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EAN : 9782373050073
304 pages
Aux forges de Vulcain (07/01/2016)
3.6/5   20 notes
Résumé :
Dans un monde en déliquescence, la sécheresse et la canicule font des ravages, l'égoïsme et l'anarchie règnent, et chacun lutte férocement pour sa survie. Antoine, un ancien professeur, rend quotidiennement visite à sa fille Chloé qui, suite à un événement traumatique dont il se sent coupable, souffre de graves troubles de la mémoire et réside depuis des années dans une maison pour enfants malades. Antoine se bat contre l'oubli et la destruction, en photographiant ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai l'objectif cette année de découvrir des petits éditeurs (entendre par là des éditeurs qui changent des fameux Gallimard, Robert Laffon, etc…). Chose faite ici avec Nous entrerons dans la lumière de Michèle Astrud édité Aux Forges de Vulcain reçu dans le cadre d'une Masse Critique Babelio. Je trouve que la ligne éditoriale de leurs derniers romans est agréable à regarder. Les différentes couvertures et l'édition sont soft et moderne et avec des couleurs plutôt sympathiques.

Dans ce roman, nous suivons le parcours d'Antoine, ancien professeur, et de sa fille, Chloé, internée dans une institution adaptée suite à un événement qui l'a laissé brisé et complètement traumatisé. Chloé est une jeune adolescente qui souffre de troubles de mémoires et a, fréquemment, des comportements autodestructeurs. La mère est peu présente dans le roman, nous la rencontrons seulement via quelques appels téléphoniques. Dans cette famille règne culpabilité et une certaine peur du futur. Pour ne pas améliorer cela, nous suivons nos différents personnages dans un environnement assez particulier. En effet, Nous entrerons dans la lumière est un roman d'anticipation (au futur particulièrement proche). le monde est ravagé. Sans que l'on sache véritablement les causes, nos deux protagonistes vivent dans un monde où la chaleur et la sécheresse sont omniprésentes. Toute institution politique a l'air d'avoir disparu et la loi du plus fort règne.

Antoine est un personnage qui se laisse vivre au jour le jour et ne cherche pas à améliorer ses conditions de vie. Tout le monde autour de lui s'évade vers d'autres continents où la vie semble meilleure, mais lui ne cherche pas à s'échapper. Antoine occupe son temps à prendre des photos des paysages désolés et des habitants, la photographie ayant toujours été sa passion. Ce qui va chambouler un peu cette routine c'est l'appel de Sonia, ancienne amie et amante d'Antoine et documentariste plus ou moins célèbre qui souhaite le revoir en hommage aux années passées ensemble et en vue de faire un documentaire de leurs retrouvailles. En vue de la retrouver, Antoine et Chloé entreprendront un voyage dans cet univers où le danger semble partout et où personne n'inspire confiance.

Ce roman a été une bonne surprise. On découvre les personnages et leurs histoires au fur et à mesure du roman. Les différents personnages que l'on croise lors du voyage sont tout autant énigmatiques que nos deux protagonistes et cela a été agréable d'assembler les différents indices donnés par l'auteur pour comprendre le passé et les volontés de ses différents personnages.

le fait que l'auteur donne peu d'éléments sur le monde dans lequel vivent nos personnages a été assez déconcertant au départ mais finalement j'ai beaucoup aimé l'ambiance que cela donné. Au final, c'est assez difficile de donner un genre à ce roman car j'ai quelques difficultés à le placer en roman d'anticipation (ou en science-fiction) tant on ne retrouve pas du tout l'ambiance des romans de ce genre. Nous entrerons dans la lumière est un roman assez singulier, ce qui fait que l'on a du mal à prévoir ce qu'il peut se passer pour nos personnages. Est-ce une guerre ou une catastrophe naturelle qui a tout chamboulé ? L'auteur nous dissimule quelques indices sans pour autant nous donner de réponse claire et c'est donc au lecteur de faire le détective.

