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EAN : 9782853761086
184 pages
Solin (25/06/1992)
3.83/5   3 notes
Résumé :
Yusuf Atilgan, mort en 1989, était le contraire d'un écrivain prolixe. Deux romans, un recueil de nouvelles, quelques contes ont suffi à lui assurer la célébrité. Contrairement à nombre d'auteurs dont il souriait volontiers, il n'avait pas le culte de la chose littéraire, allant jusqu'à affirmer ne jamais emporter de quoi écrire quand il sortait de chez lui : " J'écris de temps à autre, disait-il, quand j'ai envie de parler de moi, des gens que je connais... " Lecte... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Lu en Turc. Je ne peux donc malheureusement pas donner mon point de vue sur la traduction française, mais il m'est d'avis qu'il n'a pas dû être trop compliqué à traduire.

Ce court roman de Yusuf Atilgan, son deuxième chef d'oeuvre après le cultissime "L'homme désoeuvré" (Aylak Adam), est d'une noirceur, d'une tristesse et d'un pathétique rarement atteints. Monsieur Atilgan joue avec son lecteur, l'aspire et le retourne dans tous les sens par le biais d'un langage certes sobre et limpide, mais de techniques de narration (passages qui alternent entre imagination et réalité, absence totale de ponctuation sur certains paragraphes, leitmotivs...) qui nous plongent au plus profond d'une âme en totale perdition où l'infime lueur d'espoir qui l'alimente semble s'amenuiser de jour en jour, celle de Zebercet, le héros très Camusien du roman.

Zebercet est petit. Zebercet est frêle. Zebercet a un gros front et une bien grosse tête pour un corps si maigre. Zebercet est seul. Frustré sexuellement et par des journées sans saveur, il est le résultat même d'une enfance compliquée et d'un citoyen de la toute nouvelle république turque en perte de repères et en proie à des changements sociaux et moraux drastiques. On arrive malgré tout à se lier à ce personnage si affligeant, si dramatique, tout comme on le fait avec un certain Meursault, en attendant une fin inéluctable, qui vient boucler la boucle.

Un bijou littéraire, qui a largement trouvé la place et la reconnaissance qu'il mérite dans son pays. le peuple turc a découvert un visage bien trop familier, mais alors dépourvu de voix dans ce court roman. Yusuf Atilgan a été le porte-parole de milliers, voire de millions de ces visages et âmes muets, isolés, déboussolés.
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La littérature turque est largement sous-estimée. Hormis Orhan Pamuk et Elif Shafak, le lecteur moyen pourra difficilement nommer un nom connu. Par exemple, c'est un secret bien gardé qu'un certain nombre d'écrivains turcs des années 1970 étaient absolument en phase avec les expérimentations modernistes qui caractérisaient la littérature d'Europe occidentale. Il y a quelques années, j'ai été très séduit par « La vie en morceaux » (original « utunamayanlar ») d'Oguz Atay (1934-1977), qui porte à juste titre le titre de Joyce turque. Ce livre, Hotel de la Mère Patrie (original « Anayurt Oteli ») de Yusuf Atilgan (1921-1989) semble davantage inspiré d'Albert Camus, notamment son roman « L'étranger ». L'aliénation au sein de l'existence moderne, et à quel déraillement cela peut conduire, est donc le thème central.
Nous suivons un Ahmed Zebercet qui tient un hôtel dans l'ouest de la Turquie pour le compte d'un oncle. Atilgan décrit dans un style très sec les actions presque mécaniques que Zebercet accomplit : enregistrer les invités, faire visiter les chambres, recevoir de l'argent, enregistrer tout proprement, etc. Il semble que tout est normale, même s'il observe de très près le comportement de ses invités, et même si ses fantasmes sexuels (y compris violer des femmes pendant leur sommeil) donnent certainement matière à caution. Zebercet est particulièrement intrigué par une femme qui "est venue d'Ankara par le train lent". Cette femme devient une véritable obsession et petit à petit des "dysfonctionnements" apparaissent dans le quotidien de Zebercet. Comme dit, ça déraille, mais je ne vais pas révéler la ligne de frappe.
L'essentiel de ce roman est en fait assez conventionnel, avec un narrateur omniscient décrivant chronologiquement ce que fait Zebercet et ce qui se passe en lui. Ce n'est qu'au début et à la fin qu'Atilgan tente un expériment stylistique avec peu de ponctuation et des phrases confuses, pas tout à fait réussie, je pense. En termes de contenu, cependant, il cadre bien avec Camus et ce qu'apporte son collègue Atay. Il semble que le titre et surtout ‘Mère Patrie' est une référence au carcan que la Turquie s'est imposée dans les années 1970 : avec un nationalisme artificiel, une obsession compulsive pour la laïcité de la république kémaliste, et une bonne dose de paternalisme. Un tel carcan ne laisse aucune place à l'individualité et conduit inévitablement à l'aliénation, c'est le message qu'Atilgan veut nous faire passer. A mon avis certes intéressant, mais pas tout à fait réussi en tant que roman.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Il referma la porte, mit la clé dans sa poche. La lumière était allumée. Il s'adossa à la porte et regarda autour de lui. Tout était comme elle l'avait laissé : la courtepointe repoussée au pied du lit, le drap froissé, les pantoufles, la chaise, la lampe de chevet, deux cigarettes à moitié fumées dans le cendrier en cuivre, la théière sur le plateau, la passoire, le verre à thé, la cuillère, cinq sucres dans une petite assiette (il avait mis six sucres, je peux avoir un thé avait-elle dit cette nuit là en entrant dans la chambre..)
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