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EAN : 9782746743939
160 pages
Autrement (28/09/2016)
4/5   7 notes
Résumé :
La formule est célèbre mais paradoxale : ne suis-je pas déjà moi- même ? (fui donc pourrait être cet "autre moi" que l'on m'enjoint d'atteindre ? De Pindare à Nietzsche, de Freud à Deleuze, les philosophes se sont approprié ce fameux mot d'ordre. Pour Dorian Astor, devenir soi ne signifie pas qu'il faille devenir maître de son destin, ni même qu'on doive devenir quelque chose ou quelqu'un. Devenir ce que l'on est, c'est aussi et surtout une disposition qui nous élèv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
A partir de la question habituelle de certains débuts de conversation : « Qu'est-ce que tu deviens ? », de la formule : « Connais-toi toi-même » inscrite sur le fronton du temple de Delphes, de la recommandation de Pindare : « Puisses-tu, ayant acquis des connaissances, devenir tel que tu es », et de l'aphorisme de Nietzsche extrait du Gai Savoir : « Que dit ta conscience ? –‘'Tu dois devenir celui que tu es.'' », l'auteur déroule ses réflexions pour en tirer toutes les conséquences philosophiques et existentielles.

Le sommaire est le suivant :
Prologue : « Qu'est-ce que tu deviens ? »
1. Apparaître dans toute sa gloire
2. Tenir le milieu
3. Comment l'on devient ce que l'on est
4. le moi doit advenir
5. Prendre le pouvoir sur sa vie
6. Sujétion et subjectivation
7. L'individuation comme problème
Épilogue : Une vie


Dans le prologue, l'auteur part de la question de début de conversation "Qu'est-ce que tu deviens" pour montrer que c'est une question objectivante, coercitive, voire stupide sur le plan de la vérité, comme si un individu pouvait être enfermé dans quelques définitions trop succinctes et insuffisantes du style "je suis ça ou ça".

Dans le chapitre 1 il est question de la formule de Pindare « Puisses-tu, ayant acquis des connaissances, devenir tel que tu es ». La connaissance est une victoire sur soi, une élévation au-dessus de soi-même et en même temps une affirmation et une confirmation de ce que l'on est.

Le chapitre 2 est un survol historique des philosophies stoïciennes, épicuriennes, chrétiennes, humanistes. L'exigence initiale de perfection ou d'élévation de soi peut déboucher sur une forme de sagesse du juste milieu jusqu'à courir le risque de tomber dans la médiocrité en n'étant que soi-même. L'homme libéré du carcan religieux peut repartir à la conquête de lui-même comme l'illustre l'extrait suivant : "L'hybridité de l'homme restera pour le Zarathoustra de Nietzsche la dangereuse condition sous laquelle un autodépassement est possible : « L'homme est une corde tendue entre l'animal et le surhumain – une corde par-dessus un abîme. »

Dans le chapitre 3 il est essentiellement question de Nietzsche et du "Deviens ce que tu es". Critique à l'égard du christianisme, de l'idéalisme, des valeurs de renoncement de la société moderne qui incite les humains à pousser en troupeau, Nietzsche souhaite l'apparition d'un homme nouveau, libre, anticonformiste, méfiant, sceptique, courageux, créateur :

"Sans cesse Nietzsche répétera que ce n'est pas en nous qu'il faut chercher le moi, mais loin au-dessus de nous. Nous sommes à nous-mêmes notre propre tâche, notre propre oeuvre, notre propre création. Tel l'homme grec, tel encore l'homme renaissant, l'homme nietzschéen est le sculpteur de lui-même."

Dans le chapitre 4 "Le moi doit advenir", l'auteur montre les affinités entre la pensée et la critique freudienne de la société et celles de Nietzsche. Freud guérit l'homme névrosé en renforçant le Moi contre le ça alors que Nietzsche défend le Soi qui s'appuie justement sur les pulsions, les instincts, les forces qui nous poussent à nous affirmer. Nietzsche invite à " danser dans ses chaînes ", à mettre de l'innocence dans la puissance du devenir. La psychanalyse croit au langage, Nietzsche se méfie du langage qui risque d'enfermer.

Dans le chapitre 5 « Prendre le pouvoir sur sa vie » l'auteur nous dit que l'homme d'aujourd'hui vit dans une société sans tabous où la sublimation freudienne n'a presque plus court. L'individu est " condamné à participer au grand bal économique, c'est-à-dire au cercle éternellement mourant de la production et de la consommation qu'il fait tourner tel un hamster dans sa roue."
Rappel à Nietzsche qui affirme en point d'orgue : « La haute culture ressemblera à une danse audacieuse : c'est pourquoi, comme je l'ai dit, beaucoup de force et d'agilité sont nécessaires ».

Dans le chapitre 6 "Sujétion et subjectivation", il est beaucoup question de Michel Foucault et de ses réflexions sur le pouvoir de sujétion de la société sur l'homme et sur les conditions de réappropriation de sa liberté par l'individu., être de désir. Pouvoir et contre-pouvoir, autonomie contre hétéronomie, des courants de forces antagonistes traversent la société.

