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Quel feu d'artifice ! Quand l'élégance épouse l'érudition, et l'humour se joint à l'urbanité, l'on écrit, d'une plume légère, virevoltante, un petit joyau dont chaque face éclaire la littérature du vingtième siècle de cette joyeuse lumière qui révèle sans éblouir, caressant chaque livre de sa bienveillante attention.

Pierre Assouline ne plaide ni l'infaillibilité du Goncourt, ni son élévation au-dessus des tentations. Il s'agit d'hommes et de ( trop peu) de femmes, eux-même auteurs confirmés, des passionnés qui se battent au nom de leurs convictions. Ils subissent toutes sortes de pressions, y sont plus ou moins sensibles, se chamaillent, se réconcilient, sont rarement applaudis, souvent critiqués par ceux qui n'en sont pas, se tolèrent, démissionnent, élisent des successeurs...et déjeunent ensemble tous les mois. Quelle famille !

Quelle famille que celle des "Goncourt", donc, et quel héritage à assumer pour un jeune membre du jury ! Mais surtout, quelle consécration pour l'auteur qui se voit décerner ce prix, joker qui garantit pratiquement des ventes en excès des cent mille exemplaires, pouvant aller jusqu'au million et au-delà. Certains l'ont reçu très jeune, presque trop, et ne s'en sont pas remis. D'autres l'ont attendu trop longtemps, ont toujours et encore été inclus dans la liste, pour en être encore et toujours éliminés, en attendant leur revanche après quatre, cinq ou dix ans. Et puis, il y a tous ceux qui ont frissonné, mais qui ne l'ont jamais eu. Assister au repas n'est pas manger ...

L'histoire est traversée aussi par ceux qui, justement, ont voulu être du jury, et qui n'en ont pas été. Ou alors qui en ont été, mais pas pour longtemps ... imaginez Napoléon, sur l'île d'Elbe, avec neuf autres Corses illustres ! Allez hop! ... Par le prochain bateau ! Et puis, les scènes de ménage: ceux qui ne veulent pas être à table avec tel autre. Qui ne veulent même pas être sous le même toit. Les votes par correspondance. Les promesses solennelles. Les votes qui se succèdent. Les revirements. Même, parfois, un espion que l'on découvre dans un placard, ou des micros cachés !

C'est toute cette histoire truculente, savoureuse, épicée à souhait, que vous dégusterez en parcourant ce livre. Une histoire littéraire en vignettes annuelles, oui, mais surtout l'histoire d'un amour. Celui des Lettres.
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Qu'apporte ce livre conçu après une série d'émissions qui furent diffusées en 2013 sur France Culture?

Le style utilisé est destiné au micro et provoque une lecture moins agréable.

Une petite société de dix membres, reflet de la société avec ses inimitiés, ses favoris, ses querelles, ses manipulations se raconte avec des anecdotes depuis la création en 1903 jusqu'en 2010 (avant l'entrée de Pierre Assouline en 2011 - tenu alors à la discrétion).

Défile chaque auteur primé depuis le début, certains demeurent, d'autres sont tombés dans les limbes, d'autres encore ont reçu la récompense et mis ainsi plus ou moins d'accord les oppositions des jurés.
Certains ne s'en remirent jamais ou demeurèrent l'écrivain d'un seul livre.

Les pressions existantes, les rivalités éditeurs et/ou auteurs (même certains, parmi les plus célèbres, n'en sortent pas grandis) pleuvent à l'envi. (Une exception admirable : l'éditeur des Éditions de Minuit).

La presse qui tournicote et éparpille rumeurs et coups d'éclat au grand dam de certains mais alimente ainsi la vente assurée du livre.

Petites provocations et « gamineries », faits plus choquants, propos fielleux, bref … rien d'étonnant, une société dans la société.
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L'Académie Française a ses fauteuils, l'Académie Goncourt ses couverts. Au nombre de 10, ils ont trouvé domicile fixe chez Drouant depuis 1914, onze ans après la création de l'association selon les dernières volontés d'Edmond de Goncourt. Coopté en 2012, Pierre Assouline est locataire du dixième couvert où il a succédé à Françoise Mallet-Joris l'une des encore trop rares femmes admises (ou même primées) dans ce temple de la littérature. Avec ce livre, il revisite "Cent dix ans de vie littéraire chez les Goncourt" qui sont autant de rivalités, luttes de pouvoir ou d'égo, manigances et discussions passionnées.

