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EAN : 9782330035198
368 pages
Actes Sud (14/05/2014)
3.43/5   15 notes
Résumé :
Une quadragénaire nigériane qui vit à Londres revient à Lagos, mandatée par l'ONG pour laquelle elle travaille. Cette célibataire désabusée retrouve une famille, une ville, un pays qu'elle pourrait se remettre à aimer. Un roman de la maturité piquant d'humour et d'esprit sur les lieux que l'on se choisit ou qui nous choisissent.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Sefi Atta est une romancière précieuse. Ses héroïnes sont assez souvent des femmes libres qui se sont fait une place sur l'échiquier social mais qui paient le prix de leur indépendance dans leurs rapports avec les hommes et leur famille. C'est le cas de Deola dans L'ombre d'une différence qui, de plus, est une expatriée vivant à Londres et donc confrontée à un ostracisme/racisme certes pas toujours direct mais réel. le livre, sous des allures simples et un style limpide souvent baigné d'humour révèle une vraie complexité dans l'étude psychologique de ses personnages et, plus largement, dans l'analyse du système social du Nigeria, ce géant d'Afrique aux pieds d'argile, riche de son pétrole et malade de sa corruption et de son insécurité. C'est tout le talent de Sefi Atta que de mêler un destin individuel, une femme de 39 ans à un moment clé de sa vie (Londres ou Lagos ? Un compagnon ou la solitude ? Un enfant ou non ?), aux perspectives de développement ou d'enlisement d'un pays lui aussi à la croisée des chemins. Sefi Atta, et ce n'est pas la moindre de ses qualités, combat inlassablement les clichés attachés aux femmes africaines tout en se moquant avec finesse et affection des principales caractéristiques des nigérians. le livre est subtil, élégant, racé, percutant et touchant. En un mot, excellent.
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J'avais découvert il y a deux ans Sefi Atta avec « le meilleur reste à venir », dans lequel , en prenant pour cadre la vie privée de deux femmes, elle nous présentait l'Afrique qui n'arrive pas à se développer malgré ses atouts et ses richesses, une Afrique supportant encore les traces de son passé colonial.
Dans « l'»ombre d'une différence », elle s'intéresse aussi à ses compatriotes expatriés à Londres ou vivant à Lagos, à leurs amours et peines de coeur, à leurs conditions de travail ou à leur pauvreté.
Son héroïne, Deola (Adeola Bello), la trentaine, est britannique mais se considère toujours comme nigériane. Célibataire sans enfant, elle travaille dans un cabinet conseil spécialisé dans les associations à but non lucratif.
Son emploi l'amène à faire des allers-retours entre Londres et Lagos…deux villes dans lesquelles elle ne se sent pas complètement chez elle.
Elle traîne avec elle un malaise indéfinissable, une distance avec les événements, avec la vie, qui ne la rendent pas très attachante et ne m'ont pas permis d'être bien à ses côtés.
J'ai été cependant ravi pas les passages dans lesquels Sefi Atta nos dépeint l'Afrique et les Africains, et s'interroge sur les conditions de développement de ce continent et surtout du Nigeria riche de son pétrole, mais confronté à la corruption, et laissant des habitants vivre dans la pauvreté malgré le secours des organismes de charité….ce que j'avais déjà trouvé dans « le meilleur reste à venir ». Mais aussi Londres, ville de plus en plus cosmopolite accueillant de nombreux nigérians
Une Afrique et un Nigeria devant, afin de faire face à la pauvreté « quémander à droite et à gauche? » Un continent se posant une question récurrente : « Pourquoi est-ce que l'Afrique est condamnée à l'aide humanitaire? » . Des pays s'interrogeant aussi, du fait de la religion à des questions relatives à la sexualité ou à l'homosexualité.
Ces oeuvres humanitaires apportent certes beaucoup d'argent mais qui, sans doute par ces apports et par ces disponibilités financières, n'incitent pas les africains à se prendre en charge, à investir dans leur développement économique.
Et j'avoue peu intéressé par les problèmes de coeur de l'héroïne, ses interrogations face à une maternité non désirée mais imposée par un préservatif défaillant, son désir d'enfant, ses rencontres avec d'autres nigérians, dont certains préoccupés par la préparation de leur mariage. Sauf quand ces rencontres et ces conversations me permettaient d'en savoir plus sur leur cadre et leurs conditions de vie.
Bien nulle part, elle hésite entre Londres et un retour au pays.
Semi-déception donc, sans doute due à la multiplication des personnages secondaires, à la frivolité de certaines de leurs conversations et des centres d'intérêt de plusieurs d'entre eux…et peut-être due aussi à des considérations et un état personnels qui ne m'ont pas permis d'être totalement disponible pour qu'elles me touchent.
La chronique du Nigeria et de ses habitants, expatriés ou vivant à Lagos m'a toutefois passionné.
C'est le point positif que je conserverai de ce livre que je relirai certainement quand mon esprit ne sera plus accaparé par ailleurs.