Dans le chapitre 7 "L'individuation comme problème", synthèse du livre, on s'oriente vers une sorte de morale existentielle pour surmonter les contradictions entre l'être stable et le devenir instable. Comment concilier le fait que l'individu cherche à la fois à "persévérer dans son être" pour reprendre la formule de Spinoza et aspire à ce dépassement de soi porté pas cette énergie vitale, cette volonté de puissance ? L'individu est d'abord un acte. Il est constamment en devenir, il se crée à chaque instant, il n'est pas une essence figée une fois pour toutes. L'individu est à la fois la somme de tout ce qu'il a fait et pensé dans le passé mais aussi la somme de tout ce qu'il n'a pas fait, de tout ce à quoi qui il a renoncé, de tout ce qu'il a oublié. L'homme est engagé dans la vie; A la limite, ce n'est qu'au moment de notre mort que nous pourrons dire que nous sommes devenu ce que nous sommes. A cet instant, nous serons de façon définitive la somme définitive et stable de tout ce que nous avons incarné et, en creux, tout ce que nous n'avons pas incarné.
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Merci encore aux Editions Autrement pour cette découverte et cette recherche philosophique.

    En quittant l'école primaire, je me souviens d'une carte que m'avait donnée une des institutrices dans mon "cahier de souvenir" (que de nostalgie...). Sur cette carte, il y avait une simple phrase : "Ose devenir qui tu es". Cela m'a longtemps suivi, témoignage également de qui j'étais à l'époque. Ce premier mot surtout "Ose"... Oser, aller de l'avant, cesser d'hésiter... Oui oser devenir qui j'étais vraiment, sans me cacher ou me restreindre. le message d'une femme à une autre en devenir. 
    Alors, en ayant vu ce titre, il y a une bouffée de souvenirs qui sont venus à moi. Je n'ai pas oublié la carte, le petit mot de l'institutrice, ma surprise de l'époque et surtout ce que je n'avais pas su comprendre à ce moment-là. 

   La lecture de ce livre n'a pas été simple, et j'avoue que j'ai dû à plusieurs reprises revenir en arrière et reprendre parfois des notions. Lorsque l'on parle de pensée humaine, de construction de la pensée, il est fascinant d'en découvrir les méandres. Ce livre est réussi en cela : il est malgré tout abordable, et donne envie de revenir à ce genre de lectures. 
    La Collection dont est tiré le livre, "Les Grands Mots", contient d'ailleurs de nombreux ouvrages ayant pour thème "La discrétion, "Les croyances"... Bref, des thèmes amenant à la réflexion.

    Dorian Astor est un philosophe, germaniste et musicologue. de nombreux travaux consacrés à Nietzsche et le reste de son oeuvre jalonnent le travail de cet écrivain. Avec "Deviens ce que tu es", il prend comme point de départ les écrits de Pindare (5è siècle avant JC) avec "Puisses-tu, ayant acquis des connaissances, devenir tel que tu es". Par un judicieux travail philo-historique, il arrive à cette phrase célèbre de Nietzsche : "Deviens ce que tu es". 

    Ce livre est certes un peu difficile, car il aborde des notions et des concepts auxquels je ne suis plus habituée depuis la fin de mes études. Mais il est passionnant ! Il reste abordable et n'est pas insipide comme certains traités de philosophie peuvent l'être. Certains livres sont tellement denses qu'il est impossible d'en appréhender même le sens pour un profane. 

    A la lecture, on découvre la passion mais aussi la pensée de ces philosophes de l'Antiquité : base de sa réflexion, l'auteur décortique les notions de "ça, moi et surmoi". Il est difficile de résumer ce livre tellement il aborde des réflexions sur soi, ce que nous sommes et ce que l'on sent. "Devenir ce que l'on est" a également une notion de temps : on ne cesse d'avancer, de créer, de vivre, donc on devient immuablement ce que nous sommes : le présent définit notre futur, tout comme notre passé. 
En bref : 

Entre introspection et réflexion, Dorian Astor nous donne à réfléchir sur notre propre existence au travers des réflexions de ces philosophes qui ont construit la pensée humaine. 
Lien : https://lecturedaydora.blogs..
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A partir du "qu'est ce que tu deviens", que nous avons tous usé lorsque nous retrouvons quelqu'un après de longues années, Dorian Astor explore admirablement, depuis Pindare avec "Puisses-tu, ayant acquis des connaissances, devenir tel que tu es", le "deviens ce que tu es" de Nietzche. L'être ou le devenir, le moi ou le soi ?
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Épilogue : Une vie

Si la question « Qu’est-ce que tu deviens ? » invite aussitôt au récit d’une vie, l’impératif « Deviens ce que tu es» intime de constituer des séries de problèmes. C’est au moment de notre mort, si l’occasion nous en est consentie, que nous pouvons peut-être savoir ce que l’on est, parce que tous nos devenirs sont derrière nous, accumulés et concentrés en nous pour déboucher sur cet avant-dernier devenir : devenir celui qui va mourir. Ce n’est jamais une affaire de bilan (parce que nous ne sommes pas un capital), mais de « notion complète » de l’individu au sens leibnizien : quelqu’un est la totalité de ce qui lui arrive, ce sont les événements qui sont ses prédicats réels. En négatif, il est également la totalité de ce qui ne lui arrive pas, de ce qui arrive à d’autres ou n’arrivera jamais, de ce qui aurait pu ou dû arriver. Potentialités non actualisées. Occasions manquées, tentatives avortées : devenir musicien, finir ma vie avec mon premier amour, achever un roman. Ou simplement événements incompossibles avec les miens. Finalement : si la mort a un sens, c’est de faire de chacun de nous des notions complètes. Dans cette manière de considérer une vie, la question la plus délicate reste celle de la mort prématurée.
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"Tant que l'on oppose quelque chose comme un sujet libre en droit et une société aliénante de fait, on s'expose à d'insurmontables contradictions : on articule une humanité transparente abstraite à une opacité sociale concrète."
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Non, l'homme ne peut tenir le milieu : il ne peut que régresser , s'élever ou être précipité dans l'abîme.
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Mieux vaut un minuscule devenir qu'un grand fait.
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