AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782372240956
128 pages
Les Editions des Tourments (19/01/2017)
4.17/5   6 notes
Résumé :
Les nuits se suivent et se ressemblent, à mon grand désespoir. J’enchaîne les cauchemars et les rêves atroces, sans que je puisse les arrêter.

John est pourtant quelqu’un qui n’a pas ce genre de pensées en tête d’habitude. De part son métier, il est amené à imaginer des univers joyeux et romantiques.

Il ne se pensait pas capable d’avoir ce genre de visions, ni d’inventer toutes ces horreurs qui défilent dans sa tête chaque nuit.
... >Voir plus
Que lire après Terreurs nocturnesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique

Comment résister à une telle couverture ?
Eh oui, j'avoue, elle a attiré mon regard. En ces temps où les éditeurs sont souvent frileux à l'idée d'éditer du fantastique ou de l'horreur, c'est elle qui m'a convaincu de découvrir les éditions des Tourments et plus particulièrement Davy Artero, auteur déjà publié cinq fois dans leur collection Abysses.
Mais le résultat est-il à la hauteur de l'illustration ?
 
Terreurs nocturnes est un recueil de nouvelles d'épouvante déguisé en roman. Je m'explique : En introduction, nous faisons connaissance de John Caltrand, un auteur réputé de romans sentimentaux. le clin d'oeil à Barbara Cartland est évident, mais la comparaison s'arrêtera à l'anagramme et au genre de prédilection de ces deux auteurs.
John n'arrive plus à écrire. Il boit quelques verres au café et se remémore ses cauchemars, ceux-là même qui sont si atroces qu'ils ne lui permettent plus de trouver la moindre inspiration pour rédiger des romances.
"Ces horribles songes le rongent, l'obnubilent et le privent de toute envie littéraire."
Caltrand reviendra dans un intermède et une conclusion, et se remémorera donc tout au long du recueil dix de ses rêves les plus angoissants. Ce qui donne en quelque sorte une unité aux différentes histoires, puisqu'elles sont les fruits d'un même esprit traumatisé. Pour autant, le principal intérêt réside dans la découverte de ces rêves tordus qui sont finalement bien des nouvelles indépendantes les unes des autres et dans lesquelles John incarne aussi bien des hommes que des femmes ou des enfants, de différentes professions, sans fil conducteur identitaire.
 