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Il y a de la finesse et de la subtilité dans ce roman de Sefi Atta, qui nous fait le portait de Deola Bello, 39 ans, nigériane installée à Londres entre deux cultures. Le roman nous emmène dans sa vie quotidienne - de sa confortable solitude londonienne, à son amour-haine pour un pays qui a beaucoup changé depuis qu'elle l'a quitté et pour une famille qui étouffe mais protège. Sefi Atta interroge avec beaucoup de justesse le sens d'appartenance que nous avons tous à un lieu, une communauté, une famille. Elle illustre avec brio les complexités de la vie entre plusieurs cultures et nous brosse une galerie de personnages très justes. Il y a peut-être quelques longueurs et des passages un peu plus difficilement compréhensibles sans une certaine connaissance du Nigeria; mais dans l'ensemble, une belle lecture.
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Le début est engageant, où la narratrice évoque la question de la xénophobie chez les Nigérians et les Etatsuniens, puis déçoit car il n'aboutit sur rien. le personnage vivote superficiellement sans s'interroger en profondeur, sans soucis de se rendre conscient, sans chercher à dénoncer ou renverser l'ordre dans lequel il vit bien qu'il le dérange, se contentant de notes et commentaires succincts comme on s'en fait pour soi quand on se refuse à soi-même les efforts d'une réflexion qu'on anticipe fatigante. le roman est donc assez long et ennuyeux au cours duquel des situations sans surprises s'enchaînent sans autre lien que les déplacements physiques du personnage qui paraît s'accommoder de la mise en veille de sa conscience. Il reste les informations véhiculées sur les différences culturelles et les préjugés entre Londres, Lagos et les Etats-Unis. Mais dans ce monde international, comme en parallèle à la conscience tronquée du personnage, nulle trace (hormis les marques de spiritueux) de l'existence d'un monde qui ne soit anglophone.
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Une héroïne résolument moderne, émancipée et groovy, entourée une galerie de personnage hilarants et ultra travaillés( nouveaux riches Nigérian dévergondés et pédant, membres d'ONG condescendant et psycho-rigide, pentecôtiste chauffés à blanc, tantes et maman véritable maîtresses-femmes, etc ...). Entre une Londres ville cosmopolite et capital impérial et Lagos ville en perpétuel mouvement, multiconfessionnelle et attachante .
A mille lieux des récits catastrophistes et pessimistes ou de l'humour cliché "bon sauvage" que l'on nous sert souvent lorsque l'Afrique est en toile de fond. Un roman plein de pep's qui met de bonne humeur
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La ville a rétréci, ou peut-être qu'il y a toujours plus de monde. C'est la saison des pluies, et Deola se demande comment elle a un jour pu appeler ça l'été. Les rues sont détrempées. Elle aperçoit certaines nouveautés, comme le service de navettes pour les ouvriers, mais dans l'ensemble la ville lui est familière. Les taxis jaunes, les minibus, les bus arborant des messages bibliques comme «El Shaddaï» et «Weep Not Crusaders», les camions débordant de sable mouillé, les bâtiments inachevés et les voitures en panne. Les gens traversent le terre-plein central de l'autoroute et des béliers paissent en contrebas. Les étals d'Oshodi Market évoquent des cellules de prison et les toits sont encombrés de panneaux publicitaires pour des compagnies de fret, des banques et des écoles d'informatique. De la fumée s'élève derrière un bosquet de palmiers. A une extrémité du Third Mainland Bridge, une agglomération, à l'autre extrémité, l'université de Lagos. La rive de la lagune est couverte de pirogues et de filets de pêche.
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"- Hé tu te souviens de cet auteur dont je t’ai parlé ? Celui qui n’arrêtait pas de mentionner Coetzee l’autre soir ?
- Oui et alors ?
- Ce connard a gagné le prix.
- Quoi ?!
- Oui, il va être publier. Tu te rends compte ?
- Merde. Merde. Comment c’est possible ?
- Je ne sais pas, mais son roman raconte l’histoire d’un écrivain nigérian qui est assassiné en exil .
- Ou en exile ?
- En Allemagne ou je ne sais pas où, par des néonazis ou je ne sais quoi. Devine le titre.
- Je ne peux pas
- Devine
- Hmm, un truc avec pierre ou rivière ?
- La mort de l’écrivain africain.
- Berk !
Les roman Africains sont trop exotiques pour elle. En les lisant, elle a souvent l’impression qu’ils sont destinés aux lecteurs occidentaux, plus facilement impressionnables.
- C’est original, hein ? je me demande qui a eu cette brillante idée. Je n’arrive pas a y croire, mais je suppose que c’est ça qu’ils veulent. Je suppose que c’est ça qu’ils cherchent ces temps-ci, chez nous autres. Plus il y a de morts, mieux c’est. C’est comme un génocide littéraires. Pour arriver au bout de tes peines, rien de tel que le massacre de tous les personnages africains"
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When she worked for Trust Bank, she would get anxious about some of the bank's clients [...]. She would aks her father, 'But isn't he ...?' [...] '... one of the biggest thieves in Nigeria?' And her father would answer, 'This is business. There is not such thing as clean money.'
P. 89
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You cannot complain about corruption in Nigeria, she thinks. You dare not. Member of your family are corrupt. Some of your best friends are corrupt. The only people who claim they are not corrupt have not had an opportunity to be corrupt, which is why they complain.
P.88
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Worse than the smell of privilege is a cheap attempt to mask it.
P. 99
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