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Yukiko Chiche-Triller (Traducteur)Didier Chiche (Traducteur)
EAN : 9782877306287
132 pages
Editions Philippe Picquier (27/11/2002)
4.07/5   15 notes
Résumé :
Dame Hong, épouse du prince héritier qui devait devenir le vingt-deuxième roi de la dynastie Yi, commença à rédiger ses Mémoires en 1796, à l'âge de soixante ans, pour l'édification de son propre petit-fils, le roi Sunjo. Elle en a soixante et onze lorsqu'elle les termine. Elle tient la chronique minutieuse de la vie quotidienne à la cour, sous la discipline et l'étiquette rigoureuse de l'époque, en même temps que le journal de ses années de bonheur bientôt éclipsée... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Née en 1735, dans le clan Hong, une famille de hauts dignitaires de sang royal, Hyegyeong n'est encore qu'une enfant quand elle est choisie par le roi Yongjo pour devenir l'épouse du prince Sado, l'héritier du trône de Corée. Tout en faisant l'apprentissage de l'étiquette très rigoriste de la cour, elle devient le témoin privilégié des affaires politiques, des luttes de pouvoir et de la lente dégradation de l'état mental de son époux. Séparé très jeune de ses parents et malaimé par son père, le prince héritier était un être doué pour les études, pétri de piété filiale et appelé à un brillant avenir mais, impressionné par le roi, emprunté en public, il devient très vite la victime des colères monumentales de son père. Sado sombre dans la démence, développant des névroses, des phobies et le besoin de s'en libérer en tuant eunuques, serviteurs et servantes à tour de bras. Longtemps tenu à l'écart des méfaits de son fils, Yongjo, quand il en a connaissance, prend une décision radicale. Sado est mis à mort et son épouse craint pour sa vie et celle de son fils, le prince héritier Chongjo. Mais son beau-père les épargne et son fils règnera bel et bien sur le pays.
Au soir de sa vie, les cheveux blanchis par l'âge et les tracas, Dame Hong décide de coucher sur le papier la tragique histoire du prince Sado afin de fournir un témoignage impartial des évènements à son petit-fils Sunjo.

Bien qu'elle se targue de la plus grande objectivité et de l'impartialité la plus totale, Dame Hong nous livre ici un témoignage orienté vers la défense de sa famille et de son mari. Elle y décrit par le menu son arrivée à la cour royale et l'inexorable descente aux enfers du prince Sado. Habituée à garder ses sentiments par devers soi, elle laisse tout de même affleurer ses inquiétudes passées, son chagrin et une certaine amertume. Toujours déférente envers son souverain, ses deux épouses et la reine-mère, elle ose une critique voilée sur l'éducation du prince et l'attitude autoritaire du père envers son fils.
Biographie, roman biographique ou document historique…les historiens restent circonspects tant Dame Hong glorifie sa famille parée de toutes les vertus et se pose en victime du destin, toujours soucieuse du bien-être du prince et de la survie de l'héritier qu'elle a mis au monde. En Corée, le souvenir de Dame Hong et du prince Sado est toujours vivace et ils font l'objet de moults romans et dramas. Tantôt la reine est toute pureté et abnégation, tantôt elle est décrite comme cruelle et manipulatrice. Quant au prince, deux factions s'opposent. L'une prend le parti de son père et de sa décision de le condamner à mort, sa folie mettant en péril le royaume et la pérennité du trône de Corée. L'autre défend l'idée que, loin d'être fou, Sado a été la victime d'un complot politique fomenté par ses ennemis.
Quoi qu'il en soit, Sado, renié par son père, a été réhabilité par son fils, faisant de Dame Hong la reine Kyongui. Et, malgré ses défauts, ses non-dits et son manque probable d'objectivité, les Mémoires d'une reine de Corée restent un document essentiel du point de vue historique, ne serait-ce parce qu'il a été rédigé en hangeul, l'alphabet coréen, et non en caractères chinois, et aussi parce qu'il s'agit là d'un des rares textes écrits par une femme. Une femme qui sait écrire et a laissé derrière elle un témoignage, sinon exact, du moins éclairé sur les caractères, les actions et les sentiments de sa royale belle-famille.
Vraiment passionnant !
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Dame Hong est une femme de la cour coréenne au XVIIe. Elle épouse le prince héritier et donne naissance au futur 22e roi de Corée.
Ce livre est son testament, elle y relate non seulement sa vie en tant que belle-fille préférée du Roi mais surtout le Grand Mal qui a touché leur famille. En effet, son époux: le prince Sado, est un homme qui n'a connu que la solitude car son père avait pris la décision de l'éloigner du palais jusqu'à sa majorité. Ce manque d'affection a beaucoup marqué l'enfant qui en grandissant est devenu fou. Ses relations avec le Roi étaient au plus mal, il avait des excès de colère et un goût pour la violence qui le fit plusieurs fois battre ou exécuter ses serviteurs.
En tant qu'épouse, l'autrice avoue qu'elle était désemparée face à cette situation et qu'elle ne savait pas comment aider son mari. Finalement, le Roi prend la décision de retirer au prince Sado son titre. Quelques jours plus tard, il est discrètement tué, enterré vivant sous terre.