Outre l'ambiance particulière du roman, j'ai beaucoup aimé l'écriture de l'auteure, que j'ai trouvée particulièrement poétique. Nous entrerons dans la lumière est donc une bonne surprise et je n'ai rien à lui reproché tant il est original et ne ressemble à aucun autre roman que j'ai pu lire.
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Cela fait déjà un paquet d'années que le post-apo a débordé les strictes limites de la SF pour se faire une petite place en littérature blanche. Il y a ainsi eu « le voyage d'Anna Blume » de Paul Auster et « La route » de Cormac McCarthy pour ne citer que les plus célèbres. Mais bien d'autres ont depuis emboîté le pas à ces auteurs reconnus.
Rien de surprenant à cela. le post-apo est un terrain propice aux expérimentations de toutes sortes, une façon de tabula rasa où l'écrivain peut, tout en conservant une part plus ou moins grande de notre réalité quotidienne, affranchir ses personnages des lois et des conventions de la société qu'il fait disparaître. Il peut ainsi les confronter au débordement des passions, tester leurs réactions face à l'inconnu, les laisser, au choix, détruire ou reconstruire, inventer ou régresser. le post-apo, c'est le champ de tous les possibles.
La cause de l'apocalypse est en revanche assez secondaire. Dans « Nous entrerons dans la lumière » c'est une sécheresse exceptionnelle qui a raison de la cohésion de la société française. On ne sait presque rien de son origine. On ne peut qu'en constater les effets : la fuite à l'étranger de ceux qui en ont les moyens, le repli égoïste de ceux qui ont encore quelque chose, le rassemblement en meutes de jeunes loups de ceux qui n'ont plus rien.
Antoine le narrateur n'a lui-même plus grand-chose si ce n'est des responsabilités. Des responsabilités envers sa femme qui le presse de le rejoindre en Amérique ; envers l'oeuvre de documentariste de Sonia son amour de jeunesse ; envers sa fille Chloé, internée dans une institution psychiatrique depuis une dizaine d'années.
Trois femmes donc et trois façons de penser sa vie. Celle de son épouse tout d'abord qui ne pense qu'à l'avenir, à épargner, à prévoir, à se faire une situation fut-ce au détriment de sa famille. Celle de l'assistante de Sonia qui garde les yeux rivés vers le passé, ne pense qu'à conserver ses archives, préserver la mémoire bref qui ne vit que pour et par des souvenirs. Il y a enfin sa fille qui, elle, est profondément ancrée dans le présent. Sans mémoire du passé et sans attente précise de l'avenir, elle ne réclame qu'un peu de temps et d'attention, des moments de partage, joies et peines confondues.
En fait, cette histoire m'a semblé être une parabole non pas sur le sens de l'existence mais sur la façon dont nous choisissons de l'affronter. Et c'est précisément là que cet univers post-apocalyptique retenu par l'auteur prend tout son sens puisque ce sont les évènements qui vont imposer leur choix aux personnages.
La précarité de leur situation va en effet leur imposer de vivre dans l'instant. Par la force des choses, Antoine va se dépouiller de son ancienne vie, de son confort et de toutes les choses qu'il croyait indispensables. Il retrouvera alors la spontanéité qu'il avait perdue et finira par accepter ce présent qui n'est pas nécessairement oubli du passé ni rejet du futur mais qui au contraire se nourrit des expériences vécues tout en demeurant ouvert à la nouveauté.
Cette histoire de relation père/fille dans un monde en pleine transformation est donc particulièrement touchante. J'ai pour ma part beaucoup aimé ce portrait de père qui prend enfin le temps de regarder grandir sa fille et qui finit par se rendre compte que les enfants sont bien plus forts qu'on ne le pense et sans doute plus aptes que nous à affronter le futur. Et d'ailleurs, le futur, n'est-ce pas eux ?

Lien : http://sfemoi.canalblog.com/..
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Dans l’atmosphère post-apocalyptique d’une ville et d’un pays et continent européen ravagés par le réchauffement climatique, tout est figé, craquelé et recouvert de poussière sous l’effet de la sécheresse et des démolitions, les bâtiments publics sont détruits, vestiges d’un temps évanoui, la ville est désertée.

Antoine est un témoin de ce monde qui s’effondre, espérant témoigner de sa reconstruction. Les journées de cet ancien professeur s’articulent autour des visites à sa fille internée dans une institution psychiatrique, des déambulations inlassables dans la ville qu’il photographie et filme, systématiquement, pour lutter contre l’oubli et la disparition, et des séances nocturnes et solitaires pour visionner les films d'une femme qu’il a aimée autrefois, Sonia, devenue une cinéaste documentariste renommée.

