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De nombreux ouvrages ont été consacrés à son héros, Tintin, et quelques-uns à l'auteur, Hergé.
La biographie que signe Pierre Assouline est incontestablement la plus aboutie et la plus complète que j'aie pu lire.
Là où beaucoup d'ouvrages partent de Tintin pour arriver à Hergé, celui-ci nous permet de mieux connaître l'auteur pour mieux comprendre son oeuvre.
Cette biographie replace le créateur avant son personnage, même si Tintin demeure le plus connu des deux.
Une référence.
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Livre extraordinaire : un véritable travail de chercheur...

Comme "notre" biographe SAIT rendre son sujet passionnant ! Nous ne regarderons plus jamais du même oeil, désormais -- après lecture de cet ouvrage monumental -- les planches (noir et blanc ou teintées d'encres de couleur) du créateur de "Tintin et Milou", "Quick et Flupke" (les garnements bruxellois, capables de singer Hitler et Mussolini en 1938... ) ou "Jo, Zette et Jocko"...

D'ailleurs, notre oeil -- dûment affuté par cette lecture -- leur restera toujours aussi bienveillant ! L'histoire de "l'ami Tchang" et, d'une façon générale, cette fidélité ABSOLUE aux amis (valeur aujourd'hui "désuète") : exercice éthique -- "chevaleresque" -- poussé, certes, jusqu'à l'absurde, puisque cette fidélité pourra s'avérer "parfois" (après-guerre) quasi-suicidaire...

"Scout toujours...", comme le note si malicieusement Pierre Assouline, à plusieurs reprises !

J'en suis arrivé à la partie "Années 1936-1940 : et Pierre Assouline nous a déjà brillamment fait faire le tour de la personnalité de Georges Rémi, de ses qualités d'artiste (un perfectionnisme "à s'en rendre malade" et une si grande exigence), de ses (bien modestes) "mesquineries" et de ses "prudences" (toujours avisées)...

Trajectoire de vie d'un créateur -- véritable "inventeur" d'univers... -- toujours attentif au succès commercial de ses chers Tintin (immortel "reporter au Petit Vingtième") & Milou (qui est "son sympathique cabot')...

Créateur nous semblant aujourd'hui -- autant avant-guerre que pendant... -- si "mal entouré" : tant d'amis et de collègues de travail bientôt rexistes, futurs "collabos"...

Eh oui, l' "école" du Scoutisme catholique bruxellois comme la proximité de ses employeurs avec le "Parti catholique" belge (d'essence cléricale) pouvaient rendre alors un auteur de bandes dessinées bien aveugle ! Cependant, Georges Rémi ne suivra pas la plupart en cette voie hasardeuse... et épousera peu à peu la trajectoire idéologique (beaucoup plus raisonnable, peu à peu "progressiste et tiers-mondiste") de son héros aux culottes de golf...

"Défenseur de la veuve et de l'orphelin", avant tout !

Georges R. porte étrangement le même prénom que Simenon, est né quelques années plus tard que le Liégeois... celui-là qui fut l'un des plus grands Littérateurs (Romancier pur) du XXème siècle, rappelons-le, et objet d'une autre monumentale biographie tracée par P. Assouline...

Je commence à comprendre ce qui a fasciné Pierre ASSOULINE dans le destin "hors normes" de ces deux grands artistes wallons... Son "Simenon" était une telle merveille : la langue pareillement précise, les détails foisonnants... et, en même temps, cette vivacité du récit -- qui n'est autre que celle des contes...

J'ai d'ailleurs hâte de découvrir son "Sigmaringen" [bientôt en poche ] ... :-)

P.S. : ne manquez pas non plus la lecture intégrales des (excellents) critiques de nos amis babéliotes Woland (écrite dès 2009) et Claudepuret (en 2013) !!!

Lien : http://www.regardsfeeriques...
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Ce livre n'est pas caractérisé par la brièveté ; Assouline a choisi de parler point par point de TOUS les albums de Tintin, et de la progression du personnage : année par année.