Le but de ses mémoires est de raconter la vérité à son petit-fils avant son ascension au trône. Les pensées qu'elle confie sont très intimes et plusieurs fois elle avoue avoir tenté de se suicider en voyant le mal de son époux et la façon d'agir du Roi. D'après l'auteur ce Grand Mal a été falsifié au cours du temps. Parfois le Roi est désigné comme grand coupable, d'autres fois c'est son mari. D'après elle, les torts sont partagés et rien ne pouvait faire face à cette maladie incurable.

Je pense que Dame Hong a influencé en bien son époque. On peut supposer que c'est grâce à elle et à sa sincérité que son mari a reçu à nouveau son titre postmortem. Cinquante ans après le décès de dame Hong, le 25e roi de Corée décide de nommer le prince Sado roi et par conséquent elle obtient le titre de reine.
De son vivant, elle n'a donc jamais connu ce statut, mais son sens du devoir et sa loyauté envers la couronne sont à l'image du comportement d'une reine.
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Je m'intéresse depuis quelques temps à la littérature asiatique dans son ensemble mais il est beaucoup plus facile de trouver des ouvrages japonais et chinois que coréens.
Les Mémoires d'une Reine de Corée est un ouvrage intéressant emprunté à la médiathèque qui permet de se pencher sur une période précise de l'histoire de ce pays.
En effet, il ne s'agit pas ici d'une fiction mais bien des mémoires de Dame Hong, dont le mari, le prince héritier Sado, a été exécuté par son propre père, le roi Yongjo. Trahisons, complots, jalousie vont rendre le quotidien de la reine difficile et c'est avec beaucoup de minutie qu'elle nous raconte sa vie à la cour.

Même si j'ai beaucoup apprécié découvrir une part de l'histoire coréenne par le biais de ce regard royal, cet ouvrage a présenté de nombreuses difficultés au début et il m'a fallu faire preuve de concentration pour parvenir à plonger complètement dans le récit de la vie de la reine.
En effet, le livre apparaît complexe de par les nombreux noms aux sonorités si inhabituelles pour nous. Certains noms étaient même parfois très proches au niveau de l'orthographe et/ou de la prononciation. En cela, mes études de la langue se sont vraiment révélées utiles puisque je suis déjà un peu familiarisée avec ces sonorités. Pour celles et ceux qui ne l'ont pas étudié, ce point pourrait dérouter au début, sans pour autant inciter à abandonner la lecture.

Le style de l'auteur est très fluide et si certains passages sont particulièrement difficiles à suivre – je pense notamment aux descriptions des liens familiaux entre les différents membres et leur généalogie – la lecture n'en reste pas moins agréable. Mais, n'ayant que très peu de connaissances sur l'histoire de la Corée, et en particulier sur cette période, il n'était pas toujours facile de resituer les lignées. de nombreuses lignées sont évoquées, un peu comme la Bible, et il est alors nécessaire de faire un gros effort pour rester concentré et ne pas perdre le fil de l'histoire.
Il faut cependant savoir que cette traduction française n'a pas été réalisée à partir de la langue originale, le coréen, mais à partir de l'anglais. En cela, le travail du traducteur a permis de compenser un peu ce manque de littérature coréenne en français en nous faisant découvrir un aspect de cette culture asiatique.

