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François Gaudry (Traducteur)
EAN : 9782757815878
288 pages
Points (07/01/2010)
3.38/5   39 notes
Résumé :
Un trio de possédés lâchés dans la nuit mexicaine. Manuel, vingt ans, croit perdre la vie en perdant son ami Gregorio, qui s'est tiré une balle dans la tête. Un ami ? Bien plus que cela : les deux garçons s'étaient fait tatouer - avec la même aiguille - un bison sur le bras gauche. Un pacte de sang qui n'avait pas tardé à devenir un pacte de domination, tant Gregorio, sorte de Stavroguine latino, exerce d'emprise sur son entourage. Ce "maître" fêlé, dévoré d'obsessi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Dans les rues de Mexico rôde le Bison de la nuit.
Le jeune Gregorio Valdés, diagnostiqué schizophrène, s'est suicidé trois semaines après sa sortie de l'hôpital psychiatrique. Il s'est donné la mort en se tirant une balle dans la tête, laissant son meilleur ami Manuel Aguilera et sa petite amie Tania dans un grand désarroi. A leur désarroi s'ajoute la mauvaise conscience. Car Manuel et Tania avaient une relation clandestine, qu'ils abritaient dans la chambre 803 d'un love motel. Gregorio était-il au courant? Est-ce l'existence de ce trio amoureux qui a précipité son geste? Pendant que parents et amis tentent de faire face au deuil qui les frappe, le fantôme de Gregorio se met à hanter Manuel. Ce dernier qui avait été autrefois la béquille d'un Gregorio étrange et faible, pense à la transformation de son ami, dont la démence et les obsessions ont peu à peu dévoré l'entourage. Derrière l'apparente fragilité du jeune homme, se cachait la volonté insidieuse et rampante d'exercer une emprise dont le solide Manuel faisait les frais: « A son initiative, nous nous étions fait tatouer la silhouette d'un bison américain sur le bras gauche. Gregorio avait exigé que nous soyons tatoués avec les mêmes aiguilles, afin que l'encre se mêle au sang de chacun. Au début je n'avais prêté aucune importante à ce tatouage mais au bout de quelques mois ce bison me devint un symbole de plus en plus intolérable. "
Las d'être marqué dans sa chair, Manuel avait fait effacer le tatouage dans la douleur mais la mort de Gregorio a marqué son âme et il ne sera pas si aisé de l'en faire sortir. Surtout lorsque le mort lui a laissé un cadeau d'adieu et que des mystérieuses lettres lui parviennent « Maintenant, le Bison de la nuit va rêver de toi. »

Guillermo Arriaga nous offre le portrait d'un jeune homme qui n'en finit pas de mourir, emportant dans une folie post-mortem ceux qui lui étaient les plus chers. Il tisse sa toile autour de la présence écrasante d'une personnalité perturbée et nous perd. On pense à Rebecca tourmentant la nouvelle Madame de Winter depuis l'au-delà. Les murs de Manderley deviennent toutes les rues de Mexico DF. On pense aussi à George Weaver obsédé par le fantôme de Jenny Ames dans La fille de nulle part. Arriaga possède une écriture très cinématographique, les rues de la ville défilent sous nos yeux chaque fois que les protagonistes tentent d'échapper à l'ectoplasme qu'est devenu Valdès. Le Bison de la nuit devient peu à peu une métaphore du pays où se mêlent la folie et la mort et où les femmes disparaissent sans que cela ne surprenne personne. Le roman, oppressant à souhait, vaut mieux que son adaptation cinématographique ( El búfalo de la noche de Jorge Hernández Aldana) car une fois la page tournée, le lecteur n'échappe pas non plus au mystère du Bison de la nuit.
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Une odeur de soufre, un parfum de chair putréfiée. Je n'ose pas rentrer dans la pièce. J'ai rêvé d'une détonation cette nuit. Il s'est fait sauter le caisson, pressentiment sauvage, le bison de la nuit me l'a murmuré à l'oreille, comme d'autres susurrent à l'oreille des chevaux ou d'une brune dans le coït bestial. Tu n'échapperas pas à cette voix, ni toi, ni moi, le bison rode, et tu vois cette mare de sang, le corps gluant et puant de ton ami gisant sur le lino virant du blanc-poussière ou sombre-carmin. Sombre karma que cette nuit.

Chambre 803 d'un motel, un aparté dans cette nuit, réflexion profonde pensée nocturne, le ver était-il plongé vivant dans la bouteille de Mezcal. Une légende urbaine parle également de vers suicidaires. Ou est-ce le bison qui lui a soufflé les derniers instants de la vie d'un ver ? La bouteille à moitié vide en évidence entre les oreillers du lit, draps défaits odeurs de baise taches de sperme, il se réfugie dans les souvenirs. Cette femme, son ami… et l'amour… Un trio de possédés, plongés dans la mort et les souvenirs, un tatouage à l'encre bleue d'un bison une seule aiguille, leurs destins sont liés, même dans la mort. Aucun moyen d'échapper la nuit au Bison bleu.

