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Critique de Arthemyce


La plupart du temps, Asimov a une écriture plutôt accessible, fluide, ce qui rend la lecture plaisante par l'effort réduit qu'elle nécessite (bien qu'on puisse aussi trouver son plaisir dans la difficulté). Dans cet opus, c'est un peu particulier, car on a l'impression d'un livre rédigé en deux phases d'écritures bien distinctes.

Cailloux Dans le Ciel sort, par les ficelles qu'il utilise, un peu de ce à quoi Asimov a habitué ses lecteurs avec les cycles des Robots et de Fondation. Sans rien dévoiler de l'intrigue – ce que j'éviterai tout au long de cette note – l'utilisation du voyage dans le temps, même s'il ne représente qu'une infime part du récit, est plutôt particulière pour un auteur si attaché à la Science et sa rigueur. Je vais tout de même m'y attarder un peu, car ça me chiffonne toujours ces gens qui voyagent uniquement dans le temps, sans contrainte d'espace visiblement.

Dans le cas présent, c'est Joseph SCHWARTZ qui, en un battement de cil, voyage de Chicago, 1949, a une époque très lointaine dans le futur, où comme le dit le dicton très « empirique » de cette époque avancée, tous les chemins mènent à Trantor. Mon problème avec ça (comme avec la saga autour de Dr. Brown et Marty McFLY), c'est qu'un voyage dans le temps, si on veut être un minimum rigoureux malgré des postulats de départ ambitieux, devrait fondamentalement être un voyage dans l'espace-temps. Je m'explique.
La terre tourne autour du soleil, le soleil autour du centre galactique et ce centre galactique est lui-même animé d'un mouvement dans l'univers... Donc, si on se déplace uniquement dans le temps, à fortiori, la Terre elle, a continué de se déplacer dans l'espace(-temps ! ). Imaginons que j'ai les moyens de sauter six mois dans le futur (ou dans le passé peu importe), honnêtement je ne le tenterai pas, car indubitablement, le seul endroit où je pourrai me retrouver, serait dans le vide de l'espace, mais certainement pas sur la Terre, qui sera à ce moment-là à l'opposé de son orbite. Et même si je choisissais un voyage d'un an exactement (toujours uniquement dans le temps), et que la Terre se retrouvait exactement à la même position par rapport au soleil, ledit soleil lui, se sera déplacé sur son orbite galactique (et la Terre avec lui) d'environ 42 U.A. (Unité Astronomique : distance Terre-Soleil, soit 150 Millions de kilomètres) donc, là encore, je me retrouverai sans doute dans le vide spatial.
Bref ! Vous l'aurez compris, les voyages temporels ne sont pas ma tasse de thé en matière de S.F., à contrario des voyages spatio-temporels. Mais bon, il faut faire des concessions : on est quand même en train de lire une histoire se déroulant à un stade où l'humanité maîtrise à ce point la conquête spatiale que la voie-lactée entière est colonisée et qu'un empire galactique la régie de manière "représentative" ; cela nécessite un peu d'indulgence et de bon vouloir... J'arrête là sur ce sujet.

Je parlais de fluidité en introduction - et du coup j'espère ne pas vous avoir barbé avec ce pinaillage spatio-temporels.
Je dois dire que je me suis posé la question d'aller ou non au bout de ce livre. le premier tiers (environ), est vraiment lent, long et globalement flou. Les personnages et éléments de l'intrigue sont présentés d'une manière qui ne m'évoque que le tâtonnement, l'incertitude quant à la manière de faire. C'est peut-être – ou sûrement ? – volontaire de la part d'Asimov, mais je ne comprends pas la manoeuvre car c'est assez démotivant.
Déjà le contexte de départ – le fameux saut temporel d'un tailleur à la retraite – m'avait quelques peu perturbé, mais les premiers développements m'ont vraiment laissé un goût amer de labyrinthe artificiel. On a du mal à saisir ce qui se passe, qui sont les personnages et les enjeux : on passe du coq-à-l'âne entre chaque chapitre mais on sent bien que toutes les informations sont utiles et qu'il faut les retenir pour la suite, sans lien clairement apparents.

J'ai persisté car je n'en suis pas à mon premier Asimov, j'aime globalement ce qu'on peut considérer être un « univers étendu », ayant lu ses deux cycles majeurs et les deux précédents opus du cycle de l'Empire. Aussi quelques commentaires sur Babelio m'auront incité dans l'effort, merci au passage.

Grand bien m'en a pris ! Quand tout se décante, que l'aventure prend son essor, là on retrouve notre cher Isaac ! Les péripéties et les rebondissements abondent, c'est vivant et l'environnement est décrit suffisamment mais sans excès pour une immersion réussie pour ma part. A suivre les personnages, on les découvre dans leur complexité ; elle n'est pas faramineuse mais amplement suffisante pour ne pas laisser indifférent. C'est léger, agréable à lire, digeste comme du Asimov classique.
La tension va croissante de même que le rythme qui l'accompagne et le dénouement satisfaisant de l'intrigue se dévoile en se dévorant. Si j'ai mis plus d'une semaine a péniblement atteindre la page 75, il m'aura fallut moins d'une journée pour terminer les 175 restantes.

Ce troisième et dernier « tome » du cycle de l'Empire vient étoffer un peu plus l'univers d'Asimov, c'est une complexion supplémentaire dans la fresque historique dressée par cet auteur incontournable de la Science-Fiction. Livre indispensable ou non, pour moi la question n'est ici pas pertinente : il n'est ni le meilleur, ni le moins bon d'Asimov, c'est une pierre de plus qui se laisse un peu désirer au premier abord.
Je ne le relirai pas forcément, mais j'ai finalement passé un bon moment. Je pense aussi que la lecture m'aurait été plus agréable encore si, dès le début, j'avais su qu'il fallait donner un peu de soi pour rentrer dans l'histoire avant que celle-ci ne s'envole.

Globalement, concernant le cycle de l'Empire, je ne regrette pas ma lecture. Place maintenant au prélude et à l'aube de Fondation.
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