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EAN : 9782843375774
428 pages
Anne Carrière (23/09/2010)
4.33/5   184 notes
Résumé :
En 1947, Staline propose aux russes blancs de les amnistier et de revenir au pays. Entre 4000 et 6000 émigrés qui avaient fuit les bolcheviks en 1920 pour s'installer en France vont répondre à cet appel. Ce roman retrace l'épopée émouvante et tragique d'une de ces familles. Elle est inspirée d'une histoire vraie. Marina, l'héroïne, vit dans le sud de la France avec ses 7 frères et soeurs. Leur père est simple jardinier alors qu'il était cadre supérieur en Russie. El... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (43) Voir plus Ajouter une critique
4,33

sur 184 notes
Piégés par Staline.
Quand, en juin 1946, Staline offre l'amnistie aux Russes émigrés à l'ouest et la possibilité de reconstruire le pays, Vladimir Sandansky, émigré en France, répond avec beaucoup d'autres à cet appel et décide de rejoindre Odessa avec son épouse franco-russe et leurs 7 enfants.
A l'instar de milliers d'autres, il croit en l'Union soviétique qui a largement ouvré pour vaincre le nazisme, il espère une vie meilleure que celle d'apatride pauvre et déchu en France, il a surtout envie de retrouver sa terre natale.
Marina, l'ainée, brillante élève, est alors en passe de rentrer à l'université et de se marier avec Marc. Bien que farouchement opposée à ce projet, Marina ne peut que suivre ses parents car elle est mineure et le devoir filial lui fait repousser toutes les manoeuvres proposées par ses amis plus clairvoyants pour fuir ce qu'elle voit comme une corvée.
Faits comme des rats ! C'est l'expression qui sied à la situation que vivent les Sandansky dès qu'ils passent la frontière soviétique à bord d'un train de nuit. Et le pire pour Marina, le pire, c'est qu'ils se sont mis eux-mêmes dans ce bourbier !
Dès leur arrivée en URSS, la vie des Sandansky vire au cauchemar et ils ne devront leur survie qu'à la ténacité et au courage de Marina.
Voici un roman que j'ai lu pratiquement d'une traite, épouvantée par le sort réservé à ces « retournants » ainsi qu'ont été baptisés tous ces russes blancs et ces français mariés à des russes.
Privés de leurs droits civiques, dépossédés de leurs papiers, séparés de leurs familles, ils font tristement connaissance avec le stalinisme. Certains, héros de la Résistance française, sont expédiés au goulag. Piégés, devenus des parias, ils ne reverront jamais la France.
Basé sur des témoignages exhumés tardivement après la chute du rideau de fer, ce roman fait littéralement froid dans le dos et on tremble et pleure avec Marina son amour et sa liberté perdue.
A lire absolument pour tous ceux qui, comme moi, ont beaucoup aimé le film EST-OUEST de Régis Wargnier !
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Mon coup de coeur du mois de février.
Ce livre nous fait découvrir un pan de l'histoire de l'URSS assez méconnu : le retour des russes blancs après la Seconde Guerre Mondiale, à la suite d'un vaste plan de propagande du gouvernement de Staline.
"Pain amer" nous raconte l'histoire de Marina, jeune fille de 17 ans, née en France de parents russes exilés après l'arrivée des bolcheviks au pouvoir en Russie. Marina est heureuse en France, elle poursuit brillamment des études, elle a des amis, elle est amoureuse... Mais un jour, la nouvelle tombe : Staline grâcie les russes exilés et mène une propagande immense pour les faire revenir au pays. Ses motivations ? Main-d'oeuvre, image de l'URSS dans le monde... On ne le sait pas exactement. Toujours est-il qu'on promet à ces russes des conditions de vie bien meilleures qu'ailleurs, du travail partout, bien rémunéré, une maison, des vacances... Et les parents de Marina tombent dans le piège, ils veulent repartir avec leurs 7 enfants, dont pas un ne parle russe. Marina fait tout pour rester en France, elle doit épouser son amoureux, elle est heureuse, elle ne connaît pas la Russie, mais ses parrents sont inflexibles. Elle est mineure, elle est donc obligée de les suivre.
