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EAN : 9782072985393
256 pages
Gallimard (30/03/2023)
3.96/5   311 notes
Résumé :
Jusqu’où un homme ayant affronté le mal absolu peut-il aller pour ne pas s’effondrer, surmonter sa souffrance et se projeter à nouveau vers l’avenir ?

Le Nageur retrace le destin exceptionnel d’Alfred Nakache.
Né à Constantine, tôt devenu champion de France et d’Europe avant d’être sacré recordman du monde, ce sportif de haut niveau fut sélectionné pour représenter la France aux Jeux olympiques de Berlin en 1936 puis à ceux de Londres en 1948 ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (54) Voir plus Ajouter une critique
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Evidemment la grande force du Nageur, c'est son histoire, l'histoire exceptionnelle d'Alfred Nakache ( 1915-1983 ), tellement romanesque qu'aucun écrivain n'aurait osé imaginer un scénario aussi tragiquement débridé : un garçon juif né à Constantine devenu champion d'exception ( recordman du monde du 200 m brasse, quintuple champion de France entre autres ), représentant la France aux Jeux olympiques berlinois de 1936 puis ceux de Londres en 1948 après avoir résisté, été dénoncé et finalement déporté plus de seize mois à Auschwitz puis Buchenwald, décédé suite à un malaise alors qu'il nageait au large de Cerbère à 67 ans.

Le talent de biographe de Pierre Assouline n'est plus à prouver. Il excelle à raconter le parcours inouï d'Alfred Nakache avec un foisonnement de détails tous plus passionnants les uns que les autres : sur l'entrainement natatoire ( n'y connaissant rien au départ, j'ai eu l'impression de tout comprendre ), sur la France de l'Occupation et notamment la place du sport avec le ministre pétainiste Jean Borotra, sur la Résistance dans la région toulousaine. Y compris sur Auschwitz où je n'avais jamais lu certains faits relatés comme les combats de boxe qui y étaient organisés, déportés vs kapos voire soldats de la Wehrmacht auxquels participa le champion du monde Young Perez; ou encore le fonctionnement du Revier ( « l'hôpital » où Nakache fit office d'infirmier.

Pour autant, même si rien n'est romancé - cela aurait été indécent - tout est véridique. le Nageur n'est pas une biographie classique, c'est le récit biographique proposé par un écrivain, une mise en scène littéraire de l'Histoire absolument remarquable. A la rigueur biographique répond une intimité, une osmose, une empathie que Pierre Assouline crée pour totalement emporter le lecteur aux côtés de ce nageur.

Il lui imagine pensées et émotions aux différentes étapes de sa vie, comblant ainsi les trous laissés par les silences d'un homme qui a toujours été pudique et s'est toujours refusé à raconter les épreuves de sa vie. Il y a des scènes inoubliables dans ce livre. Si je devais en choisir une, ce serait celle où Alfred Nakache parvient à nager clandestinement dans un des bassins-réservoirs d'Auschwitz-Monowitz ( prévus initialement pour pomper l'eau en cas d'incendie, pleins d'une eau sale et stagnante ), un projet fou pour se prouver qu'il est encore un homme car « pour un nageur, c'est un moyen de survie que de retrouver l'eau, même cette eau-là », et oublier qu'il n'est ici que le matricule 172763.

Et puis il y a ce fil conducteur parfait pour donner une vraie dynamique romanesque au récit : « si je le revois, je le tue », première phrase du livre, leitmotiv que scande le Nakache d'Assouline à maintes reprises après son expérience concentrationnaire. Ce «le », c'est Jacques Cartonnet soupçonné d'être celui qui a dénoncé Nakache, sa femme et sa fille ( toutes deux décédé ), un rival jaloux devenu ennemi. Son opposé polaire. Autant Nakache apparait comme un homme exemplaire, modeste, travailleur dont l'intégrité force l'admiration, autant Cartonnet dégoute, se vautrant dans la Collaboration, intégrant la Milice et participant au journal antisémite Je suis partout.

La natation comme sport de combat. En offrant à Alfred Nakache une vie éternelle littéraire, ce magnifique récit biographique résonne comme un appel à se dépasser et à résister en toutes circonstances.
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« Rome : Si je le revois, je le tue ». Ainsi s'ouvre la première page de cette biographie qui est à la fois, une leçon de vie et un hommage au courage d'un grand nageur qui repose en paix dans le cimetière de Sète !

