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Critique de Vanros


Dans le salon d'hiver, une femme vieillissante monologue en présence de son fils assis à sa gauche. Les persiennes et les fenêtres de l'appartement madrilène ont été fermées : les voisins pourraient entendre et voir.

A nouveau, elle rabache son amour pour le mari et père disparu, son sacrifice pour les enfants (dont le narrateur), son goût pour l'ordre, la virilité, le Devoir, pour toutes ses valeurs constituant le socle du franquisme triomphant.

Une fois de plus, il ne dit rien, ou si peu. Mais il se souvient. de son père, sur une plage de Melilla (enclave espagnole en Afrique du Nord). de son grand-père, qui regarde sans agir, et mourra couvert par le manteau de la vierge Pilar, non sans un dernier pêt irrévérencieux. de sa tante, pétrie de lectures saintes (dont Thérèse d'Avila, très certainement), qui l'initie aux tourments du sado-masochisme. de ses hésitations à intégrer le monde franquiste contemporain, (armée, corrida, processions, …). Ce monde, qu'il hésite à embrasser, est porté par les femmes, omniprésentes, castratrices, impliquées, actives, tandis que les hommes sont absents, presque féminins, enclins à la tolérance, à la contemplation.

Cette histoire est portée par l'écriture magistrale d'ARRABAL. Homme de théatre, ARRABAL sait frapper en quelques mots, en quelques images : les phrases sont incisives, directes, comme une condamnation au peloton d'exécution.
Comme une litanie ânonnée le rosaire à la main, les personnages apparaissent et disparaître, sans logique chronologique, avec les mêmes mots. L'univers du texte est sombre, brutal, fermé, obsessionnel. le Devoir (musturbation, dirait-on aujourd'hui) écrase. Les réactions des personnages en sont d'autant plus violentes, incontrôlées, surréalistes.
Ce texte, édité en 1971, suite à l'emprisonnement de l'auteur en 1967 en Espagne franquiste, a donné lieu à la réalisation d'un film par ARRABAL lui-même, et à une collaboration avec le dessinateur TOPOR, qui a su illustrer ce lieu où «  un démon brûlait les âmes sacrilèges dans un cachot de l'enfer ».
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