Le souffle de la tempête fait soulever les détritus d'une terre généreuse en poussiéreuse et en désespoir. Des vies abandonnées de tout espoir qui se résument d'ailleurs à des traces de spermes entre les cuisses de la Vénus callipyge, et à quelques poussières. Poussières d'âme et de gerbe, sous la lune d'un bleu délavé. Mêlées au vent, des trompettes mariachis sonnent, à deux pas de là, la fiesta, à moins que cela ne soit le glas. Car il t'est impossible d'échapper à la mort, à la tristesse, à l'amour déchu, à la fin d'une escale à Mexico. le bison de la nuit oscillera toujours sur ton corps et te rappellera ton ami mort, un trou de calibre .22 dans la caboche, ça reste toujours moche. Putain de vie. Putain de bison, l'ombre menaçante du bison bleu.
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Guillermo Arriaga Jordán, né en 1958 à Mexico, est un acteur, réalisateur, scénariste et producteur mexicain pour le cinéma, ainsi qu'un écrivain de roman noir. En 2005, il remporte le prix du meilleur scénario au Festival de Cannes pour « Trois enterrements » film de Tommy Lee Jones. Diplômé d'une licence en sciences de la communication et d'une maîtrise d'histoire de l'université ibéro-américaine, il fut un temps professeur dans cet université puis à l'Institut de technologie et d'études supérieures de Monterrey. En tant qu'écrivain il est l'auteur d'un recueil de nouvelles et de trois romans, dont le Bison de la nuit (1999) qui vient d'être réédité.
Mexico. Âgé de vingt-trois ans, Gregorio vient de se suicider après divers séjours en hôpital psychiatrique. Pour son ami Manuel, le narrateur, c'est le choc, d'autant que peu de temps plus tard, il va recevoir de mystérieux courriers du défunt ! Entre le déjà mort et le toujours vivant, Tania leur amie commune joue un jeu trouble…
Si le roman est bon je ne vous tairai pas que j'ai passé mon temps de lecture à fulminer ou ronchonner contre ses protagonistes tant ils m'exaspéraient. Il faut dire que ce Manuel est aussi sympathique que l'homme en photo sur la couverture du livre… Un petit macho égoïste qui se sert des uns et des autres sans leur demander leur avis (« - Tu n'aimes pas qu'on t'emmerde, hein ? Mais toi tu t'y entends pour emmerder les autres, espèce d'enfoiré ! ») et lui, comme les autres personnages du roman, agissent sans qu'on comprenne bien leurs motivations. Jamais très intelligemment selon mon point de vue – mais cette perception des choses s'explique peut-être par mon âge me rendant moins tolérant.
L'ambiance générale du bouquin est donc assez mystérieuse, Gregorio bien que décédé semble toujours aussi présent et malveillant que de son vivant (- Il trame encore quelque chose, j'en suis sûre. Gregorio n'est pas du genre à partir comme ça. (…) – N'oublie pas qu'il est le roi Midas de la destruction, rétorqua-t-elle. »), influençant les agissements de Manuel et Tania ; ces deux-là ayant un passé compliqué, elle était la maîtresse de l'un et l'autre dans un double-jeu amoureux complexe, ce qui de son côté, mettait mal à l'aise Manuel vis-à-vis de son soi-disant frère de sang. L'évocation du passé récent de Gregorio et sa démence hallucinatoire ajoute une touche angoissante au livre surtout qu'elle paraît déteindre lentement sur Manuel. J'ajouterai que l'écrivain ne mégotte pas sur les scènes de sexe, assez crues, pour renforcer l'angle cavaleur de Manuel qui fait feu de tout bois, tout en n'étant amoureux que de Tania – à sa manière à lui.
Ecriture nerveuse, phrases courtes, le lecteur tourne les pages fasciné par cette aventure pleine de folie, d'amour et de sexe avec au fond une réflexion sur l'amitié.

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J'ai trouvé ce livre ennuyeux ; le style de Guillermo Arriaga est plat, et le devient de plus en plus au fil des pages. le thème est pourtant bien choisi et riche de potentialités : un jeune étudiant schizophrène se suicide, laissant son entourage dans le malaise et la culpabilité ; une jeune femme disparaît... Tout pour faire un bon livre, mais il est dépourvu de ce qui fait la vraie littérature. Ça se laisse lire en baillant et on n'a même pas envie de connaître la suite.
Un épisode aurait pu être richement exprimé : celui du tatouage effacé. Il n'en a rien été, lui aussi est fade, linéaire, sans entrain ni poésie.
J'ai eu l'impression de perdre mon temps et abandonné au premier tiers.
"Le bison de la nuit" aurait pu être le premier roman d'un jeune auteur inexpérimenté, ce n'est même pas le cas.
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Guillermo Arriaga, scénariste d'Amours chiennes et de 21 grammes, signe ici un roman très sombre, dans lequel le lecteur se retrouve aux prises avec un trio amoureux malsain et destructeur, dans la fièvre des quartiers de Mexico. Dévoré de l'intérieur par ses obsessions, hanté par la mort de son ami Gregorio et possédé par l'instable Tania, Manuel, véritable héros dostoïevskien, perçoit le souffle du bison qui le rattrape.

