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Critique de zikline


Mon coup de coeur du mois de février.
Ce livre nous fait découvrir un pan de l'histoire de l'URSS assez méconnu : le retour des russes blancs après la Seconde Guerre Mondiale, à la suite d'un vaste plan de propagande du gouvernement de Staline.
"Pain amer" nous raconte l'histoire de Marina, jeune fille de 17 ans, née en France de parents russes exilés après l'arrivée des bolcheviks au pouvoir en Russie. Marina est heureuse en France, elle poursuit brillamment des études, elle a des amis, elle est amoureuse... Mais un jour, la nouvelle tombe : Staline grâcie les russes exilés et mène une propagande immense pour les faire revenir au pays. Ses motivations ? Main-d'oeuvre, image de l'URSS dans le monde... On ne le sait pas exactement. Toujours est-il qu'on promet à ces russes des conditions de vie bien meilleures qu'ailleurs, du travail partout, bien rémunéré, une maison, des vacances... Et les parents de Marina tombent dans le piège, ils veulent repartir avec leurs 7 enfants, dont pas un ne parle russe. Marina fait tout pour rester en France, elle doit épouser son amoureux, elle est heureuse, elle ne connaît pas la Russie, mais ses parrents sont inflexibles. Elle est mineure, elle est donc obligée de les suivre.
Et bien sûr, tout ne se passera pas comme ils l'avaient souhaité. le voyage se fait dans des wagons de marchandise, on ne leur donne presque rien à manger, entre 2 trains, ils sont logés dans d'anciens camps de concentration. L'alarme intérieure de Marina ne cessera de lui envoyer des alertes, pourtant ils iront jusqu'au bout et découvriront la réalité russe. Bien sûr, il y a du travail, mais les salaires sont très maigres. de plus, toutes les denrées sont rares et extrêmement chères, tout est rationné. Marina et sa famille vont devoir voler du bois pour survivre à leur premier hiver, sans savoir que s'ils s'étaient fait prendre, ils auraient terminé dans des camps de travail en Sibérie (au mieux). Marina est malheureuse et veut retourner en France. Sa mère tombe malade, peut-être de culpabilité d'avoir amené ses enfants dans cet enfer.
Au fur et à mesure, pourtant, leur vie va s'améliorer, rien à voir avec ce qu'ils avaient connu en France, mais ils vont se faire à cette vie russe. Marina va devoir oublier ses rêves de carrière dans le professorat, elle fera des études d'ingénieur agronome, c'est ça ou rien. Ils devront tout oublier de leur vie en France pour réussir à s'intégrer.
Dès le début, on sait que Marina ne retournera jamais en France, pourtant on ne peut pas cesser d'espérer qu'elle y arrive. Car dans ce livre, à quoi se raccrocher d'autre ? Tout parait si sombre, si terrible que le moindre petit bonheur, comme trouver des orties et s'en faire une soupe, devient une joie immense.
On a tous entendu parler des conditions de vie en URSS, mais là, j'avais l'impression de lire une vie gâchée, on rentre dans les détails, on s'attache à cette héroïne de papier, on souffre avec elle. Cela nous rend vrai tout ce qui s'est passé (paradoxal que L Histoire ne m'ait pas donné cette impression, mais que ce soit un roman qui me la donne, non ?).
J'ai souffert, j'ai pleuré, j'ai souri, souvent amèrement avec "Pain amer". Et j'ai eu grand peur que l'espoir en soit totalement absent. Malgré tout, une lueur apparaît à la fin. Non, Marina ne rentre pas en France, mais on voit un fil ténu d'espoir se tisser à la fin.
J'ai aimé que l'auteur ne raye pas tout espoir d'une vie meilleure dans ce livre, car il m'a déjà bien assez remuée comme ça. Et c'est une grande leçon de vie que nous donne Marine : même quand tout semble sombre, il faut toujours trouver quelque chose à quoi se raccrocher pour essayer d'être heureux malgré les circonstances. C'est toujours possible.
Je ne peux donc que vivement le conseiller, on apprend des tas de choses, et on en ressort, pas tout à fait changée, mais peut-être pas tout à fait pareil.
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