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Critique de meeva


Prof de lettres : Qu'est-ce que tu fais J ?
J : J'épie mes fautes m'dame.
Prof de lettres : Et tu crois qu'elles vont disparaître toutes seules rien qu'en les regardant ?
J : Si j'épie mes fautes, après vous me donnez l'assolution, non ?

A part quelques exceptions, de nos jours, il est rare que l'on parle encore de « fautes », on est passé à « l'erreur » et cela fait déjà une « sacrée » différence.



Dans ce livre, pas de grandes phrases de philosophe, pas d'invectives non plus, mais le discours posé et organisé d'un didacticien.
Et pourtant, que de fois en cours de lecture j'ai dit à Jules « Je ne comprends rien ».

Le problème, c'est que quand des explications font appel à des concepts, il faut les avoir un minimum compris ET intégré pour suivre l'argumentation.
Or, je réalise que malgré mes dix ans de métiers (et quelques), je n'y connais pas grand-chose en didactique, m'étant penchée davantage sur l'aspect pédagogique des choses. Mais, maintenant que les K. ont disparu de mes classes, j'aspire à un peu plus qu'un respect finalement inutile pour eux de la part de mes élèves.



Donc le style de ce livre est clair mais les concepts sont complexes (schème, rééquilibration majorante, épistémologie génétique ou historique, point de vue structuraliste ou fonctionnalise…).


Dans une première partie, Jean-Pierre Astolfi montre assez brièvement et avec des exemples pourquoi l'erreur fait partie du processus d'apprentissage.

Dans une deuxième partie, un peu plus théorique, bien qu'agrémentée d'exemples également, il expose deux points de vue différents sur ce processus d'apprentissage : celui de Bachelard et celui de Piaget.
L'auteur ne semble pas trancher entre les deux, un point de vue, loin d'exclure l'autre, pouvant justement le compléter.

Une troisième partie propose une typologie des erreurs, avec des exemples pris dans différentes disciplines enseignées et à des niveaux variables, de l'école primaire à l'université (ici, ce sont mes exemples perso) :

Relevant de la compréhension des consignes.
Résultant d'habitudes scolaires ou d'un mauvais décodage.
Témoignant des conceptions alternatives des élèves (ainsi E. ne pouvait imaginer que le tunnel sous la Manche était creusé dans la terre, car il n'imaginait pas qu'il y avait quelque chose sous les mers et les océans).
Liées aux opérations intellectuelles.
Portant sur les démarches adoptées (pour distribuer 108 pièces, certains les dessinent, ce qui n'est plus opérant pour 1250).
Dues à une surcharge cognitive (pour résoudre certaines équations, il faut maîtriser les nombres relatifs, les fractions, savoir ses tables, maîtriser le sens des opérations, avoir acquis le nombre 1 comme élément neutre de la multiplication… bref, c'est plus compliqué qu'on ne le croit).
Ayant leur origine dans une autre discipline (pour savoir la fréquence d'apparition des voyelles dans une phrase, un élève de 3ème demandait ce qu'était une voyelle).
Causées par la complexité propre du contenu (la définition de la tangente donnée en 3ème est parfois en contradiction avec celle donnée en 2nde).

Si je vous disais que je ne ris pas avec les « perles » du bac, ou du brevet, ce serait mentir. Et celles qui me font rire, ce sont celles qui concernent le vocabulaire.
Par contre, je suis quand même un peu gênée que l'on se moque du manque de « savoir » des élèves. Après tout, ils ne risquent pas d'oser poser des questions si on se moque de leur ignorance.

Une dernière partie ouvre des perspectives sur d'autres réflexions encore, comme la psychologie, la sociologie, qui ne sont pas prises en compte ici car on ne peut pas être spécialiste de tout (sauf les médecins généralistes !).
Tout au long de l'ouvrage, Astolfi cite de nombreuses références (Barth, Brissiaud, Chevallard, Cifali, Meirieu, Perrenoud, Serres, Zakhartchouk… pour n'en citer que quelques-uns), ce qui me laisse d'immenses perspectives pour approfondir le sujet !





A la place de la p'tite chanson, une p'tite histoire (pas récente) :
Un garçon devait écrire deux vers, avec une rime. Il récite à sa maîtresse.
« Je suis allé à la pêche à la grenouille.
J'avais de l'eau jusqu'aux genoux.
- Mais, ça ne rime pas.
- C'est pas d'ma faute si y'avait pas assez d'eau. »
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