CAHIERS DE RODEZ, SEPT.-NOV;1945
L'âme est un rêve qui ne passe pas. Le concret aussi est un rêve qui n'aurait fallut jamais visionner, c'est à dire mettre en cadre et visualiser.
P 191
"Un corps sans organes n'est pas un corps vide et dénué
d'organes, mais un corps sur lequel ce qui sert d'organes [...] se distribuent d'après des phénomènes de
foule, suivant des mouvements brownoïdes, sous forme de multiplicités moléculaires. [...] Le corps sans
organes n'est pas un corps mort, mais un corps vivant, d'autant plus vivant, d'autant plus grouillant qu'il a
fait sauter l'organisme et son organisation"
G.Deleuze, Mille Plateaux
"Comme si donc tout était dit d'une anatomie et par la marche d'une anatomie et de
son fonctionnement atomique / dans le corps fait, délimité, terminé, / alors que la chose est
le terrible en-suspens, / en-suspens d'être et de corps [...]. Le propre du corps est de pouvoir
être autre toujours que ce qu'on le voit. / [...] et parce qu'il changera, / hors cela / il est sans
aucune lisibilité"
CAHIERS DE RODEZ, SEPT.-NOV. 1945
Le cerveau est un organe inutile car c'est la voix et l'âme qui sont l'être et non l'esprit.
P 170
CAHIERS DE RODEZ, SEPT.-NOV;1945
L'être est ce qui veut se sentir vivre mort alors que je veux me sentir mort en vie.
P 153
Le texte inédit d'un auteur culte.
Juin 1942. Jean Genet est incarcéré à la prison de Fresnes, condamné à huit mois de réclusion pour vol de livres. À trente et un ans, le détenu n'a encore rien publié ; mais la cellule est un lieu propice à l'éclosion de son talent littéraire. Il y écrit son premier roman, "Notre-Dame-des-Fleurs", et le long poème "Le Condamné à mort".
L'attrait du théâtre se fait déjà sentir, comme en témoigne "Héliogabale", ce drame à l'antique dont un manuscrit a été enfin retrouvé à la Houghton Library. L'existence de cette pièce était attestée, Genet l'ayant fait lire à quelques proches et ayant exprimé le souhait qu'elle soit publiée et créée — avec Jean Marais dans le rôle-titre. Rien de cela n'eut lieu et l'écrivain n'y revint plus.
Voilà donc, plus de quatre-vingts ans plus tard, la mise en scène des dernières heures d'Héliogabale, jeune prince romain assassiné, telles que Genet les a rêvées et méditées.
Au travers de cette figure solaire, hautement transgressive et sacrificielle, à laquelle Antonin Artaud avait consacré un essai flamboyant en 1934, Genet aborde les thèmes qui lui sont chers, dans les règles de l'art mais en laissant affleurer un lyrisme bien tenu : le travestissement et l'homosexualité, la sainteté par la déchéance, la beauté par l'abjection. Un envers du monde social où l'auteur, apprenti dramaturge, entend déjà trouver ses vérités, situer son oeuvre à venir et inventer sa propre légende.
Découvrir "Héliogabale" : https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/La-Nouvelle-Revue-Francaise/La-Nouvelle-Revue-Francaise524
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