L'histoire en elle-même est aussi complexe. Dame Hong commence ses mémoires à l'âge de soixante ans dans l'intention d'éclairer son petit-fils, le roi Sunjo, sur certains évènements survenus pendant sa jeunesse. Plus précisément, ces trois premiers chapitres se concentrent sur la jeunesse de la reine et sur sa vie à la cour. S'attardant sur la relation que son époux, le prince Sado, entretient avec son père le roi, elle va raconter la déchéance de son mari. le manque de reconnaissance et d'amour de son père mais aussi sa maladie mentale vont progressivement le mener à sa perte. Entraînera-t-il dans sa chute sa famille ? C'est ce que craint l'auteur, nous confiant au fil des mots ses doutes, ses peurs mais aussi ses espoirs. Dame Hong se montre d'ailleurs extrêmement lucide quant à l'état de santé du prince et aux conséquences de ses actes. Pour autant, il s'agit de mémoires et elle ne se montre pas toujours totalement objective et impartiale, tant elle souhaite présenter sa famille sous son meilleur jour, ce qui est compréhensible. Malgré toute l'affection que le roi lui porte, à elle et ses enfants, elle a bien conscience de la dure réalité et de ce qu'ils risquent à cause de la folie du prince Sado. le bien du royaume passe en priorité et Dame Hong fait preuve d'un dévouement total à l'égard du pays et de la famille royale.
Dans ce royaume fortement empreint des valeurs confucéennes, chacun est conscient du rôle qu'il a à tenir. Manquer à ses devoirs et obligations constitue un acte grave aux yeux de ces personnes dont la vie est régie par de nombreuses règles très strictes. Dame Hong se trouve ainsi prise entre ses devoirs de reine et d'épouse mais aussi et surtout, de mère.

Trahisons, romances, meurtres, jalousies : autant d'éléments qui pourraient se trouver dans un bon roman mais ici il s'agit de la réalité car ce sont les mémoires d'une reine. Bien qu'il ne s'agisse que des trois premiers chapitres, j'ai beaucoup apprécié découvrir ce pan de l'histoire de Corée à travers le regard d'une de ses reines. Ces mémoires plairont aux personnes désireuses de découvrir une autre culture, d'une autre époque.
Lien : http://drunkennessbooks.blog..
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Je n'ai pas l'habitude de lire des autobiographies mais c'était intéressant de découvrir un petit bout de l'histoire de ce pays à travers les récits d'une de ses reines ainsi que la vie à la cour.

J'ai beaucoup aimé sa façon de raconter son histoire et un bout de l'Histoire. On sent que les diverses péripéties qu'elle a traversé avec sa famille les ont beaucoup touchés et on pourrait presque penser que c'est une oeuvre de fiction vu la tournure des évènements. J'ai aussi apprécié qu'on ait le point de vue d'une femme, ce qui est assez rare je trouve.

La lecture est assez fluide et facile à suivre mais on peut se perdre avec les différentes personnes citées et leurs fonctions. Savoir à quelle époque de l'Histoire de la Corée cette reine a vécu aide à en appréhender le contexte.
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Cet ouvrage pourrait s'apparenter à un roman de fiction tant les événements relatés sont inimaginables. Je m'attendais à avoir plus de difficultés à le lire mais au final la plume est très fluide et on est rapidement plongés dans ce qui s'apparente à une pièce de théâtre tragique. Tout du long on ressent l'inéluctabilité du destin du Prince, sa plongée en enfer, autant pour lui que pour ses proches.

Dame Hong nous livre dans ses mémoires une grande palette d'émotion. On passe du grand bonheur au pire du désespoir. Sa position à la cour en tant qu'épouse du prince héritier n'était pas des plus simple, tiraillée entre son devoir envers son époux, l'amour qu'elle porte à sa famille, notamment à son fils et sa loyauté envers le Roi. Bien qu'elle tente tout du long de rester objective et de ne jamais heurter le pouvoir, on ressent parfois à travers sa plume ses véritables sentiments à propos de cette terrible situation. Il est difficile de rester indifférent face à cet enchaînement d'horreur et je me suis demandée de nombreuses fois pourquoi le Roi a-t-il tant voulu rester aveugle face à la souffrance de son fils et en venir à des extrêmes pareilles.

Le roman souffre tout de même de quelques répétitions et il est parfois difficile, surtout au début, de s'y retrouver dans les personnages et leurs liens.

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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La cruauté, la dureté et la méchanceté des êtres humains sont tout à fait étonnantes.
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