Mais que serait la vie littéraire sans le prix Goncourt ? Aussi décrié que convoité, il est l'objet de toutes les attentions y compris de la part de ceux qui font tout pour faire croire qu'ils ne s'y intéressent pas. Politique pour les uns, marketing pour les autres... Une seule chose néanmoins rassemble tout le monde : le tirage assuré et les bénéfices associés. Pas sûr qu'Edmond de Goncourt ait imaginé tout ce bruit autour du prix en couchant ses directives sur le papier pour la postérité : "... que ce prix soit donné à la jeunesse, à l'originalité du talent, aux tentatives nouvelles et hardies de la pensée et de la forme."
En passant en revue chacune des 110 éditions du prix depuis sa création, Pierre Assouline pointe avec une certaine tendresse et une belle ironie, les passions et les contradictions qui jalonnent les parcours des jurés, des auteurs et bien sûr des éditeurs. Ce qui permet de s'apercevoir que parmi les 110 lauréats, assez peu sont restés dans les mémoires même si leur moment de gloire fut bien réel. Beaucoup de carrières ont été écrasées par ce prix avant même d'avoir débuté. Amusant parallèle qu'ose l'auteur avec les exploits sportifs qui semblent rester dans les mémoires des passionnés tandis que les lauréats de prix littéraires ne font qu'occuper l'espace un court instant. Comment ne pas sourire également en découvrant qu'il faut attendre 2008 (plus de cent ans donc) pour que les statuts de l'association interdisent à un membre du jury d'exercer une fonction de conseil éditorial...

Ces déjeuners du mardi chez Drouant ont fait l'objet de tous les fantasmes, on a même tenté d'en espionner les conversations en cachant des micros dans les placards ou devant les fenêtres mais d'après Pierre Assouline, rien de bien révolutionnaire que ces réunions de gens de lettres parlant "boutique" entre deux plats.

C'est une promenade bien savoureuse à laquelle nous invite l'auteur, riche d'anecdotes et d'enseignements sur la vie littéraire et plus particulièrement la rentrée littéraire. Celle là même dont le coup d'envoi est prévu dans quelques jours (le 21 août) et avec elle les premières listes de goncourables (oui, le mot est entré dans le Petit Robert cette année), lancées par les journalistes alimentés tout l'été par les plans de communication des éditeurs. "Faut-il faire ou refléter l'opinion ?" voilà la question posée, selon l'auteur, aussi bien aux journalistes qu'aux jurés de chez Drouant. Et elle risque de continuer longtemps à animer les débats, quelles que soient les tables autour desquelles les discussions auront lieu.

Une lecture qui dédramatise un peu tout ça et redonne une apparence plus ludique à toutes ces opérations ; un jeu qui n'ôte rien au plaisir de découvrir chaque année les piles de nouveautés sur les tables des libraires, ni à celui de lire les résultats de l'encre qu'elles font couler... Vive la rentrée littéraire !
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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J'adorerais assister à une délibération du jury Goncourt. C'est un rêve impossible mais pas tout à fait désormais puisque j'ai l'impression d'y être entrée grâce à la petite porte entrouverte par l'un des jurés, le plus généreux en la circonstance, Pierre Assouline.
J'ai trouvé son livre très intéressant. Il raconte année par année les coulisses de chaque élection, de la première en 1903, ( prix à John-Antoine Nau) à celle de 2012 (prix à Jérôme Ferrari). L'auteur est lui même juré à présent, au dixième couvert.
S' alimentant dans la presse de chaque époque, ainsi que dans les journaux des auteurs et les archives de l'Académie, il m'a donné envie de lire tous ces anciens livres dont je n'ai fait qu'entendre parler, jamais lus encore, même si j'en ai quelques-uns dans ma Pal. Je retiendrai bien des anecdotes qui m'ont fait sourire.