Ce n'est pas une biographie de George Rémi à proprement parler ; il était de personnalité discrète et conformiste. Il s'agit plutôt de l'évolution de tous ses personnages, au fil des événements historiques, et au fil des bouleversements éditoriaux.
On parle tout de même du génie créateur d'Hergé, de la genèse de ses personnages, de l'état de l'édition des illustrés, de la concurrence des comics Américains, et de la condition de la presse… Sans oublier les différentes controverses qui ont animées rétrospectivement l'oeuvre d'Hergé : Congo, Degrelle ; des zones d'ombres à démystifier…

Le père Wallez et le petit XXe ont entretenus chez Hergé, et ses personnages : la bienséance chrétienne. La presse des années 30 a agit comme un garde-fou. La politique belge ne laissait pas libre court à n'importe quelles idées… le crayon d'Hergé a été guidé dès la naissance de Tintin. Assouline explique quelles ont été les différentes influences du personnage.
Tout le livre démontre les différentes références historiques des albums de Tintin : en accord avec les bouleversement en Europe et dans le monde.

On aurait pu se contenter de plus bref, plutôt que de passer en revue chaque scénario de tous les albums. Georges Rémi n'est pas non plus une personnalité très dynamique ; si l'on est pas tintinphile on s'endort…

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Voici assurément l'une des biographies les plus complètes jamais produites sur Georges Rémi, dit Hergé, le père de Tintin. Même si son auteur manifeste évidemment de la sympathie pour son sujet, il évite de tomber dans l'hagiographie et n'hésite pas, bien au contraire, à pointer du doigt les défauts de l'homme derrière le créateur de génie.

Car Tintin et son univers en ligne claire, avec le capitaine Haddock anathémisant à tous vents, le Pr Tournesol toujours à côté de la plaque sauf s'il s'agit de construire une fusée destinée à alunir, Nestor, le majordome légué au capitaine par les anciens propriétaires de Moulinsart, la Castafiore, son grand air, ses caprices de diva et ses bijoux, le général Alcazar et son obsession de révolution, Abdallah et son génie démoniaque pour les farces de très mauvais goût, sans oublier Séraphin Lampion, roi des casse-pieds belgicains et les Dupondt, champions incontestés du bafouillage et de la maladresse, en général, on les aime bien. Ils font partie de notre enfance et rouvrir les albums où ils se tiennent, toujours prêts à partir à l'aventure, c'est un peu rouvrir la boîte de nos meilleurs souvenirs.

Certes, il y aura toujours les champions efflanqués de la Bien-Pensance pour accuser Tintin et Milou de racisme, voir en l'infâme Rastapopoulos la preuve éclatante de leur antisémitisme (on notera que, en dépit de la consonance du patronyme, les Grecs n'ont pas encore intenté de procès à Hergé au prétexte de racisme anti-grec) et découvrir leur haine des Arabes dans l'intrigue de "Coke en Stock". Ce sont d'ailleurs les mêmes qui détournent la tête devant la prise de position pro-chinoise de Hergé dans "Le Lotus Bleu", devant sa haine des dictatures dans les albums où interviennent les pays bordure et syldave, ou encore devant son mépris railleur des dérives militaires dans les albums situés en Amérique du Sud (la fin de "Tintin et les Picaros", particulièrement cynique et désenchantée, est des plus révélatrices).

Mais mis à part pour cette poignée d'agités du bocal, on peut le dire et le répéter : Tintin et son petit monde ont droit de cité dans nos bibliothèques - et aussi dans nos coeurs.

Georges Rémi par contre, le lecteur moyen, si tintinanophile qu'il soit, a beaucoup plus de difficultés à le considérer avec bienveillance.

Non pas, il faut s'empresser de le dire, en raison des opinions religieuses ou politiques du personnage. Les premières ne regardaient que lui et il n'a jamais cherché à les imposer. Son héros d'ailleurs ne va pas à la messe ... ;o)

Quant aux secondes, contrairement à ce qu'on a pu affirmer, elles n'ont jamais été extrémistes. Scout catholique dans sa jeunesse, Georges Rémi fut logiquement amené à donner ses textes et ses dessins à un journal de droite ("Le Petit Vingtième") dirigé par un religieux à poigne, l'abbé Wallez. Même quand il conclut un contrat avec Casterman, il conserva de bons rapports avec l'abbé et après-guerre, lorsque ce dernier connut quelques problèmes pour avoir un peu trop affirmé son pangermanisme, Hergé refusa de l'accabler. Dans son esprit, Wallez lui avait mis le pied à l'étrier et une chose comme ça, ça ne s'oublie pas, surtout quand elle vous a permis d'atteindre à un succès européen.

Hergé eut d'autant plus de courage à l'époque que lui-même se trouvait en assez mauvaise posture. S'il n'avait jamais propagé les théories de l'Occupant, il avait travaillé pour "Le Soir", passé sous le contrôle allemand. C'est dans "Le Soir" que parurent en effet quelques unes des meilleures aventures de "Tintin", des aventures qui ignoraient la guerre et emmenaient le lecteur à la recherche du trésor de Rackham le Rouge après leur avoir soumis l'énigme de "La Licorne", le fier vaisseau du chevalier de Haddoque. Bref, à l'Epuration, Hergé faillit tout perdre et avant tout le droit de travailler.

Mais non, ce n'est pas cela qui choque dans cette biographie. Hergé s'est amplement expliqué sur la Seconde guerre mondiale et l'Occupation, il n'a jamais renié ceux qu'il tenait pour ses amis, il ne s'est pas renié lui-même. Au demeurant, pour ceux qui n'ont pas connu l'entre-deux-guerres et l'état d'esprit qui animait à l'époque aussi bien partisans du totalitarisme soviétique que partisans du totalitarisme fasciste, il n'est peut-être pas du meilleur goût d'épiloguer.

En revanche, on est en droit de ne pas adhérer à la façon qu'eut Hergé de refuser à ses collaborateurs (comme E. P. Jacobs ou Bob de Moor par exemple) le droit de co-signer les albums "Tintin." Certes, les Studios Hergé ont aidé quelques dessinateurs de renom à se former (outre Jacobs, inoubliable auteur de "La Marque Jaune" et du "Mystère de la Grande Pyramide", on citera Roger Leloup et sa "Yoko Tsuno") mais quand vint pour eux l'heure de prendre leur envol vers d'autres cieux, le Maître les regarda partir avec une sorte de jalousie qu'il cachait mal et qu'on comprend d'autant moins que le succès de Tintin ne s'est jamais démenti. Et surtout, contrairement au scrupuleux Franquin qui ne manquait jamais de le signaler ou encore à Michel Greg à la fin de sa participation effective aux albums d'Achille Talon, Hergé n'a jamais laissé indiquer au-dessus du cul-de-lampe de la seconde page un nom autre que le sien.

Cette mesquinerie - peut-on utiliser un autre terme ? - on la rencontre dans son rapport avec les femmes et aussi dans un très pénible événement qui se passa au temps où il était encore marié à sa première femme. Comme ils ne pouvaient avoir d'enfant, ils allèrent chercher une petite fille à l'Assistance publique. Mais l'enfant faisait trop de bruit et Hergé en vint très vite à ne plus la supporter. Alors, on ramena la petite à l'Assistance, ainsi qu'on l'aurait fait d'un objet sans âme.

Imagine-t-on ce qu'en aurait pensé et dit Tintin ? Tintin, si altruiste, si tourné vers l'Autre et si épris de justice ? ...

Certes, me fera-t-on observer, nul n'est parfait. Ce qui est rigoureusement vrai. Seulement, la mesquinerie est d'autant plus choquante qu'elle apparaît dans un grand créateur et, dans le cas d'Hergé, on peut écrire sans exagération d'un créateur de génie. Voilà pourquoi cette biographie, passionnante et passionnée, nous laisse avec un petit goût amer dans la bouche.

Mais finalement, peut-être Hergé partageait-il lui aussi cette amertume ? Avec un homme aussi secret, aussi introverti, qui saura jamais ? ... ;o)
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Voici assurément l'une des biographies les plus complètes jamais produites sur Georges Rémi, dit Hergé, le père de Tintin. Même si son auteur manifeste évidemment de la sympathie pour son sujet, il évite de tomber dans l'hagiographie et n'hésite pas, bien au contraire, à pointer du doigt les défauts de l'homme derrière le créateur de génie.

Car Tintin et son univers en ligne claire, avec le capitaine Haddock anathémisant à tous vents, le Pr Tournesol toujours à côté de la plaque sauf s'il s'agit de construire une fusée destinée à alunir, Nestor, le majordome légué au capitaine par les anciens propriétaires de Moulinsart, la Castafiore, son grand air, ses caprices de diva et ses bijoux, le général Alcazar et son obsession de révolution, Abdallah et son génie démoniaque pour les farces de très mauvais goût, sans oublier Séraphin Lampion, roi des casse-pieds belgicains et les Dupondt, champions incontestés du bafouillage et de la maladresse, en général, on les aime bien. Ils font partie de notre enfance et rouvrir les albums où ils se tiennent, toujours prêts à partir à l'aventure, c'est un peu rouvrir la boîte de nos meilleurs souvenirs.

Certes, il y aura toujours les champions efflanqués de la Bien-Pensance pour accuser Tintin et Milou de racisme, voir en l'infâme Rastapopoulos la preuve éclatante de leur antisémitisme (on notera que, en dépit de la consonance du patronyme, les Grecs n'ont pas encore intenté de procès à Hergé au prétexte de racisme anti-grec) et découvrir leur haine des Arabes dans l'intrigue de "Coke en Stock". Ce sont d'ailleurs les mêmes qui détournent la tête devant la prise de position pro-chinoise de Hergé dans "Le Lotus Bleu", devant sa haine des dictatures dans les albums où interviennent les pays bordure et syldave, ou encore devant son mépris railleur des dérives militaires dans les albums situés en Amérique du Sud (la fin de "Tintin et les Picaros", particulièrement cynique et désenchantée, est des plus révélatrices).

Mais mis à part pour cette poignée d'agités du bocal, on peut le dire et le répéter : Tintin et son petit monde ont droit de cité dans nos bibliothèques - et aussi dans nos coeurs.

Georges Rémi par contre, le lecteur moyen, si tintinanophile qu'il soit, a beaucoup plus de difficultés à le considérer avec bienveillance. (A suivre ...)
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Voici une biographie assez exhaustive d'un des plus grands dessinateurs de la bande-dessinée : Hergé.
Pierre Assouline nous dévoile ici toute la vie d'Hergé : son enfance dans le Bruxelles du début du XX° siècle, le scoutisme, ses débuts de dessinateur Au Petit Vingtième avec l'abbé Wallez, la création de Tintin et Milou....
On ressent très vite qu'Hergé va petit à petit s'effacer face à sa création : les aventures de Tintin, et que toute sa vie va être consacré à son oeuvre.
Une belle biographie aux accents de vérité, sans idolâtrie, sans excès, à lire absolument.
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Qui veut comprendre Tintin, au-delà de la bande-dessinée et en faisant connaissance plus intimement avec Hergée, se devra de lire cette somme qu'est le bouquin de Pierre Assouline.
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Une biographie aussi intéressante pour comprendre le travail d'Hergé que pour mieux comprendre Georges Rémi. Et sa part d'ombre, sans doute liée plus à une éducation ultra-catho qu'à de véritables convictions. Tintinophile ou pas, découvrez le père du seul rival international de De Gaulle.
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Passionnée de Tintin, j'ai lu bon nombre d'ouvrages concernant son papa, Hergé. Et je dois bien dire que ce livre-ci est probablement le plus complet et le plus accessible à la fois qui existe selon moi. Un support de référence lorsqu'on s'intéresse un tant soit peu à la vie de ce monsieur !
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Le nom (pseudonyme) d'Hergé a toujours été un peu mythique pour moi, comme pour beaucoup d'autres sans doute, nom très connu mais également très vague, très obscur. Je sais maintenant qui était Hergé grâce à cette excellente biographie ou l'on côtoie la légende belge dans sa création, ses rencontres, son évolution, ses conflits intérieurs et extérieurs, ses bon jours et ses jours de dépression, et son rapport amour/haine qu'il entretiendra de longues années avec avec son double fictif Tintin, un peu à l'instar d'Arthur Conan Doyle avec Sherlock Holmes ou de Maurice Leblanc avec Arsène Lupin. Mais à travers le destin de ce créateur de géni, on suit également en partie l'histoire de la Belgique et l'évolution de la bande dessinée. Hergé n'était bien évidement pas sans défauts, Pierre Assouline ne fait pas l'impasse sur les idées racistes et antisémites qu'avait l'artiste, et qui se voyaient très clairement à travers les premiers albums de Tintin, mais il est également intéressant de voir comment ses idées ont évolué avec le temps, ce à travers ses albums plus récents mais surtout avec les multiples réécritures des anciens albums. Il serait trop long de détailler ici les nombreux points intéressants voir passionnants de cette très bonne biographie, le mieux est donc simplement de la lire.
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