Il n'y a rien de pire qu'un imbécile instruit.
Si on était tous jugés pour nos pensées, on serait tous pendus.
Je ne me rappelle pas avoir vu ma mère autrement que dans une situation intéressante, comme on dit : encore qu'à mon sens il n'y ait là rien d'intéressant. On dit aussi un situation malheureuse, ce qui est plus près de la vérité - une situation malheureuse suivie par un heureux évènement, même si l'évènement n'est pas toujours, il s'en faut de beaucoup, heureux.
Il y a un petit couplet de mon enfance dont je me souviens.
Dès lors qu'un homme se marie, ohé, ohé
Commence ses soucis, ohé, ohé
La chanson ne dit pas quand commencent les soucis d'une femme.
Une prison ne se contente pas d’enfermer ses détenus à l’intérieur de ses murs, elle empêche le reste du monde d’avoir accès à son univers. Pour Grace, la prison la plus sûre, c’est celle qu’elle s’est construite.
On a toujours tort de répondre ouvertement à plus fort que soi, à moins qu'il y ait une clôture entre.
Je ne pleurai pas. J'avais l'impression que c'était moi et pas ma mère qui était morte ; Je restai assise comme paralysée, sans savoir que faire.
N'empêche, criminelle est un terme fort quand on vous l'attribue. Il a une odeur, ce terme - musquée et suffocante comme des fleurs mortes dans un vase. Parfois, la nuit, je me le répète dans un murmure : Criminelle, criminelle. Il bruisse comme une jupe en taffetas sur un plancher.
Criminel n'est que brutal. Il a l'effet d'un marteau ou d'un bout de métal. Si je n'avais que ça comme choix, je préférais être une criminelle qu'un criminel.
L'esprit songe-t-il, ressemble à une maison - les pensées que les propriétaires n'ont plus envie d'exposer ou celles qui suscitent des souvenirs douloureux sont bannies de la vue et consignées au grenier ou à la cave ; et, dans l'oubli, comme dans la mise à distance de meubles cassés, il y a assurément une part de volonté à l’œuvre.
Il se plante devant son miroir, essaie de nouer sa cravate. Il déteste les cravates, le souhaiteraient au diable ; il ne supporte pas davantage son pantalon ni, en général, tout ce qui s'apparente à des vêtements empesés et convenables. Pourquoi l'homme civilisé juge-t-il bon de torturer son corps en l'enfonçant dans la camisole de force d'une tenue de gentilhomme? Peut-être s'agit d'une mortification de la chair, comme un cilice? Les hommes devraient naître dans de petits costumes en laine qui grandiraient avec eux au fil des ans, ça leur éviterait de faire appel aux tailleurs, avec leur perpétuel embarras et leurs petits snobisme.