Lors du Festival d'Edimbourg, Paul Bradley, qui circule à bord d'une voiture de location, est victime d'un accrochage avec une Honda. le conducteur de celle-ci sort de son véhicule et commence à tabasser Bradley à coups de batte de base-ball.
Parmi les témoins de cet incident, trois personnes nous intéressent: Martin Canning, Gloria Hatter et
Jackson Brodie.
Martin est le seul à intervenir pour aider Bradley: grâce au lancer de sa sacoche, contenant son ordinateur portable, il parvient à faire fuir l'agresseur. Pris pour un ami de Bradley par les constables qui arrivent sur place, Martin se retrouve plongé dans l'intimité d'un homme qu'il ne connaît pas du tout. Pourtant, d'habitude, il mène une vie assez tranquille: ancien professeur de science des religions, il écrit des romans policiers rétro sous le pseudonyme d'Alex Blake.
Gloria est une femme au foyer originaire du Yorkshire. Elle vit à Edimbourg, dans une superbe propriété, mais est déçue par son mariage avec Graham, un homme d'affaires fortuné, insipide et malhonnête de surcroît. A 59 ans, Gloria n'ose plus espérer d'amélioration de son existence, lorsqu'elle apprend que Graham est à l'hôpital, où il va probablement mourir: il a été victime d'une crise cardiaque lors d'une séance sado-masochiste avec une call-girl russe. Loin d'être dévastée par ce drame, Gloria prend la nouvelle avec calme et détachement et attend avec impatience le décès de son époux.
Jackson Brodie accompagne Julia, sa petite amie, au Festival, où celle-ci joue un spectacle. Livré à lui-même pendant les répétitions, Jackson erre dans la ville où il est d'abord témoin de la mésaventure de Bradley. Après cela, il décide d'aller traîner du côté de Cramond, paisible faubourg de la ville. Mais même là, le sort semble s'acharner sur le pauvre Jackson: il y trouve le corps d'une jeune femme juste avant qu'il ne soit emporté par la marée. Quand les policiers, dont Louise Monroe, arrivent sur place, Jackson est considéré comme le principal suspect du meurtre.
J'ai énormément apprécié ce roman de
Kate Atkinson et je me suis sans doute, au passage, habituée à son assez spécial, puisque ce récit m'a moins mise mal à l'aise que celui de When Will There Be Good News?; pourtant, les personnages de One Good Turn ne sont pas moins noirs et déprimants. Il faut dire aussi que ce roman-ci fait la part belle aux aventures de Louise et de Jackson, que j'avais déjà beaucoup apprécié dans le précédent roman de l'auteure.
On assiste dans One Good Turn à la rencontre entre Louise et Jackson, et la tension sentimentale qui existe entre ces deux-là donne envie de les voir former un couple: il semble qu'ils soient bien assortis, même si Louise apparaît un peu comme une célibataire endurcie alors que Jackson semble plus romantique. Leurs différents entretiens au fil de l'histoire sont donc plus légers que le reste de l'histoire, puisque l'on s'attend à tout moment à une invitation à dîner, à une sortie quelconque... qui n'arrive pas!
Les personnages secondaires sont également très intéressants. Gloria est d'un cynisme tout à fait réjouissant: elle paraît tellement peu concernée par les mésaventures de son mari que ce détachement ne choque même plus mais, au contraire, finit par sembler tout à fait naturel. Martin, quant à lui, semble mystérieux dès le début. Il semble impossible qu'il ne soit qu'un petit écrivain très discret et l'on se doute que le personnage cache quelque chose de pas très net. Si le destin de Gloria dans les toutes dernières pages surprend, celui de Martin semble donc tout tracé.
Au final, One Good Turn est un excellent divertissement, malgré son côté très noir, sa violence, et le fait qu'une enquête pour meurtre anime le fond du récit. C'est peut-être d'ailleurs là tout le talent de
Kate Atkinson: nous faire sourire malgré la mélancolie et le désespoir de certains passages de son récit. de plus, grâce à son ironie cinglante, l'auteure accroche tout de suite l'attention du lecteur. le roman se lit donc vite malgré ses 500 pages.
A découvrir de toute urgence!