Je n'y ai pas lu de fiches de lectures pour ses livres. Non... ou plutôt si, des filigranes psychologiques amenant à l'acte d'écriture dédits livres. Mais le plus important, la vraie gageure et oh combien réussie, est de nous proposer l'écrivain dans sa fougue d'avant l'écriture, d'avant cet aboutissement artistique. Les 20 ans, la jeunesse et cet état où l'art peut encore être un passe-temps, une passion et ne se veut pas forcément présenté, accessible au public.
Il s'agit là d'une biographie vivante. Elle donne des points clefs de la vie de l'artiste sur ses débuts, les réseaux et les ambitions (ou manque) et propose vraiment une immersion savoureuse, apte à accrocher le jeune lectorat, le lectorat intrigué et le plus ardu. Les informations se veulent très pointues sans qu'elles ne paraissent être listées. Et ce passage entre l'enfant parmi les autres et ce qu'il devient offre de multiples envies de lectures.
Alors ce
Flaubert? Il est l'homme un peu trop gros, un peu amorphe et un peu cloitré chez lui à écrire. Et il est tout autre. Jeune, c'est un homme athlétique, charmant et beau, plein d'humour à l'indépendance d'esprit très prononcée.
Gustave est doté d'une intelligence fine, indépendante, mise au service de l'humour, d'une certaine impertinence ou rébellion (...)
C'est aussi un homme d'intensité. Il souhaite une intensité en amitié et en amour. Dans le premier cas, il sera servi et connaitra des rapports exclusifs avec ses amis, dont Maxime DUCAMP. Ces relations le porteront mais aussi le condamneront à une certaine forme de dépendance. La place des hommes est importante, son père lui apporte l'envie d'aller jusqu'au bout mais aussi son penchant pour le macabre et le pessimisme, son professeur d'histoire l'envie d'écrire et d'être reconnu, les amis offrent la protection et l'émulation. En amour, c'est plutôt la douche froide(...). Les femmes semblent destinées à montrer leur petitesse, il en reste repus mais plus encore écoeuré jusqu'à la fin de sa vie. Son sens de l'aventure n'apparait pas tant dans ses voyages réels (...) que dans son admiration d'un banditisme d'honneur, d'une manière d'être au monde(...) ainsi qu'une admiration pour les paysages.
Et nous suivons surtout ce jeune homme dans sa vocation d'écrivain. Il a toujours écrit. Ses
oeuvres de jeunesse sont nombreuses (...). Puis de cet acte d'écrire pour tout de suite être lu (...), il s'échine à une écriture plus lente pour contrecarrer la facilité où sa méthode de travail transparait (beaucoup de documentations, de lectures sur tous les sujets et une force de travail impressionnante). D'une envie d'écrire du théâtre pour la gloire, il écrit plus tard pour l'art.
Gustave Flaubert apparait multiple mais bien plus encore
Louis-Paul ASTRAUD nous montre en quoi il était le
Flaubert connu et son anti-
Flaubert, enthousiaste et drôle ou abattu, isolé et triste, une sorte d'attaque d'apoplexie miniature et deux drames finiront de construire le
Flaubert écrivain connu des générations suivantes.
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