Comment ne pas être fasciné par le destin de ce nageur exceptionnel, Alfred Nakache.
Né dans une famille juive de Constantine en Algérie, en 1915, cet adolescent, contrairement à tous ses camarades, a une peur bleue de l'eau. Il guérit de cette phobie a treize ans, chez les scouts, lorsqu'après une partie de foot, ses camarades jettent sa paire de chaussures au fond de la piscine. Motivé par la peur d'une correction s'il rentre en chaussettes, il va plonger à plusieurs reprises, prenant ainsi conscience qu'il peut immerger sa tête hors de l'eau sans risque de se noyer.

Avec l'un de ses camarades, il assiste à un championnat de natation à Constantine où deux militaires y font l'admiration pour leurs performances. Enthousiasmé par l'ambiance qui règne autour de ces deux nageurs, Alfred Nakache plonge dans « le grand bain » du sport et choisit la natation. « Artem » est né. Il nage comme un sac mais son entraîneur à la Jeunesse nautique constantinoise remarque chez ce nageur foutraque « « un je ne sais quoi » de subtil, d'invincible. La légende est en marche !

Avec la rigueur d'un biographe, la curiosité du journaliste, la créativité, le style d'un écrivain accompli, des mots justes, Pierre Assouline rend un vibrant hommage à ce sportif de haut niveau, Alfred Nakache. Il s'intéresse à la destinée hors du commun de ce nageur plusieurs fois champion de natation dans les années de l'entre deux guerres. Ce récit passionnant met à la fois en exergue le talent d'Artem, son tempérament méditerranéen, sa jovialité, mais aussi cette période de l'entre deux guerres tant en Algérie qu'en France. Très tôt, devenu champion de France et d'Europe, recordman du monde du 200 mètres nage libre, il va participer aux Jeux Olympiques de 1936 à Berlin, dans un climat d'antisémitisme, pour terminer sa carrière à Londres en 1948.

A Berlin, avec l'équipe de France, il termine quatrième du relais 4 x 100 m nage libre, devant l'équipe allemande. Pour signifier son opposition à Hitler, sur le podium, il baisse la tête pendant que les autres font le salut nazi. Fidèle à ses principes, en 1942, il refusera de porter l'étoile jaune.

Devant ses performances et l'admiration qu'il suscite, Artem ne sent pas le danger arriver. Professeur d'éducation physique, c'est en zone libre qu'il prend ses quartiers avec sa femme et sa fille, à Toulouse où il s'entraîne avec les Dauphins du TOEC. Son entraîneur, Alban Minville, devant sa puissance musculaire, le persuade de pratiquer la brasse papillon.

« Tu resteras une savate en nage libre avec ton battement de pieds toujours défectueux ! Par contre en papillon, tu seras recordman du monde ».

Jacques Cartonnet qui pratique la brasse papillon, prend ombrage des performances d'Artem. La rivalité s'installe entre les deux nageurs. Cartonnet, collaborateur en herbe, dénonce Alfred en tant que Juif et résistant. Arrêté par la Gestapo, il est déporté avec son épouse Paule et sa petite fille Annie dans le camp d'Auschwitz. La notoriété d'Artem dépasse les frontières. Reconnu par ses tortionnaires, il va subir leur sadisme tout au long de sa captivité. Doté d'un instinct de survie, forgé dans le métal du dépassement de soi, auquel vient s'ajouter l'espoir de retrouver celles dont il n'a plus aucune nouvelle, son matricule gravé sur son avant bras « 172763 », il n'aura de cesse de lutter contre sa mort. Transféré à Buchenwald, il sera libéré par les américains. Terriblement diminué, il ne pèsera plus que 40 kg.
Seul un entraîneur tel qu'Alban Minville peut l'aider à se reconstruire. Pour un nageur, la sensation de l'eau peut l'amener à ressentir de nouveau son corps, ses cinq sens vont petit à petit renaître à la vie et c'est cette endurance, cette volonté, ce combat prodigieux qui suscite l'admiration. La nage va lui permettre de se reconnecter à son propre moi intime, loin du bruit, de l'agitation du monde. Evidemment, ses fantômes vont l'accompagner, se cristalliser au fond de lui, il réapprend à vivre, il résiste à la mort, domine ses pulsions, le récit est intense sous la plume de Pierre Assouline.

