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11 février 2015
Reprendre la main sur ce système financier devenu criminogène
Les Etats européens ont mobilisé 4500 milliards, soit 37% du PIB de l'Union européenne pour « éviter que le système bancaire ne s'écroule comme un vulgaire château de cartes ». 4500 milliards et « un chèque en blanc » comme le rappellent les auteur-e-s dans leur introduction.

Elles et ils indiquent : « Les banques continuent de spéculer sur les matières premières ou les monnaies, et d'alimenter des bulles spéculatives annonciatrices de nouveaux krachs et de nouvelles récessions.Elles financent des projets très polluants. Elle détournent l'épargne d'utilité sociale tout en profitant abondamment des financements accordés quasi gratuitement par la Banque centrale européenne. Elles développent de nouveaux produits financiers, véritables armes de destruction massive économique et sociale, favorisant toujours plus d'instabilités et de risques. Elles paient toujours moins d'impôts. Et facilitant une évasion fiscale qui ne serait pas possible sans leur complicité : en France, ce vaste détournement entraîne chaque année un manque à gagner pour les finances publiques d'environ 70 milliards d'euro, l'équivalent du montant de l'impôt sur le revenu ! ».

Des banques « Etat dans l'Etat ». le bilan de BNP Paribas, 2000 milliards d'euros est équivalent au PIB de la France, l'ensemble des produits dérivés de cette même banque est de l'ordre de 48000 milliards d'euros…

« Nous avons mené l'enquête pour comprendre, décrire les forces à l'oeuvre, mettre des visages et des noms sur cette oligarchie financière qui freine toute volonté de régulation. Nous avons aussi voulu retracer cette histoire de conflits d'intérêts et de collusions, dont les protagonistes sont des responsables politiques et administratifs sous influence des banques. Un récit de petits et de grands renoncements, de complicités et d'aveuglements. de ce laisser faire coupable qui gouverne depuis 7 ans ».

Hier et aujourd'hui… Une histoire qui continue et un tour de passe-passe « qui permet aux banques de se présenter comme les victimes de la crise » !

Au mantra des économistes néolibéraux sur les risques pris par les actionnaires, les entrepreneurs, les banques… il convient ici de rappeler que « les futures conséquences désastreuses seront assumées par d'autres ».

Je n'indique que certains éléments de cet ouvrage à lire et faire connaître.

Les auteur-e-s parlent, entre autres, du coût exorbitant du sauvetage des banques, de l'extrême concentration et donc du danger extreme du système bancaire français, de l'hypertrophie des opérations de marché, de la taille faramineuses des opérations inscrites au hors-bilan, du mirage des tests de résistance, de la « banque de l'ombre », des lobbies, de l'interconnexion des banques…

J'ai notamment été intéressé par la seconde partie « Quand tout devient chair à spéculation ». Les auteur-e-s analysent l'innovation, une « arme de destruction massive », les futures, les marchés de gré à gré, de contournement de la régulation, la spéculation sur la faim, « les fonds indiciels vont provoquer un déferlement de capitaux déstabilisant le marché des matières premières », le trafic de transit, la nature financiarisée, le financement de l'extractivisme, des hydrocarbures et du nucléaire, les permis de polluer (les marchés carbone), les emprunts toxiques et les finances locales, les risques supportés par les emprunteurs et non les préteurs, la loi d'amnistie votée par les parlementaires, le trading à haute fréquence…

Les auteur-e-s poursuivent avec une partie sur les détournements, abus et arnaques, le coût des banques pour la collectivité, le coût du capital, l'optimisation fiscale (euphémisme de l'évasion fiscale organisée), la préférence et la réduction au court terme, la Banque Centrale Européenne (BCE), les liquidités injectées et leurs devenirs, l'épargne réglementée, les frais bancaires, le crédit à la consommation, les ententes illégales, les « coquilles vides et les montages en cascade », la très faible imposition réelle des établissements financiers, les subventions implicites de l'Etat…

Fraudes, mensonges, manipulations, pratiques illégales, amendes payées, escroqueries, blanchiment d'argent, manipulations des taux Libor et Euribor, contournements des embargos, affaire Kerviel, plaider coupable et responsabilités jamais clairement établies… Voyage au pays des délinquants en col blanc.

Les auteur-e-s développent plusieurs propositions : création d'un parquet européen, suppression du secret bancaire, séparation entre le politique et le judiciaire, poursuites obligatoires en cas de délit financier…

La dernière partie est consacrée aux « visages de la finance », le lobby bancaire, les collusions, le pantouflage, le Trésor et l'inspection générale des Finances, les conflits d'intérêt, « le capitalisme de connivence », les rémunérations des banquiers, l'accapa rement des richesses…

Un livre très détaillé, qui n'en reste ni à la surface du sytème bancaire, ni à la simple dénonciation, « Dans chaque chapitre de ce livre, des propositions de mesures, des pistes de régulations, sont esquissées ». Reste que le fonctionnement des grandes entreprises multinationales n'est pas sensiblement différent de celui des sociétés financières et bancaires (voir l'article de Catherine Sauviat et Claude Serfati dans le n° 24 de la revue ContreTemps, multiplier-les-initiatives-dappropriation-sociale-ouvrir-le-champ-des-possibles/). Sans oublier que cette « protubérance » bancaire, plus qu'une « excroissance » est révélatrice du fonctionnement du système capitaliste dans ses formes actuelles (Voir par exemple, Michel Husson : Un pur capitalisme)

Et au delà des mesures proposées par les auteur-e-s, il convient, comme le soutient Eric Toussaint de « Retirer la licence bancaire aux banques coupables de crimes, poursuivre en justice leurs dirigeants et grands actionnaires »


Lien : https://entreleslignesentrel..
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