Et bien sûr, tout ne se passera pas comme ils l'avaient souhaité. le voyage se fait dans des wagons de marchandise, on ne leur donne presque rien à manger, entre 2 trains, ils sont logés dans d'anciens camps de concentration. L'alarme intérieure de Marina ne cessera de lui envoyer des alertes, pourtant ils iront jusqu'au bout et découvriront la réalité russe. Bien sûr, il y a du travail, mais les salaires sont très maigres. de plus, toutes les denrées sont rares et extrêmement chères, tout est rationné. Marina et sa famille vont devoir voler du bois pour survivre à leur premier hiver, sans savoir que s'ils s'étaient fait prendre, ils auraient terminé dans des camps de travail en Sibérie (au mieux). Marina est malheureuse et veut retourner en France. Sa mère tombe malade, peut-être de culpabilité d'avoir amené ses enfants dans cet enfer.
Au fur et à mesure, pourtant, leur vie va s'améliorer, rien à voir avec ce qu'ils avaient connu en France, mais ils vont se faire à cette vie russe. Marina va devoir oublier ses rêves de carrière dans le professorat, elle fera des études d'ingénieur agronome, c'est ça ou rien. Ils devront tout oublier de leur vie en France pour réussir à s'intégrer.
Dès le début, on sait que Marina ne retournera jamais en France, pourtant on ne peut pas cesser d'espérer qu'elle y arrive. Car dans ce livre, à quoi se raccrocher d'autre ? Tout parait si sombre, si terrible que le moindre petit bonheur, comme trouver des orties et s'en faire une soupe, devient une joie immense.
On a tous entendu parler des conditions de vie en URSS, mais là, j'avais l'impression de lire une vie gâchée, on rentre dans les détails, on s'attache à cette héroïne de papier, on souffre avec elle. Cela nous rend vrai tout ce qui s'est passé (paradoxal que L Histoire ne m'ait pas donné cette impression, mais que ce soit un roman qui me la donne, non ?).
J'ai souffert, j'ai pleuré, j'ai souri, souvent amèrement avec "Pain amer". Et j'ai eu grand peur que l'espoir en soit totalement absent. Malgré tout, une lueur apparaît à la fin. Non, Marina ne rentre pas en France, mais on voit un fil ténu d'espoir se tisser à la fin.
J'ai aimé que l'auteur ne raye pas tout espoir d'une vie meilleure dans ce livre, car il m'a déjà bien assez remuée comme ça. Et c'est une grande leçon de vie que nous donne Marine : même quand tout semble sombre, il faut toujours trouver quelque chose à quoi se raccrocher pour essayer d'être heureux malgré les circonstances. C'est toujours possible.
Je ne peux donc que vivement le conseiller, on apprend des tas de choses, et on en ressort, pas tout à fait changée, mais peut-être pas tout à fait pareil.
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En 1946, Staline amnistie et invite les Russes blancs, monarchistes ayant fui le bolchévisme, à rejoindre l'Union soviétique.
La famille Sandansky vit en France depuis les années vingt, notamment Vladimir et sa femme Alice. Installés sur la côte d'Azur en 1938, ils vivent à Vence avec leurs sept enfants tous nés en France. Marina est l'aînée, elle mène une existence sans histoire, son adolescence a été marquée par la guerre, mais elle s'apprête à passer son bac et à poursuivre de brillantes études, quand son père cède aux sirènes de la propagande stalinienne, pensant rejoindre enfin la Crimée natale et s'installer dans la ville d'Odessa. Comme toutes les adolescentes, Marina est amoureuse et n'est guère enchantée par l'engouement paternel, mineure elle se plie cependant à son autorité, abandonne Marc et monte dans un train de la gare de Nice le 10 Octobre 1947, persuadée qu'elle reviendra bientôt reprendre ses études et retrouver Marc qui lui a promis de l'attendre. Si le voyage commence bien, il tourne rapidement au cauchemar et leur apprend vite à perdre leurs rêflexes bourgeois. Et quant à l'arrivée et à l'installation au paradis du socialisme, n'en parlons même pas !

Je vous passe le détail des multiples réjouissances que vont rencontrer la famille Sandansky. Pendant que la mère s'enfonce dans la dépression et que le père trime pour quelques kopecks, Marina s'occupe de ses nombreux frères et soeurs, bravant le froid, la faim et les humiliations, elle prend vite conscience qu'elle n'est plus française et qu'un rideau de fer la sépare dorénavant de Marc. Elle deviendra une citoyenne soviétique contrainte et forcée sans jamais oublier d'où elle vient, ni celui qu'elle aimait.

