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Critique de Pois0n


« Trente secondes ». Pas une de plus à passer devant la boîte à livres du quartier, avant de sauter dans le tram pour rejoindre un ami en direction du ciné. Bien évidemment, il fallait que cette boîte habituellement toujours vide soit pour une fois pleine à ras-bord, précisément le jour où je n'avais pas le temps... C'est là que le miracle s'est produit. Deux mots me sautent aux yeux presque tout de suite : « Amoco Cadiz ». Tant pis s'il n'est franchement pas en bon état : c'est CELUI-LÀ, le livre qui m'attendait. Sitôt vu, sitôt attrapé, et à mon conjoint qui me demande « si j'ai un sac, au moins ? », je rétorque triomphalement que j'avais prévu le coup. Et de déplier mon tote-bag à bouquins du petit sac photo qui me sert de sac tout court, tout en marchant vers le tram en approche...

Quand on ne lit quasi que des romans, et qui plus est « de genre » (romance, imaginaire, aventure et romans noirs, bref, rien de « sérieux », surtout pas !), quand bien même l'histoire maritime est mon dada, s'attaquer à un livre tel que « Le procès de l'Amoco Cadiz » n'est pas sortir de sa zone de confort, mais sauter en plein dans le mazout. D'autant que la partie « catastrophe » est finalement assez vite résumée. Et si l'ouvrage aborde également ceux du Tanio, de l'Exxon Valdez, de l'Erika et du Prestige, c'est là encore de façon succincte. Ce qui n'est pas forcément plus mal. Certains souvenirs, pas si profondément enfouis, n'ont pas manqué de remonter à la surface. A l'époque, j'avais assisté au démazoutage de l'épaisse mélasse brune de l'Erika. Et même aujourd'hui, rien de plus facile que d'en retrouver des traces sur certains rochers. Alors quand tu lis le truc, ça secoue. Plus que tu ne l'aurais imaginé.

Pour le reste, vous l'aurez compris, il ne s'agit pas d'une lecture « plaisir », ça n'a pas prétention à l'être. Et c'est sans surprise d'une lourdeur incroyable, puisqu'il s'agit de procédures judiciaires, administratives, de magouilles politiques et d'histoires de gros sous. On nous épargne le jargon associé, mais ça n'en reste pas moins terriblement compliqué. Il faut dire que le livre couvre pas moins de vingt-cinq ans de galère. Tu pensais que c'était fini ? Perdu. Entre les alliés qui se retournent contre toi et les naufrages qui n'arrêtent pas, il y a toujours de nouvelles emmerdes. Sans oublier, parfois, un peu de rabâchage sur ce qui a déjà été dit... le tout néanmoins empreint de la ténacité et de la bonne humeur bretonnes, où l'on ne manque jamais de rappeler que les assemblées générales se terminent avec de la bonne bouffe et en musique (tradi, évidemment).

« Le procès de l'Amoco Cadiz » n'est donc définitivement pas un bouquin pour tout le monde. Sur le naufrage en lui-même, il y en a d'autres, et largement plus « grand public ». Mais pour découvrir « l'après » et surtout le vivre de l'intérieur, à travers le récit d'un des principaux concernés, petit maire de Bretagne propulsé dans un enfer paperassier entre deux continents, vous ne trouverez pas mieux.
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