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Citations sur Aussi riche que le roi (20)

Ce serait comme ça qu'elle marcherait vers lui le jour de leur mariage, un bouquet de roses blanches dans les mains, une ribambelle d'enfants tenant sa traîne; ce serait comme ça qu'elle marcherait toute la vie maintenant.
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Mais il ne voyait pas l’éclatante vérité : les chaînes qui nous ligotent, il vaut mieux les porter autour du poignet, en plaqué or. (p.204)
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Tout, chez Driss, c'était l'argent ; sa langue, c'était l'argent, et pourtant Sarah avait oublié l'argent - le sujet de l'argent. Il y avait longtemps qu'elle n'avait plus rêvé de sa future villa à Afna Supérieur, avec des couronnes, des diamants sur le sol. Sa grande piscine couleur de ciel, la cognac dans les verres en cristal, les domestiques à renvoyer, le mariage en caftan fait de fils d'or sur les plateaux de cuivre au son des darboukas, elle les avait oubliés. Maintenant, l'horizon, c'était la peau.
C'était ce qu'elle avait pensé après les paroles de Chirine : que son horizon, maintenant, ce n'était plus l'argent, que c'était devenu la peau, leur peau à tous les deux puisque sa peau à elle, c'était sa peau à lui et vice versa. Ça n'avait l'air de vouloir rien dire comme ça, mais lorsqu'on a marché tous les jours de sa vie avec sa seule peau à soi, sa peau à soi seule dans les rues, dans les marchés noirs de monde, les bidonvilles, le poing serré, toujours prête à courir ou à insulter et que, du jour au lendemain, on se retrouve avec une autre peau constamment à côté de soi, dans le calme d'une petite maison près de l'eau qui ondule, une peau qui ne dit rien, qui joue au 1000 bornes, qui accepte, qui n'exige pas et qui donne, alors on ne sait plus comment faire pour vivre comme avant, sous sa peau de solitude - elle ne suffit plus. On ne sait même plus faire sereinement un pas près de l'autre dans la turbulence du dehors. A force d'être là, tous les jours, silencieux à côté d'elle, Driss était devenu l'air et il était aussi le sol.
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Vraiment, ma fille, c'est comme ça ici comme c'est partout, dans ce pays ; il y a toujours quelqu'un qui est là pour te dominer. Dominer, je te jure, on dirait que c'est la langue nationale. Moi, si j'étais à ta place, si j'avais le passeport, je prendrais un avion, j'irais en France. Il paraît que, là-bas, tous les gens sont égaux. Tu te rends compte ? Là-bas, les gens sont égaux.
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La fois suivante, c'était à La Notte. Yaya était passé la prendre dans un taxi - parfois, il avait un taxi. C'est à un frère, il disait, on fait ness-ness - ça signifiait moitié-moitié, et c'était aussi comme ça qu'on appelait les cafés au lait. Depuis que Sarah avait compris que les garçons payaient des cafés à l'infini pour qu'elle reste assise devant leurs yeux à une table du Campus, elle commandait un ness-ness après l'autre, les buvant d'un trait pour immédiatement agiter la main vers le serveur et relancer fièrement : un ness-ness ! Pour le dire bien, il fallait n'en prononcer que les consonnes, ce qui demandait de la violence, un mouvement sec de la tête, comme un guépard sur le qui-vive, un guépard qui, soudain, sortait une langue de serpent fendue à l'extrémité, et attaquait, sifflant : un ness-ness. Elle répétait frénétiquement le jeu, inépuisable. En face, le garçon la regardait gesticuler ainsi, vider la tasse, lever le bras avec empressement, tapoter la table sale de ses doigts impatients, irritée jusqu'à, enfin, l'arrivée d'un nouveau ness-ness et la reprise instantanée du petit cirque. Quand l'envie de vomir commençait à la prendre et qu'elle demandait de la Sidi Ali, la conversation pouvait commencer.
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Mais il ne voyait pas l'éclatante vérité: les chaînes qui nous ligotent, il vaut mieux les porter autour du poignet, en plaqué or.
Folio p. 254
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Elle n'en connaissait pas d'autres, de fille de seize ans, qui soldaient leur ventre comme elle, y faisaient pousser des enfants pour faire dévier les lignes de leur vie misérable. Yaya avait rigolé - arrête tes conneries. T'es loin d'être la seule, petite.
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Quand Driss avait proposé, plus tard, de la raccompagner chez elle à moto, elle avait accepté. Il avait dit: et ton père ? Elle avait dit: y a pas de père. Devant le grillage du bidonville, il avait eu un mouvement de stupeur et puis il n’avait plus rien dit. Entre eux, la vérité s’était installée comme ça, comme une feuille en aiguille qui tombe avec le vent sur une dalle en pierre qu’on ne ramasse pas.
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Dominer, je te jure, on dirait que c’est la langue nationale. Moi, si j’étais à ta place, si j’avais le passeport, je prendrais un avion, j’irais en France. Il paraît que, là-bas, tous les gens sont égaux. Tu te rends compte ? Là-bas, les gens sont égaux. (p.195)
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A La Notte, devant Driss, c’était un cas d’urgence qui nécessitait l’emploi de la formule, et c’était la même chose, le même accent – car ce soir-là, elle mourrait sincèrement de faim, et brûlait elle aussi tout à la fois d’espoir d’une vie meilleure et d’une détresse immense, à l’idée qu’il comprenne, par cette détresse même, qu’elle ne l’aimait pas vraiment. (p.57)
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