Des enfants ensauvagés survivent comme ils le peuvent, dans l’ancien parc de la ville transformé en jungle. Il a toujours tenté en vain de séduire et d’attirer vers l’éducation ces gamins errants, en les approchant doucement, en les photographiant, dans ce parc, lieu du drame qui a frappé sa fille Chloé, perdue de vue dans le parc lorsqu’elle avait huit ans et retrouvée, trop tard, abîmée physiquement et psychologiquement.
Depuis ce jour, onze ans auparavant, elle vit internée dans une institution, avec les yeux vides et la mémoire désertée comme les rues de sa ville. Tandis que la ville s'effondre, inexorablement, l’institution doit fermer. Antoine part sur les routes en compagnie de sa fille transformée hors des murs de ce prétendu asile pour préserver sa vie, les souvenirs de Sonia et peut-être tracer un nouvel avenir dans cet exode.

Dans ce récit classique et linéaire, situé dans un univers post-apocalyptique au contexte très mince, sans réelle inventivité langagière, la plus grande réussite est à mon sens le personnage du père, sauvé par une forme de routine, d’empathie et car par les images il incarne la volonté de mémoire et de réinvention dans un monde en effondrement total.

Ce neuvième livre de Michèle Astrud est paru en janvier 2016 aux éditions Forges de Vulcain.
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Oui, je sais ce que vous allez dire, il a dealé avec Les Forges de Vulcain… vu que j'en ai encore un en stock, je ne nierai pas. Mais il faut dire que cet éditeur est trempé dans un excellent acier… du fer forgé, bien évidemment.

On est ici plutôt dans le roman d'anticipation. Antoine vit seul dans sa maison. Autour de lui, une société exsangue survit dans un environnement desséché où l'eau est un des derniers enjeux avec l'électricité et la préservation des personnes. Des bandes de jeunes, violentes, régentes des parcelles de ville, dominent des zones où il ne fait pas forcément bon s'aventurer. Et pourtant Antoine s'y rend et photographie les lieux et les gens qu'il croise. Il déambule ainsi au milieu des édifices publics laissés à l'abandon, dont l'ancien établissement scolaire où il était professeur avant le drame vécu par sa fille et dont il se sent responsable.

Chloé, 17 ans, est internée depuis l'âge de 8 ans. Que s'est-il exactement passé ? Pourquoi Antoine se sent-il responsable ? Je ne vous le dirai pas même si cela se devine et se sait rapidement. Là n'est pas tant l'intérêt du livre.

Le propos le plus intéressant du livre repose dans la question du souvenir. Chloé ne se souvient de rien ou feint de ne pas se souvenir. Antoine photographie le monde qui l'entoure pour en laisser un témoignage à sa fille. La femme d'Antoine a « abandonné » mari et fille pour aller s'installer aux Etats-Unis et avoir un travail suffisamment lucratif pour pourvoir aux besoins de sa famille : par cette fuite elle marque son besoin d'oublier. Antoine, par un concours de circonstances issues tout droit de son passé, se retrouve à quitter son domicile en emmenant sa fille (dont l'institut psychiatrique doit fermer faute de moyens humains et financiers) pour partir sur les traces de la filmographie de son amour de jeunesse devenu documentariste à succès et décédé brutalement. Là aussi, on retrouve ce besoin d'aller chercher les traces du passé pour les protéger, les sauvegarder.

Mais était-ce vraiment mieux avant ? N'y a-t-il donc rien à sauver dans ce monde qui vit sous la coupe d'un climat déréglé ? N'y a-t-il de survie possible que dans la fuite ? Antoine et Chloé vont devoir s‘inventer un futur : tisser une nouvelle relation entre eux qui passe par le regard extrêmement tendre et pourtant réaliste que porte l'un sur l'autre, refonder une nouvelle société, un nouveau microcosme mais pas seuls… Dans un monde que l'on sent en déclin, c'est finalement l'humain qui prend le dessus et permet de fonder quelque espoir en l'avenir.