1919 La rivalité entre Roland Dorgelès, 34 ans, engagé volontaire, cinquante mois de campagne : un curriculum idéal. Son livre «Les croix de bois» a connu un succès immédiat et Marcel Proust pour A l'ombre des jeunes filles en fleurs qui déclenche les sarcasmes de la presse de gauche contre un auteur mondain et ennuyeux. (…) La postérité aurait encore moins absous les autres goncourables de 1919, t'Serstevens, Èdouard Schneider, Alexandre Arnoux, Francis Carco,Caument et Cé, Asès, et Josipovici, Tisserand, Pierre Grasset, Grandvilliers, Léon Werth, Jean Giraudoux d'avoir volé son Goncourt à Marcel proust qui n'avait plus que trois ans à vivre.

1924 On parle de Maurice Genevoix, d'Henry de Montherlant,de Philippe Soupault, d'Emmanuel Bove, de Joseph Delteil, mais c'est Thierry Sandre qui l'emporte avec «Le chèvrefeuille». Oh misère, quand on songe et quand on sait, avec le lâche privilège du recul, bien sûr, que c'est le seul du lot dont il ne restera rien.

1944 On parle beaucoup des Amitiés particulières de Roger Peyrefitte. Mais le Goncourt de la Libération ne peut décemment échapper à l'air du temps. Elsa Triolet est la première femme à le remporter. le premier accroc coûte deux cents francs n'est pas un roman mais un recueil de nouvelles (…) «Les Goncourt ont fait coup triple : la dame Triolet est russe, juive et communiste. C'est un prix cousu de fil rouge.» écrit alors Pierre Léautaud.

1945 le Monde annonce l'élection de Colette et la mort d'Hitler mais c'est Jean_Louis Bory, 26 ans, jeune professeur du lycée Henri IV qui l'emporte pour «Mon village à l'heure allemande»

Un livre très plaisant.
Lien : http://liratouva2.blogspot.f..
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Il est assez étonnant de pouvoir glisser à travers l'histoire du prix Goncourt, et surtout, de l'histoire de la littérature au XXème siècle. Amusant de constater que les intrigues entre éditeurs, et conflits entre auteurs animent la vie de l'Académie Goncourt presque autant que l'histoire d'un roman.
Evidemment dans un ouvrage qui retrace année par année les prix et débats concernant leur destinataires, il est malaisé de conserver un rythme égal, et conséquemment, de stimuler l'intérêt du lecteur de façon continue.
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Présentation et découverte de caractères et d'esprits aussi vifs que surprenants, voire décevant pour certains d'entre eux.

Jeux d'influences et de convoitises de chacun et chacune.

A chacun son couvert et sa place et gare à celui qui s'en défait un temps, aussi court soit il.

Petites anecdotes et histoires d'alcôves se mêlent et se démêlent aux phrases des uns et des autres.

Les caractères s'affirment, les talents s'affrontent, les prix se distribuent..

A lire en toute découverte et curiosité.
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D'Assouline j'avais bien aimé la biographie de Gallimard, qui m'avait transportée sur les pas de cet éditeur que j'admire (bon, depuis la bio, je l'admire un poil moins, mais je m'amuse beaucoup à voir que c'était une crapule de génie, comme souvent nos grands hommes). Je me suis dit qu'une histoire des prix Goncourt pourrait être drôle et intéressante, que voulez-vous, ça confine au masochisme mais ça m'intéresse pour de vrai. Bon, pour le coup, raté. Au lieu d'une histoire du prix sur le plan littéraire, d'une recherche en critique littéraire ou de l'étude de l'influence du prix sur la carrière des récipiendaires, du côté de chez Drouant est une indigeste chronique des relations humaines entre les jurés.

Il me semble que le Goncourt se bat depuis des années pour faire taire les rumeurs de copinage et de corruption éditoriale. Ce petit bouquin d'Assouline les relancera à coup sûr tant il essaye de manière grossière de nous faire oublier d'évidentes bévues dans la gestion du prix. Au lieu d'admettre « oui on a raté notre coup, bon, c'était il y a longtemps, on a changé depuis » il ressemble à un chat qui cache ses bêtises sous le canapé. Ça lui donne l'air coupable, que voulez-vous.

Bref, non, un opuscule lourd et ennuyeux à ne même pas réserver à ceux que ça intéresse.
Lien : http://www.readingintherain...
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