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Critique de karineln


Que cette douleur est bien écrite ! Voilà l'exclamation qui s'est imposée très vite à la lecture de ce témoignage. Mais a-t-on le droit de parler de douleur quand rien dans ces lignes toutes en pudeur et en poésie ne vient geindre une plainte, ni démontrer une blessure ? Rien n'est larmoyant, tout est vivant et vrai.
Avoir pour mère un personnage de roman : tout un programme…Aure Atika nous dresse le portrait d'une femme incandescente, inclassable, à l'originalité élégante, emportée, aventurière des temps modernes. Sauf que cette femme, cette Ode à la vie, est aussi une mère, Odette, laquelle élèvera sa fille en poursuivant ses lubies, ses envies, ses furies. L'écriture se veut authentique, directe et incroyablement douce. Comme si, tout en disant simplement ce qui est et ce qui a été, l'auteure avait privilégié la tendresse et la fantaisie, peut-être pour ne pas risquer le jugement à l'emporte pièce de cette mère peu académique. Et en effet nulle envie de s'offusquer ou de condamner en découvrant page après page une Ode pleine d'entrain et de joie mais dont les tourments et l'immédiateté des humeurs auraient pu suffire à provoquer des dégâts ou des béances pour une enfant.
J'ai lu ce premier roman comme une énième preuve d'amour de cette fille à sa mère malgré le coeur flamboyant et à vif de celle-ci. Plus que l'extravagance et la liberté de Ode/Odette, c'est bien la fille, sa présence généreuse, indéfectible et solide, que j'ai admirée tout au long de ces lignes à l'écriture vive, poignante, et si justement imagée pour dire les sentiments d'abandon, de honte, l'admiration sans bornes et l'amour inconditionnel de l'enfant.
« Je veux oublier ce trottoir froid qui me glace les fesses depuis trop longtemps et maman qui reviendra seulement quand elle voudra. »
« Je la sens pleine d'un autre monde auquel je ne suis pas conviée, de rencontres, de rires, d'expériences…Je touche son nez, sa joue, sa bouche, mais ce n'est qu'une enveloppe vide. Elle est là sans être là. Je prends ce qu'elle a à m'offrir, son odeur, sa chaleur et sa peau ; je m'endors la tête dans son cou, les mains agrippées à son imper qu'elle n'a pas eu le temps d'ôter. Je me contenterai de son retour. »
Aure Atika n'élude pas la colère, à l'âge de l'envol, de l'entêtement nécessaire pour trouver sa place ; mais à aucun moment nous ne la ressentons, cette colère, qui aurait pu somme toute être légitime. Amour pacifié ? Finalement qu'importe ? Il est d'autant plus beau et grand de pouvoir porter un regard nu, sans ressentiment ou critique, sur sa mère, ou plus exactement sur la femme qu'elle aura été : fille de, soeur, amante, avec des fêlures, des failles, des rêves et des espoirs. Je reste encombrée d'un sentiment étrange, trop interprétatif à mon goût ; sans doute car il s'agit du lieu mère-fille qui m'interroge tellement…et dont j'aimerais pouvoir discuter encore et encore après la fermeture du livre. Gageons que Odette aura mesuré sa chance d'avoir comme fille cette femme, Aure, laquelle lui aura écrit une Ode singulière et émouvante et surtout, en plus bel hommage, l'inscription de son identité propre, au-delà d'Elle, droite et debout entre le ciel et la terre ?
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