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Critique de Dionysos89


Laurent Astier, Fabien Nury et Xavier Dorison : une vraie « dream team » de la bande dessinée franco-belge actuelle s'est associée pour créer un opus solo sur un thème rarement abordé, et encore moins sous l'angle de l'humour : la débâcle française de 1940 ! J'ai en plus apprécié ‘‘Comment faire fortune en juin 40'' dans son édition de luxe, c'est-à-dire dans un écrin cartonné rouge pétant et par des planches en noir et blanc, ce que je préfère vu le trait utilisé par Laurent Astier ici, ce qui colle parfaitement à l'ambiance « d'époque » d'abord, et ce qui s'associe tout aussi bien à l'ambiance « roman noir » entre casse et drame.

Qui dit oeuvre de casse, dit forcément un casting qui doit élever le niveau. Les quatre personnages principaux ont été choisis avec soin par les auteurs. D'abord, il y a Franck, boxeur habitué aux projecteurs des rings, mais aussi cambrioleur particulièrement rôdé ; les auteurs l'ont voulu comme un Lino Ventura trapu. Ensuite, vient Sambio, qui cherche et semble réussir à devenir un caïd de la pègre parisienne ; les auteurs l'ont imaginé comme un Alain Delon toujours plus cynique et désabusé. Kurtz est, quant à lui, un mécano débrouillard et surtout déserteur de la Wehrmacht, autant dire que la situation ne lui plaît guère. Ce trio très masculin est complété par la douce présence de Ninon, experte en mécanique, ce qui s'applique aux explosifs comme aux serrures des coffres les plus résistants ; elle a le charme des personnages féminins résistants pendant la Deuxième Guerre mondiale. Les autres personnages font finalement que de très petites interventions, puisque nous suivons le quatuor principal dans un road-trip infernal à travers le France de 1940, la France de l'Exode et du début de la collaboration.
Dès le départ, le scénario donne le ton d'une aventure débridée et volontairement en marge de la marche bien connue de l'Histoire : Fabien Nury et Xavier Dorison brassent leur culture. Les Français subissent la débâcle face à l'avancée allemande ; l'exode débute pour certains ; d'autres tentent déjà de se retrouver du bon côté de la bataille, voire de tirer les marrons du feu. le lecteur peut forcément regretter de ne voir que des esquisses de personnalité se former pour la majeure partie des personnages : dans un tel « road movie », on égrène les pertes au compte-gouttes au départ, puis vient la saucée aux trois-quarts de l'aventure…
Le dessin de Laurent Astier est à la fois énergique et aux traits suffisamment arrondis pour créer un mélange trouble entre la dynamique de la violence et la caractérisation volontairement touchante des personnages. Personnellement, j'ai pu apprécier son travail en noir et blanc après avoir acheté (et fait dédicacer par l'artiste) la version de luxe à la 25e Heure du Livre du Mans 2015. Forcément, sans les couleurs, le trait du dessinateur fait davantage mouche, ou en tout cas a davantage de poids pour faire la décision.

Comment faire fortune en juin 40 est donc une bande dessinée très cinématographique bien réjouissante, à mi-chemin volontaire entre le film de casse et le film de guerre sur la vie sous l'Occupation. Ce trio composé de Laurent Astier, Fabien Nury et Xavier DOrison mériterait bien d'autres albums pour nous divertir.
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