Remontée des profondeurs de ma cave, les 73 premiers numéros de la revue
Métal Hurlant, comme neufs, reposant depuis plus de 40 ans dans des boites d'archive qui les tiennent à l'abri de la lumière de la poussière et des sagouins aux mains sales.
Après avoir chaussé des gants de protection, je me saisi du N°2 (je ferai le N° 1 une prochaine fois car il a déjà été chroniqué ici même par El Gato Malo)
Le Numéro 2 était attendu avec fièvre par les lecteurs du N° 1, et trois mois plus tard, la magie opère à nouveau. Nous sommes rentrés dans l'ére de MH. L'édito de
Philippe Druillet insiste sur la performance remplie par l'équipe qui a tenu et tiendra ses engagements, un magazine de BD nouveau, novateur, tourné vers l'avenir et la fiction.
Le clou de ce N° 2 est Harzak de Moebius une histoire molle dessinée sur des à plats de couleur qui fait toujours aujourd'hui figure de référence pour le Fan de BD quelque soit sa génération.
Voir, en pleine page, ces deux faux ptérodactyles fuyant un ciel d'orage orange et survolant une pampa d'algues vertes aux mouvements sinueux, inquiétants et maladifs est encore aujourd'hui une expérience inoubliable.
L'un des animaux est chargé comme un âne, l'autre est chevauché par Harzak le terrien funèbre à la tête recouverte d'une étrange coiffure, et portant une cape rouge sur ses épaules.
Là, sous nos yeux, le drame se déroule. Les algues happent le chargement, Hazark éperonne sa monture pour la faire voler plus haut et furieux lance une pièce d'or vers les herbes nauséabondes.
L'aventure n'est pas finie pour notre héros. A l'horizon il aperçoit les restes d'un aqueduc, une arche de pierre, perdue au milieu des algues qui continuent d'ondoyer vers ce qu'elles croient être leur prochaine vicitme.
Hazark va se poser sur l'arche, mais elle est occupée par un monstre mi gorille, mi dragon, mi humanoide pas associé. Hazark feinte. Il fait tournoyer son volatile autour du vestige et saute dessus face au monstre pour le défier. Lorsque ce dernier veut se saisir de lui, il saute dans le vide pour se retrouver sur son oiseau. Emporté par son élan le monstre se raccroche in extremis au bord du précipice et finit par y tomber.
Hazark jouit de sa victoire sur son morceau de béton, seul au milieu d'une étendue d'algues ondoyantes alors que le soleil se couche.
Une histoire en couleur, sans paroles, donnant au récit la profondeur d'un conte absurde, grâce à la magie des couleurs, la force du dessin, et l'expression des personnages, même celle des algues ondoyantes. On ne se lasse pas de lire (?) et relire ces planches sorties de l'imagination de Moebius.