Voici une brève présentation des dix rêves composant Terreurs nocturnes :
- Dans "vive allure", Georges a l'impression de plus faire qu'un avec sa voiture. Il se sent envahi d'une impression de toute puissance et écrasera d'abord un chien, puis ce sera le tour d'une vieille femme avec son caddie. "Voir cette personne âgée réduite à un amas de viandes sur le macadam, c'est vraiment jouissif. Savoir qu'il doit y en avoir quelques bouts collés sur le pare-choc, ça lui réchauffe le coeur." Pas très loin de l'endroit où Georges continue de rouler avec son arme de destruction massive, il y a une école ...
- Dans "Toast", le personnage principal se prénomme cette fois Samuel. Il assiste à une réunion d'entreprise lors de laquelle il sait déjà que, comme tous les ans, le PDG va les féliciter pour le travail accompli, leur expliquer qu'en ces temps de crise économique personne ne pourra être augmenté encore cette année, espérant que la coupe de champagne permettra d'endormir la rébellion de ses salariés. Mais Samuel n'en peut plus. Il a déjà tellement donné à cette boîte, même son mariage a été sacrifié sur l'autel des bénéfices. Alors il sort son arme pour se faire entendre, tire dans les genoux d'un premier homme, abat froidement la directrice des ressources humaines. Jusqu'où ira le massacre ?
- "Fournitures" est également une nouvelle se déroulant dans le monde de l'entreprise. le narrateur est cette fois le directeur des ressources humaines et son rôle consiste ici principalement à convoquer des salariés récalcitrants pour les menacer de les mettre à la porte ou de supprimer leurs primes si leurs retards ou leurs absences persistent. Mais cette fois, les rôles vont inverser et c'est l'employé qui va dominer le débat tandis que le DRH se retrouve ligoté sur sa chaise avec du scotch. Après cette histoire où les trombones et les agrafes se muent en véritables instruments de torture, il est vrai qu'on regarde différemment les fournitures de bureau.
- L'affreuse "Jingle Bells" se passe un vingt-quatre décembre. Pour la première fois, noël se déroule chez la belle famille. Un père a pris la route tardivement accompagné de son épouse et de ses enfants. "On arrive bientôt, mes petits chéris !" le cauchemar commence par la description de cette famille comme tant d'autres qui a pris un peu de retard étant donné le temps qu'il a fallu à l'épouse pour se préparer. Encore une petite dizaine de kilomètres. Vont-ils arriver à bon port ? Quel est ce ballon dégonflé et suintant que le conducteur distingue sur la route ?
- "A postériori" se passe également en famille. le père s'appelle Manuel, rêvait de devenir un grand médecin mais a du revoir ses ambitions à la baisse après un parcours scolaire chaotique. Peu brillant, il occupe un emploi de nuit à l'hôpital. Sa femme a quant à elle bien réussi sa vie puisqu'elle est infirmière en chef. Leur petit garçon a besoin d'aide pour sa récitation et son devoir de mathématiques, mais Manuel ne se sent pas à la hauteur et lui demande de le laisser. Puis il se souvient de cette nuit-là, à l'hôpital, alors qu'il poussait son chariot ... Deux chirurgiens lui ont demandé de les assister pour une étrange opération nocturne censée demeurer secrète. Mais qu'en a-t-il retenu exactement ?
- "La réserve" est la plus longue des nouvelles. Elle raconte comment une collégienne découvre une maison en pleine forêt, peut-être abandonnée. Friande des aventures d'Indiana Jones, elle jouera les aventurières une nuit, munie de sa lampe de poche, pour explorer cette vieille bâtisse. Deux hommes semblent également rôder tout autour. A quels mystères sera-t-elle confrontée ? Rentrera-t-elle chez elle saine et sauve ?
- "Méchant", c'est la rencontre d'une cougar et d'un jeune homme dans un bar. Il raccompagne la femme chez elle avant de la prendre en photo et de lui annoncer : "Désolé, je ne vais pas plus loin. Il me fallait juste une preuve que j'ai réussi à embobiner une vieille !". Quelques impulsions électriques plus tard, ils se retrouvera menoté au lit. Elle parviendra tant bien que mal à faire monter son désir avant qu'une troisième personne ne se joigne à eux.
- "Battements d'aile" est une autre histoire de mante religieuse. C'est une femme au physique assez quelconque qui prend la parole. Déçue par la gente masculine ( "Il ne faut jamais croire un homme ni espérer quoi que ce soit de lui." ), elle raconte comment les hommes - de préférence mariés - lui procurent désormais du plaisir. Eux aussi seront neutralisés avec des menotes mais les ébats tant attendus prendront une toute autre forme. Se débattre et hurler est-il vraiment utile ?
- "For intérieur" nous décrit une France en liesse en 1914. La fleur au fusil, Martin s'apprête à partir quelques semaines à la guerre dans un bel uniforme bien voyant pour brouter les Allemands hors de France. Mais il rencontrera quelqu'un revêtu d'étranges habits qui prétendra être son petit-fils. Cédera-t-il aux supplications l'exhortant à ne pas partir pour cette guerre ? Est-il concevable que de nombreux pays rejoignent le conflit et que la guerre dure plus longtemps que prévu ? Et le cas échéant, comment s'y soustraire ?
- "Mal être" clôt le recueil avec un narrateur paralysé d'effroi. Que voit-il qui l'effraie au point de lâcher son attaché-case et de ne pas pouvoir retenir sa vessie ? Qu'est-ce qui provoque ainsi tous ses souvenirs honteux ? Il se rappelle avoir frappé son épouse, avoir volé, menti, regardé de la pornographie sur internet... Ses croyances vont en tout cas largement être remises en question.
 
Ces dix cauchemars proposent bien évidemment une chute à chaque fois, voire même un double effet kiss cool. Certaines sont attendues, d'autres parviennent à surprendre. Et parfois ... j'ai eu peur d'avoir deviné. Non, il ne va pas oser ? Il n'a pas le droit ! Ah bah si...

