suivre les tours et détours de la pensée de Luther, c'est très dense, très riche, Matthieu Arnold n'hésite pas à briser quelques idées reçues mais ne fait pas l'impasse sur les aspects gênants de la personnalité de Luther.
Une bonne façon de comprendre un peu mieux, à travers son inspirateur, la réforme protestante.




Lien : http://asautsetagambades.hau..
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critiques presse (1)
Liberation
20 avril 2017
Matthieu Arnold montre les enthousiasmes et les contradictions du moine hanté par le salut de l’âme.
Lire la critique sur le site : Liberation

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