— Au diable la bêtise humaine ! Il se peut que je sois un fantôme, mais Dieu sait que je n'essaie pas de vous hanter. Ce serait vous accorder plus d'importance que vous n'en avez, mon ami. Comprenez-moi bien. Je suis venu pour parler affaires.
— Affaires juridiques ?
— Précisément. Le fait que j'aie succombé jadis à une mort violente et que j'aie été contraint de poursuivre mon existence sur le plan astral ne veut pas dire que j'aie perdu mes droits civiques. N'est-ce pas ?
("Bon sang ne saurait mentir" - collaboration avec Fred Pohl)
C'est une chose de voir Jupiter se détacher, froid et dur, contre le noir d'ébène de l’espace. A plus d'un million de kilomètres de distance, il semble déjà assez majestueux. Mais sur Ganymède, au ras des collines, sa silhouette adoucie et rendue très légèrement floue par l'atmosphère raréfiée, brillant d'un éclat velouté dans un ciel pourpre où seules quelques étoiles fugitives osent faire concurrence au géant, il ne saurait être décrit par aucun assemblage de mots.
("Non définitif !" - 1941)
Bon, et maintenant, dites-moi ce que vous me voulez, et la réponse est non.
Graham Dorn se surprit à penser - et ce n'était pas la première fois que ça lui arrivait - qu'il y a un certain risque à jurer qu'on se jetterait au feu pour une fille, quelque ardente que soit la passion qu'elle vous inspire. Il arrive qu'elle vous prenne au mot, la garce.
Oh ! chéri ! quelle chance que l'amour soit un sentiment irrationnel ! Il me semble que si je me mettais à penser, je me trouverais complètement folle.
Entre le moment où je passais les examens et le moment où les résultats furent connus, je réussis à écrire Victory Unintentional. C’était un récit de robot positronique qui devait donner suite à Nightfall (qui n’était pas, lui, un récit de robot positronique). De toute évidence, j’essayais d’exploiter au maximum l’idée des “feuilletons” dans l’espoir que cela me garantirait un écoulement plus facile de ma production littéraire.
Je soumis la nouvelle à Campbel le 9 février 1942, et, si tant est que je le croyais incapable de refuser un récit constituant un épisode de feuilleton, je perdis bien vite mes illusions. Nightfall et la série des Fondation ne l’impressionnaient pas au point qu’il se crût obligé de prendre des gants pour me signifier son refus.
Le 13 février, le jour même où j’entrais dans le cercle restreint de ceux qui avaient le droit d’entreprendre des recherches en laboratoire pour leur doctorat, mon enthousiasme fut quelque peu refroidi lorsque je reçus par la poste Victory Unintentional, accompagné d’une note assez sibylline de refus qui consistait, en tout et pour tout, en la formule suivante :
CH3C2CH2CH2SH
Campbel savait très bien que c’était la formule chimique du butyle “mercaptan”, qui donne aux putois leur odeur particulière, et je le savais très bien aussi, et Campbel savait très bien que je le savais…
- Ne faites pas attention à lui, dit MacDunlap. Il est capricieux. Vous connaissez les écrivains.
- Ne faites pas attention à lui, dit Graham. Il est micro-céphale. Vous connaissez les éditeurs.
- Dans ce cas, laissez-moi seulement faire une déclaration, dit-il. Le système solaire cessera d'exister à exactement 2 heures 17 minutes et 30 secondes cet après-midi.
Sa déclaration fit l'effet d'une bombe.
Mon cher ami, j'ai toujours existé. L'existence est quelque chose de tellement subjectif. Il suffit que quelqu'un croie à l'existence d'une chose pour que cette chose existe. J'ai existé dans votre imagination, par exemple, dès le jour où vous avez pensé à moi pour la première fois.
(p171, Auteur! Auteur!)
Vous savez, il est curieux que malgré les progrès considérables que nous avons fait faire à la science au cours des deux derniers siècles, nous n’ayons percé le mystère de l'origine des rayons cosmiques, ni celui, tout aussi étrange, de l’explosion des étoiles.