Si le sujet prête au romanesque, j'avoue que j'ai trouvé le ton de ce récit un peu trop mélodramatique puisque principalement centré sur la narration de l'adolescente. Il n'en reste pas moins que cette page d'histoire est véridique et que le devenir de ces Retournants est tragique. Une grande majorité d'entre eux n'a pas supporté le retour et a succombé au triste sort que leur a réservé l'URSS en ruines de l'après-guerre, seule une petite minorité a réussi à s'adapter. Ce livre a le mérite de leur rendre hommage.

Je dédis ce billet à la mémoire d'une vieille aristocrate russe, cliente du magasin de mes parents dans les années 60, qui vivait dans une chambre de bonne dans notre rue. C'est elle qui m'a fait découvrir l'église orthodoxe de la rue Daru et m'a bercée des mots de Boris Pasternak, prix Nobel l'année de ma naissance et décédé le jour de mon anniversaire. Elle devait y voir un signe car elle m'aimait beaucoup et m'a fait cadeau d'une petite icône en bois que j'ai encore. J'ai toujours au fond de moi l'écho de son accent slave et de ses rrrrrrrrr.... Ma fascination pour ce pays viendrait-elle de là, ça se pourrait bien !

Lien : http://moustafette.canalblog..
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Pain Amer de Marie Odile Ascher est son premier roman fondé sur des documents historiques.
Ce roman,captivant,trouvé par hasard à la Médiathèque,m'a fait découvrir un épisode de l'histoire du20° siècle que j'ignorais.
A partir d'octobre 1917 ,(mais cela on le savait) ,de nombreux Russes dits Blancs
se réfugient en France et s'y installent,surtout dans le Sud,....
Mais le 14 juin1946,Staline propose á ces exilés de les amnistier s'ils rentrent en
URSS.......
Le voyage est offert et un emploi est garanti sauf que......On les appelle ( les Retournants) .
Mais tous leurs rêves d'avenir vont s'effondrer...
L'auteur raconte d'une façon haletante et dramatique,avec un vocabulaire simple,fluide,agréable à lire,le quotidien de cette famille qui va souffrir de la faim, du froid,de la promiscuité.....
C'est un livre bouleversant qui permet d'imaginer le destin tragique des Retournants,
Je le conseille fortement,...Je n'en dis pas plus.
En plus,il y a une grande histoire d'amour entre Marc et Marina,une histoire
contrariée....Lisez- le, amis Babeliotes.!
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Bien que d'une façon générale je déteste l'Histoire contemporaine, je porte tout de même un grand intérêt à tout ce qui concerne l'Histoire de l'URSS et à sa terrible expérience du communisme. Aussi lorsque je suis tombée par hasard sur Pain amer, le résumé m'a tout de suite attirée.

Pain amer raconte l'histoire d'une famille d'exilés russes ayant fuit la révolution de 1917 et qui décide de repartir s'installer au pays sur l'appel de Staline en 1946. Bien entendu à l'époque, la propagande soviétique battait son plein et faisait tout pour faire croire à son modèle paradisiaque de société égalitaire.
C'est là qu'a été ma principale difficulté en lisant ce livre. Sachant pertinemment ce qui attendait cette malheureuse famille une fois de retour en Russie, je n'arrivais pas à prendre le recul nécessaire pour les comprendre et je ne pouvais pas m'empêcher de pester contre leur crédulité.
Oui mais voilà … n'aurais-je pas fait pareil à leur place ? N'aurais-je pas voulu revoir les paysages dans lesquels j'ai grandi ? Retrouver mes racines, les quelques membres de ma famille restés là-bas ?

Pour ma défense, il faut savoir que toute l'histoire est racontée par Marina qui, elle, a grandi en France, ne parle absolument pas le russe et ne connaît quasiment rien de sa culture d'origine. Aussi par l'emploi de la première personne pour la narration, le lecteur s'identifie obligatoirement à elle et adopte inconsciemment son point de vue. Et on ne peut donc que pester contre la naïve obstination des parents et le comportement de la mère qui, anéantie, se laisse complètement aller.
Quant à Marina elle-même, elle est le personnage typique de l'adolescente héroïne qu'on rencontre dans de nombreux romans, elle est intelligente et en plus, elle est forte au point qu'elle prend sa famille en charge à la place de sa mère.
Bref, en ce qui concerne les personnages, je n'ai pas réussi à les prendre en sympathie malgré ce qui leur arrive.

