La fille de la plage, tome 1

Poursuivant ma découverte du monde du manga, j'ai opté pour une oeuvre subversive d'un des auteurs-phares de ces deux dernières décennies, Inio Asano. Ce premier des deux tomes de la fille de la plage met en scène deux lycéens paumés comme peuvent l'être beaucoup d'adolescents, notamment au Japon. Elle, Koume, au physique un peu androgyne, après l'avoir rembarré deux ans avant, demande à Isobe de sortir avec elle. Mais elle semble surtout avoir des envies pressantes de découverte sexuelle avec ce garçon solitaire, qui a perdu son grand frère et reste trop souvent enfermé dans sa chambre comme un hikikomori. S'il était prétendûment amoureux d'elle, il ne semble ne vouloir que du sexe. Alors les séquences se répètent, sans plaisir exagéré semble-t-il, cela en devient un peu mécanique et sans la moindre tendresse. Lui est d'ailleurs particulièrement dur, hors même de leurs rencontres sexuelles, la traitant comme un chien dès qu'elle semble devenir un poil plus sentimentale, comme pour se protéger. Ils sèchent beaucoup trop les cours. Elle n'a pas de bons résultats scolaires, mais reste quand même un peu intégrée dans son groupe de copines, elle est notamment proche de Keiko. Mais d'autres garçons tournent autour de Koume. Il y a le grand séducteur toxicomane Misaki. Et puis surtout Kashima, un élève lui aussi un peu caïd, qui ne rêve que de sortir avec elle, sa copine d'enfance. Il n'entend pas qu'Isobe lui ravisse. La tension monte, une bagarre sanglante éclate au lycée...

Ce qui frappe dans ce premier tome est un univers bien sombre. Les jeunes sont souvent déprimés, le sexe, très présent ici, est triste, les échanges verbaux entre les personnages peuvent au début paraître de l'ordre des amabilités grossières d'usage entre jeunes, mais leur répétition et le rudoiement langagier entre garçons et filles est assez dérangeant, non respectueux, voire haineux. En outre, au sein du lycée les rivalités, les discriminations sont palpables. Le dessin est d'une précision redoutable. Cette histoire est loin de l'image policée de la société japonaise, et loin aussi de la vie trépidante tokyoïte. Dans cette petite ville de bord de mer on s'ennuie grave, alors les jeunes restent seuls avec leurs écrans, se masturbent ou éventuellement trouvent un(e) partenaire d'(in)fortune.

En tout cas, la tension et même le drame sont à leur apogée au terme de ce premier tome très intéressant...à nous la suite !

Au début, on peut être titillé par la vulgarité des propos et le cru de certaines situations. On va comprendre qu'on n'est pas dans un seinen classique mais dans quelque chose de plus érotique sans tomber dans le pornographique.

Il est pourtant bien question de tranche de vie et de romance entre deux adolescents nippons qui se cherchent au travers de leur sexualité. le garçon est un otaku qui est tombé amoureux d'une fille qui l'a toujours repoussé mais qui accepte seulement son corps au lieu de son amour. C'est certes toujours mieux que rien...

L'auteur développe un style personnel qui ne laissera pas indifférent. C'est peut-être la raison pour laquelle cette oeuvre a été sélectionné en 2015 pour concourir à un prix au festival d'Angoulême.

Deux adolescents collégiens : un garçon, Isobe et une fille, Koume. Isobe a des sentiments pour la jeune fille depuis quelques années, sans qu'ils soient réciproques. Koume préfère les beaux gosses, sauf que pour nouer une relation avec un garçon de ce type, elle peut toujours attendre. Alors, elle s'envoie en l'air avec Isobe, son cobaye, qui s'est fait une raison et accepte d'être un simple jouet. Un jour, leur relation bascule lorsque Koume découvre dans l'ordinateur d'Isobe les photos d'une fille sur la plage. Jalouse, elle les efface. Elle va provoquer la colère d'Isobe, qui ose pour la première fois aller à son encontre. Et puis il y a aussi Kashima, qui se pose des questions après avoir aperçu les deux jeunes gens ensemble dans la rue…
Un manga sur l'éveil à la sexualité qui ne fait pas dans le banal. Les adolescents nouent une relation complexe pour leur âge, qui n'est pas basée sur un amour mutuel. Les dessins reflètent la candeur et l'innocence des personnages, tout en l'associant à des scènes de sexe explicites mais nullement vulgaires. Les adolescents sont livrés à eux-mêmes et semblent toujours gagnés par une profonde tristesse qui semble impossible à combler. Suite et fin dans le tome 2.

Je lis beaucoup moins de manga qu'avant, mais quand Inio Asano, l'auteur de Bonne nuit Punpun, « Un monde formidable », « le Quartier de la lumière », Solanin, La fin du monde, avant le lever du jour et l'excellent le champ de l'arc-en-ciel, sort une saga en deux tomes, je n'hésite pas trop longtemps à m'y attaquer.

« La fille de la plage » se déroule à Sannaka, une petite ville au bord de mer (jusque-là, rien de surprenant) et invite à suivre les expériences sexuelles en tout genre de deux adolescents paumés (Là, ça surprend déjà plus). Il y a tout d'abord la fille, Koume Sato, qui sort d'une grosse déception amoureuse. Rejetée par Misaki après qu'il ait abusé d'elle, elle se rabat sur Kosuke Isobe, un copain de classe solitaire et mal intégré, qui est amoureux d'elle depuis deux ans. Lui, d'abord frustré de cet amour à sens unique et fâché d'avoir servi de jouet sexuel, décide finalement d'accepter cette relation purement sexuelle en espérant qu'elle finira par tomber amoureuse de lui…

Le sexe proposé par Inio Asano n'est évidemment pas gratuit, mais traduit le mal-être profond de deux adolescents en quête de soi, qui trouvent dans ces expériences charnelles un exutoire à leurs frustrations et à leur mal de vivre. Elle, souffre visiblement d'avoir été rejetée par le playboy du lycée et, à défaut de pouvoir décrocher le gros lot aux yeux de ses copines, elle entame une relation secrète avec celui que tous considèrent comme un tocard. Lui, souffre de la perte de son grand frère et de l'absence répétée de parents absorbés par leur boulot et trouve dans cette relation construite sur l'amertume un moyen de combler ce vide… surtout que dans cette petite ville portuaire trop calme, il est bien difficile de tromper l'ennui.

En mettant à nu les actes sexuels de ses protagonistes, sans aucune forme de romantisme, Inio Asano livre une oeuvre dérangeante, presque malsaine et déprimante. le lecteur met également du temps à comprendre les actes des deux adolescents et tout porte à croire que l'expression de leur mal-être ira encore crescendo lors du tome suivant. Au fil des mois, Sato semble en effet finir par éprouver des sentiments pour Isobe, tandis que ce dernier commence à rechercher un autre exutoire à ses frustrations…

Visuellement, on reconnaît directement le style caractéristique du mangaka. En optant pour un décor portuaire, Inio Asano semble vouloir installer une ambiance calme et mélancolique, presque poétique. En y superposant les paroles crues des deux jeunes, ainsi que des dessins sexuellement explicites, le contraste est encore plus grand. Il est d'ailleurs fort probable que cette oeuvre en choquera plus d'un…

Personnellement, je vais me dépêcher d'aller lire le deuxième et dernier tome de cette excellente saga !
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