J'ai beaucoup aimé ce livre qui permet, à la fois de découvrir cet homme exceptionnel de courage mais aussi d'en apprendre encore un peu plus sur cette période. J'y ai découvert Constantine et les manipulations politiques, pénétré les coulisses de l'assemblée Nationale avec les débats où seule la voix de Pierre Mendes France s'opposera à la participation de la France au Jeux Olympiques de Berlin, observé l'attitude des sportifs devant la montée du nazisme, assisté aux discriminations dans les clubs sportifs, les rivalités mais aussi la solidarité.

Je pratique la natation depuis toujours même si aujourd'hui, je suis beaucoup moins assidue, Pierre Assouline m'a parlé. En suscitant ma sensibilité, il a provoqué un lien à travers son oeuvre par sa manière de décrire parfaitement la volonté et la force du travail qu'il faut pour parvenir à un objectif. J'y ai retrouvé les sensations de la natation et de l'entrainement. Ses profondes connaissances de l'histoire de l'occupation et du sport ont abouti à un récit passionnant de bout en bout. de nombreuses piscines portent aujourd'hui le nom d'Alfred Nakache et d'Alban Minville, nous leur devons bien cet hommage.

Pierre Assouline est un auteur que j'apprécie tout particulièrement. En séance de dédicace dans la librairie de mon quartier, je me suis offert ce livre sans hésitation et sans connaître le sujet de ce livre. Ce fut une très belle surprise !

Une autre surprise m'attendait. Un hommage à Léon Lehrer qui a été le compagnon d'infortune d'Alfred Nakache à Auschwitz mais qui est aussi le papa d'un ami très proche et dont j'ai le livre dans ma bibliothèque « Un poulbot à Pitchipoï ». Beaucoup d'émotions dans ce livre.

« le nageur est capable d'avancer dans la direction de son choix, si nécessaire à contre courant. Un nageur est maître de son destin ».
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La rivalité sportive mène parfois au pire, surtout en période de guerre et d'Occupation ! le nageur juif Alfred Nakache, arrivé en France de Constantine en 1933 pour s'imposer multiple champion, en fait la terrible expérience lorsque, engagé dans la Résistance et dénoncé par Jacques Cartonnet – un autre membre de l'équipe française de natation, lui aussi recordman confirmé mais enrôlé dans la Milice et ardent propagandiste antisémite –, il est déporté à Auschwitz avec sa femme et sa fille âgée de deux ans, aussitôt gazées. Il survit, réussit à se remettre à niveau malgré les séquelles, et, même si un autre homme depuis sa participation aux Jeux Olympiques de Berlin, revient tel un phénix défendre les couleurs françaises à ceux de Londres. Quant à lui condamné à mort par contumace pour collaboration, Cartonnet est arrêté à deux reprises en Italie, mais chaque fois évadé, n'est plus jamais retrouvé.


Ecrivain confirmé en même temps que biographe émérite, Pierre Assouline excelle à faire palpiter la vie sur l'ossature d'une parfaite rigueur biographique. Aussi, quelle figure de roman que cet Alfred Nakache ! Phobique de l'eau, on lui apprend à nager parce que prescrit dans le Talmud. L'enfant vainc sa peur lorsque, pour s'épargner une raclée de son grand-père, il réussit à plonger pour récupérer ses chaussures jetées à l'eau par des galopins. A défaut de style à ses débuts – lors de sa première compétition, il finit même dans le couloir de nage du voisin –, sa force et son entraînement acharné dans les bassins lui valent bientôt le surnom d'Artem : le poisson en hébreu.