Ce qui m'a finalement le plus intéressée ce sont les descriptions de la vie quotidienne sous le régime stalinien : le froid, la faim, la lutte pour survivre, le fait de constamment se méfier des autres et de contrôler ses moindres paroles et ses actes, être confronté à un système qui se prétend égalitaire mais qui privilégie les membres du parti etc… La famille en est réduite aux pires extrêmes, se contenter d'eau chaude comme simple repas pendant des jours et des jours, aller mendier des croutons de pain rassis, se contenter de hérisson bouilli comme seule viande, ne pas pouvoir se laver pendant des mois. le tableau brossé par l'auteur est vraiment abominable et pourtant la famille se bat et s'adapte. Elle s'adapte d'ailleurs tellement bien qu'elle finit par s'en sortir assez bien et j'ai trouvé ça assez étonnant voire décevant comme fin. Mais leur exemple montre bien que pour s'en sortir au mieux dans un tel système est d'y obéir aveuglément et de « respecter les règles du jeu ». Il ne faut cependant pas oublier que le cas de la famille de Marina est une exception et que la plupart des exilés rentrés n'ont pas survécu à leur première année sur le territoire russe.
En parallèle de tout ça, j'ai aussi trouvé que l'histoire d'amour perdu n'apportait pas grand chose à l'ensemble. C'est touchant certes mais pas assez fort encore pour susciter en moi quelque émotion. Surtout que face à la dureté des conditions de vie décrites, il est difficile de se laisser attendrir par une amourette.

Je ne voudrais pas décourager les personnes qui voudraient lire Pain amer et ça m'attriste de constater que de mon avis ressort plutôt un sentiment négatif. Je pense que je n'aurais pas du lire ce roman juste derrière Folie d'une femme séduite. Ce qui fait que je suis plutôt mitigée. J'aurais certainement plus apprécié ma lecture dans d'autres circonstances car ce roman est un bon roman par son sujet, par le style et par le réalisme historique. Donc j'aurais plutôt tendance à le conseiller. Dommage que, pour ma part, je n'ai pas accroché plus que ça.

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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Après ces confidences, dans le train qui me ramenait chez moi, j'ai réfléchi au passé de notre famille - familles de Russes blancs émigrés dans le Sud de la France puis revenus au pays natal, pour certains, et de Russes demeurés sur place et ayant subi la tourmente stalinienne, pour d'autres-, et j'ai ressenti une bouffée d'orgueil. Mes parents, mes frères et soeurs et moi-même avions toutes les raisons d'éprouver de la fierté ce de ce que nous étions devenus, en dépit des difficultés et des douleurs traversées. Nous pouvons dire que nous avons réussi.
Quant à moi, la fierté -justifiée- d'avoir accompli tout ce chemin reste teintée d'un fond d'amertume. Le sentiment de la perte de mon destin français demeure, malgré mes efforts pour accepter l'existence qui m'a été imposée. Il m'arrive encore de ressentir une douleur sourde quand je pense à ma jeunesse française.
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Je n'avais pas déniché le moindre bout de savon, j'avais également cherché en vain du sel. Par contre, j'ai fait l'acquisition d'un unique morceau de sucre. Une très vieille femme engoncée dans des lainages le proposait, sur un petit carré de papier blanc posé sur sa paume ouverte.
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"Chers amis, soyez les bienvenus dans votre patrie, me traduisit papa à voix basse. Elle vous accueille à bras ouverts...Mes chers compatriotes..., vous êtes à nouveau chez vous... vous avez fait le meilleur choix possible pour vous et vos familles... Vos enfants vous en seront éternellement reconnaissants... Chers camarades... vous retrouverez toute votre place en URSS... Vous saurez le bonheur de participer à la reconstruction de votre patrie..."
Papa en bégayait d'émotion.
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Un jour, Katia, la plus bavarde, nous a raconté que sa soeur et elle avaient offert leur appartement de Lyon à l'ambassade d'Union soviétique, un grand appartement de six pièces, dans un bel immeuble en pierre de taille donnant sur la place Bellecour.
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Je n'en croyais pas mes yeux : je me trouvais sur le sol de l'Union soviétique, communiste et athée, en 1947, et j'assistais à un office religieux dans une église bondée !
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