La déstructuration du paysage urbain laissé à l'abandon et admirablement décrit par Michèle Astrud force ces néo-pionniers à envisager leur survie en dehors de cet urbanisme, dans une sorte de retour à la terre salvateur.

La lumière symbolise cet espoir en un avenir, nous n'irons pas jusqu'à le qualifier de meilleur, possible. C'est la lumière des phares, c'est la lumière des levers de soleil, c'est la lumière des caméras qui projettent des films sur l'écran. La lumière est symbole de vie, de renouveau. Elle est limpide comme le texte de Michèle Astrud qui demande un temps d'adaptation avant de pouvoir pleinement l'apprivoiser.

Lien : http://wp.me/p2X8E2-Am
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Le monde n'est plus qu'aridité, désert qui avance et entraîne avec lui les calamités habituelles, disparition de l'eau douce, des animaux, des forêts et des plantes. Sommes-nous au Sahel, avec ses images de dromadaires desséchés, de puits taris et d'enfants étiques, accrochés aux jupes de leurs mères qui fuient la mort ? Vous savez, ces images qui nous font soupirer « Pauvres gens » et reprendre un peu de fromage avec un verre de vin.
Non, nous sommes en France, au XXIe siècle et c'est d'une famille française qu'on nous parle : d'Antoine, professeur qui a démissionné de son poste et perdu la garantie de l'emploi, de sa femme Louise, partie très loin, aux USA sans doute et qui envoie de l'argent tous les mois, de Chloé, jeune fille de 17 ans enfin sortie de son asile pour enfants perdus (Peter Pan n'est pas loin, sous les traits d'Antoine) où on l'a mise « pour son bien » (dixit sa mère) après une agression d'une violence inouïe quand elle n'avait que neuf ans et qui a ravagé son corps et son esprit.

Et l'exode commence à travers la France vers Saint-Nazaire où un hypothétique bateau doit emmener le père et la fille vers un monde meilleur. Ils ont pour tâche de sauver les documents écrits et filmés et tout le matériel de cinéma de Sonia, ancienne amie d'Antoine devenue documentariste célèbre et morte récemment. Sa secrétaire-cousine-amie (amante?) insiste pour qu'Antoine fasse oeuvre de sauvetage de ce bien précieux.

Roman de mort et de misère, prémonitoire ou juste dans l'air du temps, roman où l'on sauve des documents avant de sauver une enfant, où se développent le chacun-pour-soi et la violence forcenée pour survivre, roman où il est important d'être le passeur d'images et de souvenirs quand il ne reste plus rien. Roman surtout où un père et une fille se retrouvent, se ré-apprivoisent et sont enfin prêts à partager un semblant de bonheur et une grande complicité, après l'horreur du viol, l'horreur de l'enfermement, les violences et la peur.

De beaux moments d'écriture sont là, des éclairs cinématographiques où les couleurs et la lumière jouent le premier rôle, de petits moments de magie qui viennent apporter l'espoir, peut-être, d'un happy end.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
J'avais oublié combien nous étions libres. Et je ne savais pas que j'étais aussi beau garçon. Je resplendis devant la caméra. Littéralement. Séduisant et insaisissable, tel un ange déchu. C'est dommage, j'en ai si peu profité. Elles se sont enfuies si vite, cette jeunesse, cette insouciance, ces courtes années de vagabondage.
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- Comment peut-on forcer quelqu'un à avaler de la nourriture? Allaient-ils m'attacher? Me gaver avec un entonnoir comme certains animaux? Non, c'était beaucoup plus simple que ça; il suffisait de me poser une sonde naseau-gastrique et une solution incolore s'égouttait directement dans mon estomac. ça pouvait tout aussi bien être du poison, de l'éther ou de l'essence. Du Kérosène, pourquoi pas? Comme pour les avions. Là, j'allais vraiment déciller, plein gaz, direct vers les étoiles.
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Elle tremblait , ses yeux hagards avaient perdu leur éclat. Elle ne parlait pas, murmurait quelques mots incompréhensibles. Nous arrivions trop tard.
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- Je ne pourrai jamais te suivre papa. Je suis née, tu existais déjà. Bien sûr, c'est une évidence, puisque tu es mon père. Je viens à peine de m'en rendre compte. Qu'elle imbécile je suis !
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