Plusieurs centaines d'années après l'effondrement de l'empire galactique, la Fondation a toujours comme tâche de faciliter son retour. Un épisode, la montée en pouvoir d'un tyran, a failli tout faire dérailler mais l'intervention d'une Seconde Fondation, secrète, y a mis fin avant de disparaitre. Est-elle détruite ou simplement retombée dans l'anonymat? Les dirigeants de la Première Fondation, remis, s'inquiètent de cette « concurrente ». La psychohistoire sur laquelle elle s'appuie, une discipline scientifique créée par Hari Seldon, constitue sa raison d'être : tout a été prévu, il faut laisser les événements suivre leur cours. Mais, si la montée du tyran avait été pensée, faisait partie du plan prévu, l'intervention de la Seconde Fondation n'est-elle pas dangereuse? Ses actions ne risque-t-elles pas de changer le cours des événements et de retarder (de mille ans, de dix mille ans) le retour de l'empire galactique?
C'est sur cette prémisse que commence le quatrième tome du cycle, intitulé Fondation foudroyée. le maire de la Première Fondation donne comme tâche à Trevize de retrouver la Seconde Fondation. On dit qu'elle n'existe plus mais comment être certain, puisqu'elle a vécu dans l'anonymat pendant des centaines d'années. Seulement, pour éviter les soupçons, on donne à l'explorateur une mission qui sert de couverture : retrouver la Terre, la planète d'origine. On lui adjoint un scientifique, Pelorat. Et rapidement, les deux missions s'entremêlent.
L'idée de base est intéressante. Les deux Fondations qui luttent l'une contre l'autre, la recherche des origines. Toutefois, comme dans beaucoup de romans de ce genre, la science-fiction, les idées les plus innovatrices ne sont pas toujours desservies par les plus belles plumes. Et c'est le cas d'
Isaac Asimov, selon moi. Son écriture n'est pas mauvaise, mais elle ne se démarque pas non plus. Sa trame narrative se déroule trop lentement, les dialogues sont interminables. Peut-être était-il impossible de faire autrement, avec tout ces concepts compliqués qu'il parvient à merveilleusement bien vulgariser (chapeau!)? Peut-être que si ces dialogues s'étaient déroulés en même temps que des scènes plus vivantes. Je ne pense pas à des scènes d'actions entremêleées, mais des occupations comme des repas, des exercices de tir, n'importe quoi. Trois aspects particuliers m'ont également déplu, ne serait-ce que légèrement.
D'abord, les lieux ne sont pas suffisamment décrits. C'est un roman de science-fiction qui se déroule dans l'espace et sur d'autres planètes. J'aimerais savoir à quoi celles-ci ressemblent. Sont-elles désertiques ou océaniques, le ciel est-il bleu, la végétation est-elle similaire à celle sur Terre, pareillement les espèces animales, etc. Et si la réponse est oui, ce serait décevant. Là où l'auteur s'épanche, c'est sur les êtres humains rencontrés. Par exemple, sur Gaïa, même s'ils ressemblent physiquement aux explorateurs, quelque chose cloche. S'agit-il de robots? Non, bien sûr, mais le doute persiste. Et leur organisation sociale est complètement différente. Une sorte d'harmonie planétaire, d'interrelation. Pareillement pour l'organisation politique sur les deux Fondations, assez bien détaillée.
Ensuite, les personnages semblent compartimentés, ne vivent que pour leur utilité dans l'intrigue. Sont-ils tous célibataires, sans attaches? Aucun n'a de famille (de conjoint(e), d'enfants, de parents) ou d'amis qui pourraient les influencer dans leurs choix. Je ne souhaiterais pas que l'auteur étire davantage son roman avec des tranches de vie, du moins pas pour tous les personnages, mais ça ajouterait un peu plus de crédibilité si quelques uns semblaient préoccupés par l'opinion de leurs proches, attristés par leur éloignement, ou à la façon dont le dénouement de la crise des Fondations pourrait les affecter. N'importe quoi!
Enfin, la psychohistoire est un concept original, comme je l'ai écrit plus haut. Mais, en même temps, il tue (en partie) l'intérêt qu'on peut porter aux personnages, les émotions qu'on pourrait ressentir à leur endroit. Quoiqu'ils fassent, qu'ils réussissent ou échouent, tout servira le plan de Hari Seldon et favorisera l'émergence d'un Second Empire. le libre arbitre, les « choix » des personnages, ils ont été prévus. Et je continue à émettre des doutes sur la faisabilité de tout prédire dans une galaxie de plusieurs milliards d'individus (des centaines de milliards). Comment tous les destins individuels peuvent être calculés avec précision sur des milliers d'années. On peut bien me répondre que c'est précisément le cas, qu'il y a une démarche scientifique derrière tout ça. Quoique fasse les individus isolément, leur impact finit toujours par se fondre avec celui de leur société donc… Dans tous les cas, en attendant, ça procure un divertissement agréable.