Les nouvelles sont parfois surnaturelles, parfois elles restent ancrées dans le réel, mais elles ont toujours pour point commun de décrire d'abord une scène quotidienne en apparence anodine qui peu à peu se mue en cauchemar, et elles sont toutes effrayantes à leur façon.
On a tous nos hantises et sans parler de devoir laisser la lumière allumée après lecture, le recueil a le mérite de s'attaquer à différentes peurs bien réelles de la vie de tous les jours. La peur de l'accident de la route, de perdre un enfant, de perdre son emploi, de l'hôpital, la maladie, ou encore de se sentir inférieur aux autres. Des appréhensions qui prennent bien sûr ici des proportions drastiques.

Certaines m'ont laissé une impression de déjà vu et ne m'ont pas ébloui par leur originalité ( je pense notamment aux femmes qui ramènent des hommes chez elle pour les torturer ), "la réserve" était un peu trop longue pour une issue décevante à mes yeux, mais globalement, il faut avouer que Davy Artero sait y faire pour imaginer des histoires inédites qui laissent pour certaines une impression de malaise, de dégoût ou de choc. Particulièrement lors de certaines scènes bien affreuses lors desquelles on se met un bref instant à la place de la victime, endurant avec elle les affres les plus terribles.

Parce que même si je tiens quand même à préciser qu'on n'est pas du tout dans une littérature de type gore contrairement à ce que pouvait indiquer la couverture, certains passages proposent quand même leur dose d'hémoglobine. Je pense à ce doigt passé au taille-crayon dans "Fournitures", à l'énucléation dans "battements d'aile" ( "Il n'y a plus qu'à couper le nerf optique pour avoir enfin l'oeil en main." ) ou encore à cet homme qui a une étrange façon de se mordre les lèvres dans "Mal-être" ( "Je rentre mes lèvres à l'intérieur de ma bouche et les mords, encore et encore, puis les mâche et les avale" ).
L'auteur ne fait donc pas toujours dans la dentelle et l'horreur qu'il propose peut aussi bien être descriptive que psychologique.
Dommage que l'un des meilleurs textes du recueil - "Jingle bells" - ait fait l'objet d'un défaut d'impression nuisant fortement à la fluidité de la lecture. Elle illustrait très bien un autre genre d'épouvante tout en décalage entre la première réalité festive proposée par l'auteur et l'horreur réelle de la situation que le lecteur découvrira plus tard.

A l'instar de Gudule, Davy Argento écrit aussi bien des romans que des nouvelles, pour les adultes comme pour la jeunesse, et un de ses textes est d'ailleurs présent dans une anthologie recommandée par le ministère de l'éducation nationale intitulée Super-héros.
Si vous aimez les nouvelles fantastiques d'Anne Duguël ou celles écrites à profusion par des écrivains comme Robert Bloch ou Richard Matheson le siècle dernier, alors vous devriez peut-être découvrir à votre tour le travail de cet auteur.
En tout cas pour ma part, Terreurs nocturnes m'a plu dans l'ensemble et malgré quelques inégalités dans la qualité des textes proposés j'ai hâte de poursuivre ma découverte via les autres recueils : Sombres nouvelles et Consciente agonie, un titre auquel l'auteur fait d'ailleurs référence dans les ultimes lignes de sa conclusion : "Il a le fort sentiment que ces cauchemars et ces soucis de santé ne sont que le début d'une lente et inéluctable consciente agonie... "
 
Commenter  J’apprécie          226


Lire un extrait
autres livres classés : tourmentsVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (14) Voir plus



Quiz Voir plus

Ce film d'horreur et d'épouvante est (aussi) un roman

Jack Torrance, gardien d'un hôtel fermé l'hiver, sa femme et son fils Danny s'apprêtent à vivre de longs mois de solitude. Ce film réalisé en 1980 par Stanley Kubrick avec Jack NIcholson et Shelley Duvall est adapté d'un roman de Stephen King publié en 1977

Le silence des agneaux
Psychose
Shinning
La nuit du chasseur
Les diaboliques
Rosemary's Baby
Frankenstein
The thing
La mouche
Les Yeux sans visage

10 questions
965 lecteurs ont répondu
Thèmes : cinema , horreur , epouvanteCréer un quiz sur ce livre

{* *}