Il est acclamé champion à une époque où la persécution contre les Juifs ne cesse de croître, et, le premier camp de concentration déjà ouvert depuis trois ans à Dachau, il porte haut les couleurs de la France aux Jeux Olympiques de Berlin. Interdit de souiller l'eau des piscines françaises par sa « youtrerie », « ce vil personnage » qui, selon une certaine presse, « relève pour le moins du camp de concentration », continue jusqu'en 1942 à battre les records et à maintenir sa popularité auprès de la majorité du public. Finalement « déporté politique » pour « propagande antiallemande », il doit sa survie à son exceptionnelle condition physique, à son mental de résistant – il devient le « nageur d'Auschwitz » parce qu'un jour contraint par ses gardiens de plonger dans le bassin de rétention du camp, il les défie ensuite en continuant à venir y nager à leur insu –, et aussi à son affectation à l'infirmerie plutôt qu'aux kommandos de travail. Comble du comble, cela lui vaudra après-guerre des soupçons de servilité envers les Allemands. Il se sera même jamais reconnu déporté-résistant comme ses camarades de combat.


Avec un sens du détail qui nous en apprend encore à chaque page sur ces terribles années trente et quarante, en particulier sur la France antisémite, sur les enjeux politiques des Jeux Olympiques de Berlin et sur l'inconcevable réalité des camps de concentration, Pierre Assouline rend un hommage aussi saisissant que bouleversant à cet homme hors du commun si injustement oublié, un homme-poisson qui vaut l'occasion à l'écrivain de passages magnifiques sur l'art de nager et de vivre.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Alfred Nakache, né le 18 novembre 1915 à Constantine et mort le 4 août 1983 à Cerbère, est un nageur et joueur de water-polo français. Surnommé « Artem », il est aussi connu sous le surnom de « nageur d'Auschwitz », où il a été déporté durant la Seconde Guerre mondiale.

J'ai pêché cette petite intro sur Wikipedia mais il est clair qu'une fois lu la biographie que nous propose Pierre Assouline, on ne peut que la trouver beaucoup trop restreinte, tellement sa vie personnelle et sa carrière professionnelle ne se résument pas uniquement à ça. Sportif de haut niveau, juif, résistant, mari et père de famille, on fait ici la connaissance d'une personnalité rayonnante.

Alfred Nakache est ce qu'on peut appeler un homme simple, toujours souriant, qui nage avant tout parce qu'il aime ça. Il a remporté de nombreuses médailles et titres (et quand on sait qu'il était aquaphobe tout gamin, on comprend à quel point il cherche toujours à se surpasser). C'est un homme brisé qui est revenu des camps de concentration, et c'est l'eau qui l'aura aidé à se relever.

Sans doute faudrait-il que j'attende un peu pour exprimer mon ressenti sur cette lecture. Je peine en effet à trouver mes mots, je ne sais comment commencer...

Je connaissais dans les grandes lignes l'histoire d'Alfred Nakache, à savoir qu'il était un grand nageur et qu'il était un rescapé d'Auschwitz. Mais ça s'arrêtait là. Pierre Assouline en fait ici une biographie complète et dès les premières lignes, j'ai su que j'aimerais beaucoup la personnalité de ce nageur hors pair.

Pierre Assouline commence son récit par son aquaphobie, jusqu'à sa notoriété et ses résultats performants. Il nous parle de sa relation avec Jacques Cartonnet, nageur lui aussi avec qui le courant n'est jamais passé, milicien et collabo qui n'est sans doute pas pour rien dans l'arrestation d'Alfred et de sa famille, qui leur a valu d'être déportés à Auschwitz. Il nous parle ensuite de son retour de cet enfer, seul, sans sa femme et sa fille qui ont été gazées à peine arrivées dans ce camp de la mort.

Et c'est là que ça devient compliqué pour moi. Jusque-là, même alors qu'Alfred tente de survivre à Auschwitz, je trouvais la plume de l'auteur certes très belle et élaborée mais plutôt impersonnelle. Mais alors comment se fait-il que l'homme brisé au retour d'Auschwitz ait pu me toucher à ce point ? Finalement peut-être pas si impersonnelle que ça... Puissante en tous les cas.

Raconter le repli d'Alfred sur lui-même, son mutisme, sa colère, son sentiment de culpabilité d'être revenu sans sa femme et sa fille. Ses proches qui ne le reconnaissent pas et ne savent comment réagir... Tout ça m'en a mis les larmes aux yeux et voyez, rien que d'écrire ces quelques mots me les redonne à nouveau...