Quelle lecture ! J'ai ressenti le poids des mensonges, de la mort, de la toxicité des relations, de l'enlisement de la situation tout au long des pages. Et plus j'avançais, plus je ressentais un profond malaise. Arriaga nous emmène au fil des mots dans un enchaînement de lieux : le zoo de Chapultepec, la maison de Manuel, la maison de Gregorio, le motel, la chambre 803, la voiture… puis tout recommence. Comme si le héros était poursuivi sans cesse par les fantômes de son existence, par les perce-oreilles grouillant des visions de Gregorio, par le bison tatoué sur son bras. J'étais presque soulagée à la fin de l'ouvrage, arriver au point final m'assurait une issue, on a comme l'impression que le trio infernale nous manipule nous aussi. Je crois que Guillermo Arriaga arrive à donner une telle dimension aux personnages qu'ils nous semblent proches de nous, que nous souffrons avec eux, que nous souhaitons aussi que les tourments cessent. A lire quand on ne broie pas du noir !
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Il me proposa qu'on parte tous les quatre en vacances, en famille, comme quand on était gosse.
- On devrait aller à Puerto Vallarta.
Sa suggestion me fit sourire. Puerto Vallarta était l'endroit où on passait autrefois Noël et le nouvel an. J'ai grandi avec l'idée que Noël était synonyme de chaleur, de plage, de palmiers clairsemés et jaunâtres décorés d'ampoules colorées. Les bonhommes de neige, les paysages blancs des cartes de vœux et les sapins artificiels provoquaient en moi des sensations contradictoires : tout simplement ils ne correspondaient pas à la réalité.
Mon père se leva et avant de sortir répéta : "On devrait aller à Puerto Vallarta." Il ferma la porte et je me mis à penser à ces réveillons de Noël où, dégoulinant de sueur sous les ventilateurs à pâles, nous trinquions avec du cidre tiède et dinions d'une dinde fumée décongelée.
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Je m'assis sur le lit. Dans cette chambre - l'après-midi d'un 22 février - Tania et moi avions fait l'amour pour la première fois. Nous l'avions fait grossièrement, inhibés par la culpabilité et l'inexpérience. Elle était vierge et moi, à l'exception de deux coïts expéditifs qui ne comptaient pas, je l'étais à peu près autant.
Nous nous étions emmêlés en nous déshabillant. Ses cheveux s'accrochèrent à la boucle de mon ceinturon, son chemisier se déchira et deux boutons de ma chemise sautèrent. Nous étions partagés entre la hâte et l'envie d'aller lentement. Nous ne savions pas comment nous placer et nous nous mîmes l'un sur l'autre comme deux tortues qui s'accouplent.
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J’entrai dans la chambre et ôtai mon blouson. Je bus le Coca et laissai la bouteille vide sur la moquette. Je m’observai dans le miroir. Une fine veine palpitait sur ma tempe droite. J’avais des cernes sous les yeux. Les cheveux en bataille. Une barbe de plusieurs jours. Et en moi, l’ombre du bison bleu, de nouveau menaçante.
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Je me réveille parfois en sentant sur ma nuque l'haleine blessée du bison de la nuit. C'est la mort qui me frôle. C'est la tentation de me tirer une balle dans la tête et de mettre un point final à tout: c'est le feu qui me brûle de l'intérieur. C'est la mort, je le sais.
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Le bison de la nuit va rêver de toi, dit-il. Il marchera à tes côtés, tu entendras ses pas, son souffle. Tu sentiras sa sueur et il s’approchera si près de toi que tu pourras le toucher. Et quand il décidera de t’attaquer tu te réveilleras dans la prairie de la mort. Alors tu cesseras de faire le malin, pauvre con.
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Vidéo de Guillermo Arriaga
"5 secondes ? C'est comme faire l'amour dans les toilettes d'un avion ! On n'a pas le temps !"
Guillermo Arriaga présente, avec Leoffdesauteurs, son nouveau roman "Le Sauvage". Un roman puissant, féroce et lumineux écrit par l'auteur des scénarios d' "Amours chiennes", "Babel", "21 grammes" ou encore "Trois enterrements".
" Son éclat est son exploit. Il réussit à parler de l'amour au c?ur de la haine et de la vie au c?ur de la mort." Marie-Laure Delorme, JDD.
-- México, 1960. le jeune Juan Guillermo, qui a vu sa famille décimée en quelques années et son frère assassiné par un gang de religieux fanatiques, jure de venger la mort de ce dernier. Un récit intense et singulier, dans la lignée d?Herman Melville, Jack London et Faulkner, signé par un des plus grands écrivains contemporain de langue espagnole. --
Le livre : https://bit.ly/2Uny8WI
+ Lire la suite
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature espagnole et portugaise>Romans, contes, nouvelles (822)
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