De l'autre côté de la nuit : Mrs Clark à Las Vegas

Las Vegas est un véritable choc. A peine débarqué de l'avion, on plonge dans l'irréel. Ici, l'argent est chaud comme le vent du désert. L'aéroport, sonore, résonne de tintements de pièces tièdes qui dégringolent ‒ pour la plupart ‒ dans les cupules des slotsmachines. On avance étourdi. Les lumières démangent la rétine et l'ouïe s'imprègne de bruits de quarters qui s'entrechoquent. Les Japonais imperturbables photographient. Un état d'hypnose envahit même celui qui voudrait résister à l'emprise. Jaune, vert, ocre ou blanc, sous les néons, on se sent vieux. L'instant présent prend le pouvoir.

La drogue infecte de plus en plus l’Amérique, c’est l’arme totale et meurtrière qui s’attaque aux adolescents et même aux enfants. Dans cette croisade contre la mort blanche, on cherche un grand trafiquant à livrer à l’opinion publique, vous seriez le dragon à décapiter. Un marchand de diamants, avec une nièce en zibeline, couverte de bijoux, ses gardes du corps, un palace en projet à Las Vegas – que peut-on trouver de mieux ? Vous êtes le criminel rêvé pour la presse. Si vous étiez arrêté, on fêterait la justice enfin victorieuse.

Le crack, c’est la mort à bon marché pour ceux qui l’achètent et la richesse assurée pour les vendeurs. Il crée une telle dépendance que les enfants de dix ans voleraient leur propre mère pour s’en procurer. Après cette opération, le marché va être saturé, il y aura des troubles graves. Ce que je vous vends est aussi efficace à long terme qu’une arme bactériologique.

Son invention vaut une fortune. Elle peut relancer la guerre froide. Le procédé a largement dépassé son stade expérimental. La première livraison de cocaïne, sous forme de rouleaux de papier, doit arriver d’ici peu sur la côte Est. La matière que nous proposons est facile à transformer en crack.

Le monde entier subit les ravages de la drogue ! Avant, c’était une affaire d’adultes, puis les adolescents y ont touché. Aujourd’hui, le crack mine les enfants. Qu’y puis-je ? Mais rassure-toi : notre petit Jimmy ne court aucun risque. Je suis là pour lui apprendre la vie et ses dangers.