Pierre Assouline écrit les choses telles qu'elles se sont passées. Très minutieux, il use de mots bien plus forts qu'ils n'y paraissent et nous pond un récit aussi réaliste que poignant. Aujourd'hui, grâce cette biographie, j'ai fait la connaissance d'un homme bien, bon, simple, altruiste, dont la douleur et la détresse m'ont touchée en plein coeur.
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Pierre Assouline, biographe, membre de l'académie Goncourt, retrace le destin tragique d'Alfred Nakache, juif, né à Constantine (Algérie) en 1915, mort en 1983 à Cerbère (Pyrénées Orientales).
Ce champion de natation, recordman du monde, qui a représenté la France aux jeux olympiques de Berlin en 1936 et de Londres en 1948, a vu sa fulgurante ascension brusquement interrompue fin 1943, suite à une dénonciation.
Il a été déporté à Auschwitz Birkenau, par le Convoi no 66 du 20 janvier 1944, avec sa femme Paule et sa fillette Annie de deux ans qui ont été placées dans un autre camp et sont mortes gazées. Albert Nakache est resté interné deux ans et a survécu grâce à son endurance physique.
Le nageur démarre de façon menaçante : « Si je le revois je le tue ». C'est le fil rouge de l'intrigue, nous remontons le temps dans l'attente de la vengeance d'Alfred Nakache contre Jacques Cartonnet. Je vous laisse découvrir le dénouement.
À travers Alfred Nakache, Pierre Assouline va aborder les thématiques liées à la seconde guerre mondiale, les juifs et la natation, d'un point de vue historique et philosophique.

« Un mot d'ordre : on ne mélange pas le sport et la politique « (p.207). Moi je pense qu'il ne faut pas mélanger littérature et politique mais je crois surtout que le problème c'est qu'on ne sait pas communiquer et qu'on se laisse manipuler.

L'auteur commente les jeux olympiques de Berlin en 1936 : « Hitler avait promis qu'il n'y aurait pas d'exclusion raciale et ils l'ont cru » (p. 66). le Comité international olympique a fait retirer tous les panneaux d'accès aux lieux publics qui portaient la mention : « Interdit aux chiens et aux Juifs ». « Les Jeux leur ont permis de diffuser la fallacieuse image d'une Allemagne tolérante éprise de pacifisme ».

Ce passage me fait penser à nos oiseux débats sur l'écriture inclusive : « Pendant ce temps, au micro de Radio-Paris, on se demande s'il faut prononcer « israélite » en appuyant sur le s ou « izraélite » en insistant sur le z étant entendu que l'une des deux manières de dire est péjorative » (p.94).

Pierre Assouline retranscrit la lettre pastorale du 23 août 1942 signée par l'archevêque, Mgr Saliège (p.113), que Pierre Laval fait interdire. le clergé manifeste une forte opposition au nazisme et réclame le droit d'asile dans les églises.

Alfred Nakache nous questionne : l'oubli, le pardon ou la vengeance ?

Le nageur regorge de considérations sur la natation.

« le bon nageur, c'est celui qui oublie l'eau, dit Confucius » (p.69).

« Nager pour ne pas couler » (p.221).

Le nageur est le dernier titre de la liste de mon programme de travail en groupe. La lecture s'est avérée intéressante mais laborieuse et douloureuse, en résonance avec la situation anxiogène actuelle et mon passé familial.
C'est une autofiction factuelle qui laisse peu de place à l'interprétation. Ce n'est pas ma tasse de thé, pour moi ce n'est pas de la littérature.
Pierre Assouline nous ressert une énième description de l'indicible horreur de la Shoah mais ne mouille pas le maillot. Il nous présente Alfred Nakache mais ne le fait pas vivre.
Je recherche des tentatives d'explications : comment est-ce possible que des hommes ordinaires soient devenus des criminels ? Je pense que tout un chacun ne souhaite qu'une chose : la paix, l'harmonie entre les peuples.
Où sont passés Julien Sorel, Emma Bovary, Raskolnikov ? Morts et enterrés pour laisser la place à une génération de personnages désincarnés qui ne nous font pas vibrer.
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critiques presse (9)
LaProvence
08 décembre 2023
Pierre Assouline, écrivain, est l'auteur du "Nageur", livre qui retrace la vie d’Alfred Nakache, le nageur d'Auschwitz qui a notamment été recordman du monde de natation en 1941 à Marseille.
Lire la critique sur le site : LaProvence
LeSoir
26 juin 2023
Pierre Assouline met tout son talent de biographe et sa passion pour le sport au service de la destinée héroïque du nageur Alfred Nakache, survivant d’Auschwitz.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LeJournaldeQuebec
19 juin 2023
Une passionnante biographie romancée dans laquelle il n’est vraiment pas difficile de se plonger tête première.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Lexpress
17 mai 2023
Pas de doute, notre chroniqueur est comme un poisson dans l’eau avec ce récit littéraire sur Alfred Nakache (1915-1983), prodigieux et généreux champion de natation dont la vie n’a rien eu d’un long fleuve tranquille.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LePoint
16 mai 2023
Pierre Assouline retrace, dans « Le Nageur » (Gallimard), le destin d’Alfred Nakache, champion de natation d’avant guerre et survivant d’Auschwitz.
Lire la critique sur le site : LePoint
Bibliobs
17 avril 2023
A travers le destin bouleversant d’Alfred Nakache, champion du monde de natation déporté à Auschwitz et Buchenwald, l’auteur de « Lutetia » et de « Sigmaringen » explore à d’une nouvelle façon la période de l’Occupation.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
17 avril 2023
Tout a jailli de l’eau. Celle, azur, de la piscine de la Croix-Catelan, au cœur du bois de Boulogne. C’est ici, dans ce très chic bassin privé, que Pierre Assouline nage tous les matins. Ici qu’il écrit dans sa tête, s’invente des mondes, revisite le passé.
Lire la critique sur le site : LeMonde
OuestFrance
31 mars 2023
Le destin d’un champion hors du commun, survivant de la Shoah, qui se reconstruisit contre vents et marées.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
LeFigaro
30 mars 2023
On comprend qu’un tel destin attire l’attention des écrivains. Après Renaud Leblond et son Nageur d’Auschwitz (prix Antoine Blondin 2023), Pierre Assouline se penche sur Alfred Nakache avec un livre qui doit autant à la rigueur du biographe qu’à l’inspiration du romancier.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (65) Voir plus Ajouter une citation
Cette fois, Alfred doit faire face : elles ne reviendront plus. D'autant que, par les récits des revenants publiés dans les journaux, il peut se faire une idée assez précise du sort de Paule, vingt-huit ans, et d'Annie, deux ans.

La mort. Y penser toujours, en parler jamais.

Dès le premier jour, lors de leur séparation sur la rampe d'Auschwitz, quand Paule a été dirigée vers la file de gauche pour ne pas avoir voulu lâcher la main de sa fille, elles ont été envoyées à la chambre à gaz puis leurs cadavres ont été brûlés dans les fours crématoires. Elles n'ont pas été tatouées ; leurs papiers d'identité ont été aussitôt brûlés. Non seulement elles n'existaient déjà plus, mais tout fut fait pour qu'elles n'aient jamais existé. Ce qui fut le sort de la majorité des déportés du convoi numéro 66. Pour la plupart, ils ont à peine pénétré dans le camp et y ont passé moins de deux heures.

Deux jeunes mortes sans sépulture dans un ciel de cendres.
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Entraîneur Alban Minville - Grande figure du Club de natation de Toulouse entre les années 30 et 50.


Au plus profond de sa nuit, Artem (Alfred Nakache) n'a pas besoin d'un guide, d'un maître ou d'un mentor qui l'éclaire dans l'obscurité. Juste de quelqu'un qui lui permette de mieux mesurer l'épaisseur de l'ombre et l'aide à ne pas trahir l'entant qu'il a été. Par ses simples mots, Minville est ce porteur de torche. Il trouve ceux qui lui feront reprendre le chemin de l'eau. Lesquels au juste, on l'ignore et c'est tant mieux. Ils scellent plus fortement encore la relation d'estime mutuelle entre le nageur et son entraîneur. Il lui réapprend à marcher avant de lui réapprendre à nager. Marcher, c'est-à-dire nager dans le paysage. Minville, à qui rien n'échappe de ce qui est humain, le fait revenir par l'esprit du relais, cette entraide naturelle des gens du sport, une solidarité consubstantielle à cette discipline. La course de relais tient de l'esprit de famille.

page 222
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Un homme, ça tient encore même quand ça tient à peu. Faut-il avoir l'âme indomptable dans la vie ordinaire comme au camp, au cœur de la zone d'ombre du Mal. Ici, tout est fait pour abattre l'homme. Mais Alfred Nakache ne peut se résigner à une chute sans relève. Il sait comment affronter des hommes car il a été éduqué à cela, pas à un système qui vise à l'annihiler. Personne n'a été formé à cela. Il n'est pas armé pour défier la face obscure de la raison. Mais qui l'est ? Son éducation l'a préparé à affronter l'âge d'homme, y compris les épreuves ordinaires de la maturité, mais rien ni personne ne l'a prédisposé à vivre ça. Ce qu'il découvre au camp place l'Allemagne hors de toute rédemption ; et le fait qu'Auschwitz soit situé en Pologne n'y change rien.
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En 1964, l’écrivain américain John Cheever publie dans le magazine The New Yorker une nouvelle de quinze pages intitulée « The Swimmer ». (…)
Quatre ans après, la nouvelle est portée à l’écran sous le même titre avec Burt Lancaster, ancien trapéziste demeuré un athlète complet, dans le rôle-titre. The Swimmer, en français « Le nageur ». (…)
Impossible d’oublier une bouleversante scène du film, mais qui n’existait pas dans la nouvelle : rencontrant un petit garçon triste et solitaire assis au bord d’un bassin vide, le nageur le prend par la main et lui apprend à nager en lui mimant patiemment tous les gestes avant de lui confier : « N’oublie jamais, petit, que quand tu nages, tu es le capitaine de ton âme. »
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Berlin - Jeux Olympiques du 1er au 16 août 1936

A l'aube du relais 4 x 100 mètres, les sprinters Marty Glickman et Sam Stoller, les seuls juifs de la délégations américaine, sont priés par ses propres responsables de se retirer de la course, histoire de ne pas contrevenir aux lois nazies. Avery Brundage est d'avis que leur présence déplairait au Fürher. On les remplace in extremis par Ralph Metcalfe et Jesse Owens. Deux noirs. Ce qui pose un problème du même ordre, racialement parlant. La presse allemande ne se prive pas d'ailleurs de qualifier Jesse Owens "d'auxiliaire africain de l'équipe américaine". Mais comme la délégation compte plus de Noirs que de Juifs, la mise à l'écart de ces derniers est considérée comme moins problématique.
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Vidéo de Pierre Assouline
Une rencontre avec L Ecole Biblique de Jérusalem au présent et au futur
- Accueil par Alain Rémy, président de l'Association des Amis de l'École - Introduction par le nouveau directeur de l'Ecole, fr. Olivier Poquillon suivie d'une conférence à trois voix par des enseignants-chercheurs de l'École, « Les Écritures à l'École biblique et archéologique française de Jérusalem en 2023 » : les Écritures au pays de la lettre même (fr. ukasz Popko), au pays d'un renouveau juif polymorphe (fr. Olivier Catel), au pays d'une réception interconfessionnelle et interculturelle (fr. Olivier-Thomas Venard ).
- Échanges avec le public
- Capsules - « La Bible en ses Traditions aux Bernardins », témoignage sur l'usage de la base de données par le P. Jacques Ollier, enseignant-chercheur au Collège des Bernardins. - À la découverte de Bibleart, application culturelle de la Bible en ses Traditions, avec l'équipe de Prixm
- Pause : possibilité de visiter le stand de l'Association des Amis pour y découvrir ses activités, les propositions de l'École et ses dernières publications ainsi que le stand École biblique des éditions Peeters.
- Table Ronde "Sous l'invocation de saint Jérôme : traduire les Écritures en 2023, entre Jérusalem et Paris". Échange entre Pierre Assouline, de l'Académie Goncourt, pour la littérature, le professeur Olivier Munnich (professeur émérite à l'Université Paris – Sorbonne) pour la philologie et l'histoire et Olivier-Thomas Venard pour l'exégèse